bourbilly21 a écrit :
chez Napoléon, j'apprécie beaucoup les anecdotes où, avant de signer le brevet de nomination d'un colonel au grade de général, il lui demandait s'il avait de la chance
Je crois qu'une fois, un colonel a balbutié autre chose (qu'il en était indigne de l'Honneur qui lui était fait ...) et a été immédiatement biffé de la liste hélas
On raconte souvent ce genre d'anecdotes, mais je m'interroge si l'on possède véritablement des documents étayant ces dernières.
On peut cependant noter que la chance semble apparaître comme un critère dans la lettre du 14 août 1796 où Bonaparte expose au Directoire exécutif son opinion sur les généraux de l’armée d’Italie :
« Augereau : […] heureux dans ses opérations.
[…]
Sauret : […] peu heureux. »
Néanmoins, si Napoléon a souvent parlé de sa « bonne étoile », il ne s’en remettait pas, bien évidemment, tant pour lui que pour ses subordonnés, qu’au seul critère de la chance :
« Napoléon croyait à la fortune, et qui plus que lui en avait fait l'essai ? Il aimait à vanter son étoile ; il était fort aise que le vulgaire ne répugnât pas à le croire un être privilégié; mais il ne se trompait pas sur lui-même, et, qui plus est, il ne se souciait point d'accorder à la fortune une trop grande part dans son élévation. Je lui ai souvent entendu dire : « On m'appelle heureux parce que je suis habile ; ce sont les hommes faibles qui accusent de bonheur les hommes forts.»
(Metternich, Mémoires)
« Il disait que la guerre ne se composait que d'accidents, et que bien que tenu de se plier à des principes généraux, un chef ne devait jamais perdre de vue tout ce qui pouvait le mettre à même de profiter de ces accidents. Le vulgaire appellerait cela bonheur, et ce ne serait pourtant que la propriété du génie.
[...]
Il n'est pas de grandes actions suivies qui soient l'œuvre du hasard et de la fortune ; elles dérivent toujours de la combinaison et du génie. Rarement on voit échouer les grands hommes dans leurs entreprises les plus périlleuses. Regardez Alexandre, César, Annibal, le Grand-Gustave et autres, ils réussissent toujours ; est-ce parce qu'ils ont du bonheur qu'ils deviennent ainsi de grands hommes ? Non ; mais parce qu'étant de grands hommes, ils ont su maîtriser le bonheur. Quand on veut étudier les ressorts de leurs succès, on est tout étonné de voir qu'ils avaient tout fait pour l'obtenir. »
(Las Cases, Mémorial de Sainte-Hélène)