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Puisque vous avez choisi d'en faire un sujet, je ne peux éviter d'intervenir...
Mais vous faites bien.
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Drouet Cyril a écrit :
Deux textes bien différents mais que certains voudraient voir semblables pour affirmer que les mesures prises en Vendée ont été également appliquées ailleurs.
Bien entendu qu'ils diffèrent, à commencer par leur nature.
En effet, mais si j'ai associé ces deux textes, c'est que lorsque j'ai évoqué les instructions de Turreau, Narduccio, après avoir échoué dans une même comparaison avec les armées napoléoniennes, m'a renvoyé vers ledit décret.
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Ainsi, je trouve le décret de la Convention bien plus grave, dans le fond comme dans la forme, que les ordres de Turreau, car il émane du législateur légal de la République et ce dernier commande la destruction totale ou partielle d'une ville française pour traitrise.
J'aurais pu pareillement faire référence au décret du 1er août ordonnant la destruction de l'habitat rebelle et des forêts, et l’enlèvement des récoltes et du bétail. A la différence, qu'ici, on se situe dans le cadre d'une opération militaire visant à affamer et à priver de refuge les hommes en état de se battre (les femmes, enfants et vieillards doivent être évacués) afin de parvenir à leur destruction ; contrairement à Lyon où l'objet du texte (pour ce qui est des destruction) est plus une mesure de vengeance vis à vis d'un ennemi battu.
Plus proche, on pourrait penser au décret du 1er novembre : « La Convention nationale décrète que toute ville de la République qui recevra dans son sein les brigands ou qui leur donnera des secours, ou qui ne les aura pas repoussés avec tous les moyens dont elle est capable, sera punie comme une ville rebelle ; et, en conséquence, elle sera rasée, et les biens des habitants seront confisqués au profit de la République. »
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Les deux textes isolent clairement les suspects - avec des termes qui peuvent différer : "royalistes", "contre-révolutionnaires" et "riches" pour Lyon , "brigands" pour la Vendée - de ceux qui ne le sont pas.
Clairement ? Faut-il rappeler les mots de Barère dans son discours du 1er octobre :
« Les brigands depuis l'âge de 10 ans jusqu'à 66 sont en réquisition par la proclamation des chefs, Les femmes sont en vedette, la population entière du pays révolté est en en rébellion et en armes. »
Avec de tels mots, on peut comprendre que Turreau ait pris officiellement de telles libertés avec l'article du décret du 1er août concernant l'évacuation des femmes, des vieillards et des enfants. De tels mots peuvent également grandement permettre de nuancer la notion de suspect. On peut ajouter ceux de Carrier (21 février 1794 :
« Dans ce pays, citoyens, tout a combattu contre la république. Les enfants de treize à quatorze ans portent les armes contre nous, et les enfants en plus bas âge encore sont les espions des brigands. »
En somme, dans les deux cas, on tend à la destruction des rebelles, mais avec les colonnes infernales de Turreau, c'est une population qui est visée, population définie de part son appartenance à zone considérée comme insurgée.
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Dans les deux cas une vengeance s'opère contre des civils qui ont osé porter les armes contre la République - avec la terrible accusation d'être un "suspect", qui est improuvable comme tout le monde le sait, à moins d'être pris au moment des combats, les armes à la main - dans les deux cas la destruction est préconisée.
Les seules différences concernent l'étendue géographique (une ville contre une région) et le nombre d'habitants s'y référant.
Des commissions ont également œuvré en Vendée. Contrairement aux forcenés de la thèse du génocide vendéen qui, systématiquement, mélangent tout, j'ai toujours fait la différence entre les agissements de ces structures répressives avec ceux des colonnes du plan de Turreau. Aussi terribles soient-elles, les commissions respectaient un minimum de formes ; par exemple, la commission nantaise, bien qu'envoyant devant les pelotons des condamnés par centaines, s'accrocha avec Carrier et sa manière de vider les prisons. Ainsi, d'une manière générale, les enfants étaient épargnés, alors que selon les ordres de Turreau, les enfants suspects, quel que soit leur sexe, devaient être passés par les armes.
Turreau alla bien plus loin que ce que les décrets lui prescrivaient. C'est d'ailleurs pour cela qu'il demanda (mais il s'en passera) la validation de ses directives par Comité de salut public.
Au même moment, les commissions continuaient leur travail, que ce soit en Vendée ou à Lyon ; un travail qui n'était pas de même nature que celui mené sur ordre par les colonnes de l'armée de l'Ouest.