Une unité fameuse : les Pupilles de la Garde.
Elle vit le jour en vertu du décret du 30 mars 1811 à partir du régiment des Vélites hollandais. Ce corps était la fusion de deux unités crées par Louis en 1808 et 1809 : les pupilles et les vélites. Fin août 1810, on comptait 1 910 pupilles, âgés de 7 à 21 ans ; et 1267 vélites, de 14 à 19 ans. Sur l’ensemble, près de 45 % n’avaient pas 15 ans.
Sensé s’élevé à un effectif de 2844 hommes, les Pupilles de la Gardes devaient se recruter parmi les enfants sortis des différents hospices de l’Empire, dès15 ans.
La volonté de recruter au sein des hospices était ancienne.
Dès le 6 janvier 1810, Napoléon envisageait un règlement sur cette question :
« Ce règlement doit déterminer ce qui concerne la réception des enfants, leur éducation jusqu'à l'âge de sept ans, depuis sept ans jusqu'à douze ans, depuis douze jusqu'à vingt. La dénomination d'Enfants de la Patrie est juste. Mais la patrie, en adoptant les enfants adoptifs, doit les placer dans les derniers rangs de la société et les attacher à son service, de manière à retrouver aussi les dépenses qu'elle aura faites pour eux. En supposant qu'il y ait en France 60 000 enfants, et en divisant le nombre par 12, on trouve qu'il y a chaque année 5 000 enfants de douze à quatorze ans. Rien n'empêche de les employer au service militaire. On pourrait en composer des régiments particuliers ou en former des dépôts à la suite des corps. Il arriverait de cette mesure, qui est de toute équité, qu'elle empêcherait peut-être beaucoup de mères de mettre leurs fils aux enfants trouvés.»
Un an plus tard, le 19 janvier 1811, un décret était rendu :
« Art. 9. A six ans, tous les enfants seront, autant que faire se pourra, mis en pension chez des cultivateurs ou des artisans. Le prix de la pension décroîtra, chaque année, jusqu'à l'âge de douze ans, époque à laquelle les enfants mâles en état de servir seront mis à la disposition du ministre de la marine. »
Colavolpe (L’enfant trouvé sous la toise, in Histoire, économie et société. 1987) a étudié un échantillon de 746 individus issus des hospices au moment de l’enrôlement. On y compte un enfant de 12 ans, 3 de 13, 11 de 14 ; la majorité s’étalant de 15 à 19 ans (36 ayant entre 20 et 25 ans).
Le 30 août, le régiment des Pupilles fut porté de deux bataillons à neuf (soit un effectif théorique de 6 400 hommes).
Le recrutement fut particulièrement difficile, et le 25 février 1812, Bessières notifiait à l’Empereur que le régiment manquait de 2 663 pupilles.
En août 1812, de nouveaux appels furent faits aux hospices et permirent le recrutement de 1 689 individus.
Le 17 janvier 1813, les 1er et 7e bataillons furent réorganisés afin de former (15 février) le 7e règlement de Tirailleurs de la Jeune Garde; les hommes de moins de 19 ans devant être versés aux 2e, 3e et 6e bataillons.
De la même manière, le 9e tirailleurs reçut tous les pupilles de plus de 19 ans des sept bataillons restants. Ces ponctions obligèrent le régiment à passer à quatre bataillons.
Il convient de préciser que les Pupilles incorporèrent également de nombreux conscrits. Ainsi, en 1814, la grande majorité des 2 426 nouveaux éléments du corps furent issus du recrutement classique.
Lors de la campagne de 1814, le 1er bataillon servit en Bretagne, tandis que les trois autres se battaient à Courtrai et à Gand. Des Pupilles du dépôt défendirent la capitale.
On en voit deux ici à gauche, lors de la défense de la barrière de Clichy :