Hortense s’est en effet plaint du climat hollandais, mais autre chose la faisait frémir plus encore :
« Cet isolement dans un pays étranger me glaçait de terreur. La mort qui, auparavant, m’avait souri et que j’avais appelée se présentait alors sous un jour effrayant : « Que suis-je venue faire ici ? » me disais-je. « Quoi ? périr loin de mon pays sans qu’une main amie adoucisse ce dernier moment, sans pouvoir adresser un tendre adieu à tous ceux que j’aime ? Comment m’a-t-on laissée partir et, moi, qui a pu m’y décider ? « Je ne nourrissais plus qu’une idée : celle de sortir de ce pays et de retrouver ma liberté. »
(Hortense, Mémoires)

Nous étions au printemps 1810. La reine, prétextant le mauvais air d’Amsterdam, partit pour Loo, le 21 mai, puis finalement pour la France, le 1er juin suivant.

Le trône de Hollande n’allait pas tarder à chuter.
Le 8 juillet, Napoléon avertit Hortense de sa volonté de ne pas respecter l’acte d’abdication de son frère :
« Vous aurez reçu un courrier de Hollande qui vous aura fait connaître le nouvel acte de folie du Roi. Je suppose que vous m'aurez communiqué tout et que vous n'aurez rien répondu jusque-là. Je vous écrirai aussitôt que vous m'aurez mandé ce qu'on vous aura écrit. Ma volonté est de réunir la Hollande à la France. Je vous enverrai copie de la lettre que vous devez écrire à la Régence si déjà vous ne lui avez répondu.
Je pense qu'il est convenable que vous envoyiez un de vos officiers pour chercher le Prince royal. Vous le ferez venir à Plombières si vous devez y rester quelque temps. Sinon vous pourrez aller à sa rencontre jusqu'à Laeken et de là le ramener à Paris. Émancipée par l'acte du Roi, vous pourrez vivre tranquillement à Paris. Il me reste à apprendre que votre santé est tout à fait rétablie et que vous n'avez plus de sujet de peine. »

Hortense se soumit logiquement :
« Je ne veux jamais faire que ce qu’il […] plaira [à Votre Majesté].
[…]
La pensée de vivre tranquille près d’Elle est ce qui peut me rendre le plus heureuse et je la prie de croire que ce seront toujours les vœux de sa fille. »
(lettre du 10 juillet)

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

A noter que, fuyant un mariage désastreux, Hortense, dans les quatre années d'existence du royaume, ne vécut en Hollande que six mois...



Pour revenir quelque peu au sujet du fil, Hortense s’est exprimé rapidement sur la politique de son mari dans ses Mémoires :
« Quoique toujours étrangère à la politique, je n’en comprenais pas moins que le Roi voulait être souverain indépendant et faire comme il l’entendait le bonheur du peuple qu’il avait été appelé à gouverner, sans se soumettre à l’influence de la France. C'était un sentiment très noble assurément qui prenait sa source dans un cœur esclave de ses devoirs et des nouveaux engagements qu'il avait jurés. Mais pouvait-il s'isoler lorsque tous les souverains de l'Europe étaient forcés d'entrer dans le système du vainqueur, même contre leurs vœux ? Je dis un jour à un de ses ministres, qui vint se plaindre à moi de la sévérité de l'Empereur, qu'il savait que je ne m'étais jamais occupée d'aucune affaire politique mais que mon mari, j'en étais persuadée, était mal conseillé ; qu'avec une force capable de résister à l'Empereur, il pourrait peut-être séparer les intérêts de la Hollande de ceux de la France, s'il le croyait utile ; qu'autrement il fallait marcher franchement avec ; que la Hollande, au prix de quelques souffrances encore, serait enfin appelée à jouir des mêmes avantages par l’accroissement du territoire et l’appui constant d’un voisin aussi puissant ; qu’un système contraire pourrait irriter l’Empereur et le porter à réunir à l’Empire un pays qui n’en suivrait pas la politique ; qu’ainsi, avec les meilleures intentions du monde, on causait le plus grand mal possible à la Hollande, celui de compromettre son indépendance. Voilà la seule conversation d’affaires, que j’aie eue de ma vie avec les ministres hollandais, plus indifférente sans doute que je n’aurais dû l’être aux événements qui intéressaient ma famille ; mais je pensais que tout cela ne me regardait pas, idée commode à un esprit paresseux qui place ailleurs que dans les grandeurs toute sa félicité. »

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)

Merci Cyril

Cet extrait montre que la Reine Hortense était beaucoup plus consciente des rapport de force que son triste époux...lequel se berçait d'illusions sur sa légitimité et sa capacité de résistance ...

A noter que Napoléon dans le Mémorial n'hésite pas à dénoncer une part de responsabilité d'Hortense dans l'annexion de la Hollande et dans la chute de l'Empire :
"En pareil cas, avec d'aussi grands intérêts, toute femme doit toujours être maîtresse de se vaincre, avoir l'adresse d'aimer à son tour. Si elle eût su se contraindre, elle se serait épargné le chagrin de ses derniers procès ; elle eût eu une vie plus heureuse; elle eût suivi son mari en Hollande. Louis n'eût point fui d'Amsterdam ; je ne me serais pas vu contraint de réunir son royaume, ce qui a contribué à me perdre en Europe, et bien des choses se seraient passées différemment."

Manque pas d'air l'Empereur...

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" Grâce aux prisonniers. Bonchamps le veut. Bonchamps l'ordonne ! " (d'Autichamp)