Je pense que Louis XVIII a été très fin et a parfaitement réussi son retour politique, sauf avec l'armée...
Drouet Cyril a écrit :
La reprise du pouvoir par Napoléon a été largement permise par le ralliement de l’armée. Outre les différents points relatifs au reste de la population et sur lesquels nous pourrons revenir, c’est du côté de l’armée qu’il faut dans premier temps porter le regard. En son sein, les sujets de mécontentement furent nombreux :
-la nomination à la Guerre du général Dupont
-le décret du 22 avril envoyant des commissaires extraordinaires dans toutes les divisions militaires du royaume, ayant pour rôle de surveiller, mais également de suspendre et de remplacer
-la parade des armées coalisées à laquelle assista le roi
-l’ordonnance du 12 mai mettant au congé 100 000 hommes et en demi-solde 12 000 officiers
-l’ordonnance du 26 mai rétablissant la Maison militaire du roi
-la dispersion des anciennes unités de la Garde
-les promotions accordées aux émigrés
-le projet de réduction des pensions de la Légion d’honneur
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Parmi les mesures qui ont particulièrement choqué l'armée, on peut rajouter :
- le rappel des gardes Suisses pour la garde personnelle du Roi, en lieu et place des gardes nationaux et garde impériaux. L'armée est outrée de voir le Roi gardé par des étrangers.
- la nomination de Marmont comme commandant d'une compagnie de la Maison Militaire du Roi (surnommée compagnie Judas par la troupe)
- la nomination au grade de Maréchal à titre posthume de Cadoudal (qui avait tenté d'assassiner Napoléon) et de Moreau (mort dans les rangs coalisés contre la France)
- la création au sein de l'état major des régiments de la Gade Royale (ex Garde Impériale) d'un aumônier catholique et l'obligation faite aux soldats baptisés catholiques de la garde Royale de participer à la messe le dimanche.
- la réorganisation de l'armée (ordonnance du 12 mai 1814, mise en application le 25) qui aboutit à une renumérotation des régiments. Lorsque le gouvernement réduit l'armée active, il réduit le nombre de régiments (de 111 à 90), ce qui était inévitable. Par contre, au lieu de laisser aux régiments survivants leur ancien n°, il leur est attribué un nouveau numéro (par exemple le 40e régiment devient le 38e). Quand on connait la fierté que la troupe voue à son aigle, ce changement de n° de régiment est très mal vécu. A son retour, Napoléon s'empresse de rétablir l’ancienne numérotation.
- les officiers émigrés de retour retrouvent leurs anciens grade avec leur ancienneté. Ce qui veut dire qu'un général nommé en 1788 qui a émigré se retrouve au protocole devant un général qui a fait toutes les guerres depuis 1792 à 1814. Certains obtiennent même une promotion, en compensation des promotions qu'ils n'ont pas obtenu pendant la durée de leur émigration.
- la nomination de l'abée de Pradt comme Grand Maitre de la Légion d'honneur
- l’amnistie accordée aux déserteurs de 1814, qui sont considérés comme mis en congés. Mesure inévitable vu leur nombre, mais très impopulaire dans l'armée
- après la Paix de Paris, le retour des prisonniers de Russie, Angleterre, Espagne ex.. qui sont souvent les plus anciens fidèles à l'Empire (plus que les derniers conscrits de 1813 ou 1814) et qui reprochent à leurs camarades de n'avoir pu sauver l'Empire et d'avoir laissé rétablir les Bourbons. Le retour "des vielles moustaches" dans les régiments va contribuer à la radicalisation de l'armée.
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