Jerôme a écrit :
En 1809 Fouché joue une partie subtile car ambiguë : en profitant de la passivité de cambacérès...
Pourquoi la "passivité de Cambacérès" ? En quoi en "profiter" ? Il semble que chacun soit régulièrement "réveillé".
Concernant la faculté de l'Empereur à posséder une vue synoptique -même en plein conflit(s)-, je suis remonté à fin 1806, début 1807. L'Empereur est sur le point de soulever la Pologne et de combattre les armées russes, le conflit avec la Prusse n'est pas soldé :
- échange avec la chancellerie de Vienne pour un éventuel "arrangement" Galicie/Silésie
- proposition d'un senatus-consulte pour la conscription de 1807
- demande à Cambacérès d'expliciter au Sénat et au Conseil d'Etat combien cette conscription peut impacter en Angleterre
- évaluation de l'entretien des hommes : demande de baisse du taux d'intérêt de la BDF, la solde est assurée, le BP est arrêté, Daru est chargé de veiller à une éventuelle DM avec pour OB les administrations financières de Prusse et de Westphalie ; éventualité d'une DM2 abondée par la Prusse (200 millions)
- l'entourage proche est calmé
- Cambacérès se voit rassuré concernant des rumeurs d'une éventuelle entrée de l'Espagne dans la coalition, rassuré aussi qu'Anglais et Suédois soient tenus par Mortier
- ordre à Cambacérès d'être vigilant
- ordre à Fouché d'employer la police avec "la plus grande activité" : "
Je ne sais pas quelle direction vous donnez à la police mais tout cela est bien faible... Mes ordres ne sont pas exécutés. Il n'y a aucune espèce de suite dans la police ; on agit sans règles ni principes fixes... C'est toujours à recommancer"
- presse et théâtre sont surveillés. A Cambacérès et à Champagny : "
Si l'armée tâche d'honorer la nation tant qu'elle le peut, il faut avouer que les gens de lettres font tout pour la déshonorer... Comment souffrez-vous qu'on chante des impromptus à l'opéra ... on se plaint que nous n'avons pas de littérature, c'est la faute du ministre de l'intérieur..."
- demande à Champagny la convocation d'un Sanhedrin destiné à enlever des lois de Moïse tout ce qui était intolérant, à déclarer une portion de ces lois, lois civiles et politiques ... et description minutieuse des modifications qui devaient être apportées aux lois de Moïse (A champagny. Posen, le 29 novembre 1806).
Il n'est donc rien qui puisse échapper à l'oeil et l'oreille du maître.
Ceci montre aussi la pression exercée. Et ce n'est que quelques exemples... L'année 1807 sera encore riche.
Ici est reproché à Fouché une certaine mollesse doublée d'une sorte d'affranchissement.
On peut alors comprendre l'état d'épuisement de certains et à vouloir servir trop large ou anticiper, rester dans la même manière biscornue -la police peut-elle toujours oeuvrer à visage découvert ? Surtout si elle veut atteindre ce qui peut exister de plus secret et être en ceci efficace ?- avoir de gros ratés.
... Si la notion de "burn out" avait existé...