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Message Publié : 04 Mars 2017 16:39 
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Marc Bloch
Marc Bloch

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Le bonapartiste a écrit :

Jerôme a écrit :
Rigoumont exprime là une intuition tout à fait intéressante. On peut imaginer que Fouché comme Talleyrand ont toujours eu dans la tête l'idée que l'empire n'allait pas durer et qu'il fallait préparer la suite. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé en 1814 puis en 1815. Fouché en 1810 préparait il la suite ? Peut être, mais quels sont les indices, à défaut de preuves, qui vont dans ce sens ?


On a des éléments dans les premières pages du sujet. Il y avait dans les démarches de Fouché une volonté d'apparaître comme un homme fort et crédible. D'ailleurs l'histoire des gardes nationaux, non seulement dans les départements du nord puis à son extension, était une formidable tribune pour Fouché. Ce qui finira par agacer l'Empereur.


En 1809 Fouché joue une partie subtile car ambiguë : en profitant de la passivité de cambacérès et avec la complicité de Bernadotte, il se presente comme le sauveur de l'empire. Donc comme un fidèle de l'empereur. Donc comme un quasi premier ministre, relegant l'archichancelier dans l'ombre ! évidemment ce zèle fait de lui un personnage central - donc un successeur potentiel. Mais pas comme un traitre.

En 1810, son action est secrète et loin d'être marquée par le zèle pour la défense du régime, elle appelle le soupçon de la trahison. Ce qui semble dangereux et même un peu ... idiot !


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Message Publié : 04 Mars 2017 17:11 
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Eginhard
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Jerôme a écrit :
En 1809 Fouché joue une partie subtile car ambiguë : en profitant de la passivité de cambacérès et avec la complicité de Bernadotte, il se presente comme le sauveur de l'empire. Donc comme un fidèle de l'empereur. Donc comme un quasi premier ministre, relegant l'archichancelier dans l'ombre ! évidemment ce zèle fait de lui un personnage central - donc un successeur potentiel. Mais pas comme un traitre.

En 1810, son action est secrète et loin d'être marquée par le zèle pour la défense du régime, elle appelle le soupçon de la trahison. Ce qui semble dangereux et même un peu ... idiot !


Je suis d'accord avec vous mais ce zèle ira trop loin pour l'Empereur. Si au début celui-ci approuve Fouché et réprimande Cambacerès et Clarke, il y a par la suite une exploitation qui n'est pas du goût de l'Empereur. Fouché joue sa partition en solo même si son activité au plus fort de la menace anglaise est à mettre à son actif.
Il faut dire aussi que Fouché à un nombre d'ennemi politique incalculable (Savary, Dubois...) ! L'Empereur recevait très régulièrement des lettres de mécontentement. Cela ne devait pas rehausser sa côte.


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Message Publié : 04 Mars 2017 17:55 
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Salluste
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Le bonapartiste a écrit :
ce zèle ira trop loin pour l'Empereur. Si au début celui-ci approuve Fouché et réprimande Cambacerès et Clarke, il y a par la suite une exploitation qui n'est pas du goût de l'Empereur.

Je sais que vous considérez que les Mémoires de Fouché n'ont aucune valeur, cela n'empêchent qu'ils apportent un éclairage un peu différent sur cette question.
Joseph Fouché a écrit :
Je savais d'ailleurs, d'une manière certaine, qu'il ne me pardonnerait jamais d'avoir levé, tout seul, une armée, fait rembarquer les Anglais et sauvé la Belgique ; je savais enfin que, depuis cette époque, ma liaison avec Bernadotte lui était devenue suspecte. Plus il concentrait en lui-même ses dispositions peu favorables à mon égard, plus je les devinais.

Pour Fouché, donc, ce que Napoléon lui pardonnait difficilement, c'était d'avoir fait ça tout seul. L'idée que Napoléon n'aimait pas beaucoup que d'autres que lui s'illustrent par des actions réussies n'est pas totalement dénuée de fondements. On sait notamment que la bataille du 14 octobre 1806 qui a été la plus célébrée est Iena, parce que c'était la bataille qu'il commandait, alors que la bataille d'Auerstedt dont la victoire est redevable au seul Davout est passée au second plan. Même chose pour Hohenlinden où c'était Moreau qui commandait .

Vous parlez d'une exploitation de la part de Fouché qui n'aurait pas été du goût de l'Empereur. De quoi s'agit-il ? Avez-vous des informations complémentaires sur ce sujet ? A-t-il fait plus que ce qui est dit dans ses mémoires ?


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Message Publié : 04 Mars 2017 18:07 
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Salluste
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Jerôme a écrit :
En 1809 Fouché joue une partie subtile car ambiguë : en profitant de la passivité de cambacérès et avec la complicité de Bernadotte, il se presente comme le sauveur de l'empire.

Oui, c'est vrai que sauver l'Empire d'une invasion quand ceux qui en auraient la responsabilité sont dépassés par les événements, c'est particulièrement ambigu.
Jerôme a écrit :
En 1810, son action est secrète et loin d'être marquée par le zèle pour la défense du régime, elle appelle le soupçon de la trahison. Ce qui semble dangereux et même un peu ... idiot !

C'est vrai aussi que vouloir faire la paix avec l'Angleterre, c'est complètement idiot.


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Message Publié : 04 Mars 2017 18:10 
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Marc Bloch
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Lei Ming Yuan a écrit :
Jerôme a écrit :
En 1810, son action est secrète et loin d'être marquée par le zèle pour la défense du régime, elle appelle le soupçon de la trahison. Ce qui semble dangereux et même un peu ... idiot !

C'est vrai aussi que vouloir faire la paix avec l'Angleterre, c'est complètement idiot.


A l'évidence - surtout quand on est ministre de la police. Je vois que Le ming yung se rallie à une position raisonnable !


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Message Publié : 04 Mars 2017 18:12 
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Grégoire de Tours
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Jerôme a écrit :
En 1809 Fouché joue une partie subtile car ambiguë : en profitant de la passivité de cambacérès et avec la complicité de Bernadotte, il se presente comme le sauveur de l'empire.

Pour se présenter comme le "sauveur de l'Empire", il faudrait que l'Empire soit en péril et que l'empereur le reconnaisse comme tel. Cette période est qualifiée par certain(s) d"Empire triomphant". Nous sommes donc loin du marasme.
Nul besoin de "sauveur", le reconnaître serait déjà laisser la place de premier. Une union est en route avec tous les espoirs dynastiques que ceci peut amener.

Citer :
Donc comme un fidèle de l'empereur. Donc comme un quasi premier ministre, relegant l'archichancelier dans l'ombre ! évidemment ce zèle fait de lui un personnage central - donc un successeur potentiel. Mais pas comme un traitre.

Tout le monde est fidèle à l'Empereur, chacun tient à sa position... Le silence est de mise.
C'est justement cette incapacité de Napoléon à s'adjoindre autre chose que des courtisans ou le sourire grinçant des vaincus qui sera son problème.
Fouché, successeur potentiel ?
Fouché lui-même a joué un rôle non négligeable dans le divorce d'avec Joséphine. Il sait que l'Empereur tient à une dynastie, il est tout de même plus subtil que de s'imaginer dans la succession. Ceci tient -pour le coup- d'une étrange appréciation des hommes du moment.
Il faudrait donc imaginer Fouché amenant la paix avec l'Angleterre sur un plateau et son maître faisant de lui son successeur en remerciement ? En haut de la pyramide, il n'est pas bon de devoir sa place. Ceci montre qu'elle n'est pas stable et l'instabilité est source de défiance, ce qui -pour ce genre de régime- est un luxe impossible. Sinon pourquoi une police ? Pourquoi museler l'opinion ? Pourquoi taire certaines choses... Pourquoi le besoin d'un "Fouché" ?
Officiellement, Fouché est nommé par le haut et nul ne semble irremplaçable. Le montrer est même une caution au fait de voir les échines se courber davantage. Trahir ? Le moment n'est pas venu.
Encore faudrait-il être bien certain que Napoléon Ier croyait à une paix possible avec l'Angleterre, en faisait sa priorité et il semble que non. Il semblerait même qu'une fois pour toutes, il ait compris que jamais rien ne se ferait entre la France et ses voisins insulaires. Lui qui ne lâchait rien pouvait comprendre qu'en face il était de même. Si des traités avaient été passés avec des vaincus, l'Angleterre n'était pas dans ce cas de figure.
Le personnage central reste l'Empereur, partager la place ou même supporter de voir certains s'engager à la lorgner tient d'une étrange approche des faits.

Citer :
En 1810, son action est secrète et loin d'être marquée par le zèle pour la défense du régime, elle appelle le soupçon de la trahison. Ce qui semble dangereux et même un peu ... idiot !

C'est un peu l'évidence depuis le début du sujet.
Dangereux certes, idiot : je n'irai pas jusqu'à cette trivialité, le tout étant un peu binaire. Thiers d'ailleurs laisse plusieurs pistes comme tous ceux qui ont traité de l'affaire. C'est dire si l'homme était complexe.

En 1810, l'impératrice attend un enfant, l'Europe entière est asservie, l'étendue de l'Empire a été agrandie à la guise du maître au cours de l'année et jamais la France n'a connu tant de départements. Napoléon est empereur des Français, roi d'Italie ; son frère est roi d'Espagne ; son beau-frère Murat, roi de Naples ; son frère Jérôme, roi de Westphalie ; la Hollande a été réunie à l'Empire comme Rome, le Valais et les côtes allemandes de la Baltique. Jamais opposition à son régime n'a été aussi faible.

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Message Publié : 04 Mars 2017 18:26 
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Marc Bloch
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ezio-auditore a écrit :
Jerôme a écrit :
En 1809 Fouché joue une partie subtile car ambiguë : en profitant de la passivité de cambacérès et avec la complicité de Bernadotte, il se presente comme le sauveur de l'empire.

Pour se présenter comme le "sauveur de l'Empire", il faudrait que l'Empire soit en péril et que l'empereur le reconnaisse comme tel. Cette période est qualifiée par certain(s) d"Empire triomphant". Nous sommes donc loin du marasme.


je crains que cette analyse ne témoigne d'une profonde ignorance de la situation stratégique en 1809 lorsque l'empire doit se battre sur trois fronts !


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Message Publié : 04 Mars 2017 19:35 
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Grégoire de Tours
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Ming Yuan a écrit :
Pour Fouché, donc, ce que Napoléon lui pardonnait difficilement, c'était d'avoir fait ça tout seul. L'idée que Napoléon n'aimait pas beaucoup que d'autres que lui s'illustrent par des actions réussies n'est pas totalement dénuée de fondements.

"... Ma domination ne survivrait pas du jour où j'aurais cessé d'être fort et par conséquent d'être craint..." (Napoléon Ier).
Je pense qu'une des causes de l'échec final sera la manière de traiter les nations étrangères. Les traités accumulent chez le vaincu un désir de revanche et chez le vainqueur la crainte des nouveaux acquis. La Prusse ne sera pas l'alliée de Napoléon qu'elle aurait pu être, à défaut de l'Autriche, si un partage de l'Europe avait été fait. Les Russes demandaient-ils autre chose que d'être "considérés" par l'occident ? Seul en Europe, Napoléon est aussi condamné à être seul dans sa politique. S'il est capable de se créer des obligés, il ne peut tisser des liens.
Et puis l'Angleterre. La paix imposée par le traité d'Amiens ne le sera qu'à la faveur d'une éclipse de Pitt. Napoléon ne semble pas porté à l'entente avec les monarchies traditionnelles. L'obstacle d'un peuple marqué par l'insularité, un parlement tout-puissant dirigé par une classe de marchands doit sans doute l'interpeler.
De son côté, pourquoi Pitt a choisi les Bourbons ? Peut-être pour avoir en France un monarque complaisant. Napoléon sent là une résistance, se laisse aller à ergoter sur Malte. Il devra se rendre à une amère réalité : la guerre était pour les Anglais une respiration nationale, une façon de se poser en face du monde et ces insulaires possédaient assez d'argent pour initier toutes les coalitions. L'arme du blocus se révèle à double tranchant, il suffit de ne pas obéir pour obliger l'Empereur à répandre ses troupes partout. En voulant asphyxier l'Angleterre, c'est l'Europe qui la première va pâtir de ce choix. Napléon est donc bien seul à se débattre avec les instruments de sa propre puissance.

le Bonapartiste a écrit :
Certes mais la défaite en 1812 n'est pas suffisante même si elle ébranle fortement le système,

Tout à fait, et c'est encore l'Empire.

Ming Yuan a écrit :
C'est vrai aussi que vouloir faire la paix avec l'Angleterre, c'est complètement idiot.

Là encore, tout dépend de qui initie l'éventuel projet.
A Tilsit, on verre l'Empereur demander/exiger d'Alexandre Ier d'initier une "médiation".

le Bonapartiste a écrit :
Quant à la confédération du Rhin, oui elle tient plus longtemps mais en même temps normal, ce sont les grands gagnant territorialement parlant.

Pas tous et la raison ne sera pas uniquement Leipzig.

Jérôme a écrit :
je crains que cette analyse ne témoigne d'une profonde ignorance de la situation stratégique en 1809 lorsque l'empire doit se battre sur trois fronts !

C'est vrai que l'Empereur doit se battre, c'est vrai aussi que certaines demi-victoires furent dangereuses au niveau prestige mais des premiers craquements sortira au final ce qui semble le plus important pour Napoléon : enfin une union. Une union autrichienne, ce qui pouvait augurer d'une future neutralité voire même un appui. La Prusse n'en peut plus. La Russie est tout à coup bien seule et s'interroge. L'Espagne requiert de l'attention. Rien qui ne soit étranger à Napoléon dans sa capacité de fonctionnement à ce moment encore.
Cette union : quel prestige auprès des Allemands, des Belges, des Italiens. Quel bon moyen pour parfaire le blocus.
L'histoire montrera qu'à brève et longue échéance, l'union de 1810 était désastreuse pour l'Autriche qui restait affaiblie et perdait sa chance de devenir la figure de proue du nationalisme allemand, rôle que la Prusse allait reprendre. A moyen terme, ce sera l'empereur qui se fera beaucoup d'illusions sur l'intérêt d'une alliance avec l'Autriche.
Mais il est plus facile de faire l'Histoire après coup.

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Message Publié : 04 Mars 2017 19:40 
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Salluste
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Jerôme a écrit :
A l'évidence - surtout quand on est ministre de la police. Je vois que Le ming yung se rallie à une position raisonnable !

Désolé de vous décevoir, mais je ne vois pas en quoi il est raisonnable de décerner des prix d'idiotie à Fouché ou à n'importe quel autre personnage du passé. Je pensais que tout le monde comprendrait que, quand j'écris qu'il est idiot de vouloir faire la paix avec l'Angleterre, je pense le contraire, comme quand j'ai approuvé le fait qu'il serait ambigu de vouloir sauver la France d'une menace d'attaque extérieure.
Je ne comprends pas votre obstination à vouloir porter de tels jugements sur les hommes du passé. L'explication fournie par Fouché sur ses intentions n'a rien d'idiot. Il sentait sa place de ministre menacée. Il considérait qu'une paix avec l'Angleterre était nécessaire pour la France. Il a donc l'idée d'essayer de réaliser cette paix, dans l'espoir que cette action lui permette de conserver sa place. Est-ce idiot ? Je ne vois pas en quoi cela le serait.
Pour la mise en oeuvre de ce projet, il dit n'avoir pas été au courant que Napoléon avait entrepris de son côté les mêmes démarches, lui faisant même en partie grief de ne pas l'avoir tenu informé (ce, en quoi, je le reconnais, il pousse le bouchon assez loin). En tant que ministre de la police, il avait selon ce qu'il dit la faculté d'envoyer des agents à l'étranger. Il profite donc de cette possibilité pour essayer de prendre contact avec les Anglais. Mais c'est là que l'affaire prend mauvaise tournure parce que l'agent envoyé par Napoléon était déjà sur le coup et cette double tentative de négociation à l'effet déplorable de tout faire capoter. C'est sans doute un regrettable cafouillage, mais ce n'est pas à proprement parler une idiotie.


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Message Publié : 04 Mars 2017 19:49 
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Grégoire de Tours
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Lei Ming Yuan a écrit :
Je sais que vous considérez que les Mémoires de Fouché n'ont aucune valeur

Nullement pour ce qui me concerne. Dans ce cas, il faudrait écarter des mémoires qui sont une sorte de revalorisation pour la postérité et nous montre justement certains sous un éclairage étonnant.
Même si le passage révèle une évidence, il est d'autant plus aisé de deviner la montée d'une disgrâce que la conscience n'est pas très nette.
Peut être est-ce aussi un des paramètres à intégrer. Fouché ne se sentait plus à l'aise, il a voulu s'assurer -bien maladroitement- de "faire un geste" qui justifierait un retour et l'assurance de son ministère.
Il avait connu un Bonaparte, pas trop regardant, de la provenance de soutiens trébuchants il fut un temps. Ce temps n'était plus, Bonaparte n'était plus. Il se devait désormais d'oublier les fricotages d'avant et pendant Brumaire. Chacun s'était refait une "virginité".

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Message Publié : 04 Mars 2017 20:08 
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Eginhard
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Lei Ming Yuan a écrit :
e sais que vous considérez que les Mémoires de Fouché n'ont aucune valeur, cela n'empêchent qu'ils apportent un éclairage un peu différent sur cette question.


Du tout, elles ont de la valeurs mais elles sont à prendre avec des pincettes. Il aura tendance à se donner le beau rôle, se dédouaner des erreurs et exposer des motivations qui ne sont peut être pas la réalité. J'ai le même jugement concernant les mémoires de Napoléon.

Lei Ming Yuan a écrit :
Pour Fouché, donc, ce que Napoléon lui pardonnait difficilement, c'était d'avoir fait ça tout seul. L'idée que Napoléon n'aimait pas beaucoup que d'autres que lui s'illustrent par des actions réussies n'est pas totalement dénuée de fondements. On sait notamment que la bataille du 14 octobre 1806 qui a été la plus célébrée est Iena, parce que c'était la bataille qu'il commandait, alors que la bataille d'Auerstedt dont la victoire est redevable au seul Davout est passée au second plan. Même chose pour Hohenlinden où c'était Moreau qui commandait .

Vous parlez d'une exploitation de la part de Fouché qui n'aurait pas été du goût de l'Empereur. De quoi s'agit-il ? Avez-vous des informations complémentaires sur ce sujet ? A-t-il fait plus que ce qui est dit dans ses mémoires ?


Ah non pas du tout. Encore une fois l'Empereur le remercie (voir lettre début août, j'en parle page 3 ou 4 de ce fil) et blâme Cambacérès et Clarke. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'il s'agace, avec l'extension des gardes nationaux notamment à Paris, de l'attitude de Bernadotte à Anvers qui rappelons le, venez de se faire dégager d’Autriche ! , des fanfaronnades de Fouché sur "le sauveur de l'Empire".

Deuxièmement, c'est totalement faux sur Auerstaedt. C'est un mythe. Le 3ème corps entre le premier dans Berlin en guise d'honneur, et ce n'est pas rien !
Tout comme Hohenlinden qui n'a pas du tout été éclipsé !


Dernière édition par Le bonapartiste le 04 Mars 2017 20:12, édité 1 fois.

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Message Publié : 04 Mars 2017 20:09 
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Jean Mabillon
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Je crois que Jean Tulard nous a fortement mis en garde contre les mémoires relatifs à la période. D'une part, ils n'ont pas toujours été rédigés par leur signataire (Balzac fut ainsi le nègre de la duchesse d'Abrantes) ...et d'autre part ils sont souvent des plaidoyers pro domo ... Dans le cas de Fouché je crois que nous sommes en présence d'un texte écrit après la mort de l'auteur apparent ...même si le nègre a pu avoir accès à des documents privé voire à des notes préparatoires.

Pour revenir à notre débat, je crois qu'il illustre un problème auquel je suis sensible : la méconnaissance du détail du fonctionnement du gouvernement impérial...Il y a convergence des admirateurs de l'empereur et de ses adversaires pour attribuer à un homme tout ce qui fut fait, que ce fût en bien ou en mal. Ceci conduit à marginaliser des personnages importants.

À mon sens en 1809, Fouché se sentait le vent en poupe. D'une part la disgrâce de Talleyrand le libère de son meilleur ennemi. D'autre part la place centrale accordée par l'Empereur à Cambacérès, un personnage prudent et peu viril, devait l'agacer. Walcheren fut peut être vue par Fouché comme une occasion en or de prouver à l'empereur qu'il avait eu tort de confier les clefs de l'empire à Cambacérès ...et aurait mieux fait de s'appuyer sur lui...


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Message Publié : 04 Mars 2017 21:01 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Localisation : Kaamelott
... - http://librairie-siblot.fr/images/2012/ ... 9-1824.pdf

"Louis Madelin considère que Julian et Beauchamp ne sont pas restés suffisamment dans la vie de Fouché pour connaître autant de détails contenus dans les Mémoires. Selon l’historien, Fouché avait préparé des mémoires. Plusieurs correspondances attestent de ce qu’en exil, il écrivait. Même si le projet fut ensuite abandonné, un éditeur était même
choisi. D’autant que le contenu, le style concordent à attester de l’authenticité de l’ouvrage :
«Mille faits, petits et grands, nous montrent, dans le rédacteur des mémoires, un homme si absolument initié au secret des choses, si exactement renseigné, que aux yeux des biographes de Fouché, ce témoin, si averti, ne saurait être que Fouché lui même».
Aussi, l’hypothèse de Madelin, développée dans sa préface, peut se résumer dans les quelques propositions suivantes :
- Des pans entiers d’autobiographie sont écrits par Fouché lui même
- Julian en a eu connaissance
- Il les aura livrés à Alphonse de Beauchamp, un spécialiste de la confection des mémoires.
- Beauchamp aura vu des trous, et aura décidé de les combler

Sans doute, poursuit Madelin, aura-t-il composé ensuite le second volume, tout en empruntant d’importants morceaux
à la plume de Fouché.

Certes, la véracité des propos rapportées par Fouché peut parfois être discutée. Il s’agit effectivement d’un plaidoyer pro domo où l’on sent que Fouché cherche à se défendre. C’est sans doute l’exercice qui veut cela. Néanmoins, nombreux sont les éléments et anecdotes qui sont réels. Ceci étant précisé, notamment parce qu’il était au cœur du système, les mémoires de Fouché demeurent un document exceptionnel.

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Message Publié : 04 Mars 2017 21:17 
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Grégoire de Tours
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Localisation : Kaamelott
Aigle a écrit :
À mon sens en 1809, Fouché se sentait le vent en poupe.

Pourquoi ?
Il semble que l'heure était au nettoyage :

[Seule l'Angleterre résistait encore mais vu son état d'isolement, pour combien de temps encore ?
L'opinion française se laissa gagner par cette confiance. L'accueil triomphal que Napoléon trouva à son retour allait autant au vainqueur d'une campagne prestigieuse qu'à l'auteur du retournement russe et
(déjà) à la perspective de la paix générale. Grisé par cette victoire, Napoléon appelé désormais "Le Grand", comme Alexandre et Louis XIV se consacra à la remise en ordre de son système et de son personnel.
L'épuration du corps judiciaire, la mise en oeuvre du chantier de l'Université, la suppression du Tribunat, le renvoi de Talleyrand et son remplacement par l'honnête mais médiocre Champagny, tout montra la volonté de l'empereur de n'avoir plus que des exécutants soumis autour de lui. Témoins les nouveaux majorats et cette nouvelle noblesse, "grands hochets" destinés à récompenser les zèles et les obéissances.]

Fouché ne risquait-il pas, lui aussi, de passer par pertes et profits ? Champagny au lieu de Talleyrand ? On ne regardait plus le mérite ou l'intelligence mais la capacité à se taire et exécuter. Il est vrai que l'ancien révolutionnaire n'avait plus trop le profil souhaité et souhaitable.

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Message Publié : 04 Mars 2017 21:49 
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Salluste
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Le bonapartiste a écrit :
Deuxièmement, c'est totalement faux sur Auerstaedt. C'est un mythe.

Mythe qui tire son origine du cinquième bulletin de la grande armée du 15 octobre 1806.
Citer :
CINQUIÈME BULLETIN.

Jéna, le 15 octobre 1806.

La bataille de Jéna a lavé l'affront de Rosbach, et décidé, en sept jours, une campagne qui a entièrement calmé cette frénésie guerrière qui s'était emparée des têtes prussiennes.

Voici la position de l'armée au 13.

Le grand-duc de Berg et le maréchal Davoust avec leurs corps d'armée, étaient à Naumbourg ayant des partis sur Leipsick et Halle.

Le corps du maréchal prince de Ponte-Corvo était en marche pour se rendre à Dornbourg.

Le corps du maréchal Lannes arrivait à Jéna.

Le corps du maréchal Augereau était en position à Kala.

Le corps du maréchal Ney était à Roda.

Le quartier général à Géra.

L'empereur, en marche pour se rendre à Jéna.

Le corps du maréchal Soult, de Géra était en marche pour prendre une position plus rapprochée à l'embranchement des routes de Naumbourg et de Jéna.
Voici la position de l'ennemi.

Le roi de Prusse, voulant commencer les hostilités au 9 octobre, en débouchant sur Francfort par sa droite , sur Wurtzbourg par son centre , et sur Bamberg par sa gauche , toutes les divisions de son armée étaient disposées pour exécuter ce plan ; mais l'armée française tournant sur l'extrémité de sa gauche, se trouva en peu de jours à Saalbour, à Lobenstein, à Schleilz , à Géra, à Naumbourg. L'armée prussienne tournée, employa les journées des 9, 10, 1l , et 12 à rappeler tous ses détachements, et le 13 elle se présenta en bataille entre Capeldorf et Auerstaedt, fortes de près de cent cinquante mille hommes.

Le 13, à deux heures après midi, l'Empereur arriva à Jéna ; et sur un petit plateau qu'occupait notre avant-garde, il aperçut les dispositions de l'ennemi, qui paraissait manœuvrer pour attaquer le lendemain, et forcer les divers débouchés de la Saale. L'ennemi défendait en force, et par une position inexpugnable, la chaussée de Jéna à Weimar, et paraissait penser que les Français ne pourraient déboucher dans la plaine, sans avoir forcé ce passage. Il ne paraissait pas possible en effet de faire monter de l'artillerie sur le plateau, qui, d'ailleurs, était si petit, que quatre bataillons pouvaient à peine s'y déployer. On fit travailler toute la nuit à un chemin dans le roc, et l'on parvint à conduire l'artillerie sur la hauteur.

Le maréchal Davoust reçut l'ordre de déboucher par Naumbourg , pour défendre les défilés de Koesen, si l'ennemi voulait marcher sur Naumbourg, ou pour se rendre à Apolda pour le prendre à dos , s'il restait dans la position où il était.

Le corps du maréchal prince de Ponte-Corvo fut destiné à déboucher de Dornbourg pour tomber sur les derrières de l'ennemi, soit qu'il se portât en force sur Naumbourg , soit qu'il se portât sur Jéna.

La grosse cavalerie, qui n'avait pas encore rejoint l'armée, ne pouvait la rejoindre qu'à midi ; la cavalerie de la garde impériale était à trente-six heures de distance, quelque fortes marches qu'elle eût faites depuis son départ de Paris. Mais il est des moments à la guerre où aucune considération ne doit balancer l’avantage de prévenir l'ennemi et de l'attaquer le premier. L'Empereur fit ranger sur le plateau qu'occupait l'avant-garde, que l'ennemi paraissait avoir négligé, et vis-à-vis duquel il était en position , tout le corps du maréchal Lannes ; ce corps d'armée fut rangé par les soins du général Victor, chaque division formant une aile. Le maréchal Lefebvre fit ranger au sommet la garde impériale en bataillon carré.

L'Empereur bivouaqua au milieu de ses braves. La nuit offrait un spectacle digne d'observation : celui de deux armées dont l'une déployait son front sur six lieux d’étendue, et embrasait de ses feux l'atmosphère; l’autre dont les feux apparents étaient concentrés sur un petit point ; et dans l'une et l'autre armée, de l’activité et du mouvement : les feux des deux armées étaient à une demi-portée de canon ; les sentinelles se touchaient presque, et il ne se faisait pas un mouvement qui ne fût entendu.

Les corps des maréchaux Ney et Soult passaient la nuit en marche. A la pointe du jour, toute l'armée prit les armes. La division Gazan était rangée sur trois lignes, sur la gauche du plateau. La division Suchet formait la droite ; la garde impériale occupait le sommet du monticule, chacun de ces corps ayant ses canons dans les intervalles. De la ville et des vallées voisines, on avait pratiqué des débouchés qui permettaient le déploiement le plus facile aux troupes qui n'avaient pu être placées sur le plateau ; car c'était peut-être la première fois qu'une armée devait passer par un si petit débouché.

Un brouillard épais obscurcissait le jour. L'Empereur passa devant plusieurs lignes. Il recommanda aux soldats de se tenir en garde contre cette cavalerie prussienne qu'on peignait comme si redoutable. Il les fit souvenir qu'il y avait un an qu'à la même époque ils avaient pris Ulm ; que l'armée prussienne, comme l'armée autrichienne, était aujourd'hui cernée, ayant perdu sa ligue d'opérations, ses magasins ; qu'elle ne se battait plus dans ce moment pour la gloire , mais pour sa retraite ; que cherchant à faire une trouée sur différents points , les corps d'armée qui la laisseraient passer seraient perdus d'honneur et de réputation. A ce discours animé, le soldat répondit par des cris de marchons. Les tirailleurs engagèrent l'action ; la fusillade devint vive. Quelque bonne que fut la position que l'ennemi occupait, il en fut débusqué, et l'armée française, débouchant dans la plaine, commença à prendre son ordre de bataille.

De son côté, le gros de l'armée ennemie, qui n'avait eu le projet d'attaquer que lorsque le brouillard serait dissipé, prit les armes. Un corps de 50 000 hommes de la gauche se posta pour couvrir les défilés de Naumbourg et s’emparer des débouchés de Koezen; mais il avait déjà été prévenu par le maréchal Davoust. Les deux autres corps, formant une force de 80,000 hommes , se portèrent en avant de l'armée française qui débouchait du plateau de Jéna.

Le brouillard couvrit les deux armées pendant deux heures ; mais enfin il fut dissipé par un beau soleil d'automne. Les deux armées s'aperçurent à petite portée de canon. La gauche de l'armée française, appuyée sur un village et des bois, était commandée par le maréchal Augereau. La garde impériale la séparait du centre, qu'occupait le corps du maréchal Lannes. La droite était formée par le corps du maréchal Soult : le maréchal Ney n'avait qu'un simple corps de 3000 hommes, seules troupes qui fussent arrivées de son corps d'armée.

L'armée ennemie était nombreuse et montrait une belle cavalerie. Ses manœuvres étaient exécutées avec précision et rapidité. L'Empereur eut désiré retarder de deux heures d'en venir aux mains, afin d'attendre, dans la position qu'il venait de prendre après l'attaque du matin, les troupes qui devaient le joindre, et surtout sa cavalerie ; mais l'ardeur française l'emporta. Plusieurs bataillons s'étant engagés au village de Hollstedt, il vit l'ennemi s'ébranler pour les en déposter. Le maréchal Lannes reçut ordre sur-le-champ de marcher en échelons pour soutenir ce village. Le maréchal Soult avait attaqué un bois sur la droite ; l'ennemi ayant fait un mouvement de sa droite sur notre gauche, le maréchal Augereau fut chargé de le repousser ; en moins d'une heure, l'action devint générale : 300,000 hommes avec 7 ou 800 pièces de canon semaient partout la mort, et offraient un de ces spectacles rares dans l'histoire. De part et d'autre on manœuvra constamment comme à une parade. Parmi nos troupes, il n'y eut jamais le moindre désordre; la victoire ne fut pas un moment incertaine. L'Empereur eut toujours auprès de lui, indépendamment de la garde impériale, un bon nombre de troupes de réserve pour pouvoir parer à tout accident imprévu.

Le maréchal Soult ayant enlevé le bois qu'il attaquait depuis deux heures, fit un mouvement en avant.

Dans cet instant, on prévint l'Empereur que la division de cavalerie française de réserve commençait à se placer, et que deux nouvelles divisions du corps du maréchal Ney se plaçaient en arrière sur le champ de bataille. On fit alors avancer toutes les troupes qui étaient en réserve sur la première ligne, et qui se trouvant ainsi appuyées, culbutèrent l'ennemi dans un clin d'œil, et le mirent en pleine retraite. Il la fit en ordre pendant la première heure; mais elle devint un affreux désordre du moment que nos divisions de dragons et nos cuirassiers, ayant le grand-duc de Berg à leur tête, purent prendre part à l'affaire. Ces braves cavaliers, frémissant de voir la victoire se décider sans eux, se précipitèrent partout où ils rencontrèrent des ennemis. La cavalerie, l'infanterie prussienne, ne purent soutenir leur choc. En vain l'infanterie ennemie se forma en bataillons carrés ; cinq de ces bataillons furent enfoncés ; artillerie, cavalerie, infanterie, tout fut culbuté et pris. Les Français arrivèrent à Weimar en même temps que l'ennemi, qui fut ainsi poursuivi pendant l'espace de six lieues.

A notre droite, le corps du maréchal Davoust faisait des prodiges. Non-seulement il contint, mais mena battant pendant plus de trois lieues, le gros des troupes ennemies qui devait déboucher du côté de Koesen. Ce maréchal a déployé une bravoure distinguée et de la fermeté de caractère, première qualité d'un homme de guerre. Il a été secondé par les généraux Gudin, Friant, Morand , Daultanne, chef de l'état-major, et par la rare intrépidité de son brave corps d'armée.

Les résultats de la bataille sont 30 à 40 mille prisonniers ; il en arrive à chaque moment ; 25 ou 30 drapeaux, 300 pièces de canon, des magasins immenses de subsistances. Parmi les prisonniers se trouvent plus de 20 généraux, dont plusieurs lieutenants généraux, entre autres le lieutenant général Schmettan. Le nombre des morts est immense dans l'armée prussienne. On compte qu'il y a plus de 20,000 tués ou blessés. Le feld-maréchal Moellendorff a été blessé; le duc de Brunswick a été tué ; le général Ruchel a été tué; le prince Henri de Prusse grièvement blessé. Au dire des déserteurs, des prisonniers et des parlementaires, le désordre et la consternation sont extrêmes dans les débris de l'armée ennemie.

De notre côté, nous n'avons à regretter, parmi les généraux, que la perte du général de brigade Debilly, excellent soldat; parmi les blessés , le général de brigade Conroux; parmi les colonels morts, les colonels Vergès, du 12e. régiment d'infanterie de ligne ; Lamotte, du 36e. ; Barbanègre, du 9e. de hussards ; Marigny, du 20e. de chasseurs; Harispe, du 16e. d'infanterie légère ; Dulembourg, du 1er. de dragons; Nicolas, du 61e. de ligne; Viala, du 81e. Higonet, du 108e.

Les hussards et les chasseurs ont montré dans cette journée une audace digne des plus grands éloges. La cavalerie prussienne n'a jamais tenu devant eux, et toutes les charges qu'ils ont faites devant l'infanterie ont été heureuses.

Nous ne parlons pas de l'infanterie française; il est reconnu depuis longtemps que c'est la meilleure infanterie du monde. L'Empereur a déclaré que la cavalerie française, après l'expérience des deux campagnes et de cette dernière bataille, n'avait pas d'égale.

L'armée prussienne a, dans cette bataille, perdu toute retraite et toute sa ligne d'opérations. Sa gauche, poursuivie par le maréchal Davoust, opéra sa retraite sur Weimar, dans le temps que sa droite et son centre se retiraient de Weimar sur Naumbourg. La confusion fut donc extrême. Le roi a dû se retirer à travers champs, à la tête de son régiment de cavalerie.

Notre perte est évaluée à 1000 ou 1100 tués et 3000 blessés. Le grand-duc de Berg investit en ce moment la place d'Erfurt, ou se trouve un corps d'ennemis que commandent le maréchal Moellendorff et le prince d'Orange.

L'état-major s'occupe d'une relation officielle qui fera connaître dans tous ses détails cette bataille, et les services rendus par les différents corps d'armée et régiments. Si cela peut ajouter quelque chose aux titres qu'a l'armée à l'estime et à la considération de la nation, rien ne pourra ajouter au sentiment d'attendrissement qu'ont éprouvé ceux qui ont été témoins de l'enthousiasme et de l'amour qu'elle témoignait : à l'Empereur au plus fort du combat. S'il y avait un moment d'hésitation, le seul cri de vive l’Empereur ! ranimait les courages et retrempait toutes les âmes.

Au fort de la mêlée, l'Empereur voyant ses ailes menacées par la cavalerie, se portait au galop pour ordonner des manœuvres et des changements de front en carrés ; il était interrompu à chaque instant par des cris de vive l'Empereur ! La garde impériale à pied voyait avec un dépit qu'elle ne pouvait dissimuler, tout le monde aux mains et elle dans l'inaction. Plusieurs voix firent entendre les mots en avant!

« Qu'est-ce ? dit l'Empereur ; ce ne peut être qu'un jeune homme qui n'a pas de barbe qui peut vouloir préjuger ce que je dois faire ; qu'il attende qu'il ait commande dans trente batailles rangées, avant de prétendre me donner des avis". C'était effectivement des vélites, dont le jeune courage était impatient de se signaler.

Dans une mêlée aussi chaude, pendant que l'ennemi perdait presque tous ses généraux , on doit remercier cette providence qui gardait notre armée. Aucun homme de marque n'a été tué ni blessé. Le maréchal Lannes a eu un biscayen qui lui a rasé la poitrine sans le blesser. Le maréchal Davoust a eu son chapeau emporté et un grand nombre de balles dans ses habits. L'Empereur a toujours été entouré, partout où il a paru, du prince de Neufchâtel, du maréchal Bessières, du grand maréchal du palais Duroc , du grand écuyer Caulaincourt , et de ses aides de camp et écuyers de service. Une partie de l'armée n'a pas donné, ou est encore sans avoir tiré un coup de fusil.

J'ai mis en vert le passage qui concerne Davout. Si vous comprenez à la lecture de ce passage qu'il est question d'une autre bataille, vous seriez bien aimable de me faire savoir ce qui vous permet de le comprendre.


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