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Message Publié : 07 Juil 2017 18:15 
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Je regardais "secrets d'histoire" de Stéphane Bern :oops: hier soir. L'émission était consacrée à l'impératrice d'Autriche Marie-Louise.

Ce qui m'a remis en tête une réflexion de Claude Manceron. De mémoire :
Citer :
Napoléon a eu la chance de tomber dans une Europe "vide de souverains". Aurait-il eu affaire à la génération précédente : Frédéric II, la Grande Catherine et Marie-Louise, que les choses se seraient passées autrement.

Cela donne deux questions en une :
- tout d'abord un What-if. Est-ce si exact que cela, ou Napoléon, en introduisant une nouvelle manière de faire la guerre, aurait-il tout aussi bien battu les généraux de ces souverains ?

- Ensuite, comment expliquer la chance insolente de Napoléon, qui n'a jamais eu à affronter les trois alliés à la fois avant 1814 ? (Il a affronté ces pays 2 par 2 ou 1 par 1 avant qu'ils ne se coalisent vraiment.) Pourquoi et comment les coalisés ne se sont-ils pas coalisés plus tôt ?

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Message Publié : 07 Juil 2017 19:03 
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Pierre de L'Estoile
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On peut aussi ajouter qu'il a eu la chance de ne pas affronter de grands généraux, à l'exception, de taille, de Wellington.
(mais il me semble que question a déjà été abordé sur le forum....)
:mrgreen:

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La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
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Message Publié : 07 Juil 2017 19:06 
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Je ne vois pas vraiment les choses comme ça. Déjà parce que Napoléon Ier a eu des adversaires déterminés et capables comme Alexandre Ier, dont la fermeté a été cruciale dans sa chute. On ne peut pas reprocher non plus à Pitt ou à Louise de Prusse de manquer d'esprit de suite à son égard et à celui de la France...

De plus, un grand général comme Frédéric II a aussi connu des défaites humiliantes (Kunersdorf, Kolin) contre les Russes et les Autrichiens. Il était tout sauf invincible, et les généraux prussiens combattent en 1806 en appliquant ses enseignements tactiques. La "révolution dans les affaires militaires" introduites par la France révolutionnaire et impériale va bien plus loin que le seul génie d'un général, fut-ce celui de l'Empereur, il faut lui ajouter les leçons théoriques ou matérielles tirées après la Guerre de Sept Ans (les enseignements de Guibert, la création de la structure divisionnaire dès le temps de paix notamment, l'introduction du système Gribeauval dans l'artillerie ou du fusil modèle 1777) et la motivation incomparable des troupes françaises, leur impétuosité issue de leur credo révolutionnaire alliée à un encadrement de qualité forgé par des années de conflit. Il serait tout à fait réducteur de penser que seul l'Empereur gagne les batailles, même si son coup d'oeil et sa maestria ainsi que son autorité sont souvent décisifs. Ce sont bien ses soldats qui les gagnent pour lui...

Pour le dernier point, je n'aurais jamais pensé qu'on puisse croire que Napoléon a eu une chance insolente. Au contraire, tout s'est ligué contre lui et son entreprise institutionnelle et dynastique (la mort de Fox, la fermeté d'Alexandre Ier qui refuse d'entrer véritablement dans le système d'alliances français, la résistance inattendue avec des moyens inédits des Espagnols, etc., etc.). Au contraire, il joue de malchance en ayant face à lui des Britanniques d'une détermination d'acier qui veulent sa chute et sont prêts à hypothéquer la City pour ce faire. Ces inspirateurs des coalitions anti-françaises finissent par l'avoir à l'usure, alors qu'il combat successivement :
- une coalition à laquelle il ne manque que la Prusse en 1805 ;
- la Prusse, la Russie et le Royaume-Uni en 1806-1807 ;
- la seule Autriche soutenue par le Royaume-Uni en 1809, mais alors qu'une bonne partie de son armée est déjà engluée en Espagne ;
- la seule Russie aidée du Royaume-Uni en 1812 ;
- l'ensemble de l'Europe, Italie exceptée, en 1813-1814 et en 1815.

Si la Prusse, quitte à se déclarer, aurait dû le faire en 1805 plutôt qu'en 1806, ce sont ses seules erreurs stratégiques (Espagne, Russie) qui précipitent la chute de l'Empereur. La véritable question est : compte tenu des volontés contraires unanimes - jusque dans son propre pays, je pense à Talleyrand notamment - à refuser l'hégémonie de la France impériale, n'est-il pas déjà miraculeux qu'il ait pu tenir jusqu'en 1814 (et l'aurait fait bien plus longtemps s'il n'avait attaqué la Russie) ?

CEN EMB

PS @Pouzet : Wellington ne me paraît pas être un grand général. Un bon général qui a eu pour lui des circonstances éminemment favorables, certes. Pas un grand général, très éloigné du niveau de l'Empereur qu'il ne bat qu'en raison d'une erreur stratégique de ce dernier après Ligny et l'arrivée d'un Blücher parfaitement conseillé par son chef d'état-major et qui prend LA décision cruciale au bon moment.

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Message Publié : 08 Juil 2017 4:43 
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Fustel de Coulanges
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CEN_EMB a écrit :
Si la Prusse, quitte à se déclarer, aurait dû le faire en 1805 plutôt qu'en 1806, ce sont ses seules erreurs stratégiques (Espagne, Russie) qui précipitent la chute de l'Empereur. La véritable question est : compte tenu des volontés contraires unanimes - jusque dans son propre pays, je pense à Talleyrand notamment - à refuser l'hégémonie de la France impériale, n'est-il pas déjà miraculeux qu'il ait pu tenir jusqu'en 1814 (et l'aurait fait bien plus longtemps s'il n'avait attaqué la Russie) ?


Un fil en rapport :
viewtopic.php?f=55&t=38529

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Message Publié : 08 Juil 2017 9:31 
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Fustel de Coulanges
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CEN_EMB a écrit :
Au contraire, tout s'est ligué contre lui et son entreprise institutionnelle et dynastique (la mort de Fox


C’est ce que l’on retrouve dans le Mémorial :
"Assurément l'instant de la mort de M. Fox est une des fatalités de ma carrière ; s'il eut continué de vivre, les affaires eussent pris une tout autre tournure, la cause des peuples l'eût emporté et nous eussions fixé un nouvel ordre des choses en Europe."

Ou encore chez O’Meara (Napoléon dans l’exil) :
« [Si Fox] avait vécu la paix serait faite. »

Mais dans la réalité des faits, c’est assurément bien moins limpide…

CEN_EMB a écrit :
Je n'aurais jamais pensé qu'on puisse croire que Napoléon a eu une chance insolente. Au contraire, tout s'est ligué contre lui et son entreprise institutionnelle et dynastique ([…] la fermeté d'Alexandre Ier qui refuse d'entrer véritablement dans le système d'alliances français


Je ne vois pas vraiment là une histoire de chance ou malchance, la fermeté d’Alexandre étant notamment nourrie par la politique de Napoléon.
Un fil en rapport :
viewtopic.php?f=55&t=26661

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Message Publié : 08 Juil 2017 9:56 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Wellington ne me paraît pas être un grand général.


Il a quand même battu Massena, l'un ses meilleurs généraux de la révolution et de l'Empire, en Espagne....

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Message Publié : 08 Juil 2017 13:08 
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Polybe
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En quoi la mort de Fox a t elle joué?
J'ai trouvé sur Wikipedia qu'il s'apprêtait à signer la paix générale quand il est mort en 1806. C'était une paix "définitive" avec Napoléon?
Je n'ai jamais entendu parler de ça....pouvez vous m'éclairer s'il vous plait.


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Message Publié : 08 Juil 2017 13:16 
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Drouet Cyril a écrit :
CEN_EMB a écrit :
Je n'aurais jamais pensé qu'on puisse croire que Napoléon a eu une chance insolente. Au contraire, tout s'est ligué contre lui et son entreprise institutionnelle et dynastique ([…] la fermeté d'Alexandre Ier qui refuse d'entrer véritablement dans le système d'alliances français


Je ne vois pas vraiment là une histoire de chance ou malchance, la fermeté d’Alexandre étant notamment nourrie par la politique de Napoléon.
Un fil en rapport :
viewtopic.php?f=55&t=26661


C'est bien ce que je dis : la chance ou la malchance ont bien peu à voir. Il a au contraire eu des ennemis suffisamment solides pour lui résister, qui ont effectivement profité de ses erreurs sans que les leurs entraînent leur chute.

Pouzet a écrit :
Il a quand même battu Massena, l'un ses meilleurs généraux de la révolution et de l'Empire, en Espagne....


Oui, quand on recontextualise les opérations de 1810-1811, on s'aperçoit que le mérite est bien faible compte tenu de l'état de délabrement de l'armée française, des difficultés logistiques qu'elle rencontre et de son infériorité qualitative et quantitative dans une région où elle est éloignée de ses bases quand les Anglo-Portugais sont près des leurs.
De plus, Pombal, Redinha sont des combats très limités, et la victoire de Sabugal est obtenue sur Reynier plus que sur Masséna - elle est aussi d'ampleur limitée, environ 10000 hommes de chaque côté. Bref, pas de quoi fouetter un chat. Masséna ne souhaitait pas se maintenir mais s'exfiltrer en préservant au maximum son armée pour contribuer à la défense de l'Espagne, ce qu'il réussit à faire. Donc : mais encore ?

CEN EMB

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Message Publié : 08 Juil 2017 13:58 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Donc : mais encore ?


Il y a la Bataille de Buçaco (busaco) ou Masséna bute sur les lignes de Wellington.
Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bu%C3%A7aco

La bataille de Fuentes de Oñoro, en 1811, ou Masséna doit se replier.
Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_ ... O%C3%B1oro

Wellington a aussi gagné des batailles en Inde, mais il est vrai que les armées hindous n'étaient pas au niveau de l'armée britannique....

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Message Publié : 08 Juil 2017 14:19 
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Un âne aurait réussi à repousser les Français à Torres Vedras. Quant à Fuentes de Oñoro, comme vous le dites, c'est plus que partagé même si Masséna laisse le terrain à son adversaire. Et donc ?

CEN EMB

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Message Publié : 08 Juil 2017 14:47 
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Pierre de L'Estoile
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Citer :
Et donc ?


C'est à dire que ma science historique n'est pas égale à la votre de même que mes compétences militaires....
Cependant connaissez-vous une seule grande bataille que Wellington a perdu ?

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Message Publié : 08 Juil 2017 14:54 
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Non mais là n'est le problème : Wellington est un bon général car il ne s'engage que lorsque le risque est faible, soit parce que la situation stratégique lui est très favorable (ou qu'elle est défavorable à son adversaire), soit qu'il bénéficie d'un rapport de forces largement en sa faveur. Prenant peu de risques, il va de succès limité en succès limité, sans jamais pouvoir saisir d'opportunité d'importance que la prudence de sa conduite ne lui offre pas.

Un bon général, sérieux et méthodique. Un grand général, certainement pas. Ceux-là sont justement de la race qui risque pour vaincre malgré les chances apparemment contraires, les Turenne, les Frédéric II, les Bonaparte. Wellington ne risque rien, il s'y applique constamment ce qui en fait un adversaire coriace. Mais il n'aurait jamais pu déboucher de la péninsule ibérique si elle avait été l'effort français (ce qu'elle n'est plus jamais après avril 1809).
Il a de la chance de n'avoir que des forces affaiblies et divisées contre lui en Espagne, et que Blücher ait décidé - enfin son chef d'état-major mais c'est pareil - de se rallier sur Bruxelles afin d'épauler les Britanniques plutôt que de se replier sur ses bases rhénanes comme l'aurait sans doute fait un général plus timoré (comme Wellington ?).

CEN EMB

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Message Publié : 09 Juil 2017 17:01 
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Jean Froissart
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Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
Pierma a écrit :
Je regardais "secrets d'histoire" de Stéphane Bern :oops: hier soir. L'émission était consacrée à l'impératrice d'Autriche Marie-Louise.

Je pense que vous voulez évoquer l'archiduchesse Marie-Thérèse. A placer donc dans le topic "Les Lumières" car elle appartient au trio des "despotes éclairés".
La "pragmatique sanction" édictée par son père l'empereur Charles VI lui permet d'hériter des possessions autrichiennes, d'être "roi" de Hongrie et de "roi" de Bohême.
Une union est envisagée avec le duc François III-Etienne de Lorraine du vivant de Charles VI. François III-Etienne pourrait -au décès de Charles VI-, se présenter comme futur empereur. Louis XV fait savoir que jamais il n'acceptera que devienne empereur un prince qui règne déjà sur un territoire enclavé dans le royaume d'autant que François III est son vassal pour le Barrois-mouvant.
La condition ? Renoncer à la Lorraine, ce qui fut fait.
Le nom de "Lorraine" sera accolé à celui de Habsbourg, un retour aux sources.
Les conditions de passation des pouvoirs dans les duchés de Bar et de Lorraine furent un engagement de la France à respecter statut et privilèges des 3 ordres, verser à François-Etienne une pension de 3,5 millions de livres tournois jusqu'à ce qu'il entre en possession de la Toscane. François III-Etienne sera empereur du Saint Empire sous le nom de François Ier.
M-Thérèse et l'empereur François Ier sont donc les aïeux de François II et les bisaïeux de l'archiduchesse Marie-Louise.
- "Histoire des Habsbourg" ; "La Lorraine des ducs"
François II, père de M-Louise, ne verra aucun problème à ce que celle-ci épouse Napoléon Ier.
Les unions avec les Habsbourg passent mal en France, on se souvient de la fille de l'archiduchesse Marie-Thérèse. Epouse de Louis XVI, Marie-Antoinette était restée "l'Autrichienne".

Citer :
Napoléon a eu la chance de tomber dans une Europe "vide de souverains". Aurait-il eu affaire à la génération précédente : Frédéric II, la Grande Catherine et Marie-Thérèse, que les choses se seraient passées autrement.

Cette vision semble être devenue récurrente depuis un temps. Je la lis encore avec Cate :
[… point n'est besoin d'une exceptionnelle sagacité pour comprendre que ses triomphes éblouissants dans la guerre et la diplomatie avaient été rendus possible à Napoléon par le manque de coordination de ses ennemis. S'ils s'étaient vraiment unis contre lui, ils en auraient triomphé depuis longtemps. Au lieu de quoi, agissant de façon hésitante, décousue, ils avaient été vaincu l'un après l'autre. Maintenant … c'était le tour de la Russie d'affronter seule la plus grande puissance militaire que l'Europe continentale eût jamais connue.] (p. 37 - "La campagne de Russie – 22 juin 14 décembre 1812").
Ceci est rappelé dans le livre de Bréjeon "Napoléon et la Guerre d'Espagne, 1808-1814", dans "L'épisode napoléonien, aspects extérieurs : 1799-1815" (J.Lovie/A. Palluel-Guillard qui date de 1972).

Pour ce qui est de Frédéric II, CNE a répondu et je plussoie. La guerre de Sept ans n'a pas été faite que de batailles gagnées, pas plus que celle de Succession d'Autriche pour ce qui concerne ce souverain.
Catherine II avait encouragé l'Autriche et la Prusse à attaquer le "fléau révolutionnaire" sans y prendre part.
[Paul Ier, principal instigateur de la 2ème coalition avait réussi à s'assurer l'alliance de la Grande-Bretagne, de l'Autriche, du royaume de Naples, du Portugal et de l'empire ottoman … il s'était brouillé avec les Autrichiens et les Anglais … s'était allié avec la France... jusqu'à une soudaine brouille ...]. (C. Cate)

Citer :
Cela donne deux questions en une :- tout d'abord un What-if. Est-ce si exact que cela, ou Napoléon, en introduisant une nouvelle manière de faire la guerre, aurait-il tout aussi bien battu les généraux de ces souverains ?

CNE a répondu pour la question "militaire".
Pour ce qui me concerne, je constate que devant d'autres tactiques qui excepte celle de la fameuse bataille décisive il semble que N. soit déstabilisé (Portugal, Espagne, Russie).

Citer :
Pourquoi et comment les coalisés ne se sont-ils pas coalisés plus tôt ?

Parce-que sur le nombre d'années que durent ces coalitions, chacun a des intérêts différents. On le notera lors du Congrès de Vienne.
Après Tilsit, les Anglais suspendent leur aide financière (1 250 000 livres pour chaque centaine de milliers d'hommes que la Russie pouvait mettre en campagne), en découvrant qu'Alexandre soutient la Prusse dans sa revendication sur le Hanovre, encore possession de la couronne mais occupé par les Français. Ceci donne un aperçu des problèmes initiés par les traités passés -en tant que vaincus- avec la France, comment ensuite pouvoir avoir une ligne diplomatique homogène ?

CNE EMB a écrit :
Je ne vois pas vraiment les choses comme ça. Déjà parce que Napoléon Ier a eu des adversaires déterminés et capables comme Alexandre Ier, dont la fermeté a été cruciale dans sa chute. On ne peut pas reprocher non plus à Pitt ou à Louise de Prusse de manquer d'esprit de suite à son égard et à celui de la France...

Alexandre Ier n'était ni déterminé ni capable : il suffit de "relire" Austerlitz ou mieux encore "Alexandre Ier" - M-P Rey
La détermination viendra avec un peu plus de maturité cependant il a un atout : il connait ses limites et sait déléguer. Il a un caractère ouvert mais lorsque la coupe est pleine (le niveau lui est personnel, les enjeux de même et il faut ajouter que dos au mur, la coupe ne peut qu'être pleine), il bloque et là s'instaure une ligne qui ne sera pas franchie. Je dirais qu'il est ferme dans la dérobade, on le verra lors de la campagne de Russie. Jamais il ne sera offert à N. la fameuse bataille décisive. Ceci dit il fera de bons choix : Barclay de Tolly au lieu de Beningsen mais devant les remous des Petersbourgeois, il optera pour Koutouzov. De même, il se contentera de demander là où il peut être le plus "nécessaire" et donnera tout.
N. ne pouvait l'ignorer, Caulaincourt avait suffisamment été clair concernant le tsar tant au point de vue de son caractère que du fait qu'il irait jusqu'au bout en cas d'attaque. Caulaincourt avait aussi évoqué la Russie et chacun estimait que "seuls les Russes pouvaient se battre en Russie..." mais non seulement, il fut reçu assez froidement mais ses avis ne furent pas entendus : à ceci on ne peut rien.

Citer :
Ce sont bien ses soldats qui les gagnent pour lui...

C'est vrai mais l'expression passe mal car les soldats donneront tout en Russie mais il faut avouer que les décisions ne seront pas à la hauteur. Idem en Espagne.
De plus, le soldat français est loin de se montrer "correct" en terrain conquis, ce qui est un gros problème car s'il est bien reçu, il finit par s'aliéner la population.

Citer :
Pour le dernier point, je n'aurais jamais pensé qu'on puisse croire que Napoléon a eu une chance insolente. Au contraire, tout s'est ligué contre lui et son entreprise institutionnelle et dynastique (la mort de Fox, la fermeté d'Alexandre Ier qui refuse d'entrer véritablement dans le système d'alliances français, la résistance inattendue avec des moyens inédits des Espagnols, etc., etc.).

Il semble un peu étrange d'évoquer "chance" ou "malchance" dans ces années où tout de même la paix était un luxe.
Pour ce qui concerne Fox, il est hors jeu dès 1797 : les Anglais ont tranché, tout au plus fera-t-il de la représentation.
Alexandre Ier, après Tilsit -il est vaincu, signe un traité avec ce que ceci laisse d'amertume- essaiera vraiment de faire vivre cette alliance. Mais il y a des impondérables :
- la Pologne dont N. -au final- se sert sans franchement éprouver une quelconque empathie pour les Polonais ;
- l'économie russe mise à mal par le blocus alors que la France, elle, s'en dispense par des mesures qu'elle refuse à la Russie (taxes etc.) ;
- un oukase paulien qui -pour faire équilibre à la loi pauline excluant toute femme du trône- donne à l'épouse du tsar toute latitude pour les unions de ses enfants. C'est ainsi, c'est la loi en Russie. Alexandre essaiera de négocier, Catherine pavlovna ne sera pas contre cette union étrangement, de ses 5 autres soeurs 3 sont décédées, seule reste Anna Pavlovna et une mère qui refuse obstinément une union en soulevant des questions auxquelles Alexandre n'avait pas songé. Catherine ne sera "mariée" qu'en 1809 ; Anna est vraiment trop jeune (née en 1795, elle épousera en 1816 Guillaume II des Pays-Bas).
Il existe encore bien d'autres sujets qui deviendront conflictuels car en coulisse, N. intrigue avec l'Autriche tout à fait compréhensive après Wagram.
Chacun a besoin de temps pour se "refaire", des traités sont passés et régulièrement dépassés.

Citer :
Au contraire, il joue de malchance en ayant face à lui des Britanniques d'une détermination d'acier qui veulent sa chute et sont prêts à hypothéquer la City pour ce faire. Ces inspirateurs des coalitions anti-françaises finissent par l'avoir à l'usure, alors qu'il combat successivement :

On ne peut imputer à l'Angleterre de refuser un encerclement. Dieu sait que la France a joué de cet argument avec les Habsbourg. Là, non seulement l'argument n'est pas fallacieux mais de plus le blocus met l'économie bien à mal, il y aura des soulèvements populaires, on ne peut donc tendre la main à une personne qui se présente comme "défenseur des acquis d'une Révolution", d'autant que l'on a vu de quoi cette révolution a accouché. Les Anglais aussi ont été "usés", la différence est qu'ils n'ont rien lâché sur la longueur, chose à laquelle le Français a du mal.
Je ne vais passer les coalitions une à une, elles ont été évoquées dans les liens donnés par Cyril. Les lire remet les choses dans leur contexte du moment. Je garde :

Citer :
alors qu'une bonne partie de son armée est déjà engluée en Espagne ;

Pour 1809... [… le guêpier espagnol qu'il avait soulevé de sa propre faute, se chargea de détruire le bel ensemble...] (1)
[… l'Espagne pèse 3 fois moins lourd que la France aussi bien en densité qu'en effectif … cette première campagne du Portugal est un succès militaire … mais aussi un fiasco politique. N. se sert du corps expéditionnaire -22 000 hommes, 3 divisions d'infanterie, 1 de cavalerie, de l'artillerie, du génie et de l'intendance- comme d'une force d'intimidation … visiblement N. ne prend pas au sérieux le risque d'un départ de la famille royale pour le Brésil. Il faut lui apprendre l'arrivée de la flotte de S. Smith devant Lisbonne pour lui ouvrir les yeux. … sur le plan politique le Portugal est désormais rattaché au sort réservé à l'Espagne. N. compte financer les débuts de son intervention militaire par des ponctions dans le Trésor portugais, ce qui se révèle très vite irréaliste … cette première campagne du Portugal résume et annonce les caractéristiques de la guerre d'Espagne :
- la déposition d'une dynastie légitime, une offense pour le peuple qui n'a pas été prise en compte
- l'engagement militaire dans un pays dont les Français méconnaissent … la géographie … les mentalités
- leur illusion de rallier assez d'indigènes " éclairés"…
- l'emploi et le comportement de troupes jeunes et peu aguerries habituées à vivre sur l'habitant ...
- un corps d'officiers supérieurs trop occupés à s'enrichir et qui a souvent négligé ses tâches de commandement
- le commandement suprême remis à un homme qui n'en avait pas toutes les compétences ...
enfin et surtout, le fait que tout est pensé et décidé par l'empereur … ses exigences … ont privé le commandement local de toute initiative...] (2)

Rien donc que Napoléon lui-même aurait pu corriger avant d'aller s'enfoncer plus encore.

[Metternich tire des conclusions : "La guerre contre l'Espagne nous divulgue un grand secret : celui que Napoléon n'a qu'une armée, sa grande armée … les revers des Français sont importants à observer parce-qu'ils prouvent que des milliers de conscrits français livrés à eux-mêmes … ne valent pas mieux que de nouvelles recrues de toute autre nation..." ... dès septembre 1808, l'empereur décide la mobilisation des exemptés des classes 1806-1809 puis la levée anticipée de la classe 1810.
Ainsi dispose-t-il de 180 000 hommes supplémentaires qu'il reste à instruire. N. entrera donc en Espagne avec ses "vieilles bandes" qu'il fait revenir d'Allemagne. … La campagne d'Espagne est une des plus courtes de N.. Entré en Espagne le 4 novembre 1808, il en repart le 19 janvier 1809, c'est aussi une des plus remarquables … du côté français, les effectifs engagés sont considérables. A l'armée d'Espagne proprement dite qui atteint 110 000 hommes viennent s'ajouter les 6 corps d'armée amenés de tout l'empire et des états vassalisés soit 243 000 hommes.
Ainsi aux troupes jeunes … vont être associés des effectifs aguerris, bien équipés, bien commandés et qui n'ont jamais ou presque connu la défaite … Le commandement réunit … Bessières, Jourdan, Lannes, Lefebvre, Moncey, Mortier, Ney, Soult, Victor … Sébastiani, Belliard, Pinot, Souham, Lagrange, Suchet, L.-Desnouettes, Lassalle …] (3)

Cependant il semble que N. ait oublié qu'il pouvait y avoir des "patriotes" aussi chez "les Barbares" ; à ceci nul n'y peut.
Il semblerait que cette erreur soit récurrente face à la Russie. L'empereur avait été prévenu de cette campagne par les "vieux" mais il n'était plus capable d'évaluer les risques. Vous le démontrez vous-même avec cette épine de l'Espagne, l'éloignement qui aurait pu causer l'entrée en guerre de la Prusse ou de l'Autriche voire des deux alors que N. était à Moscou.
C'était, en effet "le début de la fin" (Talleyrand). Moi je l'aurais mise déjà avec l'Espagne, sachant la Russie plus sur la même longueur d'onde et en droit d'estimer "Tout pour la Russie", l'Autriche plus que louvoyante et le Royaume-Uni toujours bien présent, les deux royaumes pouvant tout autant estimer du même.
Je n'ose croire que N. a compté sur son union -accordée par l'Autriche pour respirer- et un nourrisson sensé initier une dynastie qui allaient décider du sort des peuples et de leurs dirigeants asservis, qui savaient -eux- ce que le mot "dynastie" peut représenter. On ne crée pas une dynastie avec des concepts issus d'une Révolution, en tenant compte des hommes qui l'ont faite et du bilan. On le verra en France avec l'éjection tant de Charles X que des Orléans : on ne s'impose pas, pas plus que l'on impose un régime à des peuples dont le joug fait prendre conscience des mots "liberté", "patrie", "fédération", "nation".

(1) "La Campagne de Russie" - C. Cate
(2) (3) "Napoléon et la guerre d'Espagne" - J-Joël Brégeon

Désolée pour la longueur : difficile est la connection... B)

PS : on attend d'un bon général qu'il gagne, si N. avait eu Wellington en Espagne au lieu de Soult -par exemple-, il en aurait été bien aise.
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Message Publié : 09 Juil 2017 20:23 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Rebecca West a écrit :
PS : on attend d'un bon général qu'il gagne, si N. avait eu Wellington en Espagne au lieu de Soult -par exemple-, il en aurait été bien aise.


Pas dit que Wellington eut fait mieux que Soult. Mais je n'ai jamais dit que ce n'était pas un bon général. J'ai dit que ça n'en était pas un grand. Les grands généraux se reconnaissent à autre chose qu'un contexte favorable ou la rigueur et l'application...

CEN EMB

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Message Publié : 09 Juil 2017 20:48 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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Tout à fait d'accord avec CNE EMB.

Il est frappant qu'avec des moyens comparables à la Révolution, l'Empereur a obtenu des résultats incomparablement supérieurs parvenant au occuper Vienne, Berlin, Varsovie, Lisbonne, Madrid et Moscou.

Il est largement responsable de son échec final en raison de ses aventures espagnoles et russes c'est clair. Mais aussi en raison de son incapacité à proposer aux vieilles monarchies européennes un équilibre durable. Mais celles ci l'auraient elles accepté ? Si Napoleon se prenait pour César ou Alexandre, il n'était vu par ses partenaires que comme un "Robespierre botté".

Aurait il eu la sagesse de définir avec Fox une paix durable et équilibrée qui n'ait pas été une humiliation pour Londres ? Il avait tenté de le faire à Amiens et cela n'avait pas duré. Si les Whigs étaient parvenus à conclure un tel traité de Paix , les Tories n'auraient ils pas saisi la première occasion pour le rompre ?


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