Aigle a écrit :
Que voulez vous dire exactement ? Que les historiens qui pensaient que Fontanes avait trahi l'empereur en introduisant des ultra montains au sein de l'université impériale se trompaient et qu'en fait Napoleon voulait consciemment leur présence ?
Du tout.
Les historiens analysent l'Histoire et écrivent des livres où bien souvent leur avis personnel transparait.
Ces livres sont une chance : à l'appui de thèses personnelles, les historiens nous apportent des sources.
Ensuite, il nous appartient de décortiquer ces sources nous-mêmes.
Je prends l'exemple du sujet : "
Les erreurs de Napoléon". Cyril Drouet nous offre un extrait de Lentz. Si nous lisons bien cet extrait, il n'y a rien d'autre que des conclusions et des évidences que tout intervenant -ayant une vision synoptique de l'Histoire- a en tête. Cette feuille absente du livre, qui en verrait la nécessité de la présence ? Mais c'est Lentz.
Je n'ai fait que citer.
Vous m'avez interrogée sur la source et sur une éventuelle comparaison entre les deux historiens : il s'agit du "
Napoléon" de J. Tulard
Bergeron cite beaucoup J. Tulard mais il se montre complémentaire dans son analyse des institutions, plus longue, plus poussée.
Je ne mets pas les deux hommes en comparaison. Bergeron évoque "
L'épisode napoléonien", le titre est intéressant et laisse à penser que ce ne sera pas une vision hagiographique.
De la même manière, je vous apporte une courte analyse de Lucien faite par Brégeon, c'est tout.
Ce que j'en pense ?
Ceci risque le HS mais comme vous m'interrogez et que vous avez vous-même initié le sujet.
Le livre concerne le conflit dans la péninsule ibérique, vaste programme.
Brégeon pourrait simplement acter qu'à tel moment Lucien est mandaté par son frère pour aller en Espagne. Mais il s'attarde un peu trop sur Lucien. J'en déduis un
a-priori. Bregeon entre dans le jugement, ceci invite alors à la discussion.
Le plus "
indocile". Que faut-il comprendre ? Il est vrai que Lucien souvent et contrairement à ses autres frères aura des conflits frontaux avec Napoléon. Si exprimer un désaccord est de l'indocilité, alors oui Lucien est "
indocile". Si faire montre d'initiatives personnelles qui -au final- serviront la cause, alors oui Lucien est "
indocile". Si refuser certains ordres concernant son intimité, là encore on peut estimer que Lucien est "
indocile".
Passons au "
encombrant". Je l'aurais dissocié du "
jacobinisme théorique". En effet Lucien est encombrant car il a grandement aidé à l'ascension de son frère. L'Histoire nous montre que souvent ces gens passent vite à la trappe : il n'est pas bon de se faire rappeler : "
Qui t'a fait roi ?". Il est évident que Lucien est encombrant, est-il fautif d'avoir su et pu avoir un rôle déterminant lors du 19 Brumaire ?
"
Jacobinisme théorique" ? Peut-il être autre que théorique ? Lucien par sa facilité d'adaptation (on le voit en Espagne) prend fait et cause pour certaines idées. S'il était seul, rien de bien grave mais ceci risque d'avoir des effets collatéraux et Lucien ne doit pas trop s'engager pour mieux savoir se dégager.
A-t-il le choix ? Ce refus de se sentir confiné dans un pré carré dicté par son aîné crée chez lui un besoin d'affirmation. Alors, pour s'opposer, il reprend une musique détestable aux oreilles de l'Empereur : le jacobinisme. Que peut-il faire d'autre ?
Avec un personnalité comme celle de NB, pour exister, il faut s'éloigner de cette tutelle étouffante. Lucien le fera. Il ne devra pas son titre de duc à son frère et reviendra lors d'évènements où il peut jouer un rôle actif.
Pour sa mission en Espagne, Brégeon veut montrer que c'est raté. Je ne suis pas d'accord.
Il faut remettre les choses dans leur contexte. Ceci est une sanction non méritée, pourquoi Lucien s'investirait-il ? Le peu qu'il fait est bien bon. Que son aîné ait d'autres projets, encore fallait-il le faire savoir et quels autres projets que la troupe ?
Il est aisé de conclure que Lucien a échoué, son aîné a-t-il mieux géré la situation ? Ceux qui récupèreront l'inachevé seront-ils meilleurs ? Napoléon leur donnera-t-il les moyens d'être meilleurs ? Ce "sale" conflit verra-t-il des officiers se comporter comme tels ? Des remontrances impériales seront-elles envoyées ? Rien de tout ceci.
En ceci Brégeon, sans le vouloir, soulève l'intérêt : qu'ont de commun les campagnes d'Egypte, d'Espagne, de Russie ?
J'espère que ces déductions ne vous décevrons pas trop.
-