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Jerôme a écrit :
Trois degrés d'ana lyse sont possibles.
Le reproche fait à Hébert est aussi ancien que le mot "
faction" existe.
Hébert lui-même contre les marchands (août 92) :
"… Les mangeurs de chair humaine ont armé leurs valets et leurs courtauds de boutique contre la sans-culotterie … ils ouvrent en ce moment les ports de Toulon et de Brest aux Anglais..."Le lendemain Robespierre dénonçait :
"… ces hommes nouveaux (J. Roux)
, patriotes d'un jour qui veulent perdre dans le peuple ses plus anciens amis...". Ajoutez à ceci les inimitiés personnelles : Hébert et Desmoulins entre autres.
Les degrés d'analyse que vous avancez ont été traités sur d'autres fils, peut-être sur celui concernant "
Robespierre".
Pour le second point (2nde vue/analyse), ceci n'a pas "
pris" semble-t-il car lorsque Paris apprend l'arrestation et l'exécution d'Hébert, c'est un tel choc que quand viendra la charrette de Danton, ce sera le silence. Les Parisiens ne s'étonnent plus de rien...
Nul besoin de faire un bond en avant avec le XXème. Ce style est vieux comme le monde, aussi ancien là encore que l'existence de factions, clans etc. enfin d'un choix à faire entre X et Y voire plus, chacun apportant une "
pierre de caution" à l'édifice qui semble avoir le vent en poupe.
[Ces rivalités inquiétaient aussi les Montagnards. La Convention avait … le 9 brumaire supprimé les Sociétés de femmes … le 19 Robespierrre attaqua les Sociétés sectionnaires. Les Jacobins leur refusèrent l'affiliation, les contraignant à s'épurer … Saint Just dénonça les ambitieux … Le gouvernement manifestait ainsi son désir de discipliner un mouvement populaire qui menaçait son unité "… La souveraineté du peuple veut qu'il soit uni. Elle est donc opposée aux factions ; toute faction est donc un attentat à sa souveraineté."]Avec ce style de discours vous créez de nouvelles factions, au moins une : celle qui n'entre pas "dans les clous", ajoutez les femmes, les sectionnaires, les ambitieux, les rhéteurs : ceci en fait du monde. Ajoutez l'air du temps, le mouvement et le peuple, les humeurs : ceci en fait un bazar.
Il faut aussi avoir à l'esprit le fonctionnement de la justice révolutionnaire.
Le danger le plus immédiat fut les Hébertistes dont le fond de commerce était la délation
"Frappez, frappez ! Que la hache révolutionnaire ne se repose que lorsqu'il n'y aura plus de traitres et d'intrigants..." (Hébert) et la fiche de route en plus d'un voyage vers la guillotine, une appréciation de certains points (la propriété entre autres) très différente de celle d'un Robespierre (et peut-être d'autres mais c'est l'opposition de R. que j'ai en tête concernant la "propriété").
Nulle définition de qui est "traitre" pas plus de qui "intrigue", alors évidemment ceci laisse une impression un peu anxiogène (chacun se sent traitre du voisin et sent aussi le froid du rasoir...). On retrouvera le même mouvement lors de thermidor mais là, il n'y a plus guère de factions... Ce sera donc celui qui remportera pas tant la mise à l'oral mais qui sera pris de vitesse.
En mettant un peu de tout dans la charrette d'Hébert (la même chose sera faite pour Danton) et bien on ratissait large (Vincent, Momoro, Ronsin, Mazuel, Delaunay, Julien, Chabot). On rajouta Proli, Dubuisson, Pereira, Desfieux, Kock (le banquier), Cloots etc.
Le CSP a évoqué le cas de l'arrestation du président et de l'accusateur public, c'est dire.. Note inédite du 13 germinal :
"Ecrire à Hanriot de mettre à l'ordre qu'on ne fasse point arrêter le président et l'accusateur public du Tribunal révolutionnaire. Faire signer par quatre membres."...
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