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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 0:59 
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Offrons nous un instant un intermède musical.

Les musiques régimentaires, "au centre des bataillons", jouent donc dans les régiments des 4ème corps de Soult et du 1er de Bernadotte.

Accompagnés des tambours de compagnies qui battent la marche, ils ont donc joué, pour la seule fois dans l'histoire militaire française, ces marches qui n'étaient absolument pas conçues pour être interprétées sur un champ de bataille :

https://www.youtube.com/v/cgqdq2s ... dio=1#t=24

https://www.youtube.com/v/89leVzXlCP4

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 1:00 
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Pendant ce temps a lieu, au nord, une véritable bataille autonome de la grande explication en cours.

En effet, vers 09h00 du matin, le Maréchal Lannes a donné l'ordre à ses propres divisions de prononcer un mouvement en avant.

Lannes n'est pas seul : comme la réserve générale de cavalerie ne pouvait pas être utile vers le plateau de Pratzen, elle est regroupée par Murat qui la dirige : c'est une masse de cavalerie impressionnante : les 12 régiments de cuirassiers, les deux de carabiniers, et 12 régiments de dragons, rien de moins, suivent de près le cinquième corps.

Murat, en sa qualité de beau-frère de l'empereur, commande le tout, réserve générale et le 5ème corps de Lannes, et va superbement se planter.

Auprès des 14 000 fantassins de Lannes, ce sont près de 8 000 cavaliers parmi les plus beaux d'Europe qui accompagnent.

En face, le Prince Bagration à la tête de 12 000 hommes est renforcé de 6 000 cavaliers de ligne russe et du Prince Jean de Liechtenstein à la tête de 3 000 cavaliers autrichiens : l'affaire s'annonce chaude.

A 09h45 les premier coups de départ de l'artillerie française donnent le coup d'envoi.

Bagration déploie ses brigades face aux français : les russes subissent des pertes dues à l'artillerie du cinquième corps impérial, et les brigades françaises se déploient et s'avancent.

Derrière elles, les régiments de cavalerie se déploient aussi ...

Bagration et le général Ouvarov décident alors de laisser la cavalerie austro-russe créer la décision : soixante escadrons déferlent alors entre les intervalles des régiments, se reforment et partent en avant.

L'idée n'est pas mauvaise en soi. Sauf qu'en face Murat voit se faire la manoeuvre de charge ennemie. Il est le premier cavalier de l'empire, et va le prouver : il enlève littéralement au grand galop pas moins de deux divisions, et les plus lourdes : les généraux Nansouty et d'Hautpoul engagent leurs deux divisions, composées des douze régiments de cuirassiers et des deux régiments de carabiniers.

La cavalerie austro-russe est traversée par la contre-charge française.

La cavalerie du général Ouvarov perd ses marques, les escadrons se défont; les unités autrichiennes résistent mieux mais toute la cavalerie qui devait soutenir le général Bagration est démantelée et se replie dans toutes les directions.

Supérieurement commandée, la cavalerie lourde française ne vient pas au contact de l'infanterie russe : elle se replie vers ses propres régiments d'infanterie : pour Lannes et ses divisionnaires, c'est du billard.

Et le cinquième corps prononce un mouvement général de progression, soutenu par les "lourds" qui continuent à tournoyer autour des bataillons.

Le prince Bagration, qui ne reçoit aucune information du centre de son armée, décide alors un repli général par échelon en mettant à contribution son artillerie pour calmer l'ardeur des français que plus rien ne semble arrêter.

Il va ainsi sauver plus de vingt mille combattants, accessoirement son souverain qu'il recueillera dans la soirée, et faire qu'Austerlitz, sur le long terme, aura été un échec pour le premier empire.

Voyant le recul des unités russes, Lannes demande, exige, supplie Murat de donner l'ordre général, soit de pourchasser les russes, soit d'opérer un mouvement général vers la droite pour renforcer l'empereur. Murat, frigorifié par les coups de cravache qu'il a pris pendant la campagne de la part de son impérial beau-frère suite à ses bévues, n'ose pas sortir des ordres précis qu'il avait reçu ...

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 1:02 
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Au sud du champ de bataille c'est terrible.

Autour des villages de Telnitz et Sokolnitz, plus de 40 000 austro-russes sont concentrés dans des attaques mal coordonnées mais de plus en plus meurtrières.

Pour le Maréchal Davout, la situation devient vraiment grave.

Elle devient tellement grave que certains officiers pensent la bataille perdue. Ils n'ont aucune visibilité, aucune information d'éventuels renforts.

Mais ils tiennent, et leurs hommes avec eux. Fantassins des régiments de ligne, dragons et chasseurs à cheval résistent de toutes leurs forces.

La troisième division de Soult a été envoyée depuis le centre impérial par Napoléon, quand même inquiet de la disproportion des forces, mais personne autour de Davout n'est au courant que ces 5 000 hommes sont en train d'intervenir dans les intervalles entre les étangs et le plateau.

D'ailleurs, cette division ne parvient pas à faire le contact avec le 3ème corps : le matelas des colonnes d'attaque austro-russe est trop épais.

Mais ces colonnes sont en train littéralement de s'entasser, et les régiments et leurs bataillons atteignent un point de confusion dans leurs lignes arrière, car devant ça ne passe toujours pas.

Le 3ème corps est en train de se faire tuer sur place et bloque totalement, avec ses régiments réduits, les villages de Telnitz et Sokolnitz.

Les combats ont démarré au petit jour, il est midi passé, quand tout à coup les arrières de colonnes russes entendent, puis commencent à recevoir en plein le feu d'une artillerie qui n'est pas la leur.

Les premières unités de Soult sont en train de virer à toute vitesse vers la droite, et descendent le plateau à la poursuite des colonnes d'attaque.

Le centre austro-russe est brisé. La situation est d'une extrême gravité : plus de communication entre les colonnes d'attaque et Bagration.

Il est plus que temps de faire monter en ligne la Garde Impériale Russe pour combler la brèche.

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 1:16 
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S'avancent alors des unités à faire pâlir même les bonnets à poils de la Garde de Napoléon.

En premier échelon se déploient les régiments d'infanterie d'élite Semenovskoïe et Preobrajenskoïe.

https://www.youtube.com/v/7FY1NV1pBL0

https://www.youtube.com/v/vMmbmWeMkzk

(la marche du régiment Semenovskoïe n'est pas d'époque, en revanche celle du régiment des grenadiers Preobrajenskoïe l'est, elle avait été composée en 1796 peur leur commandant, le lieutenant-général Rymski-Khorsakov dont le petit-fils est plus connu que lui par ses compositions; la marche régimentaire des grenadiers Préobrajenski était également un chant de marche entonné par les troupes russes jusqu'en 1914 : https://www.youtube.com/v/5wGMJmAa8i0 dont le texte commence par "nous avons combattu les turcs et les suédois")

Ils sont accompagnés des Chevaliers-Gardes, l'élite de l'élite de la cavalerie russe, un régiment dont la puissance est celle d'une brigade de cavalerie normale.

Ce superbe ensemble se déploie au milieu du plateau et arrive directement sur la deuxième ligne d'attaque française : le Ier corps de Bernadotte et la Garde qui suit à toute vitesse, particulièrement sa cavalerie.

Dans la plaine de Turan, le mélange des unités est en train lentement de se défaire, et Bagration, sans ordres ni informations, commence de son côté un repli par échelons.

La garde impériale russe va venir taper en plein sur des régiments de ligne français qui font la guerre depuis plus de dix ans.

La superbe infanterie des régiments Semenovskoïe et Préobrajenskoïe refoule les premiers bataillons en bleu, mais subit des pertes de plus en plus lourdes quand l'artillerie de la Garde de Napoléon, arrivée en renfort, se met de la partie - cependant que ses batteries d'artillerie à cheval prononcent rapidement un mouvement vers Soult pour venir renforcer l'attaque sur les colonnes.

L'artillerie à pied de la garde décime les régiments du Tsar; ils se replient dans un ordre parfait qui impressionne les divisionnaires français.

Alors chargent les Chevaliers-Gardes, commandés par le Prince Repnine.

Napoléon vient d'arriver sur le plateau, Bessières est à ses côtés. Le maréchal Bessières est à la tête de la cavalerie de la Garde.

Et ils voient les Chevaliers-Gardes démolir en un rien de temps le 5ème de ligne qui, malgré sa conversion en carré, se fait littéralement galoper dessus. L'aigle du premier bataillon est perdu dans le choc.

Bessières lance alors la cavalerie de la garde impériale mais, trop prudent, commet l'erreur de l'envoyer par petits bouts.

Les chasseurs à cheval commandés par le colonel Morland sont d'abord mis à contribution. Morland est tué et les chasseurs à cheval sont refoulés par les russes.

Deux de ses chasseurs ramènent vers la ligne française leur colonel, mort sur son cheval sans avoir lâché les étriers.

Alors Bessières, qui comprend que ces types sont hors du commun, met la gomme : les grenadiers à cheval, renforcés de l'escadron des mameloucks, chargent.

Sous cette charge et les retours des escadrons des chasseurs à cheval de la garde, les Chevaliers-Gardes se désintègrent. Leur magnifique régiment est détruit; les français feront 17 prisonniers, dont le colonel-Prince Repnine.

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 1:33 
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Dans la zone des étangs, autour de Telnitz et Sokonitz, c'est le chaos.

Les régiments de Davout tiennent toujours.

Et sur les arrières des austro-russes, les brigades de Soult prononcent un mouvement en tenaille, accompagnées d'une puissante artillerie qui prend rapidement ses positions sur les lignes de crête et canonne ces unités.

La colonne du général français Langeron, émigré au service de la Russie, se désintègre. Celle du général Przybyszewski (prononcez Pribichevski) est prise en tenaille entre les défenseurs de Davout et les attaquants de Soult : elle est détruite sur place.

Le général Dokhtourov parvient à sauver la moitié de ses troupes en donnant l'ordre, en catastrophe, de passer sur les étangs gelés.

Le général Buxhoevden, qui commandait l'ensemble, est éperdu. On dit qu'il avait bu ... Langeron, cruel, écrira dans ses mémoires qu'il avait tenté de mettre en garde son lieutenant-général.

Le dialogue, peut-être controuvé, mérite pourtant d'être repris ici, car il donne une idée de l'affolement vers 15h00, près des étangs :

"Général, il faut absolument nous replier, les français nous prennent sur nos arrières."

"Général, vous voyez des ennemis partout ..."

"Et vous, Général, vous n'êtes plus dans l'état d'en voir nulle part !!"

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 1:34 
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Pendant que Bagration sauve ses troupes à la fureur de Lannes qui traite Murat de con à tous les étages, le front sud austro-russe est en pleine destruction.

Le centre allié, formé essentiellement de la garde impériale russe, est en pleine retraite, battu.

Napoléon concentre tout son effort sur la partie sud du champ de bataille : la victoire est là, et il faut aussi absolument venir au secours de Davout.

Ce sont donc plusieurs divisions, les trois de Soult, une de Bernadotte et la Garde, qui pivotent à toute vitesse et, ayant crevé le front des coalisés, se redéploient pour anéantir ni plus ni moins les colonnes d'assaut parties ce matin vaincre les français.

C'est l'écrasement pour ces colonnes. Nous venons d'évoquer le sort des colonnes de Langeron et Przybyszewski : il faut se donner une idée de ce qu'il se passe alors pour tous ces régiments.

Les unités perdent tout contrôle, ne recoivent plus d'ordre coordonné. Des feux d'artillerie se mettent à les décimer par leurs arrières. Devant, ça ne passe pas et derrière, petit à petit, ce sont des uniformes bleus qui, par milliers, se déversent le long des contrepentes.

L'ensemble bloque, les ordres ne passent pas, les bataillons se mélangent, les tirs se rapprochent et d'un coup, c'est tout l'ensemble qui échappe à ses officiers : les cinq colonnes qui devaient anéantir l'armée de Napoléon se désintègrent les unes sur les autres.

La manoeuvre de bataille de Napoléon fait l'effet d'un casse-noisette, et plus de 40 000 combattants sont broyés. Moins de la moitié en sortiront vivants ...

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 1:35 
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Il me faut ici détruire une grande légende d'Austerlitz : celle des étangs gelés.

Le général Dokhtourov a vu sa colonne coincée, incapable de se déployer normalement, quand les français attaquent par son flanc arrière droit.

Derrière les positions de ses régiments, la seule voie de retraite possible est constituée des fameux étangs. Il donne alors l'ordre de passer dessus.

Le fameux bulletin de la Grande Armée va créer la légende des étangs, sous la dictée très romantique de Napoléon. Il décrira en effet le spectacle apocalyptique de plusieurs dizaines de milliers d'hommes engloutis dans les étangs au cours d'une retraite épouvantable.

La légende sera tellement tenace que l'on en viendra même à mettre en cause l'artillerie impériale qui, sous les ordres direct de l'empereur, aurait tiré à boulets rouges pour faire sauter la glace sous les pas des malheureux fantassins.

Rien n'est plus faux.

D'abord, pour que l'artillerie de campagne tire à boulets rouges, il lui aurait fallu le temps de mettre en place les feux permettant de passer au rouge leurs boulets : ils avaient un peu autre chose à faire ...

Ensuite, en réalité, le repli des unités de Dokhtourov va se passer dans d'excellentes conditions pour eux. S'il est vrai que, sous le poids de toutes ses troupes, la glace va céder, il s'avère que ces étangs sont de grosses mares. Au pire, les fusiliers sont dans l'eau glacée jusqu'à la taille, et les troupiers se mettent à s'entraider en faisant la chaine.

A l'arrivée, rapports militaires français du lendemain à la clé, ce sont moins de deux cent morts qui seront retrouvés dans ces légendaires étangs (aujourd'hui disparus).

Napoléon, pour frapper l'opinion, fera écrire sans sourciller "vingt mille" : si ça c'est pas de la propagande !

Nous sommes le 2 décembre, en Moravie : la nuit tombe tôt.

Vers 17h00 il commence à faire nuit, et la bataille s'arrête, entre autres faute de combattants.

Dans ce paysage enneigé qui s'étend sur près de dix kilomètres de long et sept de large, la troisième coalition vient de sombrer.

Les français ont perdu environ 1 600 morts et 6 000 blessés, pertes incroyablement légères quand on pense à la violence des combats : l'exceptionnelle qualité manoeuvrière des régiments surentraînés à Boulogne a fait la différence.

Les alliés ont perdu près de 30 000 hommes entre les morts, les blessés, les prisonniers et les disparus. Des 300 canons que l'armée austro-russe possédait le matin du 2 décembre, 180 sont tombés aux mains des français. On peut toujours les voir : leur bronze a servi à fondre les plaques de la colonne Vendôme.

L'armée russe, ou plutôt ce qu'il en reste, se replie rapidement vers la Pologne, abandonnant les autrichiens à leur sort peu enviable.

L'armée napoléonienne et son empereur viennent de remporter la plus grande victoire française depuis Bouvines en 1214.

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 7:33 
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Bravo et merci.
Donc Austerlitz, un échec sur le long terme! J'apprends les noms de Mortier et Gazan, et Murat passe pour un fieffé bougre de c... quand même!
Merci aussi pour avoir inclus la musique.
Quelques cartes des lieux et des mouvements dynamiques successifs sont nécessaires à ma compréhension, je les cherche ailleurs. S'il y a une vidéo de ces mouvements, avec les heures, je la cherche (la faux de Weirother, le mouvement oblique de Napoléon...). A défaut, j'ai trouvé ceci (à partir de 26:35)
https://www.youtube.com/v/uWjKahSKCDk
à 30:10, on voit le mouvement de Buxhowden sur Davout (était-il vraiment ivre?)


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 7:55 
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Philippe de Commines
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Merci pour ce récit et ses petits intermèdes musiquaux.

En cherchant un peu sur youtube, je suis tombé sur ceci qui me parait assez intéressant car on y donne quelques explications sur plusieurs morceaux de fifres et tambours.

Le dernier morceau étant "La Batterie D'Austerlitz" composée après la bataille (à 7minutes30 pour les plus pressés)

--> https://www.youtube.com/v/gdNBQQ54xmY

Bonne écoute.

_________________
Hugues de Hador.


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 10:08 
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Ici la vidéo qui relate les 6 heures de bataille, avec carte:
https://www.youtube.com/watch?time_continue=32&v=ull8OEY9f-s
On voit comment Soult reprend le plateau du Pratzen, le coeur de la bataille, permettant de tenir les positions hautes.


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 13:27 
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Lettre de Napoléon à Joséphine, 3 décembre 1805, dans les frimas de frimaire:

J'ai battu l'armée russe et autrichienne commandée par les deux empereurs. Je me suis un peu fatigué, j'ai bivouaqué huit jours en plein air par des nuits assez fraîches. Je couche ce soir dans le château du prince Kaunitz, où je vais dormir deux ou trois heures. L'armée russe est non seulement battue, mais détruite.
Je t'embrasse.
Napoléon


J'aime bien le "je me suis un peu fatigué" :mrgreen:


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 13:51 
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Un splendide récit ! Vraiment La Saussaye, on se régale à vous lire !

Tout le plan de Napoléon repose sur le fait que les coalisés vont l'attaquer sur sa droite. Il a tout fait pour ça : il veut donner l'impression qu'il craint l'affrontement. (l'attaquer sur sa droite, c'est aussi couper sa voie de retraite vers Vienne, donc un encerclement parfait) Ainsi il a reculé, comme l'indique La Saussaye, et leur a abandonné le plateau de Pratzen. Il a concentré le gros de ses troupes, au centre, de façon très resserrée, pour donner l'impression qu'elles sont moins nombreuses. Sa droite est très éloignée du reste (il faut regarder la carte, mais je crois que c'est plus de 2 km) et peu visible, la veille, à part quelques soldats dans les villages... Et pour cause, elle n'arrivera que pendant la nuit, les soldats épuisés s'écroulant dans la neige pour dormir. (C'était quand même tangent ! A force de combattre avec les jambes de ses soldats !)

Il va jusqu'à demander à Savary de prendre contact avec les Russes pour demander une suspension d'arme, et il discute donc avec un émissaire du Tsar... discussion où il manque tout gâcher parce qu'il ne parvient pas a garder l'air inquiet. il faut dire que l'autre va jusqu'à lui demander... la rive gauche du Rhin. Napoléon éclate :"Vous osez me demander la rive gauche du Rhin ? Mais seriez-vous sur les hauteurs de Montmartre que vous le l'obtiendriez pas !" Il dira en revenant :"j'ai eu affaire à un vrai trompette de l'Angleterre !"
Cette colère sera sans effet : l'officier d'état-major revient dire à Alexandre qu'il a trouvé Napoléon "très craintif" ! (???) Dans l'entourage d'Alexandre, c'est une sorte de cour, des jeunes nobles dont il aiment s'entourer, et qui tous lui assurent que "le Corse" est un pleutre, que la victoire est acquise...

Toutes ces raisons font que Weihroter ne garde pas même une division au centre, sur le Pratzen, à titre de sécurité. L'apparition des Français au centre sera une surprise totale dans le camp adverse.

Napoléon a pu constater la veille, les premiers mouvements de troupes sur le Pratzen, qui vont s'installer plus vers sa droite, pour être à pied d'oeuvre pour descendre au matin vers les étangs. (on ne fait pas plus transparent !)
"C'est un mouvement honteux ! Ils se livrent ! Avant demain soir cette armée sera à moi !"

Le centre enfoncé, il n'y a rien derrière la garde russe... que les deux empereurs et leur entourage, qui évacuent en catastrophe. (Si Murat avait osé, ou s'il avait reçu des instructions - ça c'est d'abord une faute de Napoléon, trop concentré sur sa manoeuvre au centre, d'autant qu'il a eu le temps, dans cette campagne, de mesurer les limites de Murat - celui-ci aurait pu tenter de prendre les deux empereurs, ce qui eut été une première assez amusante.)

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 14:22 
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Les anglais disent que cette bataille a donné le coup de grâce à leur premier ministre Pitt-le-jeune, qui a pris un coup de vieux: Austerlitz a fait tomber son gouvernement. Il a demandé à ce que la carte d'Europe qui ornait son bureau soit décrochée: "Vous pouvez rouler cette carte, elle ne servira plus pendant les dix prochaines années." Il s'est ensuite réfugié dans le porto pour en mourir peu après.

C'est un peu incroyable que cette victoire ne soit pas célébrée en France. Le bicentenaire de Trafalgar a été dûment célébré en Angleterre, et si vous allez dans les pubs de la côte, tous les 21 octobre, tous les marins anglais, civils et militaires se prennent une cuite mémorable à la santé de Nelson (dont Sir Robin,Knox-Johnston).

D'ailleurs, ces récits napoléoniens que pour une bonne part je découvre, me font vraiment regretter que Napoléon ait été si peu évoqué durant ma scolarité primaire et secondaire. je me souviens de deux pages d'images d'Epinal ("du haut de ces pyramides...) dans le manuel, et c'était expédié. Ce devaient être de mauvaises années où on a décidé d'évacuer l'Empire. Je ne sais pas s'il est davantage enseigné maintenant.


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 15:16 
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La Saussaye a écrit :
Le fameux bulletin de la Grande Armée va créer la légende des étangs, sous la dictée très romantique de Napoléon. Il décrira en effet le spectacle apocalyptique de plusieurs dizaines de milliers d'hommes engloutis dans les étangs au cours d'une retraite épouvantable.

La légende sera tellement tenace que l'on en viendra même à mettre en cause l'artillerie impériale qui, sous les ordres direct de l'empereur, aurait tiré à boulets rouges pour faire sauter la glace sous les pas des malheureux fantassins.

Rien n'est plus faux.

D'abord, pour que l'artillerie de campagne tire à boulets rouges, il lui aurait fallu le temps de mettre en place les feux permettant de passer au rouge leurs boulets : ils avaient un peu autre chose à faire ...

Ensuite, en réalité, le repli des unités de Dokhtourov va se passer dans d'excellentes conditions pour eux. S'il est vrai que, sous le poids de toutes ses troupes, la glace va céder, il s'avère que ces étangs sont de grosses mares. Au pire, les fusiliers sont dans l'eau glacée jusqu'à la taille, et les troupiers se mettent à s'entraider en faisant la chaine.

A l'arrivée, rapports militaires français du lendemain à la clé, ce sont moins de deux cent morts qui seront retrouvés dans ces légendaires étangs (aujourd'hui disparus).

Napoléon, pour frapper l'opinion, fera écrire sans sourciller "vingt mille" : si ça c'est pas de la propagande !




Sur la légende des étangs, ce fil :
viewtopic.php?f=55&t=10573


Toujours au chapitre des légendes : la vision prémonitoire de la fameuse proclamation à l’armée du 1er décembre (rédigée le 30 novembre) : « Les positions que nous occupons sont formidables; et, pendant qu'ils marcheront pour tourner ma droite, ils me présenteront le flanc », n’est en vérité qu’une modification du texte original qui disait : « Les positions que nous occupons sont formidables; et, pendant qu'ils marcheront sur nos batteries, je veux faire attaquer leurs flancs. »

La bataille d’Austerlitz ne s’est pas en effet déroulée suivant un plan savamment mis en place bien avant l’aube du 2 décembre par une vision géniale des futurs mouvements ennemis, mais finalement assez tardivement, suite aux reconnaissances nocturnes effectuées par l’Empereur dans la nuit du 1er au 2.
Napoléon, la veille de la bataille, à 20 h 30, avait des intentions bien différentes de celles qui furent immortalisées par la victoire de 2 décembre.
Cela n’enlève cependant rien au côté magistral des manœuvres ordonnées peu avant et pendant la bataille (indispensable et remarquable art de s’adapter), mais relativise beaucoup la version tant de fois entendue que Napoléon avait tout prévu et tendu son piège largement à l’avance.

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 30 Jan 2019 17:57 
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Drouet Cyril a écrit :
La bataille d’Austerlitz ne s’est pas en effet déroulée suivant un plan savamment mis en place bien avant l’aube du 2 décembre par une vision géniale des futurs mouvements ennemis, mais finalement assez tardivement, suite aux reconnaissances nocturnes effectuées par l’Empereur dans la nuit du 1er au 2.
Napoléon, la veille de la bataille, à 20 h 30, avait des intentions bien différentes de celles qui furent immortalisées par la victoire de 2 décembre.

Quelles étaient ses intentions, et sur quoi a-t-il évolué ?

J'ai vaguement en tête qu'il avait l'intention d'attaquer davantage vers la droite, pour prendre de travers les colonnes qui allaient attaquer Davout, et qu'il a corrigé en décidant d'attaquer plein centre, ce qui revient à décider de prendre toute la gauche adverse - ce qui fera 40 000 hommes, tout de même - dans une nasse. Est-ce exact ?

Il me semble aussi, et c'est logique avec la décision précédente - Davout va devoir tenir seul plus longtemps - qu'il envoie in extremis, après son inspection de 3 heures du matin, un régiment renforcer sa droite, dont il vient de s'apercevoir qu'elle est vraiment trop légère. (Davout fera des miracles le lendemain, il passera une matinée très difficile, mais si les 3 colonnes, Russes et Autrichiens, s'étaient coordonnées, l'aile droite aurait vraiment eu de sérieux problèmes.)

Dalgonar a écrit :
C'est un peu incroyable que cette victoire ne soit pas célébrée en France. Le bicentenaire de Trafalgar a été dûment célébré en Angleterre, |...]

Et la Royale a envoyé des navires français participer à la parade navale organisée par les Britanniques, alors qu'Austerlitz n'était pas commémoré ! 8-|

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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