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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 02 Déc 2016 21:33 
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Pierre de L'Estoile
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anniversaire de la bataille
et les fanacyr peuvent se retrouver à l'Agora !

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 03 Déc 2016 13:28 
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Marc Bloch
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bourbilly21 a écrit :
anniversaire de la bataille
et les fanacyr peuvent se retrouver à l'Agora !

Merci Bourbilly, je suis allé y mettre un mot.

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "


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 Sujet du message : Re:
Message Publié : 12 Déc 2016 14:40 
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Fustel de Coulanges
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Roy-Henry a écrit :
Le rétablissement de l'esclavage en 1802 est une mesure républicaine, car discutée, votée et enregistrée par des assemblées


Encore une fois la loi du 20 mai 1802 ne rétablit pas l'esclavage mais le maintient dans les colonies où il n'avait pas été aboli.
Si on veut aborder, à proprement parler, la question du « rétablissement », il faut évoquer les cas de la partie espagnole de Saint-Domingue, de la Guadeloupe et de la Guyane qui ont été respectivement réglés par les instructions du 31 octobre 1801, et par les arrêtés du 16 juillet et 7 décembre 1802 ; textes non « discutés, votés et enregistrés par des assemblées »


Roy-Henry a écrit :
De plus, il n'y eût quasiment pas de traite négrière sous l'Empire, du fait de la suprématie anglaise sur les mers...


C'est juste pour la traite transatlantique, un peu moins vrai pour l'océan Indien où on peut compter des dizaines d'expéditions parties des Mascareignes vers le Mozambique, jusqu'en 1810.


Roy-Henry a écrit :
Citer :Ceci étant, le 1é empereur des français étant particulièrement soucieux de son image, je pense qu'il n'aurait pas rétabli l'esclavage, s'il avait pu lire l'année du bi-centenaire d'Austerlitz dans une boule de cristal.

Mais il ne l'a pas attendu pour le reconnaître. Vous devriez lire le mémorial.


Voici ce que l'on peut y lire :
« Ce pauvre Tobie que voilà, disait-il une fois, est un homme volé à sa famille, à son sol, à lui-même et vendu : peut-il être de plus grand crime dans d'autres !
[…]
Le forfait n'en est pas moins atroce ; car cet homme, après tout, avait sa famille, ses jouissances, sa propre vie. Et l'on a commis un horrible forfait en venant le faire mourir ici sous le poids de l'esclavage.»

C'est d'ailleurs toujours cocasse d'entendre les cris d'orfraie poussés par les napoléonâtres dès que le mot de "crime" est prononcé concernant l'initiative de Bonaparte relative à l'esclavage, alors que leur "idole" a lui-même usé du mot honni en s'épanchant sur cette même question...

On est loin de 1802, mais sans doute Napoléon à Sainte-Hélène, voyant, outre le fait d'être directement confronter au régime des chaînes, quelque rapprochement entre sa situation et celle de Tobie, pouvait-il se montrer plus sensible qu'à l'heure où, treize ans plus tôt, il lançait ses directives sur l'esclavage.
A Sainte-Hélène, on lui doit aussi cette réflexion :
"Sa conversation du soir a porté sur les différences des races. « II n'y en a que deux grandes, nous a-t-il dit, les Orientaux et les Occidentaux »"

Propos qui ne sont pas sans rappeler les mots qui ont été tenus en amont de la loi du 20 mai 1802 :
" la différence remarquable entre l’homme civilisé et celui qui ne l’est point, la différence des climats, des couleurs, des habitudes, et principalement la sûreté des familles européennes, exigeaient impérieusement de grandes différences dans l’état civil et politique des personnes."
(Dupuy, 17 mai 1802)

"Comment supposer que des hommes, dont la raison est encore dans les ténèbres de l'enfance, pussent, sans franchir les limites de leurs droits et leurs devoirs passer brusquement de l'esclavage à la liberté avec cet esprit de conservation, sans lequel il n'est pas de société"
(Adet, 19 mai 1802)



Roy-Henry a écrit :
Rappelons qu'il a interdit la traite négrière en avril 1815, dès son retour au pouvoir.


Il s'agit du décret du 29 mars 1815 :
"Art. 1 : A dater de la publication du présent décret, la traite des Noirs est abolie.
Il ne sera accordé aucune expédition pour ce commerce, ni dans les ports de France ni dans ceux de nos colonies.
Art. 2 : Il ne pourra être introduit, pour être vendu dans nos colonies, aucun noir provenant de la traite soit française, soit étrangère."

De la même manière que la loi de 1802 s'inscrivit dans une politique pragmatique liée à la relance des ambitions coloniales de la France, le décret du 29 mars 1815 ne peut être compris sans prendre en compte les avantages diplomatiques potentiels (et particulièrement précieux à l'heure où le nouveau et fragile régime en France avait tout particulièrement besoin de paix) qu'il était susceptible d'engendrer, notamment Outre-Manche.
Le décret impérial de 1815 s'inscrivait en effet dans la politique engagée, un an plus tôt, le 30 mai 1814, en marge du traité de Paris, par Louis XVIII auprès des Anglais.

"Sa Majesté Très Chrétienne, partageant sans réserve tous les sentiments de Sa Majesté Britannique relativement à un genre de commerce que repoussent et les principes de la justice naturelle, et les lumières des temps où nous vivons, s'engage à unir au futur Congrès tous ses efforts à ceux de Sa Majesté Britannique, pour faire prononcer par toutes les Puissances de la chrétienté l'abolition de la traite de noirs, de telle sorte que ladite traite cesse universellement, comme elle cessera définitivement et dans tous les cas, de la part de la France, dans un délai de cinq années ; et qu'en outre, pendant la durée de ce délai, aucun trafiquant d'esclaves n'en puissent importer, ni vendre ailleurs que dans les colonies de l'Etat dont il est le sujet."

Engagement qui fut suivi logiquement de la déclaration du 8 février 1815 lors du Congrès de Vienne.

"Ils [les plénipotentiaires de la France, de l'Angleterre, de la Russie, de la Suède, de la Prusse, de l'Autriche, du Portugal et de l'Espagne] déclarent à la face de l'Europe, que, regardant l'abolition universelle de la traite des nègres comme une mesure particulièrement digne de leur attention, conforme à l'esprit du siècle et aux principes généreux de leurs augustes Souverains, ils sont animés du désir sincère de concourir à l'exécution la plus prompte et la plus efficace de cette mesure par tous les moyens à leur disposition et d'agir, dans l'emploi de ces moyens, avec tout le zèle et toute la persévérance qu'ils doivent à une aussi grande et belle cause.
Trop instruits toutefois des sentiments de leurs Souverains, pour ne pas prévoir que, quelque honorable que soit leur but, ils ne le poursuivront pas sans de justes ménagements pour les intérêts, les habitudes et les préventions mêmes de leurs sujets, lesdits Plénipotentiaires reconnaissent en même temps que cette déclaration générale ne saurait préjuger le terme que chaque Puissance en particulier pourrait envisager comme le plus convenable pour l'abolition définitive du commerce des nègres ; par conséquent, la détermination de l'époque où ce commerce doit universellement cesser, sera un objet de négociations entre les Puissances ; bien entendu que l'on ne négligera aucun moyen propre à en assurer et en accélérer la marche ; et que l'engagement réciproque contracté par la présente déclaration entre les Souverains qui y ont pris part, ne sera considéré comme rempli qu'au moment où un succès complet aura couronné leurs efforts réunis.
En portant cette déclaration à la connaissance de l'Europe et de toutes les nations civilisées de la Terre, lesdits Plénipotentiaires se flattent d'engager les autres Gouvernements, et notamment ceux qui, en abolissant la traite des nègres, ont manifesté déjà les mêmes sentiments, à les appuyer de leur suffrage dans une cause dont le triomphe final sera un des plus beaux monuments du siècle qui l'a embrassée, et qui l'aura si glorieusement terminée."


Pour mémoire, en 1814, 750 000 signatures sur des pétitions demandant que la Grande-Bretagne oblige la France et les autres grandes puissances à interdire la traite avaient été recueillies en Angleterre.

Finalement, le décret du 29 mars, parmi d'autres mesures conciliatrices, ne pesa pas bien lourd face à la déclaration des Alliés du 13 mars 1815 :
« Napoléon Buonaparte s'est placé hors des relations civiles et sociales, et [...], comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s'est livré à la vindicte publique. »

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 22 Fév 2017 13:00 
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Fustel de Coulanges
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On a beaucoup parlé dans ce fil des commémorations du bicentenaire de la bataille d’Austerlitz.
Le centenaire de 1905 ne fut pas non plus exemplaire et suscita quelque aigreur :

« La Journée de demain s'écoulera probablement sans que personne, ou presque, en dehors de l'armée, se souvienne que, il y a cent ans à pareille date, Napoléon a remporté la plus brillante de ses victoires et peut-être de toutes les victoires que l'histoire a enregistrées. On y songera, nous l'espérons bien, dans tous les corps sur le drapeau ou l'étendard desquels flamboie en lettres d'or le nom glorieux d'Austerlitz, et, sans doute en profitera-t-on pour organiser une de ces fêtes régimentaires si propres à entretenir l'esprit militaire ou à le réveiller : M. Berteaux n'est heureusement plus là pour en prendre ombrage Mais, ailleurs, qui oserait pavoiser ? Ce ne serait pas à coup sûr les pouvoirs publics qui auraient bien trop peur qu'on ne les accusât de tendances militaristes nos gloires sont présentement passées de mode, au moins quand elles ne sont pas proprement « républicaines » et encore n'est-il pas bien sûr que l'on aurait le courage de célébrer officiellement aujourd'hui, comme en 1892 et 1893, le centenaire des grandes « tueries » deValmy, de Jemmapes, de Wattignies, où nous fîmes si cruellement sentir le poids de nos armes à « nos frères de l'étranger ».
Pour nous, qui n'avons pas à nous excuser, surtout ici, de professer le culte des grands souvenirs, nous n'aurons garde de passer sous silence un anniversaire mémorable entre tous. »
(Journal des débats politiques et littéraires, 2 décembre 1905)



Comme le prédisait l’auteur de cet article, les cérémonies furent peu nombreuses, et en dehors des rappels historiques de circonstance, la presse ne rapporta qu’un petit nombre de cérémonies commémoratives :

« Anniversaires patriotiques
Le centenaire d'Austerlitz
Le 54e d'infanterie à Compiègne vient de célébrer le centenaire de la bataille d'Austerlitz à laquelle il prit une part glorieuse [le 54e servait au sein de la 1ère division (Rivaud) du 1er corps de Bernadotte).
On avait heureusement fait coïncider la commémoration de cet anniversaire avec la présentation du drapeau aux jeunes soldats.
En présentant l'emblème de la patrie, le colonel Pellet, en un discours vibrant et ému, a retracé l'historique du 54° et a commenté les batailles inscrites en lettres d'or à son drapeau : « ce drapeau qui garde dans ses plis un peu du soleil d'Austerlitz. »
Le régiment tout entier, en tenue de campagne, a ensuite magnifiquement défilé, musique en tête; les jeunes soldats ont marché crânement alignés comme de vieilles troupes.
Une soirée artistique des plus réussies a réuni ensuite, le service terminé, officiers, anciens et jeunes soldats.
D'excellents amateurs et plusieurs élèves du Conservatoire ont rivalisé d'entrain et de gaité pour distraire, leurs chefs ainsi que leur camarades et rendirent au mieux d'hilarantes piécettes : Le gendarme est sans pitié et Le cas de M. Benoit.
Un mot du programme composé par un jeune « bleu », au talent déjà si apprécié, Charles Clérice. A l'issue de la soirée, le colonel a félicité les artistes et leur a offert le Champagne. »
(Le Radical, 6 décembre 1905)


« Le centenaire d'Austerlitz.
Les candidats à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr [l’associationde la Corniche] ont fêté hier, dans les salons d'un restaurant de l'avenue de la Grande-Armée [le restaurant Dehouve], le centenaire d'Austerlitz.
Après une allocution du président, général et une réponse vibrante d'un grand ancien, suivie de ta présentation de M. Avallée, dernier cantinier au premier bataillon de France, plusieurs artistes ont été applaudis.
La fête s'est terminée par un discours patriotique prononcé sous l'Arc de Triomphe. »
(Le Matin, 4 décembre 1905)


« L’anniversaire d’Austerlitz.
A l'occasion du centième anniversaire de la victoire d'Austerlitz, les Comités plébiscitaires de la Seine avaient chargé leur président général, M. Chaudon, de déposer une couronne au pied de la colonne de la Grande Armée. Assisté du vice-président, M. Ottaviani, et précédé d'un ancien sous-officier de la garde qui portait la couronne, M. Chaudon s'est rendu hier à midi place Vendôme.
Une foule sympathique a, suivi les délégués et un passant dévoué a escaladé la grille pour placer la couronne au pied de la colonne.
Dans une allocution toute patriotique, M. Chaudon a déclaré qu'en rappelant la glorieuse journée du 2 décembre 1805 il n'entendait pas faire œuvre politique, mais honorer le souvenir des braves soldats d'il y a cent ans, et il a invité les assistants à crier avec lui « Vive la France »
C'est sur ce cri mille fois répété que la foule s'est séparée. »
(Le Figaro, 3 décembre 1905)


« Alsace-Lorraine. En mémoire de la bataille d'Austerlitz, les étudiants alsaciens-lorrains, représentés par quatre de leurs délégués, ont fait déposer hier au pied de la statue du général Rapp, à Colmar, une magnifique couronne de feuilles de chênes avec palmes en bronze. Cette couronne, ornée d'un ruban aux couleurs alsaciennes, porte l'inscription : « Les étudiants alsaciens-lorrains à Rapp 2 décembre 1805-1905 ».
Pendant toute la journée, de nombreux curieux ont défilé devant la statue du général Rapp, pour voir le touchant hommage rendu à un compatriote illustre
par les représentants de la jeunesse universitaire alsacienne-lorraine. »
(Le Temps, 5 décembre 1905)


« Agen. Le 9e régiment d'infanterie, dont le drapeau porte le nom d'Austerlitz, a fêté aujourd'hui le centenaire de cette victoire [un bataillon du 9e était présent dans le 2e régiment de la division dite des grenadiers réunis d’Oudinot]. Le colonel Ninous a présenté le drapeau aux recrues devant le régiment assemblé dans la cour de la caserne Lacuée et a prononcé une allocution patriotique. »
(Le Petit Journal, 3 décembre 1905)

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 22 Fév 2017 18:58 
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Pierre de L'Estoile
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"On va leur percer le flanc...
C'était à entraîner un paralytique" !

Coignet

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 22 Fév 2017 19:10 
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Drouet Cyril a écrit :
« Alsace-Lorraine. En mémoire de la bataille d'Austerlitz, les étudiants alsaciens-lorrains, représentés par quatre de leurs délégués, ont fait déposer hier au pied de la statue du général Rapp, à Colmar, une magnifique couronne de feuilles de chênes avec palmes en bronze. Cette couronne, ornée d'un ruban aux couleurs alsaciennes, porte l'inscription : « Les étudiants alsaciens-lorrains à Rapp 2 décembre 1805-1905 ».
Pendant toute la journée, de nombreux curieux ont défilé devant la statue du général Rapp, pour voir le touchant hommage rendu à un compatriote illustre
par les représentants de la jeunesse universitaire alsacienne-lorraine. »
(Le Temps, 5 décembre 1905)

L'épisode cité est certainement véridique, mais on a là un bon exemple de la presse française entre 1871 et 1918, pour laquelle TOUS les habitants de l'Alsace-Moselle - et ici TOUS les étudiants - ont gardé leur coeur à la France, alors qu'un certain nombre soit se sentait allemand, soit avait fini par s'en accommoder. Pour la même raison, la France refusa mordicus que le retour officiel de l'Alsace-Moselle en 1919 soit ratifié par référendum. (Ce qui aurait pu faire apparaître quelques voix discordantes.) Les Alsaciens-Mosellans étaient TOUS français de coeur, pas question d'entamer le mythe aussi peu que ce soit.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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 Sujet du message : Re:
Message Publié : 23 Fév 2017 8:04 
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Vladtepes a écrit :
Quant aux Anglais, ils ont célébré la bataille navale de Trafalgar et l'Amiral Nelson en grande pompe. Je crois même que la France a participé à cette célébration.
Et devinez ce qu'ils fêteront en 2015 ...?



Austerlitz 2015 -> http://www.austerlitz.org/fr/austerlitz-2015/


C'est sans doute plus "porteur" de faire Waterloo en Juin et en Belgique que de faire Austerlitz en décembre en Tchéquie !!!!

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Hugues de Hador.


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 23 Fév 2017 9:50 
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Fustel de Coulanges
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Pierma a écrit :
Drouet Cyril a écrit :
« Alsace-Lorraine. En mémoire de la bataille d'Austerlitz, les étudiants alsaciens-lorrains, représentés par quatre de leurs délégués, ont fait déposer hier au pied de la statue du général Rapp, à Colmar, une magnifique couronne de feuilles de chênes avec palmes en bronze. Cette couronne, ornée d'un ruban aux couleurs alsaciennes, porte l'inscription : « Les étudiants alsaciens-lorrains à Rapp 2 décembre 1805-1905 ».
Pendant toute la journée, de nombreux curieux ont défilé devant la statue du général Rapp, pour voir le touchant hommage rendu à un compatriote illustre
par les représentants de la jeunesse universitaire alsacienne-lorraine. »
(Le Temps, 5 décembre 1905)

L'épisode cité est certainement véridique, mais on a là un bon exemple de la presse française entre 1871 et 1918, pour laquelle TOUS les habitants de l'Alsace-Moselle - et ici TOUS les étudiants - ont gardé leur coeur à la France, alors qu'un certain nombre soit se sentait allemand, soit avait fini par s'en accommoder. Pour la même raison, la France refusa mordicus que le retour officiel de l'Alsace-Moselle en 1919 soit ratifié par référendum. (Ce qui aurait pu faire apparaître quelques voix discordantes.) Les Alsaciens-Mosellans étaient TOUS français de coeur, pas question d'entamer le mythe aussi peu que ce soit.


Voici un article de Pierre Bachoffner, tiré du n°261 de la Revue d'histoire de la pharmacie (1984) :

« Un hommage public des étudiants en pharmacie au général Rapp, héros d'Austerlitz, dans l'Alsace annexée par l'Allemagne (1905).

Le général d'Empire comte Rapp (1771-1821) se couvrit de gloire à la bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805) en culbutant, à la tête de ses mameluks, la garde impériale russe et en faisant prisonnier le prince Repnine. Ce brillant fait d'armes lui valut le grade de général de division. L'empereur le visita dans le château d'Austerlitz où on l'avait transporté gravement blessé. Colmar, sa ville natale, lui a élevé une statue sur le Champ-de-Mars en 1850 ; tous les touristes la connaissent.
Un curieux hommage lui fut rendu le samedi 2 décembre 1905, alors que l'Alsace-Lorraine était annexée à l'Empire allemand depuis 1871. Ce jour-là, vers 11 heures du matin, quatre personnages en redingote noire et coiffés de chapeaux haut de forme débarquaient de l'express de Strasbourg en gare de Colmar et montaient dans un fiacre, qu'ils firent arrêter un peu plus tard au Champ-de-Mars. Gravement, ils traversèrent la place, alors quasi déserte à part un groupe d'officiers allemands en train de discuter. Les jeunes gens s’alignèrent devant la statue du général Rapp et l'un d'eux, qui portait une couronne aux couleurs de l'Alsace, rouge et blanc, commanda à voix haute : « Chapeau ! ». Ils se découvrirent et la couronne fut déposée aux pieds du héros d'Austerlitz. A pas lents, comme ils étaient venus, ils s'en retournèrent à leur fiacre, tandis que de partout les curieux se précipitaient déjà vers le monument. Sur la banderole on pouvait lire : « Les étudiants alsaciens-lorrains à Rapp — 2 décembre 1805-1905 ». Il était impossible à la police allemande d'intervenir, les couleurs de l'Alsace, à la différence du drapeau tricolore, n'étant officiellement pas considérées comme séditieuses. Cette démonstration trouva naturellement son écho dans la presse et jusqu'au parlement régional et à l'Université de Berlin.
Or les manifestants étaient tous les quatre étudiants en pharmacie de l'Université de Strasbourg : il s'agissait de Emile Retterer, futur pharmacien à Munster, Camille Schuller, futur pharmacien en chef des Hospices civils de Strasbourg, Georges Hornung et Camille Dahlet. Ce dernier fut député du Bas-Rhin de 1928 à 1940 et conseiller général de Saverne de 1937 à 1940. Diplômé en 1908, il a été pendant plusieurs années pharmacien d'officine à Strasbourg. C'était lui l'initiateur de cette cérémonie patriotique.

Bibliographie : Dahlet (Camille), Cahiers alsaciens, Les Cahiers verts (Strasbourg), n° 5, sept. 1952, p. 24-27, 30 ; Himly (F.-J.), Chronologie de la Basse-Alsace, Strasbourg, 1972, p. 318- 319 ; Journal d'Alsace-Lorraine, 3 déc. 1905 (ce journal paraissait alors intégralement en langue française, en dépit de l'annexion) ; Klein (Pierre), Camille Dahlet, une vie au service de l'Alsace, Strasbourg, 1983, 234 p., ill. »

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 23 Fév 2017 10:27 
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Merci Cyril pour ce complément.

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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 23 Fév 2017 13:00 
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Si les commémorations de 1905 furent plutôt ternes, on peut quand même citer la participation d’un membre du gouvernement, Jean-Baptiste Bienvenu-Martin, ministre de l’Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes, aux cérémonies liées à cette bataille. Le 1er octobre, à Avranches, il assista (entre autres festivités diverses) à la célébration du centenaire (un peu plus de deux mois en avance) de la mort du général Valhubert, natif d’Avranches, blessé mortellement à Austerlitz.
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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 23 Fév 2017 17:48 
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Une bataille éclipsa, de part l'ampleur de la commémoration, le centenaire d'Austerlitz : ce fut Champigny dont on fêta le 3 décembre les 35e anniversaire. Le matin fut consacré aux hommages classiques des anciens combattants, alors que l'après-midi les cérémonies organisées par la Ligue des Patriotes menée par Déroulède, de retour d'exil, drainèrent sur place des milliers de personnes dont quelques contre-manifestants, ce qui provoqua bagarres et bousculades.

Déroulède à Champigny (mais ici en 1912) :
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 Sujet du message : Re:
Message Publié : 27 Fév 2017 18:07 
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Vladtepes a écrit :
Quant aux Anglais, ils ont célébré la bataille navale de Trafalgar et l'Amiral Nelson en grande pompe. Je crois même que la France a participé à cette célébration.
Et devinez ce qu'ils fêteront en 2015 ...?
"Que vous soyez en-deçà ou au-delà des Pyrénées".
Vlad


On se souviendra un jour qu'il fut un temps bien sombre où nos "dirigeants" avaient développé un très chic goût pour le candaulisme politique, et que ces esprits faibles ou malades étaient persuadés que cette forfaiture, un mot qu'ils avaient fait disparaître du Code de Procédure Pénale 11 ans plus tôt, les honorait.


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 Sujet du message : Austerlitz
Message Publié : 24 Jan 2019 0:04 
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Jean Froissart
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La bataille d'Austerlitz est peut-être, avec Verdun, la victoire la plus célèbre de l'histoire des armées françaises.

Et pourtant, encore aujourd'hui, que d'erreurs, que de mythes, que de légendes sur cette bataille qui vit pourtant triompher avec peu de pertes l'armée française la meilleure de tous les temps selon les historiens militaires étrangers qui, comme les notres, se penchent encore régulièrement sur cet évènement.

Encore aujourd'hui, à l'heure des drones et des satellites, la manoeuvre d'Austerlitz continue à être enseignée à West Point. Elle n'est évoquée à Saint Cyr que pour mémoire glorieuse, sans aller au fond. Peut-être peut-on le regretter, si l'on a en tête que l'armée la plus puissante du monde fait plancher ses élèves-officiers sur la campagne préliminaire, et les combats d'Austerlitz pris jusqu'à l'échelon des brigades d'infanterie et de cavalerie, cependant que l'école d'Etat-Major de l'armée russe fait travailler ses élèves-officiers sur les manœuvres de cette bataille.

Les vainqueurs de la plus grande confrontation du début des années 1800 sont donc les seuls à avoir oublier qu'Austerlitz n'est, ni un film, ni une victoire d'Epinal, mais bel et bien le résultat d'un effort militaire complexe et complet qui a bouleversé les équilibres politiques de son temps, et remis définitivement en question l'art de la guerre tel qu'il était pratiqué depuis deux cents ans. Austerlitz est aussi la première bataille moderne, ce qui explique qu'on s'y intéresse encore, mais nous y reviendrons.

Je me propose, pour ce post, de vous brosser à grands traits comment il se fait que, le 2 décembre 1805 (11 frimaire de l'an XIV de la république) les corps de la Grande Armée ont remodelé l'Europe

.

_________________
"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 24 Jan 2019 0:06 
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Après le coup d'état de Brumaire, le général Bonaparte, qui se propulse Consul, puis rapidement Premier Consul, doit gérer, nous sommes à la fin de l'année 1799, une France fatiguée par sept années de désordres, de meurtres organisés, et de gouvernements de rencontre qui pour l'essentiel se sont livrés à une escalade de la terreur politique.

Ce faisant, ils ont aussi commencé à créer quelque chose d'autre que ce que l'on connaissait auparavant. En nivelant en force la France des ordres et des corporations, les assemblées révolutionnaires ont lancé le principe essentiel et vital de toute nation : la récompense au mérite, qui n'était plus devenue qu'un souvenir à la fin du règne de Louis XV, et que Louis XVI n'avait pu réveiller dans un corps social tiraillé d'un côté, et devenu immobile comme un cadavre de l'autre.

Ce qui n'était pas prévu par les constituants, et avait commencé à inquiéter certains conventionnels, c'est que la force des évènements déclencha un phénomène rare. Ce ne fut pas dans la société civile que se développa d'abord l'avancement au mérite, mais dans les armées.

Et ces armées se forgèrent en huit années de guerre en un outil qui n'a pas encore été dépassé, capable de conquérir un continent, mais manquant de tête. La révolution, qui pensait à tout mais ne le désirait pas, donna aussi à cette armée, presque sui generis, la tête nécessaire.

Ainsi arriva Napoléon Bonaparte ...

Ce n'est pas fin novembre 1799, à Saint Cloud, lors du fameux coup d'état de Brumaire, que Bonaparte posa réellement les bases de son pouvoir.

Ainsi que lui-même en assura après coup la mise en scène, en maquillant volontairement les faits, c'est dans la plaine de Marengo, le 14 juin 1800, qu'échappant de justesse à une défaite écrasante transformée par miracle en éclatante victoire, que Napoléon fonda sa légitimité de gouvernant, et aussi les débuts de sa légende.

Le plus étonnant, dans cette affaire, est que l'homme qui fut peut-être le plus grand des chefs de guerre a ainsi basé la plus grande des légitimités, celle du chef d'Etat victorieux au combat, sur une bataille qu'il engagea mal et qu'il aurait dû perdre sans une série de hasards dûs tant à l'impéritie de l'adversaire qu'à la capacité d'inititative de celui qui, frappé d'une balle en plein coeur alors qu'il menait sa division à la rescousse, ne devait jamais devenir Maréchal de l'Empire : le général Desaix.

Bonaparte pleura sincèrement Desaix, qui était pour lui un ami proche, mais il fit aussi de Marengo une "victoire politique". En maquillant les faits pour l'opinion publique, en jouant des atermoiements imbéciles du commandement et de la diplomatie autrichienne, il imposa dès juin 1800 l'idée évidente qu'il était, et génial, et invincible.

Les années qui suivirent donnèrent raison à cette étonnante opinion de lui qu'il imposait aux autres.

Pourtant, quelques mois plus tard, le général Moreau, à la tête d'une armée bien plus nombreuse que celle qu'avait emmené le Consul en Italie, entrait à son tour en campagne, en Bavière, et faisait subir aux autrichiens une sévère défaite, mais c'était trop tard politiquement pour Moreau et ses amis républicains. Marengo, petite bataille ayant opposé moins de cinquante mille hommes, a effacé jusqu'à nos jours la magnifique victoire de Hohenliden, remportée le 12 frimaire An IX, ou plus exactement le 3 décembre 1800, six mois après Marengo ...

Par les traités croisés de Lunéville en 1801 avec l'Autriche, et d'Amiens en 1802 avec la Grande Bretagne, Bonaparte mit fin à dix ans de guerre révolutionnaire, tout en mettant la France consulaire en position de force en europe occidentale.

Ainsi commençait ce qu'avec raison l'historien Thierry Lentz a qualifié de "grand consulat".

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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 Sujet du message : Re: Austerlitz
Message Publié : 24 Jan 2019 0:07 
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Jean Froissart
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Si la paix d'Amiens est accueillie en triomphe en France et avec soulagement ailleurs, elle dure malheureusement peu de temps, à peine 18 mois si l'on date la fin des hostilités réelles du traité de Lunéville de janvier 1801.

En juin 1802 en effet, la rupture est à nouveau consommée entre la France et l'Angleterre.

Il y avait, dans le traité d'Amiens, trop d'ombres, trop de problèmes de fonds laissés volontairement de côté par les deux parties pour arriver à un accord qui du coup s'avéra peu viable.

Le clash diplomatique est bien connu, avec la scène terrifiante que fait aux Tuileries, lors d'une réception des ambassadeurs, Napoléon à Lord Withworth. Le prétexte immédiat en est le refus évident de la Grande Bretagne d'évacuer l'île de Malte, verrou maritime de la méditerranée centrale. Mais ce n'est qu'un prétexte.

"Voulez-vous la paix ? Voulez-vous la guerre ?" hurle Napoléon à Withworth devant des ambassadeurs médusés. "Si c'est la guerre que vous voulez, alors nous la ferons, et jusqu'à la ruine de l'une des deux nations !"

La réaction anglaise ne sera pas verbale, mais évidemment maritime. Quelques jours plus tard, en pleine baie d'Audierne, deux navires français sont proprement pris d'assaut et arraisonnés.

Alors, c'est la guerre ...

Au départ d'un conflit qui durera dix ans, avec retournements d'alliances, traités parjurés et autres amabilités internationales, quel est l'état des forces en présence à l'été 1802 ?

Pour la France, on a tout de suite envie de dire : la grande armée et Napoléon ! Ce n'est pas faux, quoique prématuré, mais ce n'est pas complet.

La France consulaire n'est en effet pas seule. L'image d'un Napoléon prométhéen, sorte de monstre solitaire, fait souvent oublier tout un réseau d'alliances et d'assujettissements qui font, dès 1802, de la France beaucoup plus que la France en terme de puissance.

Elle est en effet alliée à l'Espagne, qui va avoir bientôt plus que son mot à dire dans la guerre navale de 1805.

Elle contrôle les républiques "soeurs" (entendez par là : vassales) que sont les républiques bataves (Hollande) et italiennes (toute l'Italie du Nord), ainsi que la Suisse depuis 1799 et la victoire de Masséna à Zurich contre les russes de Souvorov. Nous reviendrons bientôt un instant sur cet étrange épisode.

Et elle bénéficie du retour dans l'ancestrale alliance française, depuis le début du XVIIIème siècle, de l'électorat de Bavière, traditionnellement hostile et méfiant vis-à-vis du grand frère autrichien, un peu trop grand et un peu trop attentionné aux yeux de la famille régnante des Wittelsbach. Les évènements vont d'ailleurs bientôt faire de la Bavière un élément essentiel de la guerre continentale, et faire d'elle le plus puissant allié allemand de la France jusqu'en 1813.

La Bavière n'est en effet pas un état d'opérette, contrairement à nombre de petites principautés du Saint Empire. Elle dispose d'une puissante armée de plusieurs dizaines de milliers d'hommes.

La Grande-Bretagne, de son côté, relance les anciennes alliances du temps de la révolution, et n'hésitera pas à mettre ses finances publiques en péril pour payer l'effort de guerre de ses alliés.

Quels sont-ils ?

En 1802, elle n'en a aucun, sauf le royaume de Naples plus ou moins sous contrôle de la Navy, et qui ne peut que jouer de toute façon un rôle pour le moins périphérique dans un conflit qui de toute évidence va éclater en europe du nord et centrale ...

C'est peu, même si dans un premier temps ça induit des économies budgétaires.

L'Angleterre a une armée peu nombreuse, essentiellement positionnée aux indes (c'est loin) et mal connue des continentaux depuis ses échecs de la guerre d'indépendance américaine, trente ans plus tôt, et une intervention avortée dans les Flandres en 1793.

Evidemment, elle a sa marine, et là ça change tout, car la marine anglaise, Royal Navy (flotte de haute mer) et Home Fleet (escadres protégeant l'Angleterre) disposent d'une suprématie navale absolue, due à la qualité des navires, de leur armement, de leurs équipages et de leurs amiraux. Pardon d'avance pour cet "à côté" chronologique, puisque la Home Fleet en tant que telle sera créée au début du XXème siècle; mais j'aime bien le terme, et puis il résume parfaitement une réalité navale qui était déjà présente, entre les flottes de la Manche et de haute mer.

Britannia ne fait rien qu'à rule over the sea, si j'ose dire ...

La situation est donc grotesque :

en europe continentale, Bonaparte contrôle les côtes de la mer du nord, mais a la Manche à traverser pour mettre une baffe aux anglais, et traverser la Manche à la nage n'est pas une sinécure.

Les anglais, eux, tiennent fortement les lignes de communication navale, mais n'ont pas d'armée de terre à opposer aux français et leurs alliés.

A ce petit jeu, la guerre franco-anglaise aurait pu ainsi perdurer jusqu'à la consommation des siècles.

Comme Bonaparte n'aime pas "faire la guerre assis sur son derrière", pour le paraphraser, et que d'autre part les anglais, dans un premier temps, se sentent un peu seuls dans l'univers, et pas pressés d'aller directement au charbon, c'est donc la France qui, la première, se met à développer un effort préparatoire de guerre qui va s'avérer inusité et flanquer une frousse d'anthologie à la City : Bonaparte envisage sérieusement, et sans rire, de faire passer toute son armée de l'autre côté de la Manche ...

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