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Message Publié : 08 Déc 2005 22:48 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Bonjour,

Je vous propose une liste chronologique de différents événements qui ont eu lieu en Guadeloupe du 18 brumaire au rétablissement officiel de l'esclavage en Guadeloupe le 14 mai 1803.

Toutes ces informations sont tirées du livre de Frédéric Régent "Esclavage, métissage, liberté", éditions Grasset 2004

C'est un peu long mais c'est fort utile pour tous ceux qui souhaite mieux connaître cette page sombre de l'Histoire de France.



- Après le coup d’Etat du 18 brumaire, les partisans de l’esclavage font pression. L’article 91 de la Constitution de 1799 porte que les colonies seront régies par des lois spéciales. C’est la fin de la politique d’assimilation. L’application de la Constitution est suspendue en Guadeloupe.

- Bonaparte cherche à s’informer sur la situation de l’île avant de se décider.

- En août 1800, Bonaparte s’oppose au rétablissement de l’esclavage demandé par Barbé-Marbois parce qu’il est conscient de la force des troupes de couleur dans les colonies.

- A l’automne, le premier consul reçoit deux mémoires concernant la situation de l’île, l’un rédigé par Bourget et l’autre par Guesnier. Ces rapports sont très hostiles à la liberté générale.

- Le 19 avril 1801, un arrêté consulaire fixe la nouvelle organisation de la Guadeloupe. Elle sera désormais dirigée par un capitaine général, un préfet colonial et un commissaire de justice.

- 29 mai 1801, Lacrosse désigné capitaine général débarque en Guadeloupe.

- 4 juin 1801, Lacrosse destitue plusieurs officiers ayant participé au renvoi de Desfourneaux. L’affaire manque de provoquer l’insurrection.

- 5 juin 1801, Lacrosse déporte une quinzaine de jacobins de Guadeloupe vers la France.

- Lacrosse a également comme instruction de favoriser le retour des émigrés en levant le séquestre de certaines habitations. Cette décision mécontente fortement les fermiers.

- Le 20 juin 1801, il réduit l’effectif des troupes de ligne. Cela entraîne le congé de nombreux volontaires, choisis le plus souvent parmi les hommes de couleur.

- Le 24 juin 1801, la solde des militaires est diminuée.

- Le 30 juin, le général Béthencourt demande un secours de 600 soldats blancs pour renvoyer le même nombre de Noirs à la culture.

- Lacrosse supprime l’arrêté des agents des consuls qui permet à tout militaire absent de la culture depuis la guerre de rester au travail qu’il a adopté. Le Noir Arsène, ancien volontaire et ouvrier d’artillerie, est arrêté par le commissaire de police Régis Leblanc, à l’effet d’être reconduit sur son habitation. Refusant le retour à la servitude, il se suicide de cinq coups de couteau.

- Le 29 août 1801, il est interdit aux cultivateurs de planter et de vendre du coton dans les jardins. Il est demandé aux habitants d’arracher leurs cotonniers.

- Le général Béthancourt, chef de l’armée, décède. Lacrosse prend sa place et écarte le câpre Pélage qui, étant l’officier le plus gradé, aurait dû succéder au défunt.

- Cet acte entraîne, le 8 août, une insurrection des conscrits de Basse-Terre. Le général met Basse-Terre en état de siège et fait traduire devant un conseil militaire tous les individus présumés coupables.

- Le 10 septembre, le conscrit Joseph Lagarde dit Josie tient des propos séditieux contre Lacrosse. Il est jugé le 4 octobre, condamné à mort et exécuté. L’exécution de Josie entraîne un vif ressentiment à la fois au sein de l’élite de couleur, mais aussi dans le groupe des officiers sang-mêlé. Après cette affaire, le bruit court que les premiers déportés ont été envoyés à Madagascar.

- La politique de reprise en main s’accompagne de rumeurs concernant le rétablissement de l’esclavage. La crainte du rétablissement de l’esclavage et des proscriptions unis, dans la même hostilité contre Lacrosse, nouveaux citoyens et libres avant le décret.

- Le 21 octobre, Pierre Gédéon, Joseph Ignace et Magloire Pélage, menacés d’arrestation se rebellent, à Pointe à Pitre. Une trentaine d’officiers blancs sont arrêtés.

- Le 23 octobre, Pélage devient le commandant en chef de l’armée.

- Le 24 octobre, Lacrosse est arrêté avec ses aides de camp sauf Delgrès. Pélage intervient pour éviter l’assassinat de Lacrosse.

- Dans la nuit du 5 au 6 novembre 1801, Lacrosse est embarqué à bord d’un navire à destination de la France.

- Le 10 novembre, Pélage choisit cinq administrateurs provisoires pour gouverner la Guadeloupe, sous le nom de Conseil provisoire.

- Le 12 novembre 1801, le choix du Conseil provisoire est approuvé par l’assemblée des citoyens de Pointe-à-Pitre.

- Toutes les communes ratifient cette décision par la consultation des citoyens actifs entre le 12 et le 26 novembre.

- Le 15 novembre 1801, le Conseil provisoire tient sa première séance. Son premier acte est de jurer fidélité à la France et au gouvernement consulaire. Le Conseil envoie une lettre au Premier consul dans laquelle il présente ses membres comme les meilleurs garants d’une politique de conservation, d’ordre et de modération. Il propose les noms de Rochembeau, Lescallier, Boudet ou Paris pour remplacer Lacrosse.

- Le bâtiment qui transportait Lacrosse est capturé par les Anglais. Arrivé en Martinique (il n’y reste pas), Lacrosse écrit une lettre au Premier consul, le 18 novembre 1801 : « Des scélérats presque tous de couleur ayant nommé Pélage pour leur chef, proclamoient dans la colonie votre assassinat pour augmenter la confiance que leurs partisans devoient trouver dans leur impunité ». Lacrosse commence une intense propagande qui vise à dénigrer le Conseil provisoire pour mieux justifier sa conduite.

- Le 21 novembre 1801, le capitaine général déchu est reçu par le gouverneur de la Dominique, Andrew Cochrane Johnston. Il trouve en lui un allié bienveillant qui met à sa disposition les moyens nécessaires à sa propagande.

- Le conseil provisoire souhaite établir une relation diplomatique avec le gouverneur de la Dominique, mais ce dernier se déclare dans l’impossibilité de correspondre avec les « personnes qui ont usurpé le gouvernement de la Guadeloupe ». Cochrane Johnston joint à sa lettre une proclamation du Premier consul. Ce texte révèle que le préfet colonial Daniel Lescallier et le commissaire de justice Coster, destinés à former avec Lacrosse le gouvernement de la Guadeloupe, sont arrivés en Dominique le 24 novembre 1801.

- La proclamation des trois magistrats est datée du 26 novembre 1801. Elle déclare rebelle le Conseil provisoire et reconnaît comme traître à la patrie tout officier ou fonctionnaire lui obéissant.

- Le 5 décembre, les trois magistrats s’adressent aux puissances neutres ou amies. Ils interdisent à tout navire d’entrer ou de sortir de la Guadeloupe.

- Lacrosse décrit le nouveau pouvoir comme l’émanation d’une insurrection des « hommes de couleur, unis aux Blancs terroristes de la Guadeloupe ». « C’est une guerre des couleurs contre le gouvernement », écrit au ministre un aide de camp de Lacrosse.

- Dans une lettre du 5 janvier 1802, Lacrosse souligne qu’en Guadeloupe, « l’émigration continue ; les menaces sans cesse répétées contre les malheureux Blancs y contribuent beaucoup.

- 15 février 1802, quinze officiers blancs sont arrêtés et déportés.

- Dans la presse parisienne, Pélage et son gouvernement sont vivement critiqués.

- Renversement d’opinion s’effectue dans la presse. Le 9 avril 1802, Le Moniteur assure que la colonie est tranquille, que la culture se poursuit et que le gouvernement légitime y sera rétabli sans rescousse.

- Une importante correspondance est expédié par le Conseil provisoire au Premier consul et au ministre de la Marine et des Colonies. La ligne politique suivie par le conseil provisoire est la fidélité au gouvernement consulaire, mais aussi le refus d’être à nouveau dirigé par Lacrosse.

- Le 3 mai, dans sa dernière lettre au ministre de la Marine et des Colonies, le Conseil provisoire informé de la nomination d’Antoine Richepance comme capitaine général de la Guadeloupe et de son arrivée prochaine à la tête d’une expédition, indique qu’il a préparé logements, vivres et rafraîchissement.

- 6 mai 1802, les troupes de Richepance débarquent en Grande-Terre. Au moment de la relève par les troupes de Richepance des différents postes tenus par les soldats de couleur, certains des officiers proscrits de la Guadeloupe depuis octobre 1801 se font un jeu d’insulter, de désarmer et de déshabiller les soldats de couleur, en les faisant conduire à bord des frégates comme des criminels, en leur disant que Lacrosse allait arriver et qu’il n’y aurait point de grâce pour les insurgés du 21 octobre 1801.

- 100 à 350 hommes avec Ignace, Massoteau, Codou et Palerme d’échappent. Ils craignent la déportation, et les menaces proférées par les officiers fidèles à Lacrosse les conduisent à se mutiner une deuxième fois.

- Dans sa proclamation du 10 mai 1802, Delgrès justifie sa résistance par la crainte du retour de Lacrosse au pouvoir.

- Le 10 mai 1802, les troupes de Richepance débarquent à Baillif et commencent à attaquer les forces de Delgrès.

- Du 14 mai au 22 mai, siège devant le fort Saint Charles.

- Delgrès évacue le fort le 22 mai au soir.

- Le 26 mai 1802, défaite d’Ignace à Baimbridge.

- Le 28 mai 1802, Delgrès se suicide à Danglemont.

- 3 septembre 1802, Richepance meurt. Il est remplacé par Lacrosse.

- Le 4 janvier 1803, un tribunal spécial est installé.

Bilan des victimes guadeloupéennes
- 600 hommes sont morts du 10 au 22 mai au fort Saint Charles
- A Baimbridge, il y a 675 morts et 250 prisonniers exécutés.
- 300 à 400 rebelles sont morts dans l’explosion de l’habitation Danglemont.
- Lacrosse annonce qu’entre novembre et décembre 1802, 940 rebelles ont été tués.
- Les recensements de la population de 1802 et 1803 révèlent une diminution de la population de 3044 individus. Il pourrait s’agir du nombre de pertes civiles, les recensements ne comptant pas les militaires. 3 à 4 000 rebelles seraient morts entre mai et décembre 1802.

Le rétablissement de l’esclavage
- le 15 juillet 1802, l’intendant de Richepance charge le capitaine d’une goélette de mettre à bord six Noirs pour aller les vendre.
- L’arrêté du 17 juillet 1802 replace les cultivateurs dans une servitude complète. Il supprime le salaire des cultivateurs. Chaque habitant dispose désormais de la police particulière de son habitation, et peut infliger les peines de chaînes ainsi que la punition du cachot.
- L’arrêté consulaire du 16 juillet 1802 ne sera jamais publié en Guadeloupe.
- Le 14 mai 1803, l’esclavage est officiellement rétabli.

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Message Publié : 08 Déc 2005 23:10 
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Philippe de Commines
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Inscription : 08 Mai 2002 9:54
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Je suggère ce lien pour compléter l'information:

http://www.empereurperdu.com/forum/phpB ... 71&start=0

Certains faits ne sont pas rapportés avec l'objectivité souhaitable et paraissent tendancieux.


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Message Publié : 08 Déc 2005 23:13 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Roy-Henry a écrit :
Certains faits ne sont pas rapportés avec l'objectivité souhaitable et paraissent tendancieux.


Où ça ? Dans le lien que vous avez signalé ?

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Message Publié : 08 Déc 2005 23:21 
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Philippe de Commines
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Inscription : 08 Mai 2002 9:54
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Non. Le lien présente plusieurs points de vue.

Je pensais à votre chronologie. Ainsi, quand il est dit que Bonaparte n'écoute pas Barbé-Marbois parce qu'il est conscient de la force des troupes de couleur. On est déjà dans l'interprétation.


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Message Publié : 09 Déc 2005 7:10 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Roy-Henry a écrit :
Non. Le lien présente plusieurs points de vue.

Je pensais à votre chronologie. Ainsi, quand il est dit que Bonaparte n'écoute pas Barbé-Marbois parce qu'il est conscient de la force des troupes de couleur. On est déjà dans l'interprétation.


C'est vrai, c'est l'interprétation de l'auteur. Il ne livre pas d'autres informations. Mais il ne faut pas oublier que l'armée en Guadeloupe s'est déjà illustrée et qu'il y a Toussaint Louverture et Rigaud à Saint Domingue.

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Message Publié : 11 Déc 2005 12:46 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Sur un autre forum, Roy-Henry a écrit
Roy-Henry a écrit :
Richepance supposait des communications entre l'entourage de Toussaint-Louverture et les officiers noirs de la Guadeloupe. Quel rôle ont pu jouer les Anglais dans ce processus ? Rappelons qu'ils étaient encore présents en Martinique.


http://www.empereurperdu.com/forum/phpBB2/viewtopic.php?t=2271&start=0

Les Anglais vont soutenir Lacrosse à partir de novembre 1801. Ils vont l'aider dans sa campagne de dénigrement du Conseil provisoire.
Le gouverneur de la Dominique, Andrew Cochrane Johnston, agit ainsi car les Anglais ont un contentieux avec les hommes de couleur :
- ils n'ont pu réaliser l'occupation de Saint-Domingue à cause des armées de Toussaint Louverture et d'André Rigaud;
- ils ont eu à combattre l'insurrection du mulâtre libre Fédon à la Grenade (1795-1796) et la sédition du nègre libre Jean Kina (nuit du 4 au 5 décembre 1800) en Martinique.
- ni la traite ni l'esclavage ne sont abolis par les Anglais à cette date.

Les témoignages anglais révèlent que l'action de Pélage est d'abord considérée comme un complot de mulâtres martiniquais. C'est dans le souci de prévenir une expansion de ce mouvement de gens de couleur qui pourrait gagner la Martinique que main-forte est prêtée aux Français.
Sources : "Esclavage, métissage, liberté" de Frédéric Régent p399

Je pense personnellement que Richepance n'a pas dû beaucoup penser aux Anglais ou à Toussaint Louverture. Entre son arrivée à la Guadeloupe et la mort de Delgrès, il y a à peine 20 jours.

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Message Publié : 11 Déc 2005 12:56 
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Philippe de Commines
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Inscription : 08 Mai 2002 9:54
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Il semble bien que les Anglais étaient partagés dans cette affaire des Antilles françaises. Jusqu'à la signature du traité d'Amiens, les autorités coloniales anglaises ont plus ou moins le souci de ne pas s'opposer aux Français, voire d'appuyer la remise en ordre.

La déception corrélative à la signature du traité, l'absence de traité de commerce avec la France change un peu la donne.

Pour Richepance, il appareille début avril 1802, ayant connaissance des difficultés en Haïti. Ses consignes sont claires: il doit remettre en ordre la colonie de la Guadeloupe et éviter à tout prix l'émergence d'un Toussaint guadeloupéen.

On ne peut pas examiner le dossier de la répression en Guadeloupe sans tenir compte du contexte "haïtien"...


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Message Publié : 26 Avr 2009 16:33 
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Hérodote
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Inscription : 26 Avr 2009 15:50
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Duduche19 a écrit :
- Le 29 août 1801, il est interdit aux cultivateurs de planter et de vendre du coton dans les jardins. Il est demandé aux habitants d’arracher leurs cotonniers.

.


L'Europe est alors en manque criant de coton, car la révolution industrielle a centuplé la production en 20 ans dans la région de Manchester...


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