Plantin-Moretus a écrit :
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Elisabeth-Charlotte d'Orléans, qui suscita chez les fidèles à l'ancienne dynastie une adoration presque hystérique.
En effet, quand le 6 mars 1737, la régente quitte le château de Lunéville pour la cérémonie de renonciation au duché, le chroniqueur Durival décrit ainsi la profonde tristesse des Lorrains :
« On ne saurait peindre la désolation des habitants de Lunéville, les cris, les sanglots, les larmes : les voitures ne pouvaient sortir, le peuple était pêle-mêle à genoux entre les chevaux sous les roues ». Oui! Et le tout, en sachant que Durival n'était pas du tout un nostalgique, un "Vieux-Lorrain", mais un partisan du nouveau régime et de Stanislas! Jamerey-Duval le décrit de façon encore pire, et le prince de Carignan a même dit que c'était une ambiance d'apocalypse que le départ de Lunéville.
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Elle-même est très dure pour son fils François (lettre du 11 juin 1736 à Antoinette-Charlotte de Lénoncourt, marquise d’Aulède, l’orthographe est d’origine). On sent chez elle, en bonne princesse française, presque une haine pour les Autrichiens, mais aussi un profond désarroi, comme en témoigne ces nombreuses répétitions sur sa volonté à rester et à mourir en Lorraine. Et effectivement, elle tiendra parole, puisqu’elle est morte 8 ans plus tard à Commercy :
« Je resoit, Madame, vostre compliment sur la grâces que le roy veut bien me permettre de rester isy, dans mon abitation, qui m’a été donné par contra de mariage. D’abord que le roy le permet, je n’en sortiray sûrement pas, et je ne suis pas comme mon fils, qui préfère d’estre simble suget de l’empereur à estre souvereint. Je ne reconois en rien de mon sang dans tout ce qui vient de faire contre luy mesme, son frère et ces soeur, et je l’orois cru plus de fermeté. Pour le cadet, en a beaucoup et n’a rien consanty à tout ce que les ministre de l’empereur on voulu sur le chapitre de la cessetions de la Lorraine, et je l’en aime encore davantage. Pour l’éné, vouderoit aussy me rendre suget de cette empereur, qui coupe la gorge à sa fille énée et à tous mes enfans, en me voulant faire aler à Bruselle ; mes c’est à quoy je ne consetiray jamais, et resteray isy, puisque le roy le trouve bon, pour y finir mes jours. J’ayme fort la Lorraine et les Lorrains ; je n’en suis point hais,et, par concéquand, je resteray avec eux jusqu’à la fain de mes jours ; mes, pour l’empereur, j’aimeroys mieux mourir tout à leurs que d’estre sous sa dominations. Je vivray de ma vie , car je ceray isy, ou bien à Paris, sy le roi le veut. Pour à luy, il est le chef de ma maison, et je luy obéirray toujours, mes à nulle autre puissance ; et, comme il me permet de rester isy, j’y finira mes jours à ce que j’espère. Je croy que vous trouveray que j’ay raison ; je vous conte trop sur vostre amitiépour na pas croire que vous pancé comme moy sur cela ».
Source : Histoire de la Lorraine, les Temps Modernes, Tome II, G. Cabourdin, Ed. Serpenoise, 1991
Oui!!! Cette lettre est très connue, et quand on en sait un peu sur Elisabeth-Charlotte, on se rend bien compte qu'elle a toujours préféré son cadet Charles-Alexandre à François, qu'elle estime faible, indécis et indigne de son père. Pas mal de lorrains qui ont eu le sentiment d'être abandonnés par François III ne seront pas loin de penser la même chose.
Au passage, il est à remarquer que le séjour toscan de François III (et de nombreux lorrains à sa suite) ne fut pas qu'une partie de plaisir. Beaucoup d'intrigues, de querelles lorrains-toscans... De nombreux courtisans qui avaient suivis François par fidélité en tirèrent quelque amertume.