On notera aussi a une autre epoque, les soeurs Mancini, Olympe devenue la Comtesse de Soisson, Hortense devenue la Duchesse de La Meilleraye, et surtout Marie devenue Princesse Colonna...
LA COMTESSE DE SOISSONS
Olympe Mancini, comtesse de Soissons, née à Rome le 11 juillet 1637, décédée à Bruxelles le 9 octobre 1708, nièce du cardinal Mazarin, connut une vie tumultueuse à la cour de France, entre amours et complots, jusqu'à sa disgrâce, en 1680.
Olympe Mancini était fille de Michele Mancini et de Geronima Mazarini, sœur du cardinal Mazarin. Elle était la sœur de Laure-Victoire, Paul, Philippe, Alphonse, Marie-Anne, Hortense et Marie Mancini.
Le cardinal Mazarin fit venir ses nièces en France, ainsi que leur frère Philippe, en septembre 1647, dans le but de les marier. Olympe n'était pas particulièrement belle mais son charme reposait sur ses yeux pleins de feu. Après un bref exil dû à la Fronde, elle revint à la cour, où elle plut, particulièrement à la reine-mère, Anne d'Autriche, qui prit les Mazarinettes sous sa protection. Louis XIV lui-même courtisa ces jeunes filles, avant que Mazarin ne marie toutes les sœurs d'Olympe, exceptée Marie Mancini.
Le jeune roi commença à courtiser Olympe, la perle des précieuses, à partir de 1654. Pour elle, il organisa beaucoup de fêtes où il la menait toujours danser, et les courtisans assurent que les plaisirs n'étaient faits que pour elle.
D’aucuns s’imaginèrent un peu vite que Louis XIV espérait l’épouser, mais c’était compter sans Anne d'Autriche, sa mère, qui l’en eût défendu. Il fut alors décidé, par le cardinal Mazarin, qu’Olympe épouserait Eugène-Maurice de Savoie-Carignan, comte de Soissons, en février 1657. Le roi ne s’en offusqua pas, pas plus que le comte de Soissons qui fut dépité de voir Louis XIV se détourner d’Olympe ! Celle-ci lui donna huit enfants, dont l'un est Eugène de Savoie-Carignan, dit le Prince Eugène. L’aîné, Louis-Thomas, est supposé être fils naturel du roi, car il naquit en août 1657, soit six mois après le mariage d’Olympe et d’Eugène-Maurice.
Olympe fut très jalouse de la passion du roi pour sa sœur Marie. Elle ne partagea pas sa disgrâce après le mariage du roi avec l’infante d’Espagne, et demeura à la cour avec mari et enfants, en ayant conservé l’estime du roi.
La comtesse se lia alors d’amitié avec la belle-sœur de ce dernier, Henriette d'Angleterre, dite Madame. Louis XIV et Henriette, soupçonnés amants, faisaient de longues promenades dans les bois pendant la nuit, en compagnie d’Olympe, ce qui fit jaser la cour et surtout la reine Marie-Thérèse d'Espagne. Certains affirment qu’Olympe, avide d’intrigues, est à l’origine de la faveur de Louise de La Vallière, pour faire paravent aux amours coupables du roi et de Madame. Mais le stratagème se retourna contre elles, car Louis tomba amoureux de Louise et se détourna de sa belle-sœur, qui s’employa, avec la complicité d’Olympe, à détrôner Louise de La Vallière. La comtesse de Soissons révéla à la reine l’adultère de Louis XIV et de Louise, mais Marie-Thérèse fut impuissante contre son époux.
Olympe se fit alors oublier, jusqu’à la célèbre affaire des poisons en 1679. Elle fut alors accusée d’avoir fréquenté la Voisin et autres devineresses et était dite profonde en crimes et docteur en poisons. La comtesse aurait résolu d’empoisonner Louise de La Vallière, bien qu’elle fût entrée au Carmel depuis plusieurs années, craignant que le roi la fasse revenir à la cour. Elle alla jusqu’à menacer Louis XIV que s’il ne revenait pas à elle, il s’en repentirait. Olympe fut également soupçonnée d’avoir empoisonné son mari, pourtant complaisant, ainsi que Marie Louise d'Orléans, fille d’Henriette d'Angleterre et nièce de Louis XIV.
Le 23 janvier 1680, elle fut priée de quitter la cour sur-le-champ. Bien qu’elle clamât son innocence, Olympe fut définitivement compromise, comme beaucoup de dames de la cour, dans cette affaire et fut contrainte de s’exiler. Elle s'installa alors à Bruxelles et parcourut l’Europe, rejoignant deux de ses sœurs, Marie et Hortense, en Espagne, puis chaque année en Angleterre, revenant régulièrement dans sa résidence bruxelloise. Elle y porta d'ailleurs sur les fonts baptismaux un fils du musicien Pietro Antonio Fiocco et une fille d'Henry Desmarest. Elle mourut à Bruxelles le 9 octobre 1708.
LA DUCHESSE DE LA MEILLERAYE
Hortense Mancini (1646, Rome - 1699, Chelsea) était une nièce du cardinal Mazarin et la sœur de Laure-Victoire, Paul, Olympe, Marie, Philippe, Alphonse et Marie Anne Mancini, l'une des plus belles femmes de son siècle.
Elle fut amenée à Paris à l'âge de six ans et élevée par les soins du cardinal Mazarin, son oncle, qui avait pour elle une tendresse de père. Le roi d'Angleterre Charles II et le duc de Savoie la demandèrent en mariage ; mais le cardinal ne crut pas pouvoir accepter l'honneur que lui faisaient deux souverains de rechercher son alliance.
Il maria sa nièce, le 1er mars 1661 au duc de la Meilleraie. (Armand-Charles de la Porte, duc de Mayenne et de La Meilleraye), sous la condition que celui-ci prendrait le nom et les armes de Mazarin.
Jamais union ne fut plus mal assortie : Hortense, jeune, vive et légère, aimait le monde, où elle se voyait sans cesse entourée d'une foule d'adorateurs ; le duc de Meilleraye au contraire, avare et jaloux, exagéré dans sa dévotion, fuyait la société et obligeait une femme dont la dot, avait été de trente millions de renoncer au séjour de Paris et de le suivre de ville en ville dans ses différents gouvernements. Elle résidera ainsi avec lui au Grand-Logis de Mayenne.
Hortense prit enfin la résolution de s'affranchir de ce qu'elle appelait un esclavage odieux ; et elle l'exécuta par le secours de Philippe, duc de Nevers, son frère, qui lui procura des chevaux et une escorte pour se rendre à Rome, où elle comptait se réfugier auprès de sa sœur Marie, la connétable Colonna.
Son évasion eut lieu dans la nuit du 13 juin 1668. Le duc de Meilleraye, qui, plaidait alors contre sa femme, rendit plainte au parlement contre le duc de Nevers pour avoir favorisé le départ d'Hortense, et obtint un arrêt par lequel il était autorisé à la faire arrêter partout où on la trouverait. Cependant Hortense, ennuyée des tracasseries, qu'elle avait à essuyer de la part de ses parents, écrivit au duc de Mailleraye pour le prier de lui pardonner son étourderie et de la recevoir, promettant de ne se conduire à l'avenir que d'après ses conseils ; mais il lui fit répondre que, quand elle aurait demeuré deux ans dans un couvent, il verrait ce qu'il aurait à faire. L'argent qu'elle possédait fut bientôt épuisé : il ne lui restait que ses pierreries, qu'elle engagea pour une somme très inférieure à leur valeur ; et elle repassa en France afin de solliciter une pension sur les grands biens qu'elle avait apportés à son mari.
Le roi Louis XIV, qui s'était déclaré son protecteur, fut touché de sa situation ; il lui fit obtenir une pension annuelle de vingt-quatre mille livres et douze mille livres argent comptant pour s'en retourner à Rome, ce que son mari était loin d'approuver. Elle s'enfuit de cette ville peu de temps après avec sa sœur la connétable. En quittant celle-ci, elle se retira à Chambéry, où elle séjourna trois années dans la société des personnes les plus distinguées par leur esprit et par leur naissance. Après la mort de Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, qui à son tour s'était aussi déclaré son protecteur, craignant de n'avoir pas également à se louer de la régente, elle passa en Angleterre (1675) suivie de l'abbé de Saint-Réal, qui avait conçu pour elle beaucoup d'attachement.
Charles II l'accueillit avec bienveillance et lui assigna sur sa cassette une pension de quatre mille livres sterling ; elle aurait probablement remplacé la duchesse de Portsmouth dans le cœur du monarque anglais, si elle ne se fût pas montrée sensible aux soins que lui rendait le prince de Monaco. Charles, irrité delà préférence qu'elle semblait accorder à son rival, supprima la pension qu'il lui faisait ; mais il la rétablit quelques jours après, honteux de s'être abandonné à un mouvement de jalousie qui n'avait aucun motif réel.
La maison d'Hortense devint bientôt le rendez-vous des hommes les plus aimables et les plus spirituels de Londres ; parmi les beaux esprits qui s'y réunissaient, on cite Justel, Vossius, Gr. Leti et Saint-Evremond. Elle parut s'occuper elle-même de l'étude avec beaucoup d'ardeur ; mais au goût innocent des lettres succéda celui du jeu de la bassette : elle y passait les nuits, perdant des sommes considérables sur sa parole, et faisant payer quelquefois ses sottises à ses amis. Cependant, obsédée comme elle l'était d'une foule d'adorateurs, elle se. décida enfin à faire un choix : elle jeta les yeux sur le baron de Banier, gentilhomme suédois d'un mérite rare ; la préférence qu'elle lui marquait excita la jalousie du prince Philippe de Savoie, son neveu[1] ; il provoqua Banier en duel et le tua d'un coup d'épée (1683).
Hortense fut affectée vivement de cette catastrophe ; elle fit tapisser sa chambre de noir, et y resta enfermée plusieurs jours sans vouloir prendre aucune nourriture. Saint-Evremond, le meilleur de ses amis, lui remontra combien elle se nuisait elle-même en affichant une douleur si excessive ; elle répondit qu'elle était décidée à passer en Espagne et à finir ses jours dans le couvent où languissait sa sœur la connétable ; mais il n'eut pas de peine à lui prouver qu'elle ne pourrait jamais s'accoutumer à la vie régulière et tranquille d'une religieuse.
Cependant, avec la santé, Hortense reprit le goût des plaisirs, et elle rouvrit sa porte à la plus brillante société de Londres. La révolution d'Angleterre, qui appela au trône Guillaume de Nassau, la priva de la pension qu'elle recevait, son unique ressource. Le duc de Mazarin profita de cette circonstance pour lui intenter un nouveau procès (voir: Claude Erard) ; et il-obtint, en 1689, un arrêt du grand conseil qui la déclarait déchue de tous ses droits dans le cas où elle refuserait de revenir avec lui
Hortense représenta qu'elle avait contracté des dettes et qu'elle ne pouvait pas sortir d'Angleterre sans avoir payé ses créanciers. Tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle tenta fut inutile : elle vit ses meubles saisis et elle se trouvait exposée au plus grand dénuement, lorsque le roi Guillaume, informé de sa situation, lui assura une pension de deux mille livres sterling. Elle revint alors à ses habitudes, passant l'hiver à Londres et la belle saison à Chelsea, village sur les bords de la Tamise, où elle goûtait les plaisirs de la campagne. Elle y tomba malade au mois de juin et y mourut le 2 juillet 1699. À sa mort, les habitants de Mayenne firent célébrer un service pour l'âme de leur duchesse et envoyèrent au duc et à son fils une lettre de condoléances.
Hortense n'avait encore rien perdu de sa première beauté ni de ses agréments. Elle avait toujours eu beaucoup d'indifférence pour la vie ; et elle ne démentit point les sentiments qu'elle avait témoignés à cet égard, Elle était douée d'un esprit vif et parlait d'une manière très agréable ; mais jamais elle n'eut la prétention de passer pour auteur : une preuve que l'on en peut donner, c'est qu'elle permettait à Saint-Evremond de la railler, sur ses fautes d'orthographe.
Elle fut l'arrière-grand-mère des quatre sœurs de Nesle, maîtresses successives de Louis XV, et, par son arrière-arrière-petite fille Louise d'Aumont, l'ancêtre des actuels princes de Monaco de la dynastie Grimaldi.
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