Encore une légende: d'Eon n'a JAMAIS été lectrice (ou quoi que soit d'autre) au service de la tsarine. Il l'a rencontrée, puisqu'il était envoyé de la France en mission à la cour de Russie, c'est tout. Et en costume masculin, en plus, sauf pour les bals masqués de celle-ci où elle avait fixé pour règle que les hommes s'habillaient en femmes, et les femmes en hommes..

Ah, j'ignorais. Merci de ces infos Tonnerre.

You are welcome; quand j'ai commencé à m'intéresser au chevalier d'Eon pour des raisons familiales, j'ai réalisé que pratiquement tout ce qu'on racontait sur lui n'était que légendes, fantasmes et ragots.
Le récent livre d'Evelyne Lever ramène son histoire dans la réalité.

Récemment, j'ai entendu dire qu'il souffrait du syndrome de Klinefelter. Comme l'origine chromosomique de cette maladie n'a été découverte qu'en 1959, cette hypothèse est peut-être fondée.

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"Et malgré la terreur de pourrir sur le sol,
Faites que cette chute ait la grâce d'un vol."

Regardez plus haut dans le fil, cette hypothèse a été discutée, et sur la base des symptomes de cette maladie, et de ce que l'on sait de l'aspect physique de d'Eon, elle n'est pas plausible.
De toute façon, pourquoi vouloir à tout prix considérer le goût du travestissement féminin comme une pathologie? C'est une bizarrerie peut-être mais certainement pas une maladie.
En plus, pour d'Eon, il semble qu'il se soit agi en partie d'une contrainte: à la fin de sa vie, il fut forcé à garder le costume féminin pour des raisons politiques, et il en a souffert.
Je ne veux pas dire par là qu'il n'y avait pas d'autres motivations au travestissement du personnage, mais que ces circonstances politiques sont devenues très prégnantes à la fin de sa vie.
Je pense que d'Eon aimait s'habiller tantôt en homme, cad vivre la vie d'un officier dans une compagnie de dragons, monter à cheval, se battre à l'épée, etc. Et tantôt s'habiller en femme. En fait, passer de l'un à l'autre, avoir les deux registres à sa disposition, pour les facilités professionnelles et personnelles, et la plus grande liberté, que cela lui offrait.

Je me demandais comment, par l'intermédiaire de quel protecteur, d'Eon était entré au "Secret du roi", le réseau d'agents secrets que Louis XV avait créé pour être informé directement sur les agissements et plans des pays européens en matière de politique extérieure. C'est le prince de Conti qui fut choisi pour diriger le Secret du roi, et les agents qu'il y recrutait sous son entière responsabilité ne répondaient qu'à lui et au roi, et rien de ce qu'ils faisaient ne devait être connu des ministres ou des diplomates fraçais en poste dans les pays où ces agents étaient envoyés en mission.
J'ai trouvé la réponse dans le dernier livre paru sur d'Eon, celui d'Evelyne Lever "Le Chevalier d'Eon, une vie sans queue ni tête".
Dans le cours de sa vie mondaine, d'Eon était entré en contact avec le prince de Conti, cousin du roi. Lorsque le prétendant Stuart, Charles Edouard, (surnommé en Ecosse "Bonnie Prince Charlie), allié des Français contre les Anglais, avait été arrêté à Paris à l'Opéra sur l'ordre de Louis XV, parce que le monarque avait finalement accepté de reconnaître les Hanovre et d'éloigner les Stuart de France, le prince de Conti avait généreusement recueuilli chez lui l'un des proches du prétendant écossais, Mackenzie Douglas, et d'Eon s'était aussi lié d'amitié avec cet Ecossais.
Lorsque Louis XV voulut envoyer en Russie des émissaires secrets pour empêcher ce pays de se rapprocher de la Prusse et de l'Angleterre et si possible soutenir le camp pro-français à la cour de la tsarine Elizabeth II ( camp dont l'avocat était le vice-chancelier de la tsarine, le comte Vorontsov), Conti suggéra d'envoyer son protégé Douglas, et d'Eon fut chargé de l'accompagner, ce qui allait changer radicalement le cours de sa vie.

(Petite parenthèse : le Secret du Roi a émergé, en premier lieu, pour essayer de mettre le prince de Conti sur le trône de Pologne. D'où le fait que Conti était à sa tête. L'élargissement des missions du Secret à d'autres territoires me semble avoir été la conséquence de l'échec de cette "aventure" polonaise.)