Effectivement, les raisons sont multiples. Difficile de dresser un tableau exhaustif des raisons qui poussent à un affaiblissement de l’autorité royale et de l’emprise de la religion sur la France de l’époque.
On peut mettre en avant la prise de conscience populaire par l’évolution de l’ « espace publique » selon l’expression de Roger Chartier (« l’espace où des personnes privées font un usage public de la raison » tel qu’il le définit). D’une absence de critique vis-à-vis de l’autorité sacrée du pouvoir royal dont il est difficile de se détacher, on gagne en indépendance, on introduit le doute et la critique. On prend conscience du caractère absolutiste du pouvoir monarchique, même si on ne remet pas en cause les fondements même de l’autorité royale. Il y a un détachement vis-à-vis du pouvoir royal. Comme on le fait remarquer plus haut, tout ça s’accompagne de la multiplication des textes imprimés qui encourage la diffusion des Lumières, conséquence de l’évolution de la conscience populaire. On peut ajouter à cela nombre d’autres raisons : le blocage des institutions, la contestation parlementaire croissante à partir de la 2nde moitié du siècle, les crises consécutives de la politique extérieure (la paix blanche de la Guerre de succession d’Autriche, l’humiliation de la Guerre de Sept Ans) et intérieure (l’alourdissement de l’autorité de l’Etat par les tentatives de réformes pour rétablir les finances, etc.).
Sur le plan religieux on assiste aussi à un affaiblissement de l’emprise de la religion. Il y a un détachement vis-à-vis du catholicisme (c’est d’ailleurs davantage cela dont il est question, plus que d’une déchristianisation à laquelle on fait souvent référence) par l’apparition de la rationalisation. Le XVIIIe, c'est le siècle de la raison. Mais si là encore les causes sont plus nombreuses et complexes (querelles religieuses, conflit entre réguliers et séculiers, etc.). Tout ça se traduit par un affaiblissement de la pratique religieuse, un recul de la ferveur, même s'il existe des disparités entre les régions. C’est un phénomène d’ailleurs qui est lié à l’érosion de l’autorité royale, qui entraîne une désacralisation du pouvoir royal.
Voilà pour faire court un petit aperçu, bien rapide, des raisons qui concourent à la fragilisation de l'autorité que vous évoquez.
_________________ « Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin. »
Candide, Voltaire, 1759.
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