J etudie un Compoix de 1789 (village des corbières) - la somme demandée à la communauté est de 4 500 livres, si je fais la somme de la taille du Compoix, j'arrive péniblement à 400 livres, qu'en est il, dans quelle direction dois je chercher pour recomposer le total de la Mande du Diocèse? merci (le compoix et la Mande ne sont pas de la même date - mais 1780 pour la Mande et 1789 pour le Compoix).

_________________
non moins que savoir, douter me plait. Dante

Je ne suis pas du tout spécialiste des compoix, mais je sais tout de même qu'un compoix est établi pour plusieurs années. Le brevet de la taille lui, est établi chaque année et son partage aussi. J'en conclue que les sommes que vous trouvez sur le compoix ne peuvent pas être la répartition de la taille pour cette année là, mais cette réflexion est sous toutes réserves.

_________________
Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII

D'accord avec vous, mais l'appel de la Mande Diocésaine est dix fois supérieure au rapport de la taille, comment se faisait donc le complement des autres impots?

_________________
non moins que savoir, douter me plait. Dante

En fait ma question est peut être mal posée; de quels éléments se compose la Mande Diocèsaine .

_________________
non moins que savoir, douter me plait. Dante

Salut !

Je fais ma thèse sur les compoix et l'histoire languedocienne de la fiscalité.

La mande est de 4500 livres : aucun problème.
Ce qu'on appelle "l'allivrement total" du compoix, que vous avez eu le courage de calculer, est de 400 livres : c'est le revenu imposable de la commune.
Votre problème est simple : d'un côté, la mande = de l'argent REEL ; de l'autre, le compoix = de la monnaie DE COMPTE, virtuelle quoi.
Ca veut dire qu'en 1789, si on demande 4500 livres au patelin, chaque livre de compoix devra payer 4500:400=11,25 livres d'impôt. Ce taux, ce rapport entre livre de compoix et livre réelle, on l'appelle au XVIII° la "livre livrante".

C'est central : si un propriétaire, Pépito, possède quinze parcelles, dont le total des allivrements atteint 2 livres "de compoix", le greffier consulaire (secrétaire de mairie) saura A L'AVANCE qu'il doit 22,5 livres d'impôt à remettre au(x) collecteur(s).

Ingénieux, non ? C'est le principe de l'impôt dit DE REPARTITION : les compoix permettent de savoir à l'avance quel pourcentage de l'impôt du village doit payer chaque contribuable.

Ce que contient la mande ? Honnêtement, peu importe. Disons que les étapes sont les suivantes :
-à Paris, le Conseil du Roi veut demander telle somme au Languedoc ;
-à Montpellier, les Etats (conseil régional) approuvent et augmentent cette somme de leurs propres et énormes (on est au XVIII°) frais de fonctionnement ;
-chacun des 24 diocèses civils (arrondissements) reçoit ainsi cette mande et connaît à l'avance son pourcentage d'impôt (Gévaudan=5,4 % du Languedoc) ;
-chaque "assiette diocésaine" répartit cette mande, augmentée de ses frais de fonctionnement, auprès de ses villages constitutifs ;
-chaque village connaît à l'avance son pourcentage d'impôt (Marvejols=3,5 % du Gévaudan) ;
-chaque village prépare son rôle de taille de l'année avec un préambule : la mande est encore augmentée des dépenses communales ;
-le rôle de taille dresse la liste des contribuables, recopiée dans le compoix, où chacun sait à l'avance quel pourcentage il va casquer.

Continuez, courage.

J'oubliais.

Avec le système de répartition et des compoix, cela veut dire qu'il n'a manqué au Languedoc des XVI°-XVIII° siècles qu'une seule chose : l'informatique !

Si toutes les données par villages (2687 dans la province) et arrondissements (24 à cette époque) avaient été rentrées dans une base de données de la Cour des Aides de Montpellier, il aurait été possible de calculer LE JOUR-MEME combient devait payer chaque contribuable de la plus grande province du royaume.

Les temps ont bien changé, non ?

merci à vous..... plus je découvre, plus de questions se posent.
Après 1789, je suis remonté au Compoix de 1635, plus languedocien que jamais, aussi passionnant avec d'autres interrogations, outre le seigneur du lieu pour ses terres roturières, je trouve dans le Compoix deux personnages dont je n'ai jamais entendu parler Monsieur DARMISSAN alivré pour 100 livres ( ce qui est enorme pour l'époque) et Monsieur DE LAs VaLS ( une propirété sise dans l'Alaric) qui sont ces "Monsieur"?? nobles forains ou Bourgeois ?? si vous avez l'info? Par ailleurs les archives du Languedoc snt elles accéssibles? et ou? merci.

_________________
non moins que savoir, douter me plait. Dante

Regardez l'Armorial général d'Hozier de 1696 qui a été entièrement publié par monsieur d'Izarny. Cet armorial qui n'est autre qu'un impôt sur la notabilité et la fortune vous donne la liste de toutes les familles nobles, bourgeoise ou notables de la Province. Vous y trouverez votre famille d'Armissan (si je ne m'abuse un petit village près de Narbonne). Elle devait posséder des terres chez vous. L'encadastrement du Languedoc est une merveille que tous les pays de langue d'oil nous envient...

Merci à vous. Entre temps j'ai trouvé ces deux seigneurs (M. de MOUX et Darmissan) impliqués et partisans de Montmorency en 1632. Furent ils demis de leur seigneurie, prisonniers ou tués à la bataille de Castelnaudary? la suite est passionnante.

_________________
non moins que savoir, douter me plait. Dante