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Message Publié : 06 Mai 2008 16:39 
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Eginhard
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Inscription : 22 Mai 2003 16:34
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En 1814 mourait à Barcelone, loin de sa patrie et dans l'oubli, un prince français, Louis-François-Joseph de Bourbon, prince de Conti. IL était le dernier prince de sa lignée et avec lui s'éteignit faute de descendance, le nom d'une grande famille de princes du sang de France.

De son vivant, Louis-François-Joseph fit peu parler de lui et cette discrétion voulue ou subie fut fatale. Très peu d'historiens se sont intéressés à sa vie et il faut faire preuve de beaucoup de persévérance pour retrouver quelques échos de ce prince très méconnu. Il semble avoir été peu considéré dans son siècle.
Le prince de Montbarrey dit de lui dans ses Mémoires :

"Si dans les premières campagnes qu'il fit pendant la guerre, il ne se distingua d'aucune manière marquée, on peut je crois, en accuser la position désavantageuse ou il se trouva toujours ; à peu près du meme âge que le prince de Condé, et toujours primé par lui, il sembla ne jouer qu'un rôle secondaire. Cette situation pénible fut la cause ou le pretexte de sa retraite ; ce qui le condamna à une nullité presque absolue, soit à la Cour, soit à Paris. L'Etiquette et les grandes cérémonies le ramenaient quelquefois sur le grand théâtre, mais il en disparaissait presque toujours."

Exercice difficile, à partir de bribes fragiles de dresser un tableau objectif de sa personnalité et de son itinéraire princier...
L'ombre tutélaire de son père, brillant intellectuel, philosophe et mécène, associé à la politique secrète de Louis XV, le relégua peut-être dans un effacement délibéré. Les notices consacrées
à son fils étonnent par leur sécheresse d'informations et ne révèlent rien d'original.
Son engagement pendant la guerre de Sept Ans ressemble à un rôle de figuration. En revanche, ses positions politiques paraissent plus tranchées et indiquent une inclination vers le maintien de la monarchie dans sa forme traditionnelle, voire dans son renforcement. N'a t-il pas été le seul des princes du sang à approuver la suppression des Parlements en 1771 ? et n'a t-il pas signé en 1788 aux cotés du comte d'Artois la fameuse Adresse au Roi qui préconisait la réunion des Etats Généraux par ordre et non par tête ?
Sur de nombreux points de vue, le dernier prince de Conti semble avoir été l'exacte antithèse de son père, philosophe et partisan des idées nouvelles. Qui était-il vraiment ? Fut-il condamné "à une nullité presque absolue" comme le déclare Montbarrey ou faut-il reconsidérer sa biographie ?

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Dominique Poulin


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Message Publié : 06 Mai 2008 16:48 
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Eginhard
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Inscription : 22 Mai 2003 16:34
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Quelques titres sur les princes de Conti au XVIIIe siècle :

- Sur le dernier prince de Conti :
"Le dernier prince de Conti à l'Isle-Adam 1776-1789" de Pierre Terver, publié par la Société historique de Pontoise/1987

- Sur le père du dernier prince de Conti :
"Le prince de Conti, un cousin encombrant" de Jean Haechler/Tallandier/2007

- Sur la femme du dernier prince de Conti :
"La dernière princesse de Conti, Fortunée-Marie d'Este 1734-1803" de Pierre Houdion/ L'Harmattan/2007

-Sur le mécénat des princes de Conti :
"Les trésors des princes de Bourbon Conti" publié par Somogy Editions d'Art/2000

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Dominique Poulin


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Message Publié : 09 Mai 2008 8:19 
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Plutarque
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Inscription : 25 Juin 2004 14:38
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Localisation : Barcelone
Effectivement, les sources restent tres minces sur celui qui fut le dernier prince de Conti. L´ouvrage consacre a son epouse Marie Fortunee d´Este Modene, et partu recemment aux editions de l´Harmattan, la vie du prince est melee a celle de la princesse, et reste donc une source d´informations precieuses notamment sur leur vie conjugale qui ne fut guere brillante. Le prince repugnait semble t´il a s´engager avec une princesse de la famille d´Este-Modene et ce mariage impose serait non pas l´origine de la brouille du prince et de son pere mais du moins la goutte d´eau qui fit deborder le vase.


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Message Publié : 14 Mai 2008 10:44 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 10 Mars 2005 16:29
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Voilà quelques notes que j'avais relevées dans un ouvrage consacré à un village dans lequel il possédait un château :

Dans Le Plessis Trévise, 2000 ans d’histoire :
[création de la commune en 1899, la propriété se trouvait avant sur Villiers sur Marne]

Appartient de 1776 à la Révolution à Louis François Joseph de Bourbon prince de Conti (1734/1814), fils de Louis François de Bourbon, prince de Conti, grand prieur de France (1717/1776), lui-même fils de Louis Armand de Bourbon, grand prieur de France (1695/1727).
Il revient en France en 1790
Nommé commandant de la Garde Nationale de l’Isle Adam en 1793
Déporté à Marseille.
Le château sert de dépôt à la Monnaie de Paris pour entasser l’argenterie saisie aux nobles et aux établissements religieux de la région.
Il est acquitté et on lui restitue le château, puis dépossédé par le bannissement de France des Bourbons.


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Message Publié : 04 Juin 2008 15:57 
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Eginhard
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Inscription : 22 Mai 2003 16:34
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Personnage princier modeste du XVIIIe siècle, le dernier prince de Conti demeure un personnage méconnu, voire inconnu, faute de travaux historiques approfondis.
L'unique chercheur, à ma connaissance, Mr Pierre Terver, qui s'est intéressé à lui, a présenté l'oeuvre architecturale de Louis-François-Joseph de Bourbon à l'Isle-Adam, mais son livre ne se base pas sur une réflexion biographique. Il est presque uniquement consacré à la politique de constructions du prince de Conti dans son domaine de chasse.

Pour retrouver les rares empreintes de cette altesse, quelques biographies de Louis XV et de Louis XVI le citent parfois, mais presque toujours sur un ton evanescent... Le prince de Conti disparaît aussitôt qu'il apparaît ! La raison principale en revient peut-etre au fait qu'il porta la moitié de sa vie le titre de comte de La Marche de sa naissance en 1734 jusqu'à la mort de son père en 1776.
Louis-François-Joseph de Bourbon n'a joué aucun rôle public, mais il semble pourtant avoir été un "prince courtisan" avant tout soucieux de ses intérêts et de sa situation personnelle. Les mirages et les bienfaits qu'il pouvait tirer du pouvoir en place paraissent avoir été de puissants leviers dans la psychologie de de prince, quitte à manquer de srupules ou à faire preuve d'une grande désinvolture.
Ainsi, un jour il demanda la croix de Saint-Louis pour l'une de ses créatures. Choiseul, Secrétaire d'Etat à la Guerre la lui refusa. La Marche, outragé dans son statut de prince du sang ne l'entendit pas et menaça le ministre de sa canne ! Les plaintes du duc de Choiseul auprès de Louis XV furent sans effet et le ministre fut contraint de faire ses excuses au cousin du roi. C'est alors que l'héritier de la maison de Bourbon-Conti laissa tomber ces paroles méprisantes :
"Apprenez, monsieur, que les prières d'un homme comme moi sont des ordres pour un homme comme vous !".
Opportuniste, le comte de La Marche s'attira successivement la considération de Mme de Pompadour, alors que la favorite royale detestait son père, puis de Mme du Barry qui l'invita à plusieurs reprises dans son cercle notamment au souper qui suivit sa présentation à la Cour le 22 avril 1769. La dernière favorite de Louis XV devait l'apprécier ou compter sur lui car il fut choisi comme parrain de Zamor, son jeune page noir. Tous ces détails tendraient à corroborer l'opinion que le prince ne négligeait rien pour ce faire bien voir du roi.

La rivalité fondamentale entre le dernier prince de Conti et son père mérite d'être soulevée, deux motifs de frictions ayant achevé de les opposer.
Le premier reposait sur son mariage avec Fortunée-Marie d'Este, princesse de Modène. A vingt-cinq ans, le comte de La Marche préférait le prix de sa liberté à celui de son mariage. La tutelle paternelle le lui imposa et il dut épouser, contraint, la très sèche et conformiste princesse de Modène. Ce fut un pur mariage de convenance et les deux époux ne le furent que sur le papier !
Le comte d'Espinchal l'affirme dans son Journal d'Emigration :
"Aussi n'a t-il jamais voulu habiter avec son épouse dont il a fini par se séparer après avoir demeuré tres longtemps dans la meme maison sans se voir."
Le second grief reposait sur la question de la réforme du parlement imposée par Louis XV en 1771. Le père était passionèment contre tandis que le fils répugnait à encourir les foudres de la disgrace royale. La chronique de l'époque dit que le comte de La Marche aurait été acheté trois ou quatre millions pour payer sa loyauté envers le roi, mais il est difficile de le prouver, d'autant plus que ces pots-de-vins paraissent exorbitants. En tout cas, le chef de famille et son héritier furent désormais brouillés à mort à tel point que le prince de Conti désherita son fils. Le père ne devait réviser son testament qu'in extremis à la veille de son décès.

Sur le plan privé, implicitement séparé de sa morne épouse, le comte de La Marche préférait les femmes capiteuses. IL entretint une longue relation avec Coraline, une actrice du Théâtre-Italien, dont il eut deux fils naturels, Louis-François Véronèse, chevalier de Vauréal (1761-1785) et Pierre-Antoine Véronèse (1767-1846).

Le 2 août 1776, Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de La Marche, prince du sang, devient effectivement le nouveau prince de Conti à la mort de son père. IL a quarante-deux ans et ne jouera aucun rôle significatif sous Louis XVI. Le roi le reconnaît pourtant dans sa nouvelle dignité lorsque quelques jours plus tard le prince se présente à lui :
"Le comte de La Marche a pris le nom de prince de Conti après avoir été appelé ainsi par le roi à son lever" remarquait le comte de Creutz, ambassadeur de Suède en France.

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Dominique Poulin


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Message Publié : 23 Juin 2008 7:31 
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Hérodote
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Inscription : 30 Avr 2007 18:06
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Localisation : Bordeaux
Est-ce ce prince de Conti que Louis XV destinait à monter sur le trône de Pologne ?


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Message Publié : 23 Juin 2008 9:28 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 26 Déc 2005 21:13
Message(s) : 1829
Localisation : Metz
Non, Louis XV avait eu un projet pour mettre le père de ce dernier Conti sur le trône de Pologne, mais l'affaire était moins engagée que celle de Louis XIV, qui avait espéré mettre François Louis de Bourbon, "le Grand Conti" (et arrière-grand-père du dernier Conti) sur ce trône.

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)


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