Rebonjour,
Je reviens pour ajouter un peu de documentation au débat : les poncifs grossiers concernant Louis XVI contre lesquels ont lutté les Girault ou Evelyne Lever existent, et on les trouve assez facilement dans des ouvrages de vulgarisation, ou scolaires, ou encore dans des parodies, si on cherche dans l’ancien.
J’ai feuilleté le Mallet et Isaac, qui date des années 20, et il en donne un « exemple-type » :
« Louis XVI ignorait tout du gouvernement : on ne s’était pas occupé de lui apprendre son métier de roi. C’était un gros garçon, gauche et lourd, qui avait un robuste appétit, ne se plaisait guère qu’à la chasse ou dans son atelier de serrurerie. Il était honnête et bon, il avait le désir du bien. Mais il était d’une faiblesse de caractère qui le laissait à la merci de toutes les influences. »
Et plus loin, au bas d’un portrait par Boze de 1785 : « Le roi est déjà envahi par l’obésité ; il était gros mangeur et doué d’un appétit formidable. Il fait « des repas si immodérés, écrit l’ambassadeur autrichien, qu’ils occasionnent des absences de raison. » Nez busqué à la Bourbon, lèvres gourmandes, épaisses et rouges, triple menton. Les yeux bleus-gris ont de la douceur. Mais l’ensemble de la physionomie est mou, avec quelque chose qui frise la niaiserie. »
On est en plein dedans... J’ajoute, parce que personnellement j’adore ça (j’ai mauvais goût, je sais, mais tant pis, j’assume
) et parce que c’est un bon « condensé » des poncifs sur l’histoire de France « populaire », ce portrait de Louis XVI par San-Antonio :
Le commissaire discute d’histoire avec son adjoint, l’ « Hénaurme » Bérurier : il décrit Louis XVI.
« C’était toi, lavé et rasé. D’ailleurs vous vous ressemblez un peu. Ton côté bourbonien, toujours... A la mort de Louis XV, son grand-dabe, il avait vingt berges. Quand il s’est vu roi, il a eu les jetons, ce timoré. « Je suis trop jeune pour porter un tel fardeau », gémissait-il. Ca faisait ricaner tout le monde, tu penses ! A son âge, ses prédécesseurs régnaient déjà depuis belle lurette. (...) Louis XVI n’avait donc aucune aptitude pour exercer ce métier. Voilà pourquoi il était plus petit après son règne qu’avant.
- Je m’ai laissé dire qu’il était serrurier de son second métier ? interroge le Mahousse.
- Exact, Gros. Nous comprenons mieux à quel point le pauvre Loulou a été victime d’une erreur d’aiguillage. La monarchie était vouée à l’échec puisqu’elle portait à sa tête des êtres incapables de gouverner. Cet homme qui eût sûrement fait un excellent serrurier n’a pas su être un roi potable, déplorons-le, mais voyons un peu ce qu’il était sur le plan humain. Nous avons dit un gros joufflu mollasson. Mou, il l’était plus encore par le bas que par le haut, puisqu’il est resté sept ans avant de pouvoir consommer son mariage »
Et c’est parti pour trois pages sur l’impuissance de Louis XVI. Les amateurs iront lire ou relire la suite. Mais tout y est... Il est bien vrai que le personnage avait besoin d’un bon coup de décapant, le pauvre.
Cordialement,
CC