Alain.g a écrit :
Les mesures proposées par Turgot étaient remarquables pour leur temps. Par exemple pour le territoire, il propose au roi d'instituer une administration locale des villages gérée partout, et pas seulement dans les villes, par des élus, sans aucune distinction d'ordres, les électeurs étant les propriétaires, une novation pour l'époque. Chaque village fixera les impots et aura un budget pour gérer et investir dans des travaux. Turgot invente l'administration communale du territoire.
Un tel réformateur n'avait aucune chance de convaincre un roi dont la marge de manoeuvre était quasiment nulle et une société qui était non réformable. Il arrive trop tard ou trop tôt.
Fénélon, le marquis de Mirabeau, le marquis d'Argenson avaient précédemment proposé la participation des sujets à la gestion des affaires, notamment à travers la création d'assemblées provinciales. Malesherbes n'avait-il pas avant Turgot, en 1775 pris position dans un discours officiel à la Cour des aide pour l'élection par les propriétaires d'assemblées fixant et répartissant l'impôt ?
Turgot et Du Pont ( c'est lui le vrai rédacteur du projet) en proposant le système des municipalités, alors que le sort du ministre est déjà scellé, voulaient modifier la structure de l'État et limiter ainsi l'absolutisme royal. Ce projet ne tenait pas compte de la société d'Ordre et remettait en cause la centralisation royale, il ne pouvait qu'échouer.
J-C Petitfils affirme que le mémoire sur les municipalités ne sera connu de Louis XVI qu'en 1788... Si c'est vrai, c'est dire son peu de retentissement à l'époque. Turgot affirma par la suite n'avoir pas osé proposer un roi un tel projet. Encore une fois, les projets théoriques de Turgot sont extrêmement séduisants, mais il est difficile de trouver des réalisations concrètes de ces projets.
Necker proposa par la suite la création de nouvelles assemblées provinciales basées sur la société d'Ordre et principalement sur la noblesse provinciale. Refus renouvelé de Louis XVI qui désirait conserver la traditionnelle administration royale autour de la personne de l'intendant.
Cette idée de la réprésentation est donc une fille du siècle plutot qu'une intuition remarquable de Turgot.
Notons en dernier lieu que le renvoi de Turgot s'explique par plusieurs facteurs :
Le premier et le plus important concerne la haine de la reine à l'encontre du ministre suite à l'affaire du comte de Guines.
Le second s'explique par le "pacifisme" du ministre qui en cette année 1776 s'oppose à une guerre directe contre l'Angleterre.
Le troisième et finalement le plus décisif tient dans la personnalité de Louis XVI. "M.Turgot veut être moi, et je ne veux pas qu'il soit moi !" Turgot se comportant en principal ministre veut placer ses affidés aux postes clés de la monarchie, il veut également par les six édits accélérer les réformes ainsi il se coupe de Maurepas et tente d'augmenter son emprise sur le roi.
En conclusion, le renvoi de Turgot se résume au mot disgrâce.