Que pensez-vous du cardinal de Fleury ? Quel est le bilan du ministère de Son Eternité, comme on le surnommait parfois ?

A-t-il été un sage ministre ayant favorisé la prospérité et la paix intérieure du pays comme le souvenir populaire nous le présente souvent ou faut-il croire, à l'instar de Guy Chaussinand-Nogaret, dans sa biographie Le cardinal de Fleury, le Richelieu de Louis XV (éditions Payot, 2002)



que cette gloire est usurpée et que "Venu à la suite d'autres grands cardinaux-ministres, Richelieu, Mazarin, Dubois, il leur fut en tout inférieur sauf par l'étendue de son autorité.[...]" ?

En ne connaissant que peu le cardinal, Il me semble qu'il a le bon point d'avoir redressé les finances du royaume après la sinistrose de la fin du règne de Louis XIV et de la Régence. Le comparer à Dubois (même mettre le Dubois à un autre niveau que celui de la bassesse... ) est fort dommageable.
Il est néanmoins à blâmer sur une économie fleurtant avec la pingrerie, confondant un peu trop gestion d'un budget de l'Etat et celui d'un particulier. La façon fort peu royale de traiter les filles de Louis XV, cette économie sur le train, les maisons, si elle s'imposait, ne devait pas pour autant aller jusqu'à ce point.

Il me semble néanmoins que le bilan est globalement positif, nonobstant quelques points noirs...

Apparemment, vous demeurez un partisan de la légende noire attachée à la mémoire du cardinal Dubois. On peut lui reprocher son avidité d'argent et d'honneurs mais, sous des dehors plus onctueux, le cardinal de Fleury n'en fut pas moins avide.
Dubois fut un excellent serviteur de l'Etat, favorisant par ses alliances avec l'Angleterre, la Hollande et la Russie (ainsi qu'en normalisant nos rapports avec l'Espagne) la paix européenne dont le royaume avait grand besoin.
Oui, le ministère de Fleury fut marqué par la prospérité économique retrouvée, la croissance et l'essor démographique. Mais n'a-t-il pas plutôt récolté en partie les fruits de la Régence, tout en continuant de stabiliser les finances du royaume (je ne lui dénie pas cela. ) ?

On peut, sans être trop sévère, reprocher à Fleury de s'être laissé entraîner -à son corps défendant il est vrai - dans la guerre de succession de Pologne (1733-1738) d'abord puis dans celle de succession d'Autriche (1740-1748) qui ralluma les sentiments austrophobes en France. Ces 2 guerres mirent à mal les finances du pays et Fleury ruina en quelque sorte sa propre oeuvre.
Pour la guerre de succession de Pologne, il est vrai qu'il était difficile au Roi de France de ne point soutenir son beau-père... et ce soutien vain et coûteux fut compensé, à terme en 1766, par l'acquisition de la Lorraine.

J'attends vos autres avis.

Encore une fois, Je connais mal les deux bonhommes...

Sur un point de vue purement moral, il est tout de même à affirmer que Dubois était un libertin alors que Fleury restait un austère... Mais j'ai pour habitude dissocier le bonhomme de son oeuvre, et il me semble que l'on peut apprécier l'un sans l'autre...

Il est exact que Fleury a remonté les finances du royaume, surement aidé en cela par ce qu'on appelle de nos jours "la conjoncture" et les effets à long terme de la politique de ses predecessuers (ce qu'on ne veut plus comprendre aujourd'hui du reste...) Mais il se heurtait effectivement à la volonté du Roi, à d'autres conjonctures necessitant de grandes dépenses, et la guerre l'est par excellence...

Dominique Poulin



Grand homme d'Etat, le cardinal de Fleury demeure un personnage trop peu connu et la postérité ne le place pas au même rang qu'un Colbert ou un Sully .
C'est un héritage injuste au regard de ses éminentes qualités de gouvernement et de la place centrale qu'il prit au début du règne de Louis XV.

Né en 1653 et fils d'un receveur des décimes, ses origines bien que modestes lui permettent toutefois une éducation supérieure à celle de la masse non instruite. C'est sa première chance. Consacra-t-il sa vie à Dieu pour alléger sa famille ou en raison de ses exceptionnelles dispositions intellectuelles ? sans doute un peu des deux .
Sa carrière est étonnante. Il devient aumônier de la reine en 1679 puis du roi en 1683. Ces fonctions le plaçaient au coeur de la cour. A t-il bénéficié de puissantes protections pour obtenir une place que pouvaient lui envier bien des écclésiastiques ? c'est probable. Mais là encore son intelligence a dû peser dans la balance.
A quarante-cinq ans, Louis XIV le nomme évêque de Fréjus. Bien que l'évêché soit estimé comme l'un des plus pauvres de France, André-Hercule peut considérer être à l'apogée de sa carrière. Il n'en est rien.

Car avant de mourir, le roi le nomme précepteur du dauphin, le futur Louis XV. Et c'est à partir de cette période clé que Fleury sort de son relatif anonymat. Ses qualités d'homme d'Eglise, mais aussi d'éducateur et de pédagogue emportent le choix du roi. Il le confie à son arrière-petit-fils, un enfant de cinq ans. C'est un garçon éveillé mais trés sensible.

En 1715 c'est un sexagénaire dont la santé n'est pas entamée et à l'intellect intact .
Mais pressent-on en lui l'étoffe d'un homme d'Etat ? La main de fer dans un gant de velours ?

Il est surtout coupable d'avoir desarmé la France et laissé la marine à l'abandon. Il a une responsabilité directe dans le désastre de la Guerre de Sept Ans.

On peut reconnaître à Fleury d'avoir eu le mérite de cerner la personnalité complexe de Louis XV. Fin pédagogue, il a su très tôt s'attirer la confiance du jeune roi. Cependant, son omni présence durant les premières années du règne de Louis XV, ont conduit celui-ci à trop souvent se reposer sur le cardinal. Je dirais même que Fleury a un peu trop "couvé" son élève, au point que celui témoignera toujours de difficultés à s'affirmer, à prendre seul des décisions relatives à la politique du royaume et sera plus ou moins manipulé par des ministres qui le jugeaient à tort incapable.

Ceci s'appelle un jugement à l'emporte-pièce...

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"[Il] conpissa tous mes louviaus"

"Les bijoux du tanuki se balancent
Pourtant il n'y a pas le moindre vent."

Pourquoi? C'est un fait, non?