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Les vieilles Républiques comme Venise sont des régimes très complexes que des auteurs comme Montesquieu et Rousseau ont analysé. Concrètement elles tendent généralement plus vers l'aristocratie que vers la démocratie. Elles sont en tout cas différente des Républiques nés de la Révolution.
J'approuve entièrement et cautionne totalement ce qui a été dit par l'
Empereur un peu plus haut concernant l'implication et le rôle de Dieu dans l'État américain; ce mythe encore très puissant au 21e siècle. La providence est un thème très vivant chez eux et il est étonnant parfois de les entendre dire sincèrement et ingénument qu'ils sont investis d'une mission divine qui coïncide étrangement avec leurs intérêts les plus profanes... enfin, c'est une autre histoire, mais la guerre d'Indépendance et la Révolution française s'opposent sur ces thèmes.
Pour ce qui est de la remarque que j'ai retranscrite ici, je ne suis pas bien sûr d'être d'accord. d'un point de vue purement dialectique du moins. Reprenons Marx et la théorie des classes: l'aristocratie n'est en fait que le haut de la pyramide sociale, qu'elle soit constituée par la noblesse, la bourgeoisie ou autre chose. La Révolution française, quand on l'analyse sans les passions et l'émulation originaire des très louables principes des lumières, n'est en fait qu'une histoire de gens de mauvaise foi.
Comme disait un révolutionnaire, dont on aura sûrement la politesse de me rappeler le nom: en 1789, il n'y avait pas 5 républicains avoués en France. L'histoire de la Révolution française est celle d'un embarras financier étatique normal (60 millions avant le renvoi de Necker) qui aurait pu être payé facilement: en 1789, la France n'avait jamais été aussi riche.
Simplement, les français sont hostiles aux impôts et la guerre au fisc est un devoir citoyen semble-t-il. ( je sais de quoi je parles, une parenté éloignée par 400 ans et quelques milliers de kilomètres et nous le sommes autant que vous). Bref, quand les gens parlent de réunir les États généraux, tout le monde espère balancer la facture dans l'ordre d'en face. Au bout du compte, personne ne paiera et le gouvernement en sera blâmé. La bourgeoisie confisquera ce problème et fera valoir des notions de liberté et autres valeurs du type pour faire justifier son droit à dominer les autres ordres. Enfin, cela finira comme on le sait et les gouvernements tomberont à tour de rôle parce qu'ils ne peuvent payer leur démagogie. À la fin de la Révolution, quand Bonaparte arrive au pouvoir, c'est de plusieurs dizaines de milliards (ou est-ce centaines?) que la France sera endettée. Sans compter les dommages collatéraux: perte de la marine, désorganisation de l'armée, spéculation éhontée sur la propriété foncière etc.
Les américains ne seront pas différents: ils veulent la liberté pour ne pas payer eux aussi. Simplement, ils peuvent se targuer d'une légitimité supplémentaire: à savoir, ils ne sont même pas représentés. Du reste, la liberté est une notion étrange dans le contexte révolutionnaire: quant on pense que ni l'une ni l'autre n'apporta le suffrage universel et qu'au bout du compte, la seule bénéficiaire fut la bourgeoisie.