Le site de l'Office de Tourisme de Pompadour mentionne la fille adoptive des derniers Pompadour (=> les vrais, pas Jeanne Poisson donc). Qui se faisait appeler Mademoiselle de St-Cyr et qui a été légitimée comme fille de Choiseul.

Sur place, cette histoire est connue: on raconte un procès étalé sur plusieurs décennies, avec des preuves d'identité rocambolesques, et finalement cette jeune personne qui, cumulant les biens de Choiseul et de Pompadour, devient une des plus flatteuses héritières de France.

Je ne trouve aucune source, rien sur le net qui puisse donner les détails de cette histoire???



Je n'ai trouvé que cela, laconique:
http://books.google.fr/books?id=Bh8VAAA ... ul&f=false

Plus de détails sur cette affaire romanesque où je souhaiterais trier entre l'Histoire et la légende.
Ce que l'on m'a raconté:
Cette jeune femme a fait valoir sa filiation avec Choiseul. Je ne sais même pas si Choiseul contestait, ou s'il était simplement dubitatif?
La demandeuse a retrouvé le registre du médecin accoucheur, mort entre-temps.
Celui-ci, voyant qu'il s'agissait visiblement d'une affaire hors-norme que cet accouchement discret, avait marqué l'enfant: une estafilade à la cuisse, remplie de poudre noire.
Et cette demoiselle de St Cyr, à partir de ce registre et de sa cicatrice conforme à celle décrite par le médecin, s'était vue reconnaître ses droits sur la fortune de Choiseul.

Des confirmations sur ce procès pour le moins étrange? On dirait du Dumas...

La magie de Google aidant, je trouve ici le testament de la dernière des Pompadour. Elle institue bien sa fille adoptive héritière de tous ses biens et la nomme sans ambiguïté Mademoiselle de Choiseul.
http://www.blignieres.fr/datas/public/A ... padour.pdf

Et il y a ce livre "Causes célèbres et intéressantes avec les jugements qui les ont précédé", 1739.
L'affaire est mentionnée à partir de la page 567, mais il n'y a pas les circonstances de l'identification.
http://books.google.fr/books?id=b4tEAAA ... ul&f=false

Je confirme, après avoir trouvé la relation complète du procès, c'est vraiment du Dumas.

La jeune fille débarque en 1723 à 26 ans et affirme être la fille du duc de Choiseul. Sa mère supposée est morte, son père également.
Personne n'a jamais entendu parler d'elle.
Son oncle supposé, le duc de la Valière, la couvre des pires injures, sa tante également. Un autre de ses oncles cependant, le chevalier de la Valière, lui donne raison.
La jeune fille attaque simultanément au pénal (son état civil a été dissimulé sciemment) et au civil (elle a été privée de ses droits à l'héritage Choiseul).
Finalement, tout le procès se déroule au civil.
L'affaire passionne. Apparemment, ce sont les ténors du moment qui sont à la barre: Maîtres Normand, du Perray, Aubry.
Sur un plan purement juridique, le cas est épineux, car il n'y a aucun document écrit en faveur d'une partie ou une autre. L'enfant n'a pas été baptisée. Le procès s'étend longuement sur ce point, sachant qu'en cette époque de cohabitation entre le droit romain et les ordonnances royales, les témoignages ne sont admis que comme commencement de preuve. Cette partie-ci devrait d'ailleurs intéresser les juristes.
En cours de procès, coup de théâtre: la partie demanderesse publie un document scoop : le fils d'un accoucheur parisien mort 8 ans auparavant possède un registre rempli par son père. Les défendeurs cherchent à s'opposer à la présentation de cette pièce, en vain.
Il y est fait mention d'un accouchement discret chez la Maréchale de Choiseuil. L'enfant a été confiée au dit accoucheur.
C'est là que le roman s'installe: le médecin, sentant venir le coup tordu, a fait trois marques à la cuisse du bébé et les a remplies de poudre noire. Et la jeune Mademoiselle de Saint-Cyr porte ces stigmates !

Reste au ministère public à s’exprimer. Il le fait avec beaucoup de justesse, pointant les incohérences des deux parties, et insistant sur les ombres qui demeurent.
Les demandeurs et le public tout acquis à la jeune fille exultent lorsque le procureur Gilbert reconnait la pleine validité du registre de l’accoucheur. Et s’effondrent aussitôt : le registre de l’accoucheur mentionne aussi que la conception de l’enfant a eu lieu en décembre 1696, à un moment où le Duc de Choiseul, diplomate, était retenu en Italie, absence qui a duré encore plusieurs mois. Reconnaitre la maternité de la duchesse de Choiseul, c’est donc reconnaitre aussi l’illégitimité de Mademoiselle de Saint-Cyr!

C’est donc à la surprise générale que le verdict donne raison à la jeune fille contre le parquet. Arguant du fait que le mariage présume de la légitimité des enfants, sauf à prouver de manière certaine la bâtardise.

La demoiselle de Choiseul meurt à 31 ans, en profitant donc fort peu de ses nouveaux droits. Elle est une des plus riches héritières de France car à ses droits « Choiseul » (unique héritière survivante, ses frères et sœurs étant décédés également) s’additionne l’héritage de sa mère adoptive la marquise de Pompadour.

L’affaire fit tant de bruit que les avocats perdants en tirèrent eux-mêmes un grand prestige.
A la lecture du procès, le moins que l’on puisse dire est en effet qu’ils avaient bien fait leur boulot, et que c’est plutôt l’arrêt du Tribunal qui semble audacieux. Mais il fut néanmoins confirmé par le Conseil d’État.