Les enfants de la comtesse d’Artois
La comtesse d’Artois, timide et assez effacée, ne sut pas retenir bien longtemps auprès d’elle son turbulent époux, le léger et frivole comte d’Artois, mais elle lui donna quatre enfants :
Louis-Antoine, Duc d’Angoulême (Versailles, 6 août 1775-Görz, 3 juin 1844). Roi de France Louis XIX pour les Légitimistes, marié à Marie-Thérèse de France (Versailles, 19 décembre 1778-Frohsdorf, 19 octobre 1851), fille de Louis XVI & Marie-Antoinette, dite
Madame Royale.
Sophie (Versailles, 5 août 1776-Versailles, 5 décembre 1783) dite
Mademoiselle.
Charles-Ferdinand, Duc de Berry (Versailles, 24 janvier 1778-Paris,13 février 1820), marié à la Princesse Marie Caroline de Bourbon, infante des Deux Siciles (1798-1870).
Marie Thérèse (Versailles, 6 janvier 1783-Choisy, 22 juin 1783) dite
Mademoiselle d’Angoulême.
Seuls moments de gloire pour l’infortunée princesse que les naissances quasi successives de ses deux fils, bien avant ceux de Louis XVI et de Marie Antoinette.
Mercy d’Argenteau prévient l’Impératrice de la grossesse de la princesse par ces mots, en fin d’année 1775 :
-« On croit que la comtesse d’Artois est grosse ».
Le jour où elle mit au monde son premier fils, on prétend qu’elle se frappera le front en s’écriant :
-"Mon Dieu, que je suis heureuse !"
La reine, qui assista à l’accouchement public dans la chambre de la princesse, eut bien du mal à retenir ses larmes.Elle écrira ces mots à sa mère :
-« La comtesse d’Artois est accouchée le 6 à 3 heures trois quarts, le plus heureusement possible … Il est inutile, de dire, ma chère maman, combien j’ai souffert de voir un enfant qui n’est pas de moi … ».
En juin 1777, pour le deuxième fils, Marie Antoinette écrit encore à sa mère, ces mots :
-«On croit la comtesse d’Artois encore grosse. C’est un coup d’œil assez désagréable pour moi après sept ans de mariage ».
D'ailleurs, le roi contribua à son bonheur, en octroyant à ses enfants le rang d’ « Enfants de France», alors qu’ils n’avaient que le rang inférieur de «Petit-fils de France» du fait de leur naissance.
Ces Enfants, dont ces deux princes, assuraient la succession à la Couronne : cela valut la considération temporaire de la Cour et un surcroît de popularité à son fringant époux. La princesse mit au monde encore deux filles, qui passèrent inaperçues, puisqu’elles mourront toutes deux en bas âge.
La première porta le titre habituel de
Mademoiselle porté depuis Louis XIV par les nièces du roi régnant.
La quatrième grossesse - qui parut un peu suspecte - décida le comte d’Artois a ne plus donner prétexte à l’augmentation de sa famille : ils firent chambre à part.
Quelques portraits, conservés au château de Versailles, nous conservent leurs souvenirs, comme celui qui représente les deux princes et
Mademoiselle par Rosalie Filleul, le petit portait de
Mademoiselle par E.Vigée Lebrun ou le pastel de Leclerc figurant la princesse et ses enfants.
A visualiser sur le site de l’agence photographique de la RMN en tapant « comtesse d’Artois »
Les naissances, quasi successives, peuvent expliquer diverses abstentions et retraites plus ou moins longues. C’est à peine si la princesse a fait parler d’elle après avoir enfanté.
Simple, bonne et modeste, elle se tiendra presque constamment à l’écart, résignée sans doute bien vite, aux nombreux écarts du comte d’Artois, bruyants et scandaleux, il faut bien le reconnaître.
Personne ne plaignait la délaissée, qui, assure-t-on, ne trouvait d’intérêt à rien, et déplaisait à l’excès.
Au cours du règne, comme sa sœur, Madame, ces deux princesses sans brillance, étaient alors froidement traitées par la reine et peu considérées par leurs maris. Elles vivront dans la retraite voire presque à l’abandon : elles ne se consolèrent, toutes deux, de ce genre d’existence, que par les douceurs d’amitiés réciproques …
Il est certain, qu’une fois passée l’euphorie des retrouvailles, les deux sœurs constatèrent qu’elles n’avaient plus rien à se dire, rien à partager dans leur intimité sinon un goût commun d’une certaine solitude, qui par nature, ne se satisfait pas.
Marie Thérèse était d’humeur assez renfrognée , il faut avouer, tout naturellement, que les frasques de son époux, ne prêtaient pas à sourire. Elles étaient seules …En outre, la comtesse d’Artois mit au monde des enfants. Et cela attisa le dépit de sa sœur aînée.
Elle fit pourtant parler d’elle, par deux fois.
Une première fois, dans les années 1781, en retardant les fêtes célébrant la naissance du Dauphin. Le Dauphin, tant désiré, était né le 22 octobre et les célébrations officielles annoncées pour les relevailles de la reine furent retardées, par une maladie grave de la comtesse d’Artois. Elle fut au plus mal et dut être administrée le 26 décembre, et le prince ne quitta plus son chevet. Elle se remit et si sa santé ne laissa plus d’inquiétudes à son entourage, elle restera néanmoins fragile. La princesse en profita pour vivre encore plus effacée.
Une seconde fois , en 1784, par une petite aventure amoureuse à l’aspect de tragi-comédie. Selon les dires de Mme de Boigne, la princesse, se conduisait « depuis longtemps d’une manière édifiante ».
Ce « depuis longtemps » laissait entendre, qu’avant son installation à St Cloud en 1786, elle s’était vengée des infidélités de son mari car elle n’en était pas moins femme et avait du goût ... Si l’épouse trompée et sacrifiée ne cherchera à tirer vengeance des avantages que son mari remportait trop facilement dans le monde qu’elle fréquentait peu, elle s’engagea au moins une fois dans quelques amoureuse aventure , oubliant la pratique des sévères vertus qu’elle avait eues pour exemple à la Cour de son père. Abondamment trompée, on chuchotait qu’elle se consolait dans les bras de ses gardes du corps … L’infortunée ingénue se trouva victime d’un scandale feutré qui agita la famille royale. Elle se consola des légèretés de son mari dans les bras d’un « Casanova charentais », un de ses gardes du corps « d’une beauté fabuleuse », nommé M. des Granges .
Toujours selon cette mauvaise langue de Mme de Boigne, « constatant un jour qu’elle était enceinte – alors, qu’affirmait-t-elle, que son mari ne l’avait point « visitée » depuis plusieurs mois, elle se vit forcer d’en faire la confidence à la reine, pour qu'elle sollicitât l’indulgence du roi et du prince.
La reine, en proie à une vive agitation, s’empressa de convoquer chez elle, le comte d’Artois. Elle s’enferma avec lui, et après d’interminables discussions, en vint au fait. Son beau frère, debout devant elle, son chapeau à la main, l’écouta attentivement .Quand il comprit enfin de quoi il s’agissait, il jeta son chapeau à terre, les deux poings sur les hanches, se mit à rire aux éclats en criant :
"-Ah ! le pauvre homme ! le pauvre homme que je le plains ! Il est assez puni !
-Ma foi , reprit la reine, puisque vous le prenez comme cela, je regrette bien les battements de cœur avec lesquels je vous attendais, venez trouver le roi et lui dire que vous pardonnez à la comtesse d’Artois.
-Ah ! pour cela de grand cœur ! ah ! le pauvre homme ! ah ! le pauvre homme !"
Le Roi fut plus sévère que l’époux, envoya le coupable présumé « vers les colonies ». Mais , comme le disait, Mme Adelaïde à Mme d’Osmond, mère de Mme de Boigne, en lui racontant cette histoire le lendemain :
-« Mais, ma chère, il faudrait y envoyer toutes les compagnies. »
La comtesse d’Artois alla aux eaux, je crois, en tout cas, qu’il ne fut pas question d’enfant »
Hors il y eut bien un enfant, car la comtesse se trompe, n’étant pas dans la confidence. La «consolation» eut une suite fâcheuse : tout semble prouver que le 4 avril 1784, la comtesse d’Artois accoucha discrètement d’un garçon qui était l’œuvre de son garde du corps et qu’il y eut baptême. Cela fit un grand remue-ménage dans la famille royale. La princesse fut alors décriée même par sa sœur, dont elle était loin d’avoir l’esprit d’intrigue …On lui enleva l’enfant aussitôt.
Le désavoué passa sa petite enfance à la Cour avant d’être confié à Mme Mèves, femme de charge de la reine et qui devint sa mère adoptive. Selon les dires d’E. Muraise ,d’après certaines sources à vérifier enquêtant sur les prophétie de Nostradamus et le retour d’un grand monarque , évoquant les prétendants possibles au trône de France parle d’une lignée légendaire de la famille des Bourbons, issue de ce garçon . Mais la confirmation de cette pseudo liaison ne se retrouve dans aucun mémoire du temps et nous ne connaissons cette aventure par l’intermédiaire de la baronne d’Oberkirch – stipulant que « tout le monde sait combien cette princesse est attachée à ses devoirs et à son époux » - indique une abominable calomnie imaginée à la suite d’un accident de voiture sur le pont de Sèvres en juin 1788, par ce gentilhomme de la maison du comte d’Artois , et dont ce dernier sut reconnaître et punir sa mauvaise foi. Cette affirmation peut être confirmée par le lien suivant :
http://andre.j.balout.free.fr/charente(16)_pdf/angoumoisins_antilles001.pdf dont voilà l’extrait :
« Mais la fortune devait sourire encore bien davantage à ce garçon "d’une beauté fabuleuse" au dire de ses nombreuses admiratrices. Les chevaux du carrosse du comte et de la comtesse d'Artois s’étant emballés un jour que Des Granges escortait la voiture, ce dernier, d’une force herculéenne, maîtrisa l’équipage après avoir risqué vingt fois de se rompre les os. Pour lui manifester sa reconnaissance de l’avoir sauvé d’un si grave péril, son maître le fit nommer capitaine de cavalerie au régiment des cuirassiers du Roy (31 mai 1783).
Las! la roche Tarpeïenne est près du Capitole. Moins de six mois plus tard, une lettre de cachet, datée de Versailles, le 30 novembre 1783, expédiait Desgranges à la Bastille, avec ordre de le surveiller nuit et jour. Que s’était-il donc passé?
La chronique scandaleuse de l’époque ne se fit pas faute d’insinuer que Pierre Loquet-Desgranges, élevé au rang de gentilhomme ordinaire du comte d’Artois, avait su trouver le chemin du cœur et de l’alcôve de Marie-Thérèse de Savoie, quelque peu délaissée par son volage époux, le futur Charles X, et qu’il avait eu l’imprudence de s’en vanter. »
Cet enfant, dénommé Auguste Méves, ressemblait de façon frappante à la comtesse d’Artois et à son père naturel. L’énigme de ce cinquième enfant de la princesse dont le forum a ouvert l'enquête dans la rubrique « du Nouveau sur l’enfant de la comtesse d’Artois» serait-elle résolue ?