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Message Publié : 19 Fév 2013 15:01 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 18 Fév 2013 15:11
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Bonjour à tous, je cherche actuellement un site explicite qui pourrait m'éclairer simplement sur les Lumières et la religion, des conseils de sites internet fiables ?


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Message Publié : 19 Fév 2013 19:57 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 09 Juin 2010 14:22
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Bonsoir,
pour ce que j'en sais, c'est un sujet délicat. Si beaucoup des philosophes des lumières (pas tous) s'en prennent à religion, on ne peut pas emprunter le raccourci de dire qu'ils sont athées ; à l'exception près de Diderot pour lequel et il n'y a aucun doute. Beaucoup sont anticléricaux avant tout. Pour leurs croyances personnelles, on a bien souvent affaire à des déistes qui croient en un grand Horloger qui serait censé et régir tous les mécanismes du monde.
Pour ce qui est des sites, ce n'est pas bien compliqué, les papiers universitaires en priorité, mais aussi des sites de revues historiques. Pour l'époque moderne je dois bien avouer ne pas connaître mais déjà sur le site revues.org on doit avoir pas mal de choses intéressantes. Pour les sites un peu plus « populaires », vous devez vérifier si le site bien toutes leurs sources et se méfier de certaines interprétations ou du moins vous pouvez les compléter par les vôtres en les justifiant bien entendu. Bon courage pour votre dissertation et n'hésitez pas à nous en proposer des extraits, on se fera un plaisir de les décortiquer :mrgreen:

bien à vous.

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et tout le reste n'est que littérature


Dernière édition par Yongle le 19 Fév 2013 20:05, édité 2 fois.

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Message Publié : 19 Fév 2013 20:00 
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Inscription : 23 Jan 2009 15:49
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Le site pédagogique de la BNf sur les Lumières : http://expositions.bnf.fr/lumieres/index.htm


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Message Publié : 19 Fév 2013 20:17 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 05 Oct 2005 20:39
Message(s) : 2063
Localisation : Lyon-Vénissieux
Je vous recommande vivement le "dictionnaire philosophique" de Voltaire.
A l'article "religion" il doit y avoir des choses très intéressantes.
Il est disponible sur internet.

_________________
Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
Proverbe Albanais


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Message Publié : 20 Fév 2013 20:09 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
Message(s) : 899
Lucie-L1 a écrit :
Bonjour à tous, je cherche actuellement un site explicite qui pourrait m'éclairer simplement sur les Lumières et la religion, des conseils de sites internet fiables ?



Maleureusement je n'ai trouvé aucun site internet vraiment intéressant. Mais un ouvrage pourrait vous aider: Daniel Roche, La France des Lumières, chez Fayard, datant de 1993 pour la première impression.

Je vais essayer de le consulter sur Paris ce week-end pour voir s'il contient des passages intéressants concernant les philosophes en France des Lumières et la religion.

_________________
''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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Message Publié : 23 Fév 2013 15:15 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
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Voci ce que dit l'ouvrage de Daniel Roche en quelques pages concernant les philosophes des Lumières et la religion:

Tout d'abord que que les Lumières ont constitué un troisième pouvoir qui s'est fait entendre par rapport à l'Eglise et au roi. C'est dire l'importance de ce mouvement philosophique, culturel et politique au cours du XVIIIe siècle. Pour Montesquieu, toutes les religions contiennent des principes utiles aux sociétés, ce qu'il énonçait dans la 86e des Lettres persanes. Ceci est le point de vue de Montesquieu uniquement.

Point de vue non partagé par des philosophes tels Voltaire et Rousseau. Les philosophes des lumières sont à l'exception de Montesquieu méfiants envers la religion, cas de Voltaire, Rousseau, Diderot et font preuve de scepticisme à son encontre. Montesquieu est également sceptique même si il n'est pas hostile à la religion.

Scepticisme que l'on retrouve dans des personnages naîfs et perspicaces tels les Persans dans les Lettres pesanes, l'Ingénu de Voltaire, le Jacques le fataliste de Diderot par exemple. ces personnages sont en quête de leur vérité, émancipés des croyances religieuses ordinaires. Les philosophes des Lumières dans leur ensemble condament l'intolérance, rejettent le mystère dans la religion. Ils sont favorables à la séparation de la spiritualité et de l'éthique religieuse. Par exemple dans l'Essai sur les moeurs, Voltaire dit:

Le sang a coulé dans les campagnes sur des échafauds pour des arguments de théologie, tantôt dans un pays, tantôt dans un autre, pendant cin cents années, presque sans interruption; et ce fléau n'a duré si longtemps que parce qu'on a toujours négligé la morale pour le dogme...

Les philosophes des Lumières aves les chrétiens se retrouvent sur le terrain de la "formalité des pratiques" d'utilité sociale. L'éthique des Lumières s'enracine dans un partage ancien qui dissocie les gestes de la société civile et politique de la vie religieuse.

Voltaire et Rousseau sont déistes en outre. Le déisme est la croyance en l'existence d'un Dieu créateur, mais sans référence à une révélation. (Définition du Petit Larousse) Pour Voltaire, Dieu, éternel géomètre, est la base de la communion humanitaire et le déisme une religiosité d'éthique collective. Ce qui débouche sur un théisme, cher à Voltaire et à Rousseau. Le théisme est une doctrine qui affirme l'existence personnelle et unique d'un Dieu, cause du monde. (Définition du Petit Larousse)

Par rapport à la religion, les philosophes des Lumières sont favorables à l'apparition d'une nouvelle conception de l'homme, produit de l'éducation et de la société, ils exaltent la morale du génie humain. C'est là que le matérialisme moderne y trouve ses racines. Diderot était un matérialiste. Le matérialisme est un concept englobant toutes les philosophies matérialistes qui affirment que la susbstance du monde est de nature matérielle et immanente, c'est-à-dire que rien ne se crée, rien ne se perd, les éléments de la nature et leurs phénomènes se suffisent à eux-mêmes, à leur formation, à leur mouvement et à leur développement.

_________________
''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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Message Publié : 23 Fév 2013 16:01 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 01 Déc 2007 12:34
Message(s) : 899
La suite.

Au sujet de la séparation des individus par rapport à l'Eglise et donc de la liberté de conscience, l'homme n'a que Dieu pour témoin et pour juge, c'est la règle d'une religion naturelle que va retrouver Rousseau dans le Contrat social et l'Emile. En outre, l'Encyclopédie de Diderot traduit elle-même ce refus du despotisme spirituel et de l'esprit d'orthodoxie. (De l'Eglise)

Pour Rousseau et Voltaire, une religion plus naturelle permet la coexistence de la croyance et de la raison et donc la croyance et la raison permettent de se libérer de dogmes religieux. Dans les Lettres philosophiques de Voltaire, sept sont consacrées à la religion où se sont exprimées sa croyance dans le bienfait du pluralisme religieux avec la nécessité d'un christianisme épuré. Jusqu'à sa mort en 1778, Voltaire va combattre ce qu'il y'a d'institutionnel, de dogmatique, d'intolérant dans la religion dominante via notamment des pamphlets et des contes satiriques.

Le déisme de Voltaire est un déisme du refus: refus du Dieu de la prédestination, refus du pessimisme, refus de l'incarnation... Le Dieu de Voltaire est un Dieu bon, aux antipodes du Dieu biblique, un Dieu libéré des mystères et des rites. Sa force est enracinée dans la tradition de l'humanité tout entière, l'universalité d'une vérité, celle de l'existence partout reconnue d'un Dieu. La vraie religion est la religion naturelle, celle de l'humanité. Voltaire y voit les principes de la morale commune du genre humain.

Après 1750, le déisme de Voltaire se définit comme un théisme par l'obligation de rendre un culte à la divinité. La Profession de foi des théistes, datant de 1768 est une réplique à celle du Vicaire savoyard ainsi qu'une réponse à la montée mondaine de l'athéisme. Elle présente le théisme comme la religion des adorateurs de Dieu, ami des hommes, comme la religion des religions. La tentative de Voltaire se situe ainsi dans une double perspective: elle procède d'un renversement des rapports de la philosophie et de la théologie, elle aspire à la démystification du christianisme.

Pour en revenir à Rousseau, sa quête n'est pas en ce domaine si éloignée de celle de Voltaire. Pour lui, chrétien convaincu, la religion est affaire de vertu sans hypocrisie et de morale. Rousseau apparaît comme le défenseur d'une théologie sentimentale, compromis entre l'appel du coeur et les droits de la raison. Le Second discours, datant de 1754, la Lettre à Voltaire sur le désastre de Lisbonne, datant de 1756, la Lettre à d'Alembert, datant de 1758, la Nouvelle Héloise, datant de 1761, l'Emile, datant de 1762 sont autant de preuves de cet état de fait.

La Profession de foi du Vicaire savoyard, contenue dans l'Emile, précise pour Rousseau les principes essentiels de la foi rousseauiste. La théologie du vicaire peut se réduire à deux propositions principales: l'existence d'un Dieu créateur est attestée par l'ordre de la nature; le mal, imputable à l'histoire et à l'homme, postule l'idée d'un Dieu réparateur. Ce qui la distingue du théisme de Voltaire, c'est le rôle de la sensibilité et du coeur. C'est là que se situe la faille qui sépare Rousseau des religions révélées, car Dieu ne s'est pas dévoilé autrement qu'à travers la nature et par la raison, c'est-à-dire une fois pour toutes et pour tous les hommes. C'est pourquoi la seconde partie de la Profession de foi est consacrée à la réfutation des dogmes et de la révélation.

L'expression religieuse rousseauiste ne s'arrête pas à la profession de foi, elle est également l'expression d'une aspiration personnelle à l'union intime avec Dieu. Rousseau s'identifie à Dieu au sein de la nature. il affirme une théologie totalement libérale et de ce fait insupportable à tous les orthodoxes et à toutes les Eglises. Les Lettres à M. de Malesherbes y sont une preuve de cette théologie toute particulière.

Pour Rousseau, à travers le dernier chapitre du Contrat social, il s'agit de fonder définitivement le citoyen et ainsi de considérer la religion par rapport à la société, d'établir le rapport de l'Etat au sacré sur une vraie religion civile.

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''L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir.'' Paul Valéry


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Message Publié : 26 Fév 2013 12:12 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 18 Fév 2013 15:11
Message(s) : 9
Je vous remercie pour vos réponses : elles me seront très utiles lors de mon oral de mes TPE : je vais les épater !


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Message Publié : 28 Fév 2013 21:26 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 20 Nov 2007 13:33
Message(s) : 40
Yongle a écrit :
Bonsoir,
pour ce que j'en sais, c'est un sujet délicat. Si beaucoup des philosophes des lumières (pas tous) s'en prennent à religion, on ne peut pas emprunter le raccourci de dire qu'ils sont athées ; à l'exception près de Diderot pour lequel et il n'y a aucun doute. Beaucoup sont anticléricaux avant tout. Pour leurs croyances personnelles, on a bien souvent affaire à des déistes qui croient en un grand Horloger qui serait censé et régir tous les mécanismes du monde.
Pour ce qui est des sites, ce n'est pas bien compliqué, les papiers universitaires en priorité, mais aussi des sites de revues historiques. Pour l'époque moderne je dois bien avouer ne pas connaître mais déjà sur le site revues.org on doit avoir pas mal de choses intéressantes. Pour les sites un peu plus « populaires », vous devez vérifier si le site bien toutes leurs sources et se méfier de certaines interprétations ou du moins vous pouvez les compléter par les vôtres en les justifiant bien entendu. Bon courage pour votre dissertation et n'hésitez pas à nous en proposer des extraits, on se fera un plaisir de les décortiquer :mrgreen:

bien à vous.


En gras : Paul Henri Thiry d’Holbach, naturalisé français en 1748, fut au moins aussi athée que Diderot. Au moins !


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