Bonjour,

Je me penche actuellement sur la fin des Jésuites et me retrouve avec énormément de questions par rapport à cette époque.
Ce sont surtout le contexte et les conséquences de toute cette affaire qui m'intéressent:

-L'origine de l'attaque, si l'on peut en isoler une principale, et son but.
-L'alliance "contre-nature" des jansénistes, gallicans et philosophes des lumières (sans compter les querelles théologiques avec les dominicains, mais cela a-t-il été le cas en France?). Qui furent les "idiots utiles", qui a bénéficié au final d'un coalition dans laquelle personne ne semble dupe, quelles furent les motivations ?
-L'absence supposée de poids politique de Clément XIII et un Clément XIV qui ferait "profil bas" et se laisserait imposer la suppression de jésuites ?
-De même un Louis XV qui se soumet au parlement en essayant uniquement de temporiser (une connexion éventuelle avec Metz, Damiens et sa perte d'influence en général?)
-Les impacts politiques (et financiers éventuels)
-L'impact sur l'éducation
-L'impact de la fermeture des missions étrangères

Une brève recherche sur le forum m'a renvoyé sur des éléments parcellaires, l'éducation et la crise entre le parlement et le clergé, mais il "manque des bouts" pour pallier à mon ignorance. J'interviens donc pour demander des ouvrages de référence sur une vision globale de cette époque en général, ainsi que sur les tenants et aboutissants multiples de la fin de la compagnie en particulier. Des avis étayés sur la question sont bien entendus les bienvenus, sans toutefois demander une redite par rapport à ce qui a été écrit dans cette section du forum.

Il faudrait déjà remettre le questionnement dans son contexte européen. Par exemple, le marquis de Pombal, maçon et omnipotent "premier ministre" du Portugal, a la peau des Jèzes dès 1759...

Cet ordre existe encore de nos jours. Qu'entendez vous par "fin des Jésuites" ??

Bien à vous.

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Hugues de Hador.

Sans doute la suppression de 1773. Je vais éditer le titre.

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
(Martin Luther)

Effectivement Jean-Claude, intervenant dans cette sous-section du forum, j'entendais la suppression de 1773.

Je prends bonne note de l'intervention du Marquis de Pombal, Arturus, mais il s'agit du portugal et je m'interroge sur le poids politique d'un pays comme le Portugal à l'échelle européenne.

Au risque de me répéter, ce sont plus le contexte et les divers tenants et aboutissants qui m'intéressent. J'ai (à tort ou à raison ), l'impression que cette affaire cristallise bon nombre d'intérêts et qu'il s'agit d'une intéressante entrée en matière pour qui découvre cette période. C'est en cela qu'elle m'intéresse particulièrement, même si la compagnie de Jésus ne s'est pas éteinte suite à l'interdiction papale.
Mon questionnement s'inscrivait dans la démarche d'une demande d'information générale sur cette période un peu délaissée ainsi que d'un épisode en particulier pour y pénétrer plus en profondeur.

Le texte le plus influent pour la destruction des Jésuites en France est :
Compte-rendu des constitutions des Jésuites de l'abominable La Chalotais ( aidé par d'Alembert ) , Paris, 1762 , qui contient toutes les calomnies possibles contre la Société.
Avec mon exemplaire est relié à la suite : Histoire de la conspiration des Jésuites contre ... le roi de Portugal , texte qui fonde l'accusation de régicides contre les Jésuites, et attribué au capucin Norbert , ainsi que l'arrêt du Parlement de Bretagne condamnant les livres écrits par des Jésuites ( longue liste ... ) à être "lacérés et brûlés".

Contra, je recommande :

Il est temps de parler ( Anvers, 1763 , 2 vol . ) , anonyme mais sans doute de l'abbé Dazès , excellente et spirituelle défense des Jésuites.

C'est un peu dans toute l' Europe qu'on tente de mettre fin à l'existence des jésuites. La principale cause est l'esprit des Lumières qui règne alors dans l'élite noble comme bourgeoise ainsi que le gallicanisme anti-papal très à la mode alors, ainsi que l'impression que l'ordre vise à prendre en main l'élite et à la controler par ses établissements d'éducation. Il y a eu à l'oeuvre une théorie du complot jésuite, au moment même où la Franc-Maçonnerie prenait son essor, comportant dans ses membres des nobles de la haute noblesse, des Evêques nombreux et des rois.
Louis XV, homme des Lumières (sic) à titre personnel, a été sensible à ces arguments en donnant suite à la demande du parlement de Paris. Les collèges des Jésuites ont été fermés et réouverts sans direction des Jésuites.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Merci pour ces pistes de lecture Linguet, d'autant plus que ces textes ont le bon goût d'être disponibles en ligne : ne reste plus qu'à les imprimer.

Ceci dit, je vais les mettre de côté pour le moment. L'idée de changer un peu de méthode et de remonter les diverses ramifications d'un évènement particulier pour avoir un point de vue global m'avait parue séduisante, mais dans les faits, cela m'a simplement valu d'être perdu dans la plupart de mes lectures. J'essaie donc de me construire des bases solides sur le XVIIIe avant de revenir vers vos textes et de les étudier dans leur contexte.

Autre conseil de lecture:

Je vous suggère de jeter un oeil au Basculement religieux de Paris au XVIIIe siècle de P. CHAUNU, M. FOISIL et F. de NOIRFONTAINE. Quoique très érudit, cet ouvrage traite bien de votre sujet : les auteurs cherchent à comprendre pourquoi Paris, capitale de la Contre-Réforme, devient au tournant du XVIIIe siècle le moteur de la déchristianisation en France et en Europe (donc un "basculement religieux" qu'ils imputent, si ma mémoire est bonne, aux jansénistes).
Un chapitre entier est consacré à l'expulsion des Jésuites.