Après avoir bien réfléchi sur les éléments dont nous disposons, je crois pouvoir vous proposer un identification.
Nous connaissons en effet les noms des capitaines des gardes du corps du roi à l'époque qui nous intéresse, d'après l'uniforme (1770-1790) :
1ère compagnie (écossaise) : Jean-Louis-François-Paul de Noailles, duc d’Ayen, nommé le 23 décembre 1758. Puis Jean-Paul-François de Noailles, duc d’Ayen, nommé le 30 mars 1776.
2ème compagnie : Louis-Philippe, Marc-Antoine de Noailles, prince de Poix, nommé le 22 février 1784.
3éme compagnie : Gabriel-Louis-François de Neufville, duc de Villeroy, nommé le 29 juin 1758
4ème compagnie : Jean-Paul-Emmanuel-Sigismond de Montmorency, prince de Luxembourg, nommé le 4 mars 1784. Puis, en 1790, Anne-Christian de Montmorency, comte de Luxembourg, prince de Tingry et duc de Beaumont.
Ce dernier personnage m'a semblé le plus intéressant. En effet Anne-Christian (1769-1844) était le fils de Charles François de Montmorency (31 décembre 1702 - 18 mai 1764), huitième duc de Piney-Luxembourg et deuxième duc de Montmorency (Beaufort), prince d'Aigremont et de Tingry, comte de Bouteville, de Lassé, de Dangu et de Luxe, pair de France, maréchal de France en 1757 et gouverneur de Normandie en 1726, fils de Charles Ier Frédéric de Montmorency-Luxembourg et petit-fils du fameux maréchal de Luxembourg.
Or, c'est Charles-François qui, avant le marquis René de Girardin, hébergea Jean-Jacques Rousseau à Mont-Louis et au "nouveau château" de Montmorency pendant les années 1757 à 1762.
La maréchale de Luxembourg, arrière grand-mère d'Anne-Christian, morte en 1787, était alors célèbre pour ses diners et réunions philosophiques et littéraires. Le marquis de Girardin organisait lui aussi de semblables réunions et tous deux se connaissaient parfaitement. C'est probablement la maréchale qui suggéra au marquis d'héberger à son tour Rousseau, rentrant d'exil et misérablement installé à Paris, lui qui aimait tant la nature.
Girardin, admirateur de Rousseau, venait de créer à Ermenonville de fantastiques jardins où Rousseau put se promener quelques mois avant de mourir subitement.
Le portrait d'Anne-Christian est, d'une manière ou d'une autre, parvenu entre les mains du marquis ou de son fils (les Montmorency ont fui la Révolution et tous leurs biens ont été saisis). A noter que ce portrait est un pastel et, que comme l'atteste la base de données du site :
http://www.pastellists.comles Montmorency se sont fait abondamment portraiturer par des pastellistes, y compris en tenue de gardes du corps.