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Message Publié : 18 Juil 2013 14:56 
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Georges Duby
Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Le 18è siècle aurait pratiqué une distinction nette entre l'opinion publique éclairée seule valable et l'opinion populaire versatile, faite de préjugés et de superstition qui est son contraire.
D'Alembert évoque une "multitude aveugle et bruyante", Marmontel: "l'opinion de la multitude."
Dictionnaire universel de Furetière de 1727: " Le peuple est peuple partout c'est-à-dire sot, remuant, aimant les nouveautés.
Ainsi donc pour la génération qui a fait la Révolution à Paris et en Province, le peuple ne saurait être un sujet en politique.
Par contre, les rois voyaient le peuple différemment et avaient une relation de confiance avec le peuple en veillant à sa sécurité. Encyclopédie: " Les rois n'ont pas de sujets plus fidèles et si j'ose dire de meilleurs amis."
Celà signifie t-il que l'élite des Lumières, bourgeoise notamment, méprisait le peuple jugé ignorant et donc peu apte à participer au gouvernement, ce dont on fait rarement état, et que deuxième point, Louis XVI aurait du se tourner vers le peuple et pas vers l'aristocratie ou la Bourgeoisie ?

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 18 Juil 2013 17:00 
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Tite-Live
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Alain.g a écrit :
...D'Alembert évoque une "multitude aveugle et bruyante", Marmontel: "l'opinion de la multitude."
Dictionnaire universel de Furetière de 1727: " Le peuple est peuple partout c'est-à-dire sot, remuant, aimant les nouveautés...

130 ans après la question était encore d'actualité .
Ainsi le journaliste Pierre Scize dans un article du 26 janvier 1927:

«[...] répudier les solutions de masse. Il faut refuser tout crédit, toute confiance à la foule. Il faut attaquer l'individu. Il faut aller chercher dans les ténèbres où elle dort la conscience individuelle et l'éveiller. [...] Travaillez donc à vous éclairer vous-même. Puis l'illumination venue, tâchez qu'elle soit assez forte pour éclairer d'autres personnes autour de vous. Quand nous serons un million, peut-être alors serons-nous vainqueurs. Un million d'hommes pensant individuellement d'accord, ça ne fait pas une foule. ».


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Message Publié : 18 Juil 2013 19:04 
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Salluste
Salluste

Inscription : 20 Déc 2010 21:48
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On trouverait bien évidemment des prédécesseurs à Gustave Le Bon au XVIIIe siècle, qui se proposait, à la fin du siècle suivant, de trouver des lois d'interprétation des foules. Dans tous les cas, il les jugeait irrationnelles, pulsionnelles, instinctives, homogènes dans leur attitude: la foule efface l'individu, le subordonne à un tout incontrôlé qui le subjugue. Et on se rappelle, pour rebondir sur la Révolution, des descriptions de mouvements de foule qu'a données Taine.

Vous prétendez que "les rois" - lesquels ? les rois absolus, les tyrans, les despotes éclairés ? - avaient une relation de confiance avec leurs sujets et vous leur opposez les révolutionnaires. Mais, précisément, les révolutionnaires eurent pour dessein d'affranchir le peuple de cette relation. Des sujets ? Non, des citoyens. En vérité, la Révolution et les révolutionnaires ont été profondément ambigus. Dès le mois d'août 1789, on déclare la nation souveraine. Mais les hommes au pouvoir, en France, ne vont cesser de représenter une partie toujours plus infime de la nation. De l'Assemblée nationale à la Terreur, la représentativité fut toujours moindre (à cet égard, le suffrage universel en 1793 apparaît nettement contradictoire et ne doit pas faire illusion).


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Message Publié : 18 Juil 2013 22:07 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Aponie a écrit :
1/ Vous prétendez que "les rois" - lesquels ? les rois absolus, les tyrans, les despotes éclairés ? - avaient une relation de confiance avec leurs sujets et vous leur opposez les révolutionnaires. Mais, précisément, les révolutionnaires eurent pour dessein d'affranchir le peuple de cette relation. Des sujets ? Non, des citoyens.
2/ En vérité, la Révolution et les révolutionnaires ont été profondément ambigus. Dès le mois d'août 1789, on déclare la nation souveraine. Mais les hommes au pouvoir, en France, ne vont cesser de représenter une partie toujours plus infime de la nation. De l'Assemblée nationale à la Terreur, la représentativité fut toujours moindre (à cet égard, le suffrage universel en 1793 apparaît nettement contradictoire et ne doit pas faire illusion).
- Sur le 1/ On peut remarquer que Louis XVI institue pour la consultation du peuple, la rédaction de cahiers de doléances sur tous les sujets; le suffrage est quasiment universel pour l'époque relève F. Furet. Ce que ne feront pas les révolutionnaires qui institueront un cens, sauf en 1793. Mais les conventionnels se garderont de mettre en pratique le suffrage universel, ils suspendront la constitution. Des professeurs de droit pensent que la constitution dite de l'an I est "une oeuvre de propagande révolutionnaire et une manoeuvre destinée à ramener le calme dans les départements après la chute des girondins".
- pour le 2/: l'ambiguité des révolutionnaires est effective. La manière dont la Convention a été élue est assez révélatrice: on appelle les citoyens un par un et ils doivent verbalement donner leur avis devant un public excité. Sont écartés les domestiques et les émigrés et nobles suspects. peu de gens participent au vote. Si la constitution de 1793 prévoit un vote direct des députés par les électeurs des assemblées primaires, par contre les fonctionnaires et juges sont élus au second degré par des délégués des électeurs. Méfiance.

Mon idée est que les bourgeois et nobles qui ont fait la Révolution se méfiaient du peuple, ne l'estimaient pas et qu'on ne peut dire que la démocratie était leur projet en constatant leur pratique électorale qui est restrictive et emprunte de défiance envers un peuple qu'on croit dans la main des prêtres et des nobles locaux.
Par contre et c'est un paradoxe que seul Furet évoque, le Roi lui a fait confiance au peuple par les cahiers et un suffrage presqu' universel. Le seul cas de suffrage universel appliqué avant 1848.

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