Alain.g a écrit :
Casanova dans ses mémoires raconte sa visite à Ferney pour rencontrer celui qui est alors le roi de l'Europe. Il décrit sa déception, pour accéder au grand homme il doit suivre un protocole princier inattendu, et Voltaire ne lui parle que de ses propres portraits, de lui-même par conséquent, en se plaignant qu'on le représente mal.
On peut énoncer les idées principales de Voltaire : la métaphysique, la religion et la morale, l'idéal politique et la civilisation. Avec la civilisation, on peut voir : la paix, la liberté et la justice, le bien-être et le luxe, les arts et les Lumières. Si son "programme politique" est intéressant, Voltaire évoque le luxe comme la consécration même de la civilisation : "... le superflu, chose très nécessaire..." (Lettres Philosophiques).
Citer :
Sur l'historien, il semble qu'on le réhabilite actuellement. Qui l'a lu à cet égard ?
Dans ses lettres il évoque longuement le système anglais mais ceci n'a rien d'historien. Par exemple à travers "sur le parlement", Voltaire fait passer ses propres idées et plof on en remet une couche :
"On n'a jamais connu chez les Romains la folie horrible des guerres de religion (ah bon ? En effet ce n'était pas le terme employé) ;
cette abomination était réservée à des dévôts... Marius et Scylla, Pompée et César, Antoine et Auguste ne se battaient point pour décider si le "flamen" devait porter sa chemise par dessus sa robe..."
Je vous laisse juge... A lire aussi "la considération due aux gens de lettres" et la France d'être citée en exemple, un moment de reconnaissance lui fait un instant perdre un peu le fil.
A Berlin, il pleure Paris, à Paris il bave sur l'époque de Berlin. Voltaire historien est un Voltaire conteur. Documentation, examen critique (à la Voltaire), narration dramatique à souhait pour ce qui concerne Charles XII, "Le siècle de Louis XIV" est très "orienté courtisan". On peut lire le passage du Rhin, l'oeuvre intérieure de Louis XIV est magnifiée :
"
... On voit quels changements Louis XIV fit dans l'Etat, changements utiles puisqu'ils subsistent...Un parallèle peut être fait avec l'appréciation de NB de nos jours.
Aux ministres qui secondent, une note moyenne mais au roi :
"... on lui doit l'arrangement général (évocation de tout ce qui a été fait mais avec une vue bien biaisée)
... Il ne sépara point sa propre gloire de l'avantage de la France...Avant que d'analyser NB, la lecture de Voltaire devrait être obligatoire, il suffit d'interchanger les noms !
... Tout roi qui aime la gloire aime bien le public (pour qui l'intolérance mettait en profond dépit ceci interpelle)...
Changement soudain à l'évocation de "Maintenon" pour terminer en apothéose :
"... Il mérita de l'être à jamais [loué]
et qu'il fut digne de la statue qu'on lui a érigé à Montpellier (pourquoi Montpellier ?)
, avec une inscription latine dont le sens est : A Louis le Grand après sa mort.La encore, je vous laisse juge... Pour moi, c'est chose faite.
Dépité de son "flop" dans le domaine de l'historique, je comprends son approche des Mémoires (il est vrai qu'il faut se méfier...). Voltaire en énonçant ceci sait de quoi il parle, lui qui a beaucoup évoqué sa personne... seulement nul autre n'était présent pour dire du contraire, pour avoir été rompu à courtiser il sait ce qu'il avance. Je ne comprends pas comment à Berlin, il a pu renouveler les erreurs qui lui coutèrent tant cher ailleurs. Une nostalgie certaine de la France, il s'en exprime dans une lettre à Madame Denis alors même qu'il est chez le "Salomon du nord". Une querelle d'ego dont le roi se fait médiateur à son débit et le voilà à bouder et bavocher. La sanction ne se fait pas attendre... Analyse de Ferney après son arrivée :
"... un repaire de quarante sauvages est devenu une petite ville opulente habitée par 1 200 personnes utiles". Ce qui est vrai mais au cas où d'aucuns l'oublieraient, si ce n'est pas pour la postérité et un style de "mémoire", qu'est-ce ?
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