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Message Publié : 17 Juin 2014 21:37 
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Plutarque
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qu'est ce qui a contribuer a désacralisé la monarchie française ?


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Message Publié : 17 Juin 2014 21:47 
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Pierre de L'Estoile
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Les philosophes des Lumières qui ont mis au jour l'une des plus grandes manipulations sociales de l'histoire de l'humanité, à savoir qu'une catégorie supérieure d'êtres humains ont fait croire à d'autres plus faibles, qu'ils leur étaient inférieurs et qu'ils leur devaient le respect, la soumission, la servitude selon une volonté relevant de Dieu !?

La question que je me pose, c'est en quoi la monarchie du 18e se désacralise t-elle par rapport aux siècles précédents ? On se révolte contre le pouvoir royal autant au 17 siècle. On assassine même les rois...


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Message Publié : 18 Juin 2014 17:25 
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On peut remontert à Jean Petit avec sa justification du meurtre de Louis d'Orléans. C'est un devoir que de tuer le tyran.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 18 Juin 2014 20:53 
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Philippe de Commines
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Parce-que le Français est versatile et qu'après 1789 années de royauté, il aspire à autre chose.
La philosophie n'y est pour rien. Dès le XVIème, les Protestants avaient déjà soulevé les rapports entre les pouvoirs, pointé au doigt les privilèges etc. Les courtisans-philosophes ont tout pompé.
Les "Lumières" n'ont rien à voir avec ceci mais il est bon de s'abriter derrière qui est unanimement reconnu pour "sa pensée". Preuve est que les Lumières n'ont rien à voir puisque les régicides étaient taxés "d'illuminés", c'est dire... ;) J'aurais été bien curieuse d'entendre Petit donner sa définition de tyran.
Parce-que nous obéissons à des stimulis qui sont "l'enfer" ou "le paradis" comme d'autres ont leur "sussucre".
Parce-qu'il arrive un moment, le vent tourne et lorsque nous sentons la majorité avec nous alors nous bombons le torse et au sacré d'une couronne, nous préférons d'autres marottes puis nous faisons marche arrière. Le Français aime la dorure.
Le fait aussi qu'on lui répète qu'il est "libre" et que pour lui "liberté" veut dire "droits", "acquis" (ne pas oublier d'ajouter "sociaux", ça cause au peuple), "revendications" mais pour les "devoirs"...
Parce-qu'à un moment, le rapport de force a changé et fort d'une majorité le Français s'est senti "républicain" et de plus en plus républicain que le royaliste s'enfonçait dans la mouise. Et puis on s'est lassé, on a ressorti la couronne et on a couronné autrement avec le pape en guest star simplement.
Parce-que nous avons une étrange fascination de l'antique. Parce-que la loi du plus fort nous fait ramper sauf lorsque c'est nous qu'on est le plus fort et que c'est le voisin qui rampe. Parce-que le Français est très ignorant sauf lorsqu'il s'agit de calculer son bénéfice. Là, il est très ouvert d'esprit et prêt à partager ce qui ne lui coûte rien : preuve en est lorsque les voisins viendront nous rendre une visite musclée, la majorité se dépêchera de dérouler le tapis rouge et de faire son beurre toujours au nom de la liberté. Puis quand la liberté sera à Paris sous forme humaine, on remballera le tapis et on applaudira la parousie. Pour un temps.
Châtillon a écrit :
La question que je me pose, c'est en quoi la monarchie du 18e se désacralise t-elle par rapport aux siècles précédents ? On se révolte contre le pouvoir royal autant au 17 siècle. On assassine même les rois...

Tout dépend ce que l'on nomme "sacré". Vous avez bien su démontrer sur le fil d'Henri IV qu'en politique, même à cette époque, rien n'est sacré. On abjure, on est relaps et couronné...
C'est la question posée qui au fond n'en est pas une. Qu'a de commun le "sacré" pour un avocat à Paris et un paysan du fond de la Bretagne quelle que soit la période ? La monarchie "désacralisée" est égale au ras le bol de l'Empire et autres passages à un régime différent. Puisqu'il faut charger la barque tout devient bon. Parce-que le Français aime adorer et puis, dès la première déception brûler les autels qu'il a lui-même élevé ou contribué à élever. Parce-que le Français agit comme tous les hommes avec parfois un peu d'avance et parfois un peu de retard et trouve encore une excuse à ceci.
Parce-qu'il aime le "bon vieux temps", preuve en est : on ressort des triumvirs après avoir goûté aux jeux du cirque. Parce-que le "sacré" n'a pas tellement changé : il tient dans le pain et le vin auquel se sont additionnés les jeux et que c'est nous qu'on choisit.
Mais avant d'analyser "la désacralisation" ? Encore faudrait-il être d'accord avec le mot "sacralisation" et en donner une définition admise par la majorité... ;)

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 18 Juin 2014 21:04 
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Pierre de L'Estoile
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gaete59 a écrit :
Parce-que le Français est versatile et qu'après 1789 années de royauté, il aspire à autre chose.
La philosophie n'y est pour rien. Dès le XVIème, les Protestants avaient déjà soulevé les rapports entre les pouvoirs, pointé au doigt les privilèges etc. Les courtisans-philosophes ont tout pompé.

Votre argument va dans mon sens. Au XVIe siècle, on remet en cause le pouvoir absolu du roi, mais pas sa fonction sacrée.
C'est ce qui fait la différence avec le XVIIIe siècle. Voltaire met à mal l'autorité sacrée de l’Eglise, Rousseau met à mal le fondement de la société, censée être la volonté de Dieu... La monarchie est donc bâtie sur un mensonge que les philosophes des Lumières se sont efforcés de dénoncer. Pas les philosophes de la Renaissance qui se sont contentés de dénoncer les pouvoirs politiques du roi. Pour le reste, on ne remet pas en cause, l'existence de la monarchie (pas trop du moins), et on ne remet pas en cause le gouvernement du royaume par les princes.

La déchristianisation de la France au XVIIIe siècle est le B-A-Ba de ce que les étudiants apprennent en histoire. Et même en 3e...

gaete59 a écrit :
Parce-que le Français est versatile... Parce-que le Français aime adorer et puis, dès la première déception brûler les autels qu'il a lui-même élevé ou contribué à élever. ... Parce-que le Français agit comme tous les hommes avec parfois un peu d'avance et parfois un peu de retard et trouve encore une excuse à ceci.

(...)


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Message Publié : 18 Juin 2014 21:23 
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Philippe de Commines
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Châtillon a écrit :
... La déchristianisation de la France au XVIIIe siècle est le B-A-Ba de ce que les étudiants apprennent en histoire. Et même en 3e...

Bravo, ça c'est de l'argument et du lourd !

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Message Publié : 18 Juin 2014 21:35 
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Juste un rappel des fondamentaux que vous semblez ignorer...


... mais bon, le français est versatile. On dit aussi qu'il est bagarreur et qu'il aime le sanglier :mrgreen:


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Message Publié : 18 Juin 2014 22:37 
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Pierre de L'Estoile
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La désacralisation de la monarchie est un long processus. On peut le faire remonter à l'humanisme. Montaigne désacralise bien des choses et sa pensée annonce le cogito ergo sum de Descartes que je considère comme l'élément déclencheur d'une révolution intellectuelle. Il y a aussi les interrogations de Locke sur l'origine des idées et, en matière politique, sur un contrat social. La satire de Montesquieu : "Comment peut-on être persan ?" révèle une conscience que le modèle social actuel n'est pas le seul possible et donc qu'on peut imaginer une autre forme de pouvoir que celle du roi par la seule grâce de Dieu. Tout cela va macérer rapidement au cours du dix-huitième siècle avec les philosophies des Lumières. En parallèle, comme l'a observé Chatillon, déchristianisation entraîne désacralisation.


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Message Publié : 19 Juin 2014 1:56 
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Philippe de Commines
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Barbetorte a écrit :
On peut le faire remonter à l'humanisme. Montaigne désacralise bien des choses et sa pensée annonce le cogito ergo sum de Descartes que je considère comme l'élément déclencheur d'une révolution intellectuelle. Il y a aussi les interrogations de Locke sur l'origine des idées et, en matière politique, sur un contrat social. La satire de Montesquieu : "Comment peut-on être persan ?" révèle une conscience que le modèle social actuel n'est pas le seul possible et donc qu'on peut imaginer une autre forme de pouvoir...

Je me suis replongée dans Montesquieu. Vous avez dû vouloir indiquer une autre lettre. "Comment peut-on être persan ?" [...raille un trait de caractère attribué aux Parisiens, la curiosité naïve et indiscrète pour tout ce qui sort de l'ordinaire … Mais que Rica cesse de porter son costume et plus personne ne s'intéresse à lui...]. Les "Cannibales" de Montaigne sont plus percutants. Chez Montesquieu s'il existe un enseignement politique ceci reste une utopie, un mythe moral à la manière du "Télémaque". L'auteur de l'Esprit des Lois se montre là plus penseur, moraliste, bel esprit, sociologue.
"La plupart des gouvernements d'Europe sont monarchiques ou plutôt sont ainsi appelés … C'est un état violent qui dégénère toujours en despotisme ou en république : la puissance ne peut jamais être également partagée entre le peuple et le prince..." (Lettre CII).
Cependant il serait bon de savoir comment Montesquieu analyse ou projette une république ? Il apparaît justement dans la lettre que vous nommez que "l'inconnu" est toujours tentant dans la vêture alors dans la pensée ? Cette époque ne bannit pas Sénèque des lectures et dans ses lettres à Lucilius, Sénèque évoque la République et ses dérives -tout comme Cicéron et Caton pourtant républicains- mais peut-on faire un C/C ? Non. Il semble cependant que la littérature de l'époque s'affranchit de ceci. Nourrit de lettres grecques et romaines, Montesquieu est plein d'admiration pour les démocraties antiques : en tant qu'humaniste, il a l'esprit républicain. Cependant sa conception de la vertu républicaine reste complexe : les diverses définitions qu'il en donne précisent la notion sans l'épuiser ("Du principe de la démocratie" - L'esprit des Lois) mais nous restons dans la vertu morale. Le politique, tel qu'il apparaît est biaisé. Il suffit de lire l'analyse du régime anglais : " … ce fut un assez beau spectacle dans le siècle passé, de voir les efforts impuissants des Anglais pour établir parmi eux la démocratie... " ou pour Rome " … Quand Sylla voulut rendre à Rome la liberté, elle ne put plus la recevoir : elle n'avait plus qu'un faible reste de vertu... " et ensuite vient la démonstration qu'au final les césars sont nécessaire ou du moins incontournables car " … tous les coups portèrent sur les tyrans et aucun sur la tyrannie...". Là encore, l'écriture prend un tour biaisé. La versatilité humaine est aussi évoquée par Montesquieu " … Les désirs changent d'objet : ce qu'on aimait, on ne l'aime plus ; on était libre avec les lois ; on veut être libre contre elles... " mais il ne prend pas l'ampleur des conséquences. C'est le propre de l'homme à qui toute rigueur est bien souvent pesante. Je ne comprends pas en quoi ceci porte à sourire. Et voici que plus loin , une soudaine éloge est faite … de l'Angleterre évitant les risques de la démocratie tout en donnant à ses citoyens une liberté extrême "La liberté politique ne consiste point à faire ce que l'on veut"... Tiens donc !
Les définitions d'Aristocratie, Monarchie et Despotisme ou bien "de la corruption du principe de la démocratie" montre que nous sommes loin, très loin d'un modèle républicain non pas tel que l'inscrira la Révolution avec la Déclaration des Droits de l'Homme mais avec sa mise en application. Dans "la séparation des pouvoirs" on atteint un sommet d'ignorance des gouvernements voisins (déjà noté avec l'Angleterre) mais le Turc est montré au doigt, contrairement aux monarques européens chez qui " … le gouvernement est modéré... ". Si le pouvoir temporel interpelle quelque peu, j'en suis encore à chercher une quelconque critique du pouvoir spirituel et de son représentant...
Les conceptions de la liberté ont fortement varié de l'Antiquité à la Réforme. Je reconnais qu'à la capacité de choix de l'homme libre selon l'Antiquité, Luther oppose l'idée de foi servile contrairement à Erasme qui exalte la liberté de choix. "Est libre celui qui vit comme il veut, qu'on ne peut ni contraindre ni empêcher ni forcer, dont les volontés sont sans obstacles, dont les désirs atteignent leur but, dont les aversions ne rencontrent pas l'objet détesté". Je crie "hourra" mais consciente que l'on ne peut rien établir de pérenne avec ce style de liberté, je range Epictère et ses "Entretiens".
Les "Lumières" n'ont rien inventé. Pour gagner une émancipation, à la fin du XIIè, on peut déjà lire chez Jean Duns Scot ou Ockham un choix terrible : c'est parce-qu'il est libre que l'homme ne peut pas vouloir la béatitude éternelle, Olivi reprend avec l'homme face au choix de la liberté ou de l'anéantissement optant pour l'anéantissement. Il semble que les philosophes prennent ce qui les intéresse. En lisant Platon dans "tout déborde de liberté" - échange entre Socrate et Glaucon (La République) le tableau est étrange et amène évidemment à la notion d'anarchie. Point besoin d'y mêler les dieux ou l'obscurantisme accolés semble-t-il à l'Eglise, les hommes se chargent eux-mêmes de la créer cette anarchie. Montaigne se tourne avec enthousiasme vers le stoïcisme. Ceci sera repris par exemple par Malraux sous forme d'humanisme athée et d'existentialisme mais avec les avatars du moment. Si Sénèque peut écrire que "le bien suprême, c'est une âme qui méprise les aléas du sort", le XXème ne peut suivre cette voie qui serait inhumaine vu les aléas de l'époque. Des ajustements sont donc indispensables et ces ajustements entament la doctrine première. Il est évident que Saint Paul avec son fameux "mets plutôt à profit ta condition d'esclave" est honnis mais est-il compris ? Le péché n'est pas tant une faute morale qu'une puissance qui empêche l'homme d'être libre.
Je songe à Montesquieu et à son analyse sur le régime anglais qui pourtant établi : " … 39. Aucun homme libre ne sera arrêté ou emprisonné, ou dépossédé de ses biens … sans un jugement légal de ses pairs et conformément à la loi du pays" (Magna Carta). En ceci Locke ne fait que déployer un modèle plus pragmatique car ayant baigné dans cette culture mais enfin, on reste encore à Utopia.
Voici pourquoi j'ai quelque mal à trouver un modèle chez ceux que nous nommons "Lumières". La Révolution qui s'en revendiquera ira droit à l'anarchie car aucun ne peut suivre Rousseau lorsqu'il écrit "Chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous". Voici le prix à payer et personne ne veut passer à la caisse. "La liberté est autonomie ; elle consiste, dans toutes ses actions, à suivre une loi morale indépendante de nos buts particuliers" (Kant). Il faut admettre que ceci ne sera jamais et si l'entreprise de déstabilisation initiée par l'idée d'un monde sans Dieu plait, il faut reconnaître que bien vite on y substituera un Etre Suprême beaucoup plus obscur que l'Eglise car bien impossible à définir puisqu'il est le fruit de la liberté d'acte de chacun. S'ouvre alors l'ère des paradoxes de la liberté moderne et je constate que la démocratie fait parfois naitre des aspirations à la liberté qu'elle ne peut pas réellement satisfaire. Il n'est alors pire esclavage que d'être le maître, l'esclave et les entraves.
Quant à la désacralisation, je la cherche encore... Elle a simplement glissé, le code a changé, elle est remplacée par l'idée que l'on se fait de la "vertu" antique. On en revient toujours au fantasme du jardin d'Eden... Je ne suis pas parce-que je pense mais parce-que je doute : là sera toujours l'entrave, là sera toujours l'impuissance à la sérénité et le détour vers l'espérance. Irrationnelle certes mais présente (Cf. : Descartes et l'indifférence).
Enchaîné, Prométhée n'a pu s'empêcher d'espérer que l'aigle ne viendrait pas. C'est l'espérance qui fait que Sisyphe pousse son rocher, l'espérance de la mansuétude d'une présence plus haute, plus forte. L'homme ne peut placer l'espérance en lui seul. Le roi et l'Eglise l'incarnaient. Croire était source d'espérance, l'espérance source de vie et la vie de créativité et puis l'élève a dépassé le maître comme le fils s'oppose au père pour gagner son statut d'homme. Cependant au fond de lui, se sent-il reconnu ? Non mais le père s'est détourné et commence alors le cheminement.
Je m'octroie la liberté évoquée par Epictète mais c'est cher payer !

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Message Publié : 19 Juin 2014 10:02 
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Quel galimatias, c'est incompréhensible.

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Message Publié : 19 Juin 2014 11:37 
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Pierre de L'Estoile
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C'est en effet assez peu compréhensible. Je retiens juste un détail, vos propos sur Montesquieu : "L'auteur de l'Esprit des Lois se montre là plus penseur, moraliste, bel esprit, sociologue." C'est exact et c'est justement ce qui nous intéresse à propos de la question sur la désacralisation de la monarchie française. La question est sociologique. Il faut donc examiner des indices d'intérêt sociologique et, parmi d'autres, les réflexions de Montesquieu dans les Lettres Persanes me semblent intéressantes.

Nous sommes passés d'une royauté sacralisée, dont le meilleur exemple est celui de Louis IX canonisé, à Louis-Philippe, roi des Français, monarque constitutionnel qui se préoccupait avant tout de développer le commerce et l'industrie. Quand et comment cela s'est-il passé ? C'est la question qui est posée.

Louis XV encore touchait les écrouelles : "Le roi te touche, Dieu te guérit". Les gens y croyaient, le roi y croyait lui-même, et l'on allait se faire toucher par le roi thaumaturge comme on ira plus tard se plonger dans la fontaine de Lourdes. Il y eut encore un toucher des écrouelles lors du sacre de Louis XVI en 1775. Mais dix-huit ans plus tard, le roi était décapité et la monarchie abolie. La monarchie des Bourbons fut restaurée en 1815 mais resta désacralisée : Louis XVIII n'estima pas nécessaire de se faire sacrer et le sacre de Charles X ne fut qu'une cérémonie anachronique.


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Message Publié : 19 Juin 2014 13:00 
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Philippe de Commines
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Barbetorte a écrit :
C'est en effet assez peu compréhensible. Je retiens juste un détail, vos propos sur Montesquieu : "L'auteur de l'Esprit des Lois se montre là plus penseur, moraliste, bel esprit, sociologue." C'est exact et c'est justement ce qui nous intéresse à propos de la question sur la désacralisation de la monarchie française. La question est sociologique. Il faut donc examiner des indices d'intérêt sociologique et, parmi d'autres, les réflexions de Montesquieu dans les Lettres Persanes me semblent intéressantes.

Et bien si ceci était apparu dans le sujet, il aurait été plus facile de s'arrêter à l'analyse sociologique tout simplement.
Il est évident que le "sacré" n'est pas perçu de la même manière par un prince de sang et un paysan du fin fond de la Bretagne...
Citer :
Nous sommes passés d'une royauté sacralisée, dont le meilleur exemple est celui de Louis IX canonisé, à Louis-Philippe, roi des Français, monarque constitutionnel qui se préoccupait avant tout de développer le commerce et l'industrie. Quand et comment cela s'est-il passé ? C'est la question qui est posée.

C'est en ceci que je répète que l'on ne peut répondre en deux temps trois mouvements. Ce qu'écrit Montesquieu est déjà caduc sous Louis-Philippe ou bien naïf.
Quand et comment ? Vous donnez déjà des bornes : St Louis/Louis-Philippe mais il faudrait aussi prendre les couches sociales, les rapports à la foi avant et après les croisades, la Réforme etc.
Citer :
Louis XV encore touchait les écrouelles : "Le roi te touche, Dieu te guérit". Les gens y croyaient, le roi y croyait lui-même, et l'on allait se faire toucher par le roi thaumaturge comme on ira plus tard se plonger dans la fontaine de Lourdes.

Ceci n'est plus du domaine de l'histoire.
On ne peut qu'acter : oui les gens y croyaient. Tous ? Le roi aussi ? Il s'en est ouvert ? Les écrouelles guérissaient effectivement ? Et chez les voisins cathos ça fonctionnait du même ?
C'est la "foi du charbonnier". C'est souvent dans ces couches de population que l'on trouve le plus de rebouteux et de guérisons. Il faudrait donc développer le fonctionnement de l'inconscient et là encore ce n'est pas de l'histoire.
Citer :
Il y eut encore un toucher des écrouelles lors du sacre de Louis XVI en 1775. Mais dix-huit ans plus tard, le roi était décapité et la monarchie abolie.

Pourquoi veut-on voir absolument un rapport entre un pouvoir qui hier guérissait (je demande à lire...) et remarquer que 18 ans plus tard, on coupait une tête royale. Ceci n'a aucun sens.
Pourquoi Catherine II était appelée "petite mère" et Staline "le père du peuple" alors qu'entre temps il y a eu la Révolution et le massacre d'Ekaterinenbourg entre autres ?*
Pourquoi les Allemands ont cru à s'en fossoyer que le IIIème Reich allait durer mille ans même après les premiers revers sans penser un seul instant qu'Hitler n'était pas éternel ?
C'est autant une question de socio, de philo, de psycho, de théologie, de politique, de culture enfin ceci touche un peu tout sauf l'Histoire qui acte et c'est tout.
Pourquoi bien souvent un dictateur, à un moment bascule et arrive à croire ce qui lui renvoyé comme image ? Se sent soudain invincible, messianique : la réponse n'est pas sous la plume cartésienne d'un historien, ceci se saurait...
Faut-il y voir une pathologie mentale ou constater que nos rois étaient idiots ? Parce-que faire avaler ce genre de truc outre-Rhin et outre-Manche, je demande à voir...
Pourquoi l'esprit d'un enfant se développe et qu'à un certain âge, le coup du "père Noël" ne marche plus ? Et pourquoi à notre époque où peu d'enfants savent le déroulement religieux de cette période, choisissent eux-mêmes leurs cadeaux sur catalogue ou dans un magasin et braillent en déchirant le papier, le jour J que le père Noël est passé ? Simplement parce-qu'ils veulent y croire pour diverses raisons... Donc nulle analyse historique en ceci.
Le sujet peut être analysé sur n'importe quel forum mais pas un forum d'histoire et pas par une réponse lapidaire avec comme seul référent Montesquieu.
Prenez le sacre de Charles VII, la sainte ampoule vide et la réaction de Yolande d'Aragon : ceci en dit long sur ladite "croyance" des rois en la sainteté de l'onction et du contenu de l'ampoule mais bon, si pas couronné à Reims, pas roi, pas de guérison, pas même sur le parvis de Notre-Dame donc on fait et le populo a son content.
Je connais une "miraculée" de Lourdes avec certificat et tout le bazar, elle est persuadée qu'un miracle a bien eu lieu : je ne vais tout de même pas lui casser sa baraque en lui citant toutes les tumeurs qui se sont résorbées sans explication aucune il fut un temps pas lointain et que maintenant le "truc" est compris. Prenez le VIH, combien ont vu dans cette maladie une punition du divin ? Il en existe comme il existait des chercheurs dont les explications approximatives rassuraient (on a eu droit à tout...) et puis on a trouvé. Le meilleur moyen reste la protection comment expliquer que l'on se protège de moins en moins ? Parce-que le pape l'a dit ? Non, parce-que le rapport à la vie est autre... Tiens là encore bonne question : pourquoi la vie a-t-elle perdu de son "sacré" ? Ceci tient-il de l'analyse historique ? Non.
Cependant si vous vous adressez à ce que du Bellay nommaient "Les vieux singes de cour", vous en trouverez bien un qui défendra votre vision avec un lieu commun. Y croira-t-il lui-même ? Non ! Mais pouvoir encore aligner deux mots rassure même si c'est du rebattu.
Maintenant si vous avez une réponse HISTORIQUE puisque c'est UN FORUM D'HISTOIRE (on a su, il fut un temps le faire remarquer) et bien je serai aise de vous lire. :-| :arrow:

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Message Publié : 19 Juin 2014 13:50 
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gaete59 a écrit :
Maintenant si vous avez une réponse HISTORIQUE puisque c'est UN FORUM D'HISTOIRE (on a su, il fut un temps le faire remarquer) et bien je serai aise de vous lire. :-| :arrow:

Quelle remarque acide, ce n'est pas parce que la modération a levé le pied sur les exigences historiques a votre égard que ça veut dire que vous avez le droit de vous montrer si acide. SI on prenais le temps de lire et de supprimer de vos interventions tout ce qui n'a pas d'intérêt historique, combien en resterait-il ?

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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Message Publié : 19 Juin 2014 14:03 
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gaete59 a écrit :
Maintenant si vous avez une réponse HISTORIQUE puisque c'est UN FORUM D'HISTOIRE (on a su, il fut un temps le faire remarquer) et bien je serai aise de vous lire. :-| :arrow:


Changement de couleur et de casquette.

Tout au long de l'époque médiévale, il y a une construction de la monarchie française qui va vers une certaine sacralisation. Les premiers a lutter contre cette sacralisation seront parfois les grands seigneurs. A un moment, certains rois ont eu du mal à imposer cette simple formule : "le roi est le premier parmi les Pairs du royaume". Cela montre bien qu'au moins pour les grands seigneurs, la personne royale n'était pas sacrée. Et sur un champ de bataille, ils furent assez nombreux a tenter de s'emparer de sa personne, voire à l'occire.

Cette sacralisation se construit petit à petit, avec l'aide de l’Église. Aide non-désintéressée de sa part. Mais, à certains moments, des rois ont été tentés par un affranchissement de leur part vis-à-vis de l’Église. Louis XIV a surfé sur le mouvement du gallicanisme pour essayer de devenir celui qui nomme les évêques. Mais, à l'époque, les prêtres et les évêques ont aussi un rôle civil.

Le mouvement des Lumières a donné un nouveau fondement juridique à la désacralisation du roi en appuyant son pouvoir sur le droit du peuple. Mais, c'est un courant ancien et à diverses époques, des légistes ont rappelé qu'il était licite de déposer le roi qui tyrannisait son peuple ou une partie de celui-ci. C'est un vieux débat philosophique que celui de savoir d'où un prince tient sa légitimité à régner.

Le roi de France est un roi de droit divin, mais aussi de droit dynastique, et quelque part, il doit son pouvoir aux assemblées d'hommes libres qui par leurs acclamations validaient le choix du souverain aux périodes germaniques. C'est du moins ce qu'on pourrait retenir des Frondes parlementaires ou de la révolution parlementaire de 1798. Le pouvoir du roi n'est pas absolu et illimité. Une des limitations étant le droit des parlementaires d'accepter les lois royales.

D'ailleurs, on pourrait se poser la question si la royauté française fut réellement absolue et à quelles périodes exactement.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
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Message Publié : 19 Juin 2014 19:40 
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Plutarque
Plutarque

Inscription : 20 Mai 2014 22:12
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i l y en a qui disent que la bulle Unigenitus aurait joua a cette désacralisation : que cella aurait entraîner un mouvement de contestation du pape, des jésuites et de la monarchie. que cella aurait crée ce que Fronde n'avait pas réussit : un important mouvement contestation. que l'idée de la nation en dehors du roi ce s'aurait développé.


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