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Message Publié : 22 Juin 2014 23:08 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Il me paraît très peu vraisemblable que Louis XVI ait rendu visite à Voltaire.

En je ne sais plus occasion, de Gaulle écrivit une lettre à Sartre commençant par : "Maître". Cela ne permet pas de dire que Sartre fut un modèle pour de Gaulle et Louis XV et Louis XVI ne furent pas plus voltairiens que de Gaulle ne fut disciple de Sartre.

Voltaire fut, il est vrai, la coqueluche de l'intelligentsia de son temps. Cela ne signifie pas pour autant que toute la haute société avait épousé les idées de Voltaire, surtout en matière religieuse. Voltaire et les Encyclopédistes avaient conquis certains cercles intellectuels mais ils n'avaient pas conquis les cercles de pouvoir. Ce n'était pas sans raison que Voltaire s'était installé à deux pas de la frontière suisse. On peut faire un parallèle avec les années 1960 : presque tout ce qui comptait dans le monde de l'enseignement et des cercles intellectuels était, si ce n'est marxiste, au moins socialisant, tiers-mondiste, alter-mondialiste, etc et le mot "droite" était infâmant. Malgré cela, la majorité politique restait à droite.

Ce qui était particulièrement inacceptable pour l'Eglise et le Roi était la position religieuse de Voltaire ainsi que celle d'autres représentants des Lumières tels Diderot et Rousseau : c'étaient, selon le mot en usage à l'époque, des libertins, c'est à dire des libres penseurs. Or, Louis XV et Louis XVI ont toujours marqué leur attachement à l'Eglise. Si Louis XVI avait été véritablement voltairien, il n'aurait pas autant résisté sur la question de la constitution civile du clergé.


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Message Publié : 23 Juin 2014 10:45 
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Georges Duby
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Sur un site, un exposé plus qu' intéressant explique l'influence des Lumières sur Louis XVI et ses limites, Louis est partagé après son adhésion aux idées des Lumières. Quelques extraits:

" Après avoir choisi un Mentor, Louis XVI choisit ses ministres. Beaucoup d’entre eux sont des hommes des Lumières. Il appelle Turgot, pendant l’été, d’abord à la Marine, puis au Contrôle Général des Finances ; Turgot, l’Intendant de Limoges, est le candidat des encyclopédistes. Et Turgot, Contrôleur Général des Finances, fait entrer au Contrôle Général, à de hautes fonctions, le marquis de Condorcet, Dupont de Nemours et l’Abbé Morellet. Les encyclopédistes et leurs amis investissent le gouvernement pendant l’été 1774. Turgot est bientôt rejoint par Saint-Germain, nommé Secrétaire d’État à la Guerre; c’est un soldat, un officier, qui a servi au Danemark, en Prusse ; un grand admirateur de Frédéric II de Prusse et des méthodes prussiennes. Malesherbes est nommé ministre de la Maison du Roi en mai 1775. Malesherbes, en quelque sorte, pour reprendre une vieille expression médiévale, fait « pont et planche » entre l’opposition des parlementaires, très traditionnels, et les idées nouvelles. N’oubliez pas que Malesherbes, quand il était directeur de la Librairie, c’est-à-dire chargé de la censure, est l’homme qui, étant chargé de saisir les planches de l’Encyclopédie, a fait envoyer un petit message à Diderot pour lui annoncer qu’il viendrait perquisitionner chez lui le lendemain et saisir les planches de l’Encyclopédie ; et lui conseiller, de porter les planches chez lui, parce que là les services de la Librairie ne songeraient jamais à aller fouiller. Louis XVI fait appel à des hommes très imprégnés par les Lumières. Les salons sont très contents de ces nominations, très contents du nouveau règne qui commence et qui tranche avec l’ancien. Finalement, au sein du Conseil, il n’y a que deux représentants des conceptions traditionnelles : Vergennes, nommé aux Affaires étrangères, et le bon M. Bertin, un fidèle ami de Louis XV ....

Le ministère Maurepas-Turgot manifeste pour la première fois l’arrivée au pouvoir de l’idéologie des Lumières. Les idéologues des Lumières au pouvoir entendent imposer leurs idées coûte que coûte, des idées qu’ils croient bonnes et infaillibles, qui vont permettre de « faire le bien ». Ces idées sont le bien. Dès lors si cela ne marche pas, ce ne peut pas être la faute des idées, mais forcément la faute des malfaisants qui ont comploté pour que cela ne marche pas. Et puis, si le peuple ne comprend pas, il faudra faire le bonheur de ce peuple malgré lui. Nous avons là des idées que nous retrouverons en 1789. Le ministère Maurepas-Turgot fut le premier laboratoire des Lumières. Il entend mettre en application la liberté illimitée du commerce, la liberté du commerce des grains. Jusque là, la France était dotée en la matière d’un système qui était un petit peu compliqué mais qui assurait une liberté contrôlée et permettait au gouvernement d’intervenir en cas de mauvaise récolte en ouvrant des greniers remplis les bonnes années ; l’un dans l’autre, les cours du grain s’en trouvaient lissés. Turgot instaure la liberté complète. Résultat: en avril 1775, cela se passe très mal: des émeutes à Paris, tout autour de Paris. ...

L’échec de l’expérience Turgot conduit Louis XVI à s’éloigner de la philosophie des Lumières, même s’il reste tributaire de quelques-unes des idées nouvelles. Ainsi, Louis XVI est très sensible à l’opinion publique. Il est soucieux de savoir ce que pense l’opinion publique. L’ennui, c’est que l’opinion publique, dans les années 1774-1789, c’est la cour et la ville, c’est l’Académie française et les académies de province, les salons, les chambres de lecture, les loges maçonniques, ce qu’Augustin Cochin appellera « les sociétés de pensée », c’est-à-dire des gens qui sont complètement imprégnés par la philosophie des Lumières et qui ne représentent finalement que la haute noblesse, la haute bourgeoisie, une partie de la moyenne noblesse et de la moyenne bourgeoisie, quelques éléments militants de la petite bourgeoisie, c’est-à-dire très peu de monde. Ce sont des salons que se réunissent, qui se piquent de disserter de tout, dans lesquels tout le monde prétend avoir une opinion sur tout, y compris, et surtout dans les domaines qui échappent complètement à leur compétence. Des négociants se piquent de parler de stratégie militaire, des militaires se piquent de parler d’agriculture ou de commerce. Tout le monde dit tout et n’importe quoi. " ...

" On peut relever plusieurs étapes. Il y a eu une étape où un certain nombre d’idées naissent, se développent dans des cercles très restreints, dès le XVIIe siècle. Descartes est l’ancêtre des Lumières. Bossuet dans les années 1690 annonce qu’on s’avance vers une grande bataille intellectuelle. Et le grand problème, d’ailleurs, de l’Église, c’est de ne plus avoir eu Bossuet au XVIIIe siècle pour mener cette bataille. Ensuite, ces idées-là, ce libertinage intellectuel, se développent petit à petit dans quelques salons dans la première moitié du XVIIIe siècle. Mais cela reste limité à quelques cercles très réduits. Les premières loges s’installent en France dans les années 1730; elles commencent à essaimer en province dans les années 1740. A partir des années 1750, l’Encyclopédie donne aux idées nouvelles un rayonnement croissant. Le Grand Orient s’organise, les cabinets de lecture se diffusent un petit peu partout, et essaiment la philosophie des Lumières dans la société. On voit les idées nouvelles gagner les provinces, gagner la classe moyenne, et gagner l’armée dans les années 1780. En 1774, la situation est très préoccupante, mais ce n’est pas encore perdu, en 1785, c’est complètement perdu, et en 1788-1789, cette idéologie va pouvoir arriver au pouvoir à l’occasion des élections aux Etats Généraux. En fait, d’une certaine manière, on peut dire qu’une crise était inévitable; la seule chose, c’est que Louis XVI, en convoquant les Etats Généraux, a précipité cette crise alors que la sagesse exigeait de gagner du temps. "

http://www.icrsp.org/CONFERENCES/Conferencse-louis-XVI-Pichot.htm

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 23 Juin 2014 22:25 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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L'exposé est intéressant en effet même si son auteur, professeur d'histoire d'un séminaire catholique traditionnaliste (on croirait lire du Daniel Rops), doit être pris avec prudence. On n'y voit guère un Louis XVI voltairien, mais plutôt un homme cultivé quoique peu sûr de lui et maladroit, séduit dans un premier temps par la modernité des Lumières et ensuite de plus en plus réfractaire à ces idées à mesure que les évènements s'enchaînent.

Les Lumières sont d'ailleurs plus une tendance qu'une doctrine bien définie : il n'y a jamais eu aucun manifeste des Lumières. Dans les domaines de l'économie et des sciences, Louis XVI fut certainement séduit par certains aspects de cette tendance. Mais cela n'implique aucunement qu'il partageât le scepticisme d'un Voltaire et encore moins l'athéisme d'un Diderot. On ne devient pas voltairien parce qu'on a nommé Turgot ministre d'Etat. En matière de foi religieuse, Louis XVI fut et resta un catholique de stricte orthodoxie, d'une foi qui n'était pas seulement de façade, imposée par la fonction, mais profonde et sincère. On peut certes observer qu'il fut éduqué dans les idées de Fénelon, mais Fénelon n'était pas Voltaire.

Je ne pense pas que Louis XVI fut l'artisan d'une désacralisation de la royauté. Il faut chercher ailleurs, parmi les philosophes des Lumières, mais aussi parmi le peuple, en grande partie illettré, qui ne lisait pas les philosophes mais dont les moeurs et les mentalités n'avaient pas moins évolué depuis le siècle de Louis XIV.


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Message Publié : 24 Juin 2014 8:53 
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Georges Duby
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Barbetorte a écrit :
Je ne pense pas que Louis XVI fut l'artisan d'une désacralisation de la royauté.

Personne ne vous contredira sur ce point. Louis est attiré par les Lumières et religieux à la fois, comme les nombreux Evêques et de nombreux nobles qui siègent dans les loges. Le manifeste des Lumières existe, c'est l'encyclopédie qui a un côté mythique à l'époque. Le peuple illéttré restera comme on sait religieux sous la Révolution.
En tout état de cause, la désacralisation commence bien avant le 18è siècle. comme il a été dit. Elle touche d'abord l'élite (voir les cahiers de doléances notamment qui ne visent pas le Roi) et le phénomène est progressif depuis la Renaissance. Les LUmières achèvent un mouvement et l'accélèrent en rendant possible la Révolution.
Elles expliquent ce phénomène étonnant que Furet a commenté: du jour où les députés du Tiers notamment aux Etats généraux se réunissent, ils constatent qu'ils pensent tous la même chose comme s'ils avaient été formatés. C'est là l'oeuvre de la philosophie des Lumières qui s'est répandue sur tout le territoire dans des sociétés locales et a formé des générations de l'élite dans la noblesse et la bourgeoisie à l'idée de la nécessité de réformes en profondeur de toute la société. L'Angleterre est le repère.
On ne désacralise pas, on voit les choses autrement.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 24 Juin 2014 9:37 
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Que dire de Louis XV et de la Du Barry ? :mrgreen:

Que penser de la personne sacrée d'un roi qui installe au pied du trône un femme que tous savaient être une ancienne prostituée ?

la perte de prestige de la monarchie remonte bien avant Louis XVI. Les gazettes sous Louis XV s'en donnent déjà à coeur joie.

On n'est même pas dans la désacralisation, mais dans la perte du simple respect.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 24 Juin 2014 16:47 
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L'inauguration de la statue équestre de Louis XV ,sur la place du même nom à Paris, dont le piédestal était orné de différentes vertus donna lieu à ce dystique célèbre:

Ah ! la belle statue, ah ! le beau piédestal,
Les vertus sont à pied et le vice à cheval.

_________________
Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 24 Juin 2014 17:01 
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Eginhard
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Michelet écrit quelque part que les obsèques de Louis XV "le bien aimé" furent les funérailles de la monarchie : il fut enterré de nuit pour éviter les cris séditieux au passage de sa dépouille et le peuple de Paris ne fut pas appelé à prier pour le repos de l'âme de son roi.
Pour changer de siècle, que penser de l'influence des calvinistes qui désacralisent tout, monarchie comprise ? Je pense à un Duplessis-Mornay qui en vient à estimer le régicide légitime dans certaines conditions(De la puissance légitime du prince, 1581 et surtout Vindiciae contra tyrannos deux ans plus tôt, avec Ph Languet). Mais il est vrai que l'écho de ces idées a été restreint. Elles ont pu toutefois amorcer une désacralisation que poursuit Bayle.

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"Denken heisst überschreiten" : Penser signifie faire un pas au-delà. Ernst Bloch (1885-1977)


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Message Publié : 24 Juin 2014 19:33 
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Philippe de Commines
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calade a écrit :
Pour changer de siècle, que penser de l'influence des calvinistes qui désacralisent tout, monarchie comprise ? Je pense à un Duplessis-Mornay qui en vient à estimer le régicide légitime dans certaines conditions(De la puissance légitime du prince, 1581 et surtout Vindiciae contra tyrannos

Qu'il y a une radicalisation du calvinisme qui fait écho à la tolérance du moment.
Concernant le "Vindiciae contra tyrannos", qu'il faut le remettre dans le contexte du cheminement de son auteur, de la période à laquelle ceci est écrit et bien avoir en tête que l'auteur est arrivé à la conclusion que pour faire triompher sa foi, la force devient incontournable. Que ce qui devient une conclusion chez Duplessis fut d'emblée une introduction côté catholique.
En 1541, dans "Les ordonnances ecclésiastiques", Calvin délimite un sphère religieuse distincte du gouvernement civil à une époque marquée par les luttes incessantes entre l'église et les représentants des différents états. Je trouve ceci assez sage. Mais nous sommes à l'époque des "Lumières".
Montesquieu écrit dans "L'esprit des lois" que "la religion catholique convient mieux à une monarchie" et que "la protestante s'accommode mieux d'une république". Son constat s'inscrit dans une "théorie des climats" qui est assez drôle. Pourquoi la greffe de la Réforme a pris dans l'Europe du nord et échoué dans l'Europe du sud ? S'ils ont secoué le joug du pouvoir pontifical et instauré une forme d'examen critique, c'est que les "peuples du Nord ont et auront toujours un esprit d'indépendance et de liberté que n'ont pas les peuples du Midi, et qu'une religion qui n'a point de chef visible convient mieux à l'indépendance du climat que celle qui en a un". ;) Quel que soit le degré de pertinence, ce diagnostic avait -en son temps- le mérite de poser la question. On découvre qu'une religion n'est pas seulement composée d'une doctrine et de pratiques mais qu'elle véhicule aussi un système de représentation du monde et une certaine conception de l'homme et de la société.
Les "Lumières" seraient-ils les enfants de la Réforme ?

_________________
"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 24 Juin 2014 21:10 
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Pierre de L'Estoile
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Alain.g a écrit :
On ne désacralise pas, on voit les choses autrement.
Tout à fait. On voit les choses autrement et ce nouveau regard conduit à des mises en question, dont celle de l'institution royale. C'est vrai des élites gagnées aux Lumières, et c'est vrai aussi des gens du peuple. Dans son étude sur la période Turgot (La disgrâce de Turgot), Edgar Faure observe que, lors de la Guerre des Farines, le comportement des émeutiers différait du comportement habituellement constaté lors de telles émeutes en période de disette :
Citer :
- l'élément intellectuel de la rébellion; recherche du juste prix ;
- la solidarité des masses populaires, qui s'exprime dans la succession et dans la préparation des épisodes ;
- enfin, la prétention de se substituer au pouvoir administratif, de lui donner des directives ou tout au moins de traiter avec lui. La masse ne se conçoit plus seulement comme une force mais comme une autorité. Il y a déjà là, dans la confusion ténébreuse de la subconscience collective, quelque chose qui ressemble à une saisie de souveraineté.


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Message Publié : 24 Juil 2014 16:32 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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il ya eu un post sur l'absolutisme...Le ROI est "oint" donc sacré en sa personne.La révolution élimine physiquement une personne sacré plus qu'une institution (la monarchie) .Là est l'impensable qui épouvante toutes les cours d'Europe.Je ne pense pas que les libres penseurs du 18e ,Voltaire en tete ,voulait aller aussi loin.La désacralisation du Roi s'est faite trés rapidement,poussée par les évenements et à la discrétion d'un nombre tres restreint de personnes par rapport à la population (essentiellement des parisiens).


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Message Publié : 24 Juil 2014 20:50 
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Pierre de L'Estoile
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ALEXANDRE 1ER a écrit :
il ya eu un post sur l'absolutisme...Le ROI est "oint" donc sacré en sa personne.La révolution élimine physiquement une personne sacré plus qu'une institution (la monarchie)...
Dès le XVIe siècle, il y a un nombre incalculable d'imprimés qui rappellent que le roi est soumis à l'autorité du peuple et qu'il est légalement permis de tuer son roi si celui-ci devient un tyran. Résultat : deux rois ont été assassinés Henri III et Henri IV.


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Message Publié : 24 Juil 2014 22:05 
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Pierre de L'Estoile
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Les pamphlets ne manquaient certes pas mais vous m'étonnez.

Le roi soumis à l'autorité du peuple ? Il était plutôt soumis aux lois fondamentales du royaume qui l'obligeaient à défendre la foi catholique et à servir l'église romaine.

Tyrans ? On peut difficilement accuser Henri III et Henri IV d'avoir été des tyrans et, s'ils ont été assassinés, ce n'est pas pour ce motif mais pour leur tiédeur à défendre le catholicisme et leur complaisance envers la religion réformée.


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Message Publié : 25 Juil 2014 4:54 
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Pierre de L'Estoile
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Barbetorte a écrit :
Le roi soumis à l'autorité du peuple ? Il était plutôt soumis aux lois fondamentales du royaume qui l'obligeaient à défendre la foi catholique et à servir l'église romaine.

Oui, dès le XVIe siècle, on parle bien de souveraineté du peuple. Les partisans de ce concept s'appellent les monarchomaques. Ils connurent un grand succès en France dans les années 1570, au point que lors des états généraux de 1576, le royaume n'est pas passé loin de changer de régime. Évidemment, il ne s'agissait pas d'instaurer la démocratie, mais déjà de remettre le pouvoir à une assemblée de représentants élus par le peuple (ou du moins la "meilleure" partie du peuple).

C'est ici que les historiens ont reconnu l'habileté du roi Henri III qui a su montrer une position 'libérale" tout en parvenant à diviser les députés pour empêcher la restriction de son pouvoir absolu. C'est un grand moment de l'histoire de France, mais qui reste assez peu connu... Il nous rappelle qu'avant l'absolutisme du XVIIe, il y a eu des réflexions très "modernes" sur les limites du pouvoir royal.

La grande spécialiste du sujet pour cette époque est Arlette Jouanna, Le Pouvoir absolu. Naissance de l’imaginaire politique de la royauté, Paris, Gallimard, coll. L’esprit de la Cité, 2013,

Barbetorte a écrit :
Tyrans ? On peut difficilement accuser Henri III et Henri IV d'avoir été des tyrans et, s'ils ont été assassinés, ce n'est pas pour ce motif mais pour leur tiédeur à défendre le catholicisme et leur complaisance envers la religion réformée.
De quoi parle t-on ? De ce que l'on peut penser, nous hommes du XXIe siècle ? Ou bien de ce que pensaient leurs contemporains ?

1-Aujourd'hui

Au sens actuel du mot, Henri III et Henri IV correspondent très bien à la définition du mot tyran, puisque tous les deux exercèrent leur pouvoir et leur autorité de façon abusive et parfois, sinon souvent, de façon injuste (mais quel roi n'a pas été un tyran ?).

2-Les contemporains

Ce qui est intéressant avec le XVIe siècle, c'est qu'un certain nombre d'intellectuels de cette époque ont été conscients du problème et ont cherché des solutions. L'un des plus fameux est Etienne de la Boétie avec son célèbre Discours de la servitude volontaire. Plus tard, Montaigne devait reconnaitre l’intérêt d'une république comme Venise. Puis, il y a les monarchomaques.

Les théories des monarchomaques prennent leur essor chez les théoriciens protestants après le massacre de la Saint Barthélemy. Elles dénoncent le caractère tyrannique d'un régime qui se laisse gouverner par des étrangers (italiens) au lieu de s'appuyer sur des princes français et/ou les états généraux. Elles seront reprises par les ligueurs pour dénoncer le pouvoir solitaire d'Henri III et sa libéralité pour les favoris.
Les causes de la détestation de la monarchie pendant les guerres de religion, ne furent pas tant religieuses que politiques et les théories monarchomaques sont là pour nous le rappeler.


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Message Publié : 26 Juil 2014 23:18 
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Pierre de L'Estoile
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Merci pour ces précisions intéressantes en ce qui concerne les monarchomaques.
Je reste cependant assez réservé sur la possibilité d'un changement de régime mené par une assemblée élue. Cela aurait correspondu aux voeux de certains réformés mais la faction la plus puissante, outre les catholiques fidèles au roi, était celle conduite par le duc de Guise. Le changement de régime le plus probable était l'accession au trône de ce dernier. Ce changement dynastique aurait-il été un réel changement de régime ?

Je vous suis en ce qui concerne l'accusation de tyrannie portée sur Henri II et Henri IV dans la mesure où l'on donne à ce mot l'acception de l'époque, à savoir l'illégitimité ou la violation des lois fondamentales.


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Message Publié : 27 Juil 2014 8:54 
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Pierre de L'Estoile
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Barbetorte a écrit :
Merci pour ces précisions intéressantes en ce qui concerne les monarchomaques.
Je reste cependant assez réservé sur la possibilité d'un changement de régime mené par une assemblée élue. Cela aurait correspondu aux voeux de certains réformés mais la faction la plus puissante, outre les catholiques fidèles au roi, était celle conduite par le duc de Guise. Le changement de régime le plus probable était l'accession au trône de ce dernier. Ce changement dynastique aurait-il été un réel changement de régime ?
Il ne faut pas confondre les états généraux de 1576 avec ceux de 1588. En 1576, la prétention des Guise à la couronne de France n'est qu'un sujet de plaisanterie. On est encore loin de penser que le dynastie régnante va s'éteindre. De plus, à cette époque, la cour considère encore le roi Henri de Navarre, comme un jeune prince sans religion et qu'il serait facile de le faire revenir au catholicisme. Il n'y a donc pas de débats sur la succession au trône.

La première réclamation des états généraux de 1576 est que les décisions prises par eux deviennent " loi inviolables ", " applicables sans enregistrement ", et " irrévocables " par le roi ; autrement dit, c'était transformer l’institution des États généraux en assemblée législative... J'ignore si cela constitue un changement de régime, mais ça rappelle beaucoup les états généraux de 1789. Mais contrairement à Louis XVI, Henri III a pu bénéficier des profondes divisions de la "classe politique" répartis entre catholiques intransigeants (ligueurs), catholiques modérés (politiques et malcontents) et protestants , et exploiter ces divisions pour ruiner les vœux des députés.


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