Bonjour,

Il me semble avoir lu qu'une galère de l'époque moderne servait 4 mois en mer pour rester 8 mois port, en somme une saison de navigation très réduite. Si c'est bien le cas, je me demandais ce que faisaient les galériens pendant la période où les galères restaient au port. Etaient-ils dans des bagnes, s'occupaient-ils de la maintenance des bâtiments? Car j'ai lu qu'en France la création de prisons dans les anciens ports de galères fait suite à la décision de mettre fin aux galères (1748). Je suis preneur de toute information ou de renvoi à des ouvrages. Merci par avance,

T.

En cherchant avec les mots "forçat" et "Marseille" ou "Toulon", on tombe vite sur les écrits d'André Zysberg, qui est un spécialiste du sujet.
Par exemple, Google propose plusieurs pages du livre "L'Etat classique: regards sur la pensée politique de la France ..." qui contient plusieurs parties, dont une d'André Zysberg, des pages 318 à 338. C'est très intéressant, et grâce à vous, je lis ces pages qui m'apprennent beaucoup de choses, par exemple que tous les galériens n'étaient pas forcément des repris de justice. Il y avait aussi des esclaves turcs ou grecs, achetés à Malte ou ailleurs, et des matelots. Parmi les condamnés, il semble qu'il y ait eu à peu près trois tiers : un premier tiers était des voleurs, un second des déserteurs, et un troisième des personnes qui essayaient de frauder le fisc.
Je vois la réponse à votre question page 336. Tout d'abord, il y est confirmé que la majeure partie du temps se passe à terre, plus exactement les deux tiers de l'année. Certains restaient sur les bateaux où ils tricotaient des articles de bonneterie. Les autres allaient travailler en ville, généralement comme ouvriers. Ils étaient moins payés que les travailleurs ordinaires.

ou chrétiens pour les musulmans.

Les critères de répartition, esclaves/forçats étaient essentiellement économiques et sécuritaires :
- Pour limiter des rebellions de groupe il fallait éviter une trop forte concentration d’une confession unique, musulmans ou chrétiens.
- L’esclave en bonne forme physique représentait une valeur marchande, pour les galères il était plus coûteux qu’un forçat. D’ou l’intérêt de condamner aux galères même pour de menus larcins pour limiter le nombre d’esclaves.

Pour les esclaves de la chiourme, la dénomination de Turc s’appliquait à l’ensemble des musulmans.
Voir aussi : chiourme, galiotes, Galéasse, galions
Les esclaves et forçats constituaient la chiourme. Il y avait aussi des "galériens libres" mais semble t-il en nombre très limité.

L’esclave captif sur les galères d’Espagne (XVIe-XVIIIe siècles)
http://cdlm.revues.org/7140

Thèse - UNE GALERE A VERSAILLES
Patrice Grimald –Octobre 2013 Livre 1/2
Voir : Les esclaves, les forçats, composition de la chiourme
LA SOCIETE DU BORD
http://www.biblio.univ-evry.fr/theses/2 ... _tome1.pdf

L’esclavage au quotidien à Malte au XVIe siècle
http://cdlm.revues.org/26

Quelques opérations importantes qui permettent d’évaluer les capacités :

Le 14 octobre 1543, le corsaire Barberousse entre dans la rade de Toulon avec 200 galères et 30.000 hommes.

Siège de Castelnuovo
Régence d'Alger : 50 000 hommes : 130 galères 70 galiotes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Si%C3%A8ge_de_Castelnuovo
Bataille de Lépante
Voir : Composition des flottes et ordre de bataille
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_L%C3%A9pante

A ma connaissance ,il y a un seul livre sur les galères fait par un galérien .
C'est un Protestant condamné aux Galères parce qu'il s’apprêtait à quitter la France sans autorisation .
Il a passé une quinzaine d'années aux Galères .

Il explique que le statut des galériens va de "relativement bien à très très mal"... suivant l'argent dont on dispose ...
Selon lui,et son livre est argumenté,tout s'achetait ,absolument tout sauf la liberté .

Les périodes de "non navigation" étaient donc la période rêvée pour se faire de l'argent suivant ses capacités ou profiter de la "belle vie" (auberge,prostituées,etc...),tout en sachant que tout celà était "interdit",donc "soumis à rackett" ...

Il y avait un rackett pour avoir le droit de travailler,un autre pour avoir le droit de vendre,un autre pour avoir le droit de garder l'argent ,et un autre pour avoir le droit d'aller voir les prostituées et les auberges (qui elles aussi étaient rackettées,puisqu'elles ne pouvaient pas recevoir les galériens ...).

Parmi les travaux les plus rentables,les maquettes de navire en ivoire comme on peut en voir au Château de Dieppe ...Mais c'était pas facile à faire ... ni facile de financer la matière première ,les outils et tous les "passes droits" requis ...

Autre témoignage d’un protestant :
Le témoignage de Jean Marteilhe, galérien de 1700 à 1713 MARTEILHE Jean, Mémoire d’un protestant condamné aux galères de France pour cause de religion , J.D. Beman et fils, Rotterdam, 1757, p. 356

TOURNIER Gaston, Les galères de France et les galériens protestants des XVII et XVIII Emes siècles,

Rechercher « protestants » dans :
http://www.biblio.univ-evry.fr/theses/2 ... _tome1.pdf

Je l'ai lu il y a quelques années, souvenir d'une excellente lecture sur un sujet "à la marge". Existe en poche.

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"Lisez, éclairez-vous, ce n'est que par la lecture qu'on fortifie son âme." - Voltaire
"Historia vero testis temporum, lux veritatis, vita memoriae, magistra vitae." De oratore - Cicéron

Bonjour,

Je vous remercie tous, en particulier Oliviert et guide stone, de vos réponses.
Cordialement,

T.