Puisque le sujet présent évoque les projets et les idées en gestation, je me permets d'ajouter que j'ai autre chose à évoquer...
Il s'agit pour être concret de la vie de la dernière princesse de Conti. Qu'est-ce donc encore que cette femme dont personne n'a entendu parler... Quelle idée ! Et bien non, les personnages de sang illustre ayant vécu dans l'ombre ont le pouvoir d'exciter ma curiosité.

J'arrive au fait. La princesse Félicité d'Este - la Maison régnante dont elle était issue gouvernait une petite principauté italienne - épousa le comte de la Marche, fils du prince de Conti, prince du sang et cousin de Louis XV.
Les Conti étaient au XVIIIème siècle les derniers princes du sang dynastes dans l'ordre protocolaire de la maison de Bourbon de France.
Le ménage du comte et de la comtesse de La Marche ne fut pas heureux, nos deux protagonistes se séparant judiciairement en 1775 avec l'aval du roi. Il n'y eut pas de divorce, comme c'était très ouvent l'usage en France et cette séparation préfigurait déja la séparation en due forme du duc et de la duchesse de Bourbon quelques années plus tard.
Notre couple séparé mais toujours uni en légitime mariage accède au titre de prince et de princesse de Conti en 1776 par la mort du dernier détenteur du titre.

Le nouveau prince de Conti ne fit guère parler de lui, il figure cependant parmi les princes à ne pas avoir pris parti pour le Parlement en 1770, il échappa donc à "l'exil" de la plupart de ses autres cousins comme le duc d'Orléans.
Toutefois plus tard, à la veille de la Révolution, il afficha des opinions nettement consevatrices en suppliant Louis XVI de ne pas accorder le doublement du tiers aux Etats généraux en 1789. Cette attitude jugée réactionnaire lui fut vivement reprochée par ses détracteurs.
A ce titre il est un des signataires de la fameuse "Adresse au Roi".
Il quitta la France peu après la prise de la Bastille, mais curieusement il revint en France quelques temps plus tard en prêtant serment à la Nation comme n'importe quel autre citoyen. Lors de la chute de la monarchie en 1792, les choses se gâtent pour lui. Il est arrêté et emprisonné. Oublia-t-on sa parenté avec le roi ? toujours est-il qu'il sauva sa tête et obtint son départ de France aprés la chute de Robespierre au même titre que la duchesse d'Orléans et de ses fils, le duc de Montpensier et le comte de Beaujolais qui croupissaient dans un cachot à Marseille.
Le prince de Conti trouva refuge en Espagne et mourut oublié en 1814.

Et sa femme ? et bien j'ai très peu de renseignements... On retrouve un peu sa trace en émigration lorsqu'elle accepta de prendre en charge sa lointaine cousine Adélaide, soeur du futur Louis-Philippe dont ce dernier ne savait que faire dans les pérégrinations de son exil. Installée en Bohème, elle mourut vers 1802-1804.

Félicité d'Este, princesse de Conti n'était pas sous Louis XV et sous Louis XVI une personne méconnue. Elle figurait parmi les premières dames de France mais l'histoire a voulu l'oublier comme tant d'autres (la comtesse de Provence, la comtesse d'Artois...). L'imposant domaine de l'Isle-Adan, propriété des Conti a également disparu.
L'époux de Félicité, comme tant de grands seigneurs à l'époque figure dans la chronique des princes libertins, il mena joyeuse vie parmi des danseuses et des comédiennes...

A-t-on des renseignements supplémentaires sur la dernière princesse de Conti ? je lance une bouteille à la mer...

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Dominique Poulin

Je n'ai malheureusement que peu de choses à apporter au sujet... Si ce n'est qu'effectivement, le prince de Conti termina ses jours à Barcelone, ayant su se faire si discret pendant l'occupation française que Napoléon lui avait conservé sa pension octroyée par le Directoire.

Le vieux château qu'il y occupait alors, acquis aupès du duc d'Albe, ne pouvait que difficilement lui rappeler les fastes de son luxueux domaine de l'Isle-Adam :



Michel-Barthélémy Ollivier, Chasse au cerf donnée en l'honneur du prince héréditaire de Brunswick-Lünebourg en 1766

Quant à son épouse dont vous avez évoqué la vie cher Dominique, en voici le portrait posthume :


Hortense Haudebourt-Lescot, 1835.

Encore une italienne à la Cour qui n'était pas un prix de beauté...

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Sébastien

Le portrait de Félicité d'Este, princesse de Conti, que vous avez illustré figure sur le site de l'Agence Photographique des Musées Nationaux. Je pense que ce portrait est postérieur à la Révolution. De mémoire je crois que Félicité n'était plus toute jeune à la fin du XVIII...
Merci Montesson.

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Dominique Poulin

Cher Montesson, vous avez évoqué le maintien de la pension accordé au prince de Conti par le Directoire sous l'Empire. Ou avez-vous exhumé ce renseignement ?
Napoléon était tout pret à accorder de généreux traitements aux Bourbons à condition qu'ils se tiennent tranquilles, renoncent à leurs droits au trone et à leurs intrigues politiques. Ce que refusa toujours le comte de Provence, vous le savez autant que moi.

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Dominique Poulin

Permettez que je vous rejoigne dans cette discussion sur les princes de Conti.

A l'instar de toutes ces princesses de la famille de Bourbon dont l'histoire a peu parlé comme, par exemple, la duchesse de Penthièvre, la vie de sa soeur, cette princesse de Conti m'intéresse beaucoup depuis longtemps, tous comme les membres de cette famille princière, cousins des rois de France.

J'ai retrouvé, sur le site de l'agence photographique de la RMN, un autre portrait gravé par St Aubin, qui est conservé au Louvre, qui représente de profil la princesse, qui possédait , en effet, un nez extrêmement long, principal élément de sa laideur.

http://ao2a.macron.free.fr/princessedecontineeestestaubin.jpg

Je sais, également, à titre de renseignements, que si vous souhaitez savoir où se situe la sépulture du dernier prince de Conti : elle se trouve dans les caveaux de la chapelle royale de Dreux ( Eure et Loir ). Le roi Louis Philippe avait rapatrié le corps de son grand oncle dans son caveau de famille apeés 1814, je crois.
La princesse est ensevelie dans un couvent de Venise où elle s'était retirée à la fin de sa vie.

A trés bientôt
Gentilhomme de la chambre

J'ai dit plus haut que la princesse de Conti était la soeur cadette de la duchesse de Penthièvre, étant toutes deux filles de Charlotte Aglaée d'Orléans - qui défraya la chronique par des moeurs douteuses sous la régence en bonne fille du Régent - et du duc de Modène, prince italien.

La princesse figura, en tant que comtesse de la Marche puis en tant que princesse de Conti, a de nombreuses cérémonies de cour et ne menait pas une vie si retirée que cela : elle participera comme marraine à la présentation de la princesse de Lamballe à la Cour , elle assitera, en tant que princesse du sang, au mariage de Marie Antoinette et à la naissance de Mme Royale.

Ce lien de parenté explique que la princesse , une fois séparée de son époux, bien que possédant son hôtel particulier à Paris, fréquentera souvent la maison du son beau-frère, le suivant dans ses séjours dans ses innombrables châteaux où elle était souvent conviée et possédait des appartements marqués.

Un site relate le lieu de sépulture du dernier prince de Conti :

http://perso.wanadoo.fr/stephane.thomas ... mbeaux.htm.

Oui gentilhomme, la princesse de Conti figurait sur le plan de table de la famille royale (ou les princes du sang étaient également conviés) au mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin en 1770. Ce plan de table est illustré dans le livre "Marie-Antoinette" de André Castelot, une référence ancienne, un peu controversée mais essentielle selon moi.

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Dominique Poulin

Dans l'Histoire de l'Emigration, par Ghislain de Diesbach (Perrin, 1984), p. 486 :

"Aussi Napoléon, [le] trouvant suffisamment soumis, a-t-il continué de [lui] fair servir [la] pension promise par le Directoire".

Il en usa de même d'ailleurs avec la duchesse de Bourbon, elle aussi en exil à Barcelone, qui ne manqua pas de prouver constamment sa gratitude à l'assassin de son fils, comme le rapporte un espion de ce dernier :

"Elle considère l'Empereur comme son maître. Non seulement elle lui est soumise comme à la Providence, dont elle le croit l'instrument , mais les succès de Sa Majesté lui sont chers. On l'a vue, il y a quatre ans, sous le ciel de Barcelone, fixant en plein midi le soleil, comme l'intermédiaire entre elle et la divinité, remercier Dieu des triomphes de l'Empereur".

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Sébastien

Au moins, la duchesse de Bourbon n'était pas une ingrate.

J'ai retrouvé quelques renseignements sur la dernière princesse de Conti, ils sont trés minces je le reconnais, mais l'état de la documentation disponible l'est tout autant.

Marie-Fortuné d'Este, princesse d'Este-Modène, comtesse de la Marche puis princesse de Conti était née le 24 novembre 1731 (ou 1734). Ses parents étaient François III d'Este, Duc et Prince souverain de Modène et Charlotte-Aglaé d'Orléans dite Mlle de Valois, fille du Régent. Le couple eut quatre enfants recensés :
- Félicité, née en 1726, qui épousa le duc de Penthièvre en 1744
- Mathilde, née en 1729
- Fortuné, née en 1731 (ou 1734) qui épousa le comte de La Marche, futur prince de Conti en 1759

Lors de la guerre de Succession d'Autriche, ses parents chassés de leurs Etats avaient trouvé refuge à Paris.
Le mariage de Félicité avec Louis-François-Joseph de Bourbon, comte de La Marche, prince du sang, fils du prince de Conti (1717-1776) et de Louise-Diane de Bourbon-Orléans (1716-1736) eut lieu le 7 février 1759. Par ce mariage, elle devaint la belle-soeur du duc de Penthièvre, tante du duc d'Orléans Louis-Philippe Le Gros, grande-tante du futur Louis-Philippe 1er, cousine des Condé.

Le couple du comte et de la comtesse de La Marche fut déclaré officiellement séparé en 1775, mais ils restèrent néanmoins mariés en légitime mariage.
Félicité devient princesse de Conti le 2 aout 1776 par la mort de son beau-père. Elle émigre lors de la Révolution et vit à Fribourg, en Suisse au milieu des années 1790. Lors de cette période, elle sera chargée de recueillir sa petite-nièce la princesse Adélaide d'Orléans en 1794. Vers 1800, la princesse de Conti vivait en Bohème, avant de se retirer dans un couvent ou elle mourut le 21 septembre 1803 selon notre confrère le Gentilhomme de la Chambre.
Voila les informations personnelles dont je dispose. Permettront-elles d'en savoir un peu plus sur celle qui figurait parmi les dix premières dames de France en 1789 ?

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Dominique Poulin

Rappelons que cette dernière aurait du épouser le roi de Sardaigne... N'eût été l'indiscrétion de sa grand-mère, la princesse Palatine, qui ne manqua pas de rapporter à la Cour de Turin l'existence du fameux passage secret bâti par le duc de Richelieu entre une maison de la rue homonyme et le Palais-Royal, par lequel il rejoignait régulièrement sa belle...

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Sébastien

A propos de la dernière princesse de Conti, serait-il possible d'acquérir de nouveaux renseignements ? A part les quelques informations que j'ai divulguées il y a quelques mois, mes recherches ont été vaines... Peut-on m'aider ? Je lance une bouteille à la mer, l'un d'entre vous saura-t-il la ramasser et rassasier ma curiosité ?

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Dominique Poulin

Je sais simplement que la Princesse de Conti etait officiellemnt separee de son epoux...
Madame d'Oberkirch en parle dans ses memoires. Madame de Lamballe en qualite de belle fille du Duc de Penthievre avait des liens familliaux etroits avec la princesse de Conti. Rappelons que la Duchesse de Penthievre, nee d'Este Modene, etait la tante de la princesse de Conti...

Bref, Madame de Lamballe obtint par la Reine, qu'une rente soit versee personnellement a la Princesse de Conti, qui me s'appellait encore que comtesse de La Marche, apres sa separation d'avec son epoux

Cette rente a ete assez mal acceuillie dans la public et a la cour ou la comtesse de la Marche n'etait pas tres aimee... Et oui a la Cour on ne pardonne pas la laideur...!!!
On la surnommait d'ailleurs, la comtesse au long nez...

Pour te répondre, Cantin, la duchesse de Penthièvre était la soeur de la princesse de Conti et non sa tante.
J'ai trouvé il y a peu quelques renseignements sur la princesse dans les Journeaux du comte d'Espinchal et du comte de Bombelles.
Marie-Félicitée d'Este-Modène, comtesse de La Marche, puis princesse de Conti fréquentait peu la Cour selon d'Espinchal. Mais ce phénomène s'inscrit dans l'éloignement de presque tous les princes du sang à la Cour de France à la fin du règne de Louis XV et surtout sous celui de son successeur.

Mariée à vingt-sept-ans - un age tardif afin de convoler pour une princesse- au comte de la Marche, fils du prince de Conti en 1759, elle apporta en dot à la Maison de Conti une énorme dot de plus d'un million de livres. Le ménage du comte et de la comtesse de La Marche ne s'entendait pas parce que l'époux de Félicitée voulait imposer son fils né de sa liaison avec une certaine Coraline. Leur séparation fut effective en 1777 un an après avoir relever le titre de prince et de princesse de Conti.

Félicitée vivait au milieu des années 1780 à Paris dans un hotel parfois appelé hotel du Lude rue Saint-Dominique. Les Archives Nationales possèdent une masse importante d'archives sur la Maison de Conti et ses derniers princes.
La période d'exil de la princesse demeure assez floue. Elle vécut à Chambéry lors des premières années de la Révolution pour échouer en Bohème avant de se retirer enfin à Venise au couvent de la Visitation ou elle mourut et ou elle fut inhumée en 1803. L'encyclopédie Wikipédia dit que la princesse demanda à son neveu par alliance, l'archiduc Ferdinand de Habsbourg, frère de Marie-Antoinette de séjourner à Venise. Cette information ne me parait pas trés claire car à ma connaissance l'archiduc Ferdinand n'était plus gouverneur de Milan à ma connaissance et il ne me semble pas que la Vénétie entrait dans l'obédience de ses Etats... A voir.

La princesse ne me semble pas avoir été une princesse trés gaie, ni trés spiritelle. Elle s'occupait apparement surtout de charités et vivait une vie retirée, cependant assez proche de son beau-frère le duc de penthièvre et de la famille d'Orléans.
On possède peu de portraits de la dernière princesse de Conti. Une oeuvre posthume réalisée au XIXe siècle très banale de surcroit, un portrait gravé de Saint-Aubin réalisé de profil vers 1780 qui révèle son grand nez, un portrait au pastel par le célèbre Carmontelle alors qu'elle n'était encore que comtesse de La Marche.
A noter la longue longévité de cette altesse... Née en 1731, elle mourut en 1803.

Pour conclure, Cantin, d'ou provient ce renseignement relatif au surnom de la princesse : "La comtesse au grand nez" ?

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Dominique Poulin

Comtesse au long nez , c'est une citation de Michel de Decker dans sa biographie sur la princesse de Lamballe lorsqu'il évoque les invités présents au repas de noce...