Je ne vois pas le rapport entre l’adultère féminin ou masculin et la Loi Salique ou l’idée que l’enfant puisse être uniquement issu du père. Il me semble logique et même normal qu’un homme veuille transmettre son patrimoine à son vrai fils plutôt qu’à un bâtard de sa femme.
Cornelis_ a écrit :
nous savons que l'adultère masculin a été pratiqué tout au long du Moyen Âge et de l'époque moderne.
Plus ou moins quand même. Charles VII fut le premier roi de France à prendre une maîtresse officielle. A ma connaissance, on ne dispose pas, pour les rois du Moyen-Age, de longues listes de maîtresses et de bâtards comme pour Henri IV ou Louis XIV. Cela veut-il dire que c’était juste davantage caché ou que c’était quand même moins répandu?
yannou94 a écrit :
Louise-Henriette de Bourbon dont son fils dira: " Je suis tout Condé et je n'ai rien d'Orléans "
C’est sa fille qui aurait dit ça. Son fils, le fameux Philippe-Egalité, a profité de l’inconduite notoire de sa mère pour clamer, lors de la Révolution, qu’il n’était pas un Capétien.
Cornelis_ a écrit :
On remarque que dans vos exemples, il ne s'agit que des branches secondaires de la famille royale ; parler d'une possible illégitimité des héritiers directs du trône - ou avoir des preuves de l'adultère de la femme de l'héritier, comme sous Philippe le Bel - se rapproche dangereusement de propos séditieux, voire de trahison pure et simple.
Secondaires, secondaires… C’est vite dit. Jusqu’à la naissance du futur Louis XIII, le successeur présomptif d’Henri IV était Henri II de Bourbon-Condé, fils de Charlotte-Catherine de La Trémoille. Il serait devenu roi si Henri IV n’avait pas eu de fils légitime. Enfin… A priori car ses oncles étaient en embuscade pour essayer de lui chiper la place en raison de sa soi-disant illégitimité.
Il est arrivé très souvent (et pas seulement en France) que l’épouse d’un roi ou d’un prince proche du trône soit accusée d’adultère et, donc, que la légitimité de ses enfants soit remise en question.
Qu’il est facile de dire qu’un(e) prince(sse) encombrant(e) n’est pas vraiment l’enfant de son père officiel!
Philippe V peut dire merci à Marguerite de Bourgogne et à Philippe d’Aulnay.
On peut citer le cas de Charles VII, accusé de ne pas être le fils de Charles VI mais celui du frère de ce dernier, Louis d’Orléans. On connait la suite: Jeanne d’arc, tout ça…
On a dit bien souvent que Louis XIV ne serait pas de Louis XIII ou que Louis-Joseph et Louis-Charles ne seraient pas de Louis XVI mais de Fersen.
Il y a la célèbre histoire de la Mauresse de Moret qui aurait été la fille de la reine Marie-Thérèse et d’un page noir (mais c’est loin d’être certain).
On peut aussi parler de Marie-Louise-Elisabeth d’Orléans, fille du régent, qui a continué à faire des enfants après être devenue veuve.
Il y aussi une histoire à propos de la comtesse d’Artois, femme du futur Charles X, qui aurait pris l’habitude de prendre du bon temps avec des gardes. Soi-disant qu’elle aurait été enceinte de l’un d’eux. Elle aurait accouché clandestinement, l’enfant aurait été envoyé on-ne-sait-où et le garde fautif aurait été muté (on a été moins dur avec lui qu’avec les frères d’Aulnay).
Madame Adélaïde aurait alors fait le commentaire comme quoi, à ce compte-là, il faudrait muter tout le régiment.
Par contre, je n’ai jamais entendu dire que la légitimité des ducs d’Angoulême et de Berry ait été contestée. Il est vrai qu’il suffisait de regarder la tête du duc d’Angoulême pour constater qu’il était bien le fils du comte d’Artois.
Il est difficile de parler du libertinage des princesses françaises sans évoquer Marguerite de France. Elle n’a jamais été inquiétée à cause de ça (sauf si on compte la fois où on l’a accusée d’avoir pratiqué un avortement mais c’est autre chose). Evidemment, il aurait été difficilement imaginable d’enfermer la soeur du roi de France à Château-Gaillard pour avoir cocufié le petit roitelet de Navarre.
C’est surement une chose importante à prendre en compte: la position sociale de l’épouse par rapport à son mari. Plus elle sera puissante, moins elle risquera de représailles en cas d’incartade. On dit que Jeanne de Bourgogne a été vite pardonnée à cause de son héritage que son mari avait peur de perdre.