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Le traité de Versailles de 1756 n'est pas une véritable alliance offensive de deux puissances, mais plutôt la neutralisation de chacun des alliés historiques. Ainsi la France prive l'Angleterre de l'appui continental de l'Autriche, et cette dernière isole la Prusse de la France.
Dès 1754 l'Angleterre, est dans une démarche de rupture de la paix avec la France, mais avant une déclaration officielle elle se doit de constituer une coalition qui puisse la soutenir, en particulier sur le continent Européen où ses possessions allemandes sont directement menacées. L'Angleterre et la France mobilisent leur diplomatie auprès des autres Cours européenne pour obtenir leur appui ou leur neutralité. Au conflit colonial Franco-Anglais se superpose le contentieux Austro-Prussien.
« J'ai sacrifié mes intérêts les plus chers à la tranquillité de l'Europe, en cédant la Silésie, mais si jamais la guerre se rallume entre moi et le Roi de Prusse, je rentrerai dans mes droits, ou j'y périrai , moi et le dernier de ma Maison. » Voici ce qu'écrivait Marie Thérèse d'Autriche à l'entrée de la guerre qui n'aurait du être que la troisième guerre de Silésie entre Autriche et Prusse, mais qui par le jeu de la politique et des alliances finira par emporter toute l'Europe.
A Versailles Rouillé occupe le ministère des affaires étrangères depuis 1754, après avoir été secrétaire d'état à la marine de 1749 à 1754. En 1756, le Roi impose le secret sur les négociations sur rapprochement avec l'Autriche; à la fois pour ne pas contrarier le roi de Prusse avec lequel on espère encore pouvoir renouveler le traité d'alliance et ainsi l'éloigné de l'Angleterre, mais aussi pour ne pas être confrontés à ceux de ses ministres qu'il sait opposés à ce renversement des alliances, comme d'Argenson, Rouillé, de Puylsieux… C'est donc Bernis et non Rouillé qui mène les discussions avec Starhemberg. Le duc de Luynes écrit dans ses Mémoires à propos du traité de Versailles : « Rouillé n'en a été instruit que quand tout était presque fait. » Quand il est nommé à Vienne en 1757, les négociations sont achevées.
Voici ce qu’en dit Talleyrand « Le traité de 1756, qui y tient une grande place, avait été fait avec une précipitation inconcevable, où tout montre l'entraînement que donnait l'humeur du traité signé au mois de janvier précédent entre l'Angleterre et la Prusse. L'irréflexion ressort de tous les articles. Certes, si le traité de 1756 eût été médité, s'il eût été fait par des esprits plus calmes, si l'on eût été bien pénétré du danger que courait la France en unissant, à une pareille époque, sa cause à celle d'une puissance qui avait sur le continent tant de sujets de querelles, on n'eût pas consenti à ce que, par la principale condition du traité, on exceptât du casus fœderis la guerre qui éclatait au moment même entre la France et l'Angleterre. On n'eût point été dupe de cette apparence de réciprocité qu'établissait la garantie mutuelle, quand cette garantie, ne s'étendant qu'aux possessions que les puissances contractantes avaient en Europe, assurait à l'Autriche tout son territoire, et permettait, sans qu'il y eût aucune infraction de commise, que la France, occupée et épuisée par la guerre continentale, perdît ses plus belles colonies.»
La bataille diplomatique qui se déroule dès 1754, puis tout au long de la guerre, si elle est plus feutrée que le tumulte des champs de bataille, n'en a pas moins été vive avec des rebondissements parfois inattendus. Et s'il y eut jamais une guerre en dentelle durant ce siècle, ce serait bien la guerre diplomatique qui s'est déroulée dans les antichambres et les salons des cours d'Europe de ce milieu de 18e siècle.
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