N'ayant pas retrouver l'archive du site dont j'ai parlé, j'ai, heureusement conservé le manuscrit de la biographie de la princesse que je peux mettre ici en ligne :
Marie-Clotilde de France, plus couramment surnommée « Madame Clotilde » , est la deuxième fille de Louis -Ferdinand de Bourbon, Dauphin de France ( fils de Louis XV ) et de sa seconde épouse, Marie - Josèphe de Saxe. Elle est née à Versailles, le 23 septembre 1759, dans la chambre de l’appartement de la Dauphine, au rez de chaussée du château, sous les Grands appartements de la Reine. Cette autre sœur de Louis XVI, fut une de ces saintes princesses, que la famille de France produira , tout comme Mme Elisabeth.
la sage Clotilde
La jeune princesse est confiée à Mme de Marsan « Gouvernante des Enfants de France » ; qui fut chargé de son éducation. Elle eut les mêmes professeurs - on disait « maître »- que ses frères, le Duc de Berry ( futur Louis XVI ), le comte de Provence et le comte d’Artois., qu’elle partagera plus tard avec sa sœur cadette, Mme Elisabeth. Les princesses suivaient sept heures de classe par jour, et seront beaucoup mieux instruites, que la plupart des princesses d’Europe. Elle appréciait particulièrement l’étude de la musique, qu’elle de plaisait à faire entendre à la guitare qu’elle jouait à la perfection. Le peintre Drouais fit un portrait la représentant jouant de cet instrument peu avant son mariage.
« Mme Clotilde était une petite fille enjouée, posée et naturellement disciplinée. Elle était aimée de tout aimée de tout le monde. Bonne prévenante, dévouée, elle réunissait toutes les vertus chrétiennes » dira le vicomte de Reisset. Il poursuit son portait en la qualifiant d’esprit agréable, et fin, possédant une affabilité et des grâces personnelles qui la rendait chère à tous ceux qui l’approchaient.
C’était une princesse pleine de piété, d’un caractère doux, d’une humeur gaie, d’une simplicité charmante. Elle a six ans quant son père disparaît et huit à celle de sa mère. Ces disparitions brutales l’affectera profondément. Elle reporta sa tendresse sur ses frères mais surtout sur sa petite sœur Elisabeth, qui n’avait que trois ans à la disparition de Marie-Joséphe de Saxe. Louis XV sera alors un grand père attentif et très aimé des jeunes princes. Mme Clotilde se séparait rarement de sa sœur, à laquelle elle donnait des conseils de sagesse, mais surtout un exemple de pitié et de simplicité. Elevée très religieusement et étant, de fait, très pieuse, Marie-Clotilde serait devenue probablement, carmelite comme sa tante Madame Louise, si son mariage n’avait pas été une affaire d’état. Leur première séparations sera définitive , à quinze ans, Mme Clotilde , fiancée au prince de Piémont, frère de ses belles-sœurs, les comtesses de Provence et d’Artois, dut quitter Versailles qu’elle ne reverra jamais. Le 27 août 1775, la nouvelle princesse de Piémont fit ses adieux officiels à la Cour , et prit le lendemain, le chemin de Chambéry, alors capitale du Duché de Savoie.
Elle ne songera plus « qu’à devenir une sainte épouse, tout en restant fidèle jusqu’aux marches du trône, aux règles d’une piété qu’elle s’était imposées lorsqu’elle voulait entrer au carmel. »
Princesse de Pièmont :
En arrivant à Chambéry, elle découvrit l’époux que lui imposait son destin : Charles-Emmanuel de Savoie, fils du roi Victor-Amédée III de Sardaigne et de l’infante d’Espagne, Marie Antoinette de Bourbon. Après vingt jours de fêtes et de réceptions, les princes héritiers prirent la route de Turin, capitale du royaume, où ils devaient résider. Une nouvelle vie commençait pour la princesse , qui s’entendit à merveille avec son époux - chose rare dans les familles royales de l’époque. Elle eut la satisfaction de le trouver aussi enclin à la pitié comme elle. Malheureusement, le ménage n’eut pas d’enfants. On attribua cette stérilité à l’obésité congénitale de Clotilde : elle avait été surnommée « Gros madame » à Versailles car elle était très forte. Reisset nous confirme que ce surnom affectueux lui viendrait d’un bon suisse de Versailles, comblé par ses bienfaits. Quelques années plus tard, elle sera d’une extrême maigreur. Le quotidien de la princesse héritière était très simple : lecture des Offices du jour et messe quotidienne. Elles donnaient tous ses soins aux malades et aux pauvres, n’hésitant pas à porter elle même les secours, comme sa grand mère Marie Leczinska, les soulageant de sa bourse et de ses paroles. A Turin , elle patronna beaucoup d’associations, principalement dans les maisons de bienfaisances des pauvres. Elle s’occupait ensuite d’œuvres charitables , comme adhérente de la compagnie des dames de la Visitation de Turin. Elle établie dans ce couvent l’adoration perpétuelle au Sacré-cœur, organisée par des roulements de volontaires. Elle protégeait et aidait financièrement la Société Saint Louis, qui venait aussi en aide auprès des malades. Son mari , était très pieux et on sait qu’ après le décès de sa sainte femme, il préféra abdiquait pour se retirer dans l’ordre des Jésuites de Rome où il mourut en 1819.
Marie Clotilde était sévère pour elle même autant qu’elle était indulgente et affectueuse pour les autres. Elle portait aux membres de sa famille la plus tendre et le plus grand dévouement
Cette vie austère et dévote fut assombrie par les mauvaises nouvelles de France, au moment de la Révolution : elle apprit l’emprisonnement de son frère et de sa famille, puis en 1793, par l’intermédiaire du Cardinal de Turin, Msg Coste, l’annonce de l’exécution de Louis XVI, puis celle de Marie-Antoinette, de sa chère sœur et de nombreuses personnes qu’elle connaissait.
Lorsque la Révolution dispersa le carmel de St Denis, celui où était entrait sa tante, Mme Louise, fille de Louis XV, et où elle aimait la suivre, Clotilde s’efforça d’en sauver quelques-unes, en les regroupant dans le couvent de Monte Carrello, propriété de son époux.
En 1796, son époux devient roi de Sardaigne, à la mort de son père, sous le nom de Charles-Emmanuel IV. Marie-Clotilde, devenue reine, ne changea rien à ses habitudes de prières, ils n’eurent seulement quelques charges supplémentaires et une grande inquiétude vis à vis de la France, devenue l’ennemie. Effectivement, le Directoire déclara la guerre au Royaume de Sardaigne en 1798. La reine passa avec le roi, au début de 1799 à Cagliari où ils restèrent six mois. Cet asile devenant peu sur , ils prirent le chemin de l’exil en Italie.Le 9 décembre, les souverains quittaient Turin de nuit pour fuir l’armée française. Ce fut le début d’une longue errance dont Clotilde ne vit jamais la fin.
La reine Clotilde « Vénérable »
Après Parme et Bologne, les fugitifs furent reçus par le Pape, lui-même réfugié prés de Florence. Il sera très impressionné par le courage et la pitié de la reine, qui, malgré des conditions difficiles, tenait à visiter couvents et églises, pour accomplir tous ses devoirs religieux. Presque seuls, les souverains s’embarquèrent à Livourne pour se rendre en Sardaigne, où ils séjournèrent à Cagliari pendant six mois. Jamais la reine ne se plaindra, elle acceptera la volonté divine et passera la plupart de son temps en dévotions. De retour sur le continent, les deux époux retournèrent à Rome où ils rencontreront le nouveau pape, Pie VII, très ému lui aussi par l’élévation morale de Clotilde. Celle-ci, épuisée, visita les lieux saints de la ville éternelle, mais son état de santé se détériora. Elle mourut le 7 mars 1802.Sa mort fut un grand deuil et un grand exemple pour ceux qui l’assistèrent.
« Ce fut celle d’une ame sainte qui remonte pleine d’espérance dans les mains de Dieu » dira Reisset.
Dés 1808, un décret de la congrégation des rites la reconnaissait « vénérable », « Je suis la servante de Dieu » disait elle souvent. « Ce mot si simple peint tout entier le sublime caractère de la vertueuse épouse de Charles Emmanuel , la sœur du roi martyr. Elle laissa d’impérissables souvenirs en Piémont et dans toute l’Italie. » Telle sera sa vie.
En1983, le pape Jean-Paul II fit promulguer un décret sur « l’héroïcité des vertus » de la reine, dernier pas avant la béatification.
Sources :
Divers ouvrages anciens sur Mme Elisabeth
« Mme Elisabeth, de Monique de Huertas - Perrin Réédition 2000
« Rois et princes canonisés » - Sophie de Cugnac PDV 1986 – Presse
« Lettres inédites de Marie Antoinette et de Mme Clotilde » - Vicomte de Reisset / Firmin Didot 1876
La plupart des illustrations consistant en ses portraits ont été déja signalé , mais je posséde un autre portrait dont j'ignore l'auteur, mais qui la représente :
http://ao2a.macron.free.fr/clotilde.jpg
Gentilhomme de la chambre