Dans les
Appendices de sa biographie, Jacques Levron évoque les bâtards de Mlle de Charolais.
Je vous recopie, Adélaïde, le texte in extenso :
Citer :
Les bâtards de Mlle de Charolais
On a prétendu que Louise-Anne avait donné le jour à plusieurs enfants naturels dont elle n'avait pas toujours été capable de déterminer qui en était le père. Il semble qu'il y ait là une exagération manifeste. Elle-même aurait contribué à forger cette accusation déclarant un jour : "Ce n'est là qu'un accident propre à la nature des femmes." On a répété ce propos. Est-il exact ? On en peut discuter.
Ni le marquis d'Argenson, si sévère à l'égard de la "maquerelle" du roi, ni Richelieu qui ne lui a jamais pardonné son refus de l'épouser ne l'ont relevé. En réalité, l'incertitude demeure.
Un fait est sûr : elle a vingt-trois ou vingt-quatre ans quand elle s'aperçoit qu'elle est pour la première fois enceinte et va, éplorée, trouver sa marraine pour lui révéler son état : "Eh bien, ma fille, vous accoucherez", aurait paisiblement répondu celle-ci.
Le propos figure dans une lettre écrite par la Palatine, qui n'est pas non plus très bienveillante à l'égard de Louise-Anne.
De cet enfant naturel, le père est connu. En 1718, Louise-Anne est la maîtresse de Richelieu et follement amoureuse de lui. Quand cet "accident" lui arrive, elle se retire, prétend-on, dans quelque château appartenant à sa famille, met au monde l'enfant, le confie à une nourrice, et reparaît à la Cour qui feint d'ignorer les raisons de son absence. Là encore, ne s'agit-il pas de commérages ?
Mais autrement, que savons-nous ? Il arrive parfois au duc de Luynes de noter dans son journal : "Mademoiselle de Charolais est souffrante." Un mois plus tard : "Mademoiselle de Charolais se porte mieux."
Il paraît peu vraisemblable qu'elle ait accouché et se soit rétablie en si peu de temps. En fait, on peut estimer qu'elle a mis au monde trois ou quatre enfants naturels. Pas davantage. Que sont-ils devenus ? S'en est-elle occupée ? Autant de questions auxquelles il est bien difficile d'apporter une réponse décisive.
Ont-ils été baptisés et inscrits sur les registres paroissiaux sous un nom supposé ? Mais ensuite ? Il est aussi impossible d'affirmer qu'elle se soit occupée d'eux ou qu'elle s'en soit désintéressée. Tout de même, on voit apparaître dans son testament des noms de personnages qui n'appartiennent pas à sa maison et qu'il est impossible d'identifier. Est-ce à des enfants naturels qu'elle faisait ainsi des dons ? C'est probable. Laissons au moins à "Frère Ange de Charolais" le bénéfice du doute...
Bref, on ne sait pas grand chose sur les probables enfants naturels de Mademoiselle de Charolais...
Mais puisque Jacques Levron évoquait le testament de Louise-Anne, je vous en recopie le texte qu'il livre aussi dans les appendices de sa bio (avec orthographe et "fautes" d'époque) :
Citer :
1758, 2 avril
Testament de Mlle de Charolais
(Archives nationales - K545, pièce 85 bis)
Cecy est mon testament.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Je fais monsieur le comte de la Marche, mon neveu, mon légataire universelle, et je substitue après luy tout ce que je lui donne à son fils aîné.
Fait à Paris, le dimanche deux avril mil sept cent cinquante huit.
Signé : Louise-Anne de Bourbon
J'ajoute à ce testament que je laisse à tous mes gens de livrée en pension viagère ce que je leur done de mon vivant en gage et nourriture; à toutes mes fames de chambre, de même à mes valets de chambre, de même à térèze, femme de garde-robe, de même et au petit d'Avoyes [ ], de même en cas qu'il n'y soit pas à Mademoiselle Cadet huit cents livres de pension, aux dames et écuyers et secrétaire come ils sont sur l'état de la maison que je joins icy après, et à Saint-Félix, deux mil livres de pension viagère. Si j'en oublie quelqu'un, je prie mes légataires et mes héritiers de les récompenser.
Fait à Paris dimanche deux avril mil sept cent cinquante huit. Signé : Louise-Anne de Bourbon.
L'original dudit testament a été déposé pour minutte à M. Mareschal, l'un des notaires soussignés par très haut et très puissant et très excellent prince monseigneur Louis François Joseph de Bourbon, comte de la Marche, prince du sang, après avoir été de S.A.S. signé et paraphè suivant l'acte de ce jour huit avril mil sept cent cinquante huit sur l'heure de sept heures de relevée et présenté au bureau de controlle pour être controllé, lequel bureau s'étant trouvé fermé et S.A.S. ayant requis ledit Mareschal, notaire, de luy délivrer à l'instant la présente expédition ledit Mareschal a déclaré qu'il la délivre pour satisfaire aux ordres de S.A.S. et qu'il fera controller ledit testament dans lundy dix du présent mois.
L'original du testament étant signé et paraphé par Louis François Joseph de Bourbon, comte de la Marche.