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 Sujet du message : La conquête de la Corse
Message Publié : 22 Mars 2006 22:05 
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Jean Froissart
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La conquête de l'ile semble avoir été très dure.
De même que sa 'domestication'
Ce qui expliquerait ensuite le comportement étrange de Napoléon
Est ce que des personnes d'origine Corse ou qui connaissent bien l'histoire de l'ile, pourraient témoigner sur ce qui s'est passé durant les décennies de la conquête ?

_________________
"L'histoire me sera favorable car j'ai l'intention de l'écrire". Winston Churchill.


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Message Publié : 28 Mars 2006 17:29 
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Polybe
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J'avais pas vraiment saisi le contenu de ce post à la première lecture, plus particulièrement la référence à Napoléon ; vu le nombre relativement important de personnes à l'avoir visionné et l'absence totale de réponse jusqu'ici, je me dis que je ne suis finalement peut-être pas le seul.

De quelle époque parles-tu ? Et pourquoi mentionner Napoléon ?


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Message Publié : 28 Mars 2006 19:16 
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Grégoire de Tours
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René a écrit :
J'avais pas vraiment saisi le contenu de ce post à la première lecture, plus particulièrement la référence à Napoléon ; vu le nombre relativement important de personnes à l'avoir visionné et l'absence totale de réponse jusqu'ici, je me dis que je ne suis finalement peut-être pas le seul.

De quelle époque parles-tu ? Et pourquoi mentionner Napoléon ?
j

Je pense que Romeo parle de la conquète de la Corse, en 1769. Date qui correspond à peu prés à la naissance de Napoleon.
La légende (?) dit d'ailleurs que la mère de Napoleon traversa la Corse enceinte de Napoleon, pour fuir l'avance des troupes française (à l'époque avant son ralliement à la France, Charles Bonaparte était Paoliste).
Napoleon lui-meme, à l'époque de la révolution, chercha à se rapprocher de Pascal Paoli, il a d'abord songé à une carrière politique locale, avant de connaitre le destin que tout le monde connait.
Mais Pascal Paoli et surtout le cousin de Napoleon, Pozzo di Borgo , l'écartèrent du gouvernement de la Corse et le rejetèrent définitivement dans le clan Jacobin pro français avec le député Salicetti.


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Message Publié : 28 Mars 2006 22:27 
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Grégoire de Tours
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obiwan kenobi a écrit :
Mais Pascal Paoli et surtout le cousin de Napoleon, Pozzo di Borgo , l'écartèrent du gouvernement de la Corse et le rejetèrent définitivement dans le clan Jacobin pro français avec le député Salicetti.

Ma mémoire me fait un peu défaut mais il me semble plutôt me souvenir que les dissensions entre la faction pro-Paoli (représentant la majorité de l'île à l'époque) et celui des Bonaparte datent notamment d'une lettre très maladroite (une adresse faite pour l'Assemblée) qu'un des frères de Napoléon (Lucien ?) avait écrit à Toulon (rédigé sans en avertir sa famille...). Dans cette lettre Paoli et ses partisans était violemment dénoncés. Hors pendant ce temps des députés de la Convention (Salicetti) en Corse accumulait les bévues se mettant la populaiton à dos... Au final le clan Bonaparte fut contraint à l'exil sur "le continent"...

Quant à l'hostilité de la famille de Pozzo Di Borgo elle date en effet de cette période (avril 1792 de mémoire également) quand Napoléon par un tour de passe passe qui donne tant de piment aux élections insulaires a remporté le poste de Lieutenant Génral en second des Volontaires Corses à Ajaccio au détriment d'un membre cette même famille (le frère du fameux Charles-André qui se mettra au service du Tsar Alexandre Ier).

Je rédige ces quelques lignes sans vérifier mes propos et je vous serai grè de ne pas me tenir rigueur si jamais une erreur involontaire se glissait dans mes propos ! :oops:

Amicalement
Crillon

_________________
"Vingo, vinco ... e riparti !"
Gabrielle d'Annunzio, en 1920, non loin de Fiume...


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Message Publié : 28 Mars 2006 22:43 
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Grégoire de Tours
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Je crois de mémoire que vos propos sont exacts Crillon, quand bien meme ils ne le seraient pas, "tenir rigueur" serait un bien grand mot :wink: , en tout cas pour moi. Mais il est vrai que certains sont vite sermoneurs.
Mon intervention est juste une précision sur la personnalité de Pozzo di Borgo, qui était un petit parent et un ami d'enfance de Napoleon, ils habitaient dans des maisons voisines étant enfants. Une ailleule de Napoleon était une Pozzo di Borgo.

Lien qui me parait crédible aprés recoupement et lecture (moi aussi je réclame l'indulgence au cas ou :wink: )

http://www.casa-longa.org/filiations/fg02/fg02_123.htm

Family Group Sheet

Name Carlo Andrea ( Charles André ) POZZO DI BORGO 24
Birth 8 Mar 1764, Alata, Corse-du-Sud, Corse, France
Christen 15 May 1764, Alata, Corse-du-Sud, Corse, France
Christen Memo B1126 et B1129
Death 15 Feb 1842, Paris, Ville-de-Paris, Ile-de-France, France
Death Memo à l' Hôtel de Soyécourt, 51, rue de l' Université.
Burial Feb 1842, Paris, Ville-de-Paris, Ile-de-France, France
Burial Memo au cimetière du Père-Lachaise (57ème division)
Honors 21 Sep 1815
Honors Memo Commandeur de Saint-Louis - Marine - Général Major - Service de RUSSIE
Will Memo Par testament, il dotait chaque année une jeune fille d'ALATA, cela à perpétuité, la dot est de 3000 francs.
Occupation Député de la Corse (1789), Avocat, Diplomate, Conseiller et Agent du Tsar de Russie, Ambassadeur de Russie à Paris (1814-1834), puis à Londres (1834-1839).
Title Comte et Pair de France (Ordonnances des 15 janvier 1816 et décembre 1818) !?
Title Comte héréditaire de l'Empire Russe (Ukazes de S.M. Nicolas I des 22 août 1826 et 17 sep 1827)
Honors Lettres Patentes du 3 juin 1829 délivrées par le Roi Charles X lui concédant l'adjonction à ses armes d'un écartelé: d'argent à un écusson d'azur, chargé de lys d'or
Father Giuseppe Maria POZZO DI BORGO (1730-1781)
Mother Maria Maddalena GIOVANNAÏ (1727-)

Unmarried

Notes for Carlo Andrea ( Charles André ) POZZO DI BORGO
Charles André, cousin au 5ème degré des frères et soeurs BONAPARTE, fut l'ami de jeunesse de Napoléon, avant de devenir son ennemi acharné. Le début de leur rupture s'expliquant sans doute dans le cadre de l'évolution de la situation politique corse en décembre 1792 : Election de Charles André POZZO DI BORGO au Directoire, entièrement paoliste, du département de la Corse, pour des raisons provenants, a priori,"moins de divergences idéologiques que de l'ambition qui les portait simultanément à s'affirmer dans le petit cadre (si étroit) de la Corse".
Charles André a écrit des Mémoires (manuscrits conservés dans les archives de la Famille POZZO DI BORGO). qui couvrent la période allant de sa naissance en 1764 jusqu'en 1796, qui se présentent en plusieurs versions : la première, inachevée, fut écrite avant 1804, la dernière en 1838.
Napoléon avait participé à la lamentable et humiliante expédition militaire de Sardaigne, qui selon Charles André, acheva de ruiner les relations de Napoléon BONAPARTE avec Pasquale PAOLI (1725-1807)42


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Message Publié : 28 Mars 2006 23:06 
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Grégoire de Tours
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Aprés plusieurs lectures de sites ce résumé sur Pascale Paoli me semble répondre pleinement à la question de Romeo (Je sais qu'internet n'est pas toujours fiable, mais j'ai recoupé avec des informations livresques sérieuses) :


Le lien du site par correction envers l'auteur :

http://www.1789-1799.org/persos/paoli.htm

Pasquale (Pascal) Paoli, proclamé Père de la Patrie et Général de la Nation a fortement marqué l’histoire de la Corse. Il est l’initiateur de la constitution corse et contribua à l’élaboration de celle des États Unis d’Amérique ; de nombreuses villes américaines portent son nom : Paoli City dans le Colorado, l’Indiana, la Pennsylvanie…

6 avril 1725 : Pasquale (Pascal) Paoli naît à Stretta, près de Merusaglia (Morosaglia), dans la Castagniccia. La Corse est encore occupée par des troupes génoises.

Il a quatre ans lorsque l'insurrection éclate, en octobre 1729.

Le 30 janvier 1735, la Corse est déclarée indépendante par la Cunsulta d’Orezza, qui vote la première constitution Corse. Le pouvoir législatif est confié à une assemblée composée de députés élus par le peuple et le pouvoir exécutif est confié à une junte de six membres élus par l’assemblée. Le père de Pasquale, Ghjacintu (Hyacinthe) Paoli (ancien général de la Nation, chef de la deuxième des quatre insurrections qui ont marqué la Révolution Corse), est élu député et siège à la junte.

Mais en 1739 la Corse est à nouveau défaite par Gênes, les Paoli sont condamnés à l’exil.

Réfugiés à Naples, Pasquale (Pascal) Paoli suit les cours de l’université de cette ville où il fait de brillantes études. Il va recevoir là une solide instruction ainsi qu'une puissante formation intellectuelle, fondée sur la culture classique, mais aussi les théories, en particulier, des philosophes français. Cette culture d’honnête homme va lui permettre de parler et lire à peu près couramment l'anglais et le français, de s'intéresser très tôt aux doctrines étrangères. Mais il manifeste aussi un faible pour la politique en général, c'est-à-dire sous son aspect le plus clairvoyant et le plus désintéressé.

En 1741, il entre comme cadet dans le régiment de son père. Quatre ans plus tard, après avoir fait un séjour dans les Pouilles, il revient à Naples., pour suivre les cours de de l'Académie royale. En 1749, il repart pour la Sicile. Par deux fois, il tente d'entrer dans l'armée française, mais sans succès. En 1754, il séjourne à l'île d'Elbe. Mais il n'a pas cesser d'être très attentif aux affaires de son île.

Aussi, lorsque son frère Clemente et de nombreux notables insulaires lui demandent, à la mort du Général Gaffori (celui-ci, nommé Chef Suprême des Corses, est assassiné alors que son gouvernement révolutionnaire contrôle une grande partie de l'île) de rentrer en Corse, afin de se porter candidat à la magistrature suprême, il n'hésite pas. Le 29 avril 1755 Pasquale (Pascal) Paoli débarque à Aleria.

Paoli a donc trente ans lorsqu'il retrouve son pays natal. Il ne lui faut pas longtemps pour être élu, le 15 juillet, au détriment de général Marius Matra, général en chef, par la Consulte de Saint Antoine de la Casabianca. Celle-ci le charge aussitôt de la mission d'une guerre décisive contre Gênes.; le 14 juillet, la Cunsulta d’Orezza le proclame Général de la Nation Corse.

Paoli va gouverner la Corse pendant 14 ans.

Lorsqu'il prend le pouvoir le désordre et l’anarchie règnent en Corse et une lourde tache l’attend. Par ailleurs, son élection n'a pas fait l'unanimité. Aussi, et également par idéal, il va s'attacher à réaliser l'unité morale et politique de la Nation.

Il lui faudra vaincre insurrection fomentée par Matra (son malheureux rival), ainsi que, ici et là, des résistances, dues à des influences génoises ou françaises ou simplement due à l'hostilité envers un homme venant de l'extérieur. Mais, fervent partisan de la démocratie, Paoli va finalement réussir à prendre effectivement la tête de son pays .

Dès novembre 1755, il fera de l’île un État doté d’une constitution, d’une administration, d’une justice et d’une armée.

Sur le plan économique, il encourage le développement de l'agriculture, fait assécher les marais et stimule le commerce mais le blocus des villes maritimes dont il n'a pu chasser les génois en empêche l'épanouissement. Il fonde l'Ile Rousse, pour créer des échanges nouveaux et contrebalancer le pouvoir de Calvi, place forte génoise.

Désireux d'aider la nation corse à s'affirmer, il organise l'école primaire et fonde une Université à Corte.

En 1764, Gênes, incapable de traiter avec Pasquale (Pascal) Paoli, demande à la France de lui prêter main-forte. La France désirant , pour des raisons stratégiques, s’implanter en Méditerranée, trouve là l’opportunité politique de s’emparer de la Corse. Elle va d'abord essayer de négocier avec le Babbu (père) de la jeune nation, mais celui-ci réaffirme sa volonté d'indépendance. Au pire, conscient de la nécessité d'une politique extérieure, il acceptera un protectorat. Les négociations entre la République de Gênes et la France aboutissent finalement, le 15 mai 1768 au Traité de Versailles aux termes duquel, la France prête deux millions de livres à Gênes, qui donne en garantie la Corse... qu’elle ne possède évidemment pas.

Ayant eu connaissance du traité de Versailles, Pasquale (Pascal) Paoli réunit une cunsulta le 22 mai à Corti et fait ce commentaire : « Jamais peuple n'a essuyé un outrage plus sanglant... On ne sait pas trop qui l'on doit détester le plus de celui qui nous vend ou de celui qui nous achète... Confondons les dans notre haine puisqu'ils nous traitent avec un égal mépris »

Bien décidés à défendre leur indépendance, les Corses remportent plusieurs victoires face aux troupes françaises, notamment à Borgu, le 5 octobre 1768, où les armées françaises doivent battre en retraite devant la combativité des régiments Corses. Mais supérieur en nombre (Louis XV n'a pas marchandé les moyens : 22.000 hommes, placé sous les ordres du comte de Vaux) et en armes les troupes françaises remportent une victoire décisive le 8 mai 1769 à Ponte Nuovo. Une centaine de vaincus peuvent échapper au désastre et s'enfuir. Parmi eux, un certain Charles-Marie Bonaparte et sa femme Laetitia Ramolino, qui porte dans son ventre le futur "vengeur de la Corse" !

Les troupes Corses mises en déroute, Pasquale (Pascal) Paoli contraint à l’exil. Il s'embarque le 13 juin 1769, à Porto-Vecchio, sur un vaisseau anglais. Il débarque à Livourne et, pour se rendre à Londres, où l'a invité par le roi, il fait un véritable voyage triomphal au travers de l'Italie du nord, de l'Autriche, de l'Allemagne et des Pays-Bas. Enfin, l'Angleterre l’accueille avec tous les honneurs dus à un véritable homme d'état assorti de l'étoffe d'un héros.

Mais, en même temps, la Corse a perdu son indépendance.

Paoli va rester en Angleterre plus de vingt ans. Les grands dignitaires du royaume le reçoivent tour à tour. Le roi Georges III lui octroie une pension annuelle, dont il emploiera une grande partie à secourir ses compatriotes réfugiés en Toscane. Il va se lier à tout ce que la Grande Bretagne compte comme écrivains et artistes.

La révolution des Corses suscite à ce moment-là, la sympathie des opinions publiques et des intellectuels européens, : c'est la naissance d'un véritable mythe paolien. Jean Jacques Rousseau, James Boswell, Voltaire participent à sa renommée, amplifiée, en Europe, par les livres, les gazettes, les correspondances privées, les essais qui abondent en éloges; diplomates, hommes d'affaires ou historiens témoignent leur admiration et leur estime. Frédéric, le grand Frédéric lui-même, y va de son enthousiasme, qualifiant Paoli de : généreux protecteur et défenseur de sa patrie, ce grand homme dont l'estime et la vénération publiques ont déjà rendu le nom immortel.

Le 14 juillet 1789, c'est la prise de la Bastille, à Paris.

Lorsque les Etats Généraux de France se transforment en Assemblée Nationale, il est persuadé que les principes proclamés par les constituants doivent entraîner la restitution à la Corse d'un gouvernement national qui jouirait, sous la tutelle quasi-symbolique du roi de France de la liberté promise à tous les citoyens. Il entre en contact avec des députés corses, il rencontre des délégués venus de France.

Le 30 novembre 1789, l'Assemblée nationale décrète que la Corse fait désormais partie intégrante "de l'empire français", et que ses habitants doivent être régis par les mêmes lois que les autres français. Paoli accepte ce "rattachement" et remercie même l'Assemblée national pour ce décret.

Peu après, et sur la demande de Saliceti, Mirabeau fait décider de l'amnistie envers les corses expatriés. Paoli peut rentrer en Corse, 21 ans après avoir quitté son île. Il passe par Paris, en avril 1790, où il est reçu par Louis XVI, accueilli par la Constituante, honoré par La Fayette, Mirabeau, loué par Robespierre et acclamé par le peuple. Enfin, il débarque, 14 juillet 1790, en Corse (devenue département français), qui connaît comme d'autres provinces la fermentation croissante des partisans de la Révolution et de ses adversaires. A son arrivée, il suscite déchaînement de l' enthousiasme populaire. Le 17 juillet, à Bastia, c'est l'enthousiasme. Parmi ceux qui l'acclament, un jeune officier du nom de Napoléon Bonaparte.

Le 9 septembre suivant il est élu président du directoire départemental et commandant en chef de toutes les gardes nationales (il s'agit là d'une nomination illégale).

Napoléon et Joseph Bonaparte (ce dernier a été élu "électeur" au premier degré) sollicitent et obtiennent une entrevue avec Paoli. Déception. Napoléon espérait que Paoli le prendrait comme second. Mais ce dernier n'a pas "digéré" le ralliement de Charles Bonaparte à la France, après la défaite de Ponte-Nuovo, et, peut-être instinctivement, il se méfie du fils. Joseph sera élu président du Directoire du district d'Ajaccio et Napoléon quittera, au début de 1791, sa Corse natale. Ils ne se reverront plus.

Cependant, les relations entre Pasquale (Pascal) Paoli et la France se dégradent. De plus, l'exil a été trop long : loin des réalités insulaires, dans une période riche en mutations, il n'est plus vraiment maître de l'île.

En 1792, dans le souci de préserver les Corses des atrocités de la révolution française, Pasquale (Pascal) Paoli prend ses distances avec les révolutionnaires. Les divisions s'accentuant, avec le soutien du Comte Pozzo di Borgo, il croit sage pour sauver la Corse et lui permettre un gouvernement à part, de la séparer de la France afin de lui assurer, de la part d'un autre État - de préférence une grande puissante maritime aux institutions plus libérales que celles de la France (sous-entendu l'Angleterre) - un système de protectorat .

En 1792, il est traduit par Lucien Bonaparte comme contre-révolutionnaire devant la Convention et déchu de son commandement.

Proclamé généralissime par ses partisans en 1793, il réussit alors à prendre le contrôle de la plus grande partie de l'île et rédige un acte d'accusation contre la Convention. Déclaré traître à la République, le 2 avril 1793, la Convention décrète son arrestation. Sur quoi une consulte à Corte décerne à Paoli le titre de Père de la Patrie et décrète la rupture de tout lien politique et social entre la Corse et la France.

Le 17 avril Paoli s’adresse aux Corses : « Peuple très aimé ! Tenez-vous sur vos gardes ! Vous êtes armés, vous connaissez vos droits, soutenez-les ! ».

Tandis que troupes françaises et troupes paolistes s'affrontent, le Père de la Nation Corse sollicite l'appui de l'Angleterre qui, avec l'escadre de Nelson, brise la résistance à Bastia, Saint-Florent et Calvi. Les français sont obligés de quitter l’île. Le 15 juin 1794 la Cunsulta proclame l’indépendance et adopte une constitution par laquelle est créé un royaume Anglo-Corse. La constitution spécifie que la Corse n’est pas annexée par l’Angleterre mais, qu’unie à celle-ci, elle forme un royaume indépendant dont le pouvoir législatif est exercé par des députés élus au suffrage universel.

On le voit, le système ainsi établit correspond assez exactement au schéma tracé par Paoli dès 1776, la protection dont la Corse avait besoin lui étant apporté par une grande puissance maritime que ses traditions libérales semblaient recommander particulièrement.

Mais ce n'est pas, comme il l'espérait, Pasquale (Pascal) Paoli qui est mis à la tête de ce royaume, mais un vice-roi anglais ...Sir Gilbert Elliot.

Elliot, Gilbert, Sir et premier duc de Minto (1751-1814), camarade de classe de Mirabeau à l'école militaire de Fontainebleau. Il s'oppose à Fox, en 1793. Commissionnaire civil à Toulon la même année. Vice roi constitutionnel de la Corse de 1794 à 1796. Ministre plénipotentiaire à Vienne en 1799. Nommé gouverneur des Indes en 1807, poste qu'il occupe jusqu'en 1813.


L'entente ne dure que deux ans. Le Vice-Roi ne tarde pas à s' inquiéter de l' influence de Paoli. Il le tient pour responsable de divers incidents tumultueux imputables en fait à des maladresses anglaises. Il finit, en octobre 1795, par obtenir des ministres de Londres qu'il soit appelé en Grande Bretagne. C'est de nouveau l'exil. Paoli refait le même voyage que quelques 25 ans auparavant, cette fois-ci dans l'indifférence la plus complète.

En octobre 1796, l'île est de nouveau occupée par les troupes françaises.

Après avoir vécu 47 ans d'exil, Pasquale (Pascal) Paoli meurt à Londres le 6 Février 1807, âgé de 82 ans. Ses cendres reposent, depuis le 3 septembre 1889, dans la chapelle située au rez-de-chaussée de sa maison natale, à Morosaglia.

Une statue de Pasquale (Pascal) Paoli, par le sculpteur Servian, a été érigée à l'entrée du village, en 1953.

On peut voir le cénotaphe du Père de la Corse, à l'abbaye de Westminster, dans le bas-coté sud du chœur, dans le "coin des poètes"....


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Repères bibliographiques

Dictionnaire Napoléon

Pasquale (Pascal) Paoli a son site sur Internet.

Pierre Tomi, Le royaume anglo-corse, Etudes Corse, vol. IX, 1956
C. Ambrosi, La sécession de la Corse en 1794, Mélanges d'études corses offertes a P. Arrighi (gap, 1971)
Eliza, Carrillo, The Corsican Kingdom of George III, Journal of Modern
History, vol. XXXIV, 1962, No. 3
D. Gregory, The Ungovernable Rock: A history of the Angl;o-Corsican Kingdom (London, 1985)
Francis Beretti, Pascal Paoli et l'image de la Corse au dix-huitième siècle (Oxford, 1988)
Gilbert Elliot, Correspondance de Sir Gilbert Elliot, vice-roi de Corse, 3 volumes, Bastia,


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Message Publié : 20 Avr 2006 14:11 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 10 Mars 2005 16:29
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Pour info, j'ai trouvé cela dans le livre des COTTRET, Rousseau en son temps, Perrin, chapitre 20.

« Le Contrat social avait mentionné la Corse avec enthousiasme ».
« J’avais parlé des Corses, dans le Contrat social, comme d’un peuple neuf, le seul de l’Europe qui ne fût pas usé par la législation ».
« Son caractère insulaire marqué contribua à lui conférer une valeur paradigmatique dans la pensée de Jean-Jacques, en associant la rêverie et la prospection. »
«Sollicité par Mathieu Buttofoco, capitaine en France dans le Royal-infanterie, il rédige en 1764-65 un "plan de gouvernement bon pour la Corse" paru au XIX° siècle sous le titre de "projet de constitution de la Corse" ».
« Pour assurer son indépendance, l’île devait d’abord se préoccuper du nombre de ses hommes, seul véritable richesse, et non de ses finances. L’agriculture jouait un rôle moteur dans le développement du pays, tant pour des raisons de subsistance que parce que la terre développe la vertu ».
« Quelle forme de gouvernement adopter ? Rousseau semblait se rallier à la solution de l’aristo-aristocratie. »
« Un gouvernement purement démocratique convient à une petite ville plutôt qu’à une nation. On ne saurait assembler tout le peuple d’un pays comme celui d’une cité et quand l’autorité suprême est confiée à des députés, le gouvernement change et devient aristocratique ».« Quant à la capitale, pourquoi ne pas la situer à Corte, au centre des terres, afin d’éviter soigneusement les côtes, plus exposées aux influences étrangères ? »
« Pourtant, dès novembre, Rousseau comprit que la Corse allait être définitivement soumise à la France ».
« Dans sa correspondance, [il affirme] son soutien à Paoli. »


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Message Publié : 25 Nov 2006 17:25 
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Hérodote
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Inscription : 25 Nov 2006 17:07
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Romeo a écrit :
La conquête de l'ile semble avoir été très dure.
De même que sa 'domestication'
Est ce que des personnes d'origine Corse ou qui connaissent bien l'histoire de l'ile, pourraient témoigner sur ce qui s'est passé durant les décennies de la conquête ?


Bonjour,
Un ouvrage est en cours de rédaction pour une très prochaine publication sur les aspects répressifs de la conquête française. Il analyse ses effets notamment au plan militaire, économique et religieux. Le titre devrait porter le surnom communément (et toujours) attribué à Louis XV en Corse : "Luigi piombu", terme qui se traduit par "fondre le plomb" et, qualifiant une personne :"le tueur".
Quant à Napoleon, à qui l'on pourrait tout aussi bien attribuer le même surnom, c'est une "autre" histoire.
Cordialement


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Message Publié : 25 Nov 2006 18:33 
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Salluste
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Inscription : 11 Déc 2005 0:25
Message(s) : 254
J'ai visite l'abbaye de Westminster il y a 10 ans je crois et je me souvienq qui'il y a le tombeau de Paoli .
si je comprend bien il y a tombeau de paoli à londres mais ses cendres sont en Corse alors ?

_________________
Scorpion du Sable rouge


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 Sujet du message : Re: La conquête de la Corse
Message Publié : 22 Mars 2011 19:34 
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Inscription : 22 Mars 2011 19:22
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Les cendres de Pascal Paoli ont été transférées en Corse en 1889, dans son village natal de Morosaglia. Pour ce qui est de la Corse devenue française, ça ne s'est pas fait d'un coup. Il y a eu d'abord le traité de Compiègne signé entre les Français et la République génoise en 1756 (les troupes du roi français contrôlent Ajaccio, Calvi, Saint-Florent), puis un 2e traité en 1764 (Les Français occupent en plus Bastia et Algajola). Enfin (et c'est la date la plus retenue), le 15 mai 1768, la Corse devient française. En fait, pas réellement: par ce traité la France a "la possibilité absolue d'exercer le pouvoir militaire et administratif dans toute l'île et de manière absolue" (…) "à partir de ce moment là, les Français ne partiront plus de Corse. EN effet, la République génoise, au bord de la faillite, ne pourra jamais rembourser les dépenses des opérations effectuées par la France" (Thierry Ottaviani in "La Corse pour les Nuls", éditions First, 2010, p.49).


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 Sujet du message : Re: La conquête de la Corse
Message Publié : 10 Avr 2011 21:16 
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Inscription : 03 Avr 2011 11:47
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Je confirme pour ce qui est de la répression. Les bagnes de Toulons se sont remplis de rebelles Corses. Oubliés dans leurs cellules mourrant de froid et de faim, il n'y eu aucune pitié. Les Français interdirent le port des armes dans l'île. Les Corses vivaient avec. Ils chassaient. C'était pour survivre. Ils les cachèrent. Mais à chaque fois qu'ils étaient pris sur le fait, ils étaient déportés. Lorsque des révoltes éclataient dans les villages, une répression sanglante avait lieu. Pendaisons, supplice de la roue. Les suppliciés étaient choisis aux hasards. parfois ils pendaient des enfants de 15 ans, sans aucun scrupules. Oui la Corse a souffert durant ses années là..


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