Bonsoir.

Demain, vendredi 21 avril, au programme de Thalassa : "Les naufrageurs".

Sur la côte Nord-Finistère, les habitants accrochaient les nuits de grosse mer des lanternes aux cornes des vaches, afin de faire échouer les bateaux: massacres et pillages constituaient la veillée.

A Ouessant, de par Colbert et Louis XIV, tout se qui s'échoue appartient aux îliens. Et cette mesure est toujours en vigueur. Sang versé pour la France. Il est arrivé que la mer apporte des sandales ! Mais aussi des choses plus convoitées !

Je me souviens d'un très bon roman sur ce sujet :
"L'auberge de la Jamaïque".
Cela se passait en Grande-Bretagne, mais le motif était identique : s'approprier des richesses en faisant périr des innocents.
Vlad

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"

C'est drôle, car un livre pour jeunes, qui raconte -entre autres- une histoire de naufrageurs, s'intitule "l'auberge de l'ange gardien"

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"La vie des hommes qui vont droit devant eux, renaitraient-ils dix fois en dix mondes meilleurs, serait toujours semblable à la première. Il n'y a qu'une façon d'aller droit devant soi." (Pierre Mac Orlan)

Comme quoi les auberges étaient parfois des lieux mal famés, malgré l'enseigne....
Vlad

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"Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu à toutes les femmes...."
Extrait de "La Chanson de Craonne"

Et comment! Il y a aussi l'auberge rouge en Ardèche au XIXème siécle, où les propriétaires d'une auberge assassinent leurs clients pour les voler (cf: film de Claude Autant-Lara avec Fernandel en 1951)
D'ailleurs je fuis les auberges, je ne dors que dans les hôtels

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Tous les désespoirs sont permis

Moi, je connais quelqu'un qui a eu un ancêtre naufrageur dans le Finistère Sud. Mais il ne naufrageait pas les bateaux. Il se contentait de récupérer les épaves sur les plages de la Baie d'Audierne... Enfin, ça, c ce qu'on m'a dit, par que le même naufrageur ayant été condamné à mort par coutumace, on peut se poser bien des questions...

Il paraît en tout cas qu'au temps jadis, lorsqu'un navire se brisait dans les récifs, le curé n'hésitait pas à interrompre sa messe pour exhorter ses ouailles à courir sur la plage : "Tout le monde à l'épave !". Mais il faut dire que les habitants du littoral breton étaient vraiment de pauvres gens qui avaient la plus grande peine à subsister...

Il y a aussi à Honfleur une "plage du Butin". On dit qu'elle s'appelle ainsi parce que les gens du coin y allumaient des feux pour y faire échouer les navires.
Au Moyen-âge, quand les voyages en mer terrorisaient les gens, on croyait à la légende des Diables Naufrageurs; mais si on était bon chrétien, on invoquait Dieu et on y échappait:


"Comment le Duc de Bourgogne, nommé Eudes le Vaillant, eut grosse fortune sur mer en allant au Saint Sépulcre. Là, il se rendit à Dieu et fit le vœu de faire une chapelle en sa maison de Dijon au nom de Dieu, de sa glorieuse mère et de saint Jean l'Évangéliste. Incontinent, la tempête cessa et il vint à son port."(Histoire de l'hôpital du Saint-Esprit de Dijon, original conservé aux Archives hospitalières de Dijon)

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Tous les désespoirs sont permis

Bonjour,
C'est une chose qui existe encore au XIX siècle.
J'ai trouvé dans un glossaire de patois des matelots du Boulonnais écrit en 1883 ceci :
"Les Enquihennois (habitants d'Equihen) espèces de sauvages, vivaient, on ne sait comment, de ce que la mer apportait, poissons ou épaves. Un naufrage était une aubaine ; ils allumaient des feux sur les rochers pour attirer les vaiseaux qui s'y brisaient et sur lesquels ils s'abattaient comme des oiseaux de proie"

par contre, contrairement à ce que disait Atlante :
le curé n'hésitait pas à interrompre sa messe pour exhorter ses ouailles à courir sur la plage : "Tout le monde à l'épave !"

Moi, jai trouvé des témoignages montrant que les curés étaient bien désolés que les habitants s'intéressent plus à la pêche et au pillage qu'à la religion : Les pilleurs d'épaves faisaient un détour pour ne pas passer devant le calvaire avec leurs dépouilles "pour que Dieu ne les vît pas"

Salut,
Les naufrageurs sont par ailleurs un cas limite interessants pour l'histoire du droit. En effet, traditionnellement tout ce qui pouvait être récupéré d'un naufrage appartenait au roi. Et ce pour le plus grand dam des commerçants malchanceux. Ce n'est que très progressivment avec le XVIIIe siècle qui l'assurance jouant et un état de droit se mettant en place, le frêt perdu put-être récupéré par les marchands. Néanmoins, celà ne se fit pas sans mal, car au paravant les populations misent en joie par le butin avaient tendance à aider les naufragés, or dès que ceux-ci devinrent un risque d'être dénoncé aux agents du roi, il ne leur fut plus fait de quartier.
Sinon, sans parler des lutins bretons qui attiraient les navires et tuaient les marins pour en manger la chair, la pratique du naufrage provoqué est vieux comme Hérode et même plus, puisque dès l'Antiquité cela a été l'un des seuls moyens pour les pauvres communautés côtières de récupérer des produits chers qui sans ça leur échapperait totalement comme le métal anglais pour certaines populations catalanes qui captaient ainsi une part du traffic phénicien.
Aller bonne mer à tous.

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Labore Fideque

J'imagine d'ailleurs que le piratage est aussi vieux que le pillage d'épaves, l'un s'effectuant en mer et l'autre sur terre.

Une référence indispensable sur ce sujet: Alain Cabantous, <i>Les côtes barbares</i>, qui démèle mythes et réalités des "naufrageurs".

A noter que les sources que je fréquentent assidûment donnent aussi de nombreux exemple d'interventions de populations littorales venant en aide aux nauffragés - et après tout, il suffit de lire le <i>Don Juan</i> de Molière!

J'aborde de temps à autre ce thème sur mon blog historique (http://histoire-de-dire.blogspot.com/).

Et en Saintonge, on faisait "tanguer l'âne" (promener un âne une lanterne au cou pour faire croire à une balise ballottée par les vagues) au bord de la côte pour y attirer les bateaux.

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Tous les désespoirs sont permis

Déplacé

Je voudrais en savoir plus sur les naufrageurs notamment jusqu'à quelle date les naufrageurs ont sévi
Et puis est-ce que cela existait sur d'autres continents que l'Europe?

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La vraie noblesse n'est pas d'être supérieur à quelqu'un d'autre, mais d'être supérieur à son petit moi, l'ego.- Proverbe indien

Les naufrageurs sont encore bien présents dans la littérature de la 2e moitié du XIXe. Clubin dans les Travailleurs de la Mer n'est ni plus ni moins qu'un naufrageur. Le thème transparaît dans Les Gais Lurons de Stevenson (1882). On peut donc dire qu'à tout le moins, il était familier au public en cette fin de XIXe.

Une histoire de naufrage organisé par des bandits est racontée dans un très beau film japonais d'Hideo Gosha, nommé Goyokin, l'or du shogun.