Hélène a écrit :
"Le désir généralisé d'enrichissement se répand dans la noblesse. A travers le mariage avec une roturière; par l'acquisition d'actions qui garantissent l'anonymat du souscripteur; ou encore par le commerce ou l'aventure industrielle sous toutes ses formes. Dans quelle voie s'investir sans encourir la dérogeance? l'exploitation des denrées coloniales (...) ; l'industrie des forges offre une opportunité exceptionnelle: on compte parmi les maîtres de forges les plus grands noms du royaume : le duc de Clermont-Tonnerre, le prince de Croy, le maréchal de Castries, Charost, Montmorency (...).
Le duc de Saint-Simon en 1731 crée les forges d'Aizie au nord de l'Angoumois; ces forges ne tiendront pas leur promesse: à défaut d'y couler des canons, le comte Charles de Broglie (fils et frère d'un maréchal de France) passe un marché avec la Marine, à Rochefort, pour la fourniture de gueuses en acier; auparavant il avait créé une minoterie".
Extrait tiré de l'ouvrage d'Yvon Pierron sur Marc-René, marquis de Montalembert, p. 68.
Montalembert avait acheté les forges de Ruelle près d'Angoulème pour fabriquer des canons, mais il a eu d'énormes problèmes (mauvaise qualité).
Attention, cet ouvrage, outre qu'il est fort mal écrit, est parfois trèsinexact. L'appellation de maître de forge, par exemple, est trompeuse: les grands aristocrates possèdent des forêts; ils font donc bâtir des "grosses forges" (hauts fourneaux et affineries) qui sont considérées comme un moyen de mettre en valeur les bois (cf. le prince d'Artois à Nevers). Ils sont parfois mentionnés comme maîtres de forges, plus souvent par des historiens peu rigoureux que par les sources elles-mêmes.
Concernant Montalembert, par contre, la narration de Pierron est plus exacte. Montalembert n'achète pas les forges de Ruelle mais les fonde, en réutilisant les bâtiment d'une ancienne papeterie et d'un moulin à blé, achetés vers 1750. Il avait d'autre part pris à bail différentes forges de la région. Cependant, à partir de 1755, la production est prise en main par un régisseur envoyé par l'Etat, Montalembert ayant perdu la confiance de la couronne pour des raisons à la fois financière et techniques qu'il est bien difficile de déméler rétrospectivement.
Montalembert appartient à une catégorie différente des grands propriétaires terriens mentionnés plus haut, n'ayant guère de forêts dans ses fiefs; il est bien plutôt représentatif de ces officiers-entrepreneurs-académiciens de la "génération Fontenoy" dont je parlais dans mon précédent message.