Citer :
En fait, ils ont bien été inhumés à Sens, mais leurs coeurs ont été déposés à Saint-Denis
Effectivement.
Le choix de Sens peut paraître surprenant, car il est en rupture avec la tradition qui donnait à Saint-Denis le monopole des inhumations dans la famille royale.
Frédérique Leferme-Falguières (Les
courtisans, Une société de spectacle sous l'Ancien Régime, PUF 2007, qui est en fait la version allégée de la première partie de sa thèse:
Le monde des courtisans soutenue à Paris-I en 2004 ) y voit l'influence du cardinal de Luynes, archevêque de Sens, mais aussi premier aumônier de la dauphine.
L'imprimé qui relate les obsèques est un véritable argumentaire:
"La métropole de Sens, longtemps privée du droit qu'avaient les archevêques dans les premiers siècles de la monarchie de sacrer les rois et les reines et de faire la célébration de leur mariage, cette ville dépouillée de sa grandeur par l'érection du siège suffragant de Paris en archevêché [...] possède aujourd'hui les restes précieux d'un prince auguste".
Plus largement, elle constate les difficultés de Saint-Denis à conserver son monopole des pompes funèbres depuis le début du XVIIIème siècle face à d'autres concurrents: Notre-Dame pour les seconds services solennels des membres de la famille royale et de certains princes. Les religieux ont par exemple toutes les peines du monde à récupérer le manteau royal de la reine prêté à N-D en 1768, puis envoyé à Nancy pour le dépôt du coeur.
A propos de coeur justement, l'abbaye du Val-de-Grâce est de plus en plus choisie pour le dépôt des urnes; la tradition est si ancrée déjà lors du décès du dauphin et de sa femme en 1765 et 1767, que le Val-de-Grâce proteste contre le dépôt de leurs coeurs à Saint-Denis, décidé par le roi pour compenser les sépultures de Sens.