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Message Publié : 06 Juin 2003 20:14 
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Eginhard
Eginhard
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Inscription : 22 Mai 2003 16:34
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En 1789, la majorité de la population française vit dans les campagnes.

Comment se déroule la vie des paysans avant le conflit révolutionnaire ?

Leur vie a t-elle-évoluée depuis le règne de Louis XIV et de Louis XV ?

Je n'ai pas beaucoup de renseignements là-dessus. Si vous pouviez m'éclaicir...

_________________
Dominique Poulin


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Message Publié : 10 Juin 2003 22:19 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 08 Mai 2002 9:54
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C'est assez difficile de vous répondre, car les disparités régionales sont très importantes !

Une chose est certaine, on y vit comme l'on vivait encore un peu avant 1850...

Le paysan vit sur sa terre, dans sa paroisse et ne va guère qu'au bourg le plus important de sa contrée (qui deviendront à peu près tous des chefs-lieux de cantons), notamment pour les foires et marchés. C'est bien rare qu'il se déplace à la ville, sauf si elle est à moins de 5 lieues de sa paroisse...

Connaît-il seulement son seigneur ? Rarement, car celui-ci est à Versailles ou demeure au chef-lieu de la généralité; mais ce n'est pas systématique, car les seigneurs pauvres des provinces reculées vivent au milieu de leurs paysans: Bretagne, Vendée, Gascogne, Béarn, etc.

les disparités sont fortes: comment comparer la riche Saintonge et le Limousin si pauvre ? Ces provinces ne sont éloignées que d'une centaine de km, pourtant...

Dans l'une, on compte beaucoup de vignerons aisés qui ont souvent un peu d'instruction et qui lorgnent déjà sur les terres seigneuriales lourdement grevées d'hypothèques... Le paysan saintongeais sait souvent lire et écrire.

Dans l'autre, c'est la misère: le métayer arrache péniblement à une terre pauvre les moyens d'une existence médiocre et il doit compter sou par sou afin de s'assurer du strict nécessaire en le disputant à la rapacité des riches propriétaires, nobles bien souvent, mais pas toujours... Ne sachant ni lire ni écrire, le lieu où l'on échange les informations est la veillée familiale, surtout l'hiver où l'on se réunit à plusieurs familles pour mieux se réchauffer auprès d'un mauvais feu.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la Révolution n'améliorera guère cette situation, sauf à favoriser l'essor des "coqs" de village qui trouveront les moyens d'acheter une parcelle des Biens nationaux, récupérés sur l'Eglise et les émigrés...


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Message Publié : 14 Juin 2003 20:54 
Cher Poulin, si tu t'intèresses à la situation des campagnes à la veille de la Révolution, je peux te conseiller l'ouvrage d'un agronome anglais Arthur Young: "Voyages d'Arthur Young en France".
En 1787,88 et 89, il est en France et tient un journal où il trace le portrait des campagnes.
Je trouve cet ouvrage trés intèressant car il décrit les modes de culture des différentes régions françaises mais en plus les conditions de vie des paysans.
D'ailleur,Young dans son journal propose de changer le mode des cultures afin d'augmenter les rendements et de diminuer la misère du peuple.
Voilà, enfin, je n'ai lu que quelques pages pour faire un exposé, mais je pense avoir bien résumé son ouvrage, sinon ne m'en veuillez pas trop!!
Bonne lecture et à bientôt.


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 Sujet du message : La vie d'un paysan
Message Publié : 16 Juin 2003 14:22 
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Eginhard
Eginhard
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Inscription : 22 Mai 2003 16:34
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Bonjour Lena,

J'ai remarqué dans de nombreuses bibliographies "Les voyages de Young" mais à ma connaissance il n'est pas disponible actuellement chez les éditeurs.
Il est vrai que la référence que tu me donnes est excellente car elle est citée dans la plupart des livres qui traite de la fin de l'Ancien Régime.

Si je ne peux pas obtenir cette référence par le réseau commercial normal, je tacherai d'obtenir l'ouvrage de Young par le pret inter-bibliothèque.
Je pense aussi que Young parle de plusieurs aspects de le société d'Ancien Régime (paysannerie, noblesse, cour, société des villes...).

_________________
Dominique Poulin


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Message Publié : 17 Juin 2003 10:08 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 20 Mai 2003 15:53
Message(s) : 665
Localisation : N France / Paris / Seine
Un tres-tres bon bouquin sur le sujet :
"comment vivaient nos ancetres" de Jean-Louis Bocarneau, je l'ai lu presque d'une traite, c'est aussi captivant que tres bien documenté...

_________________
"Le droit du Prince nait du besoin du peuple." (Pierre BOUTANG)


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Message Publié : 18 Août 2003 0:44 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 12 Juil 2003 17:54
Message(s) : 570
Cher Dominique,

Vous pourrez lire également avec profit le chapitre V, consacré à l'agriculture française, du livre de Paul Butel, L'économie française au XVIIIème siècle, aux éditions Sedes, très complet, ou extraire quelques éléments dans les pages dédiées à l'agriculture et à la paysannerie dans la collection "La vie quotidienne" (Hachette), dans l'ouvrage de Guy Chaussinand-Nogaret La vie quotidienne des Français sous Louis XV, celui de François Bluche La vie quotidienne au temps de Louis XVI.

Il y a également le livre de Gérard Béaur Les paysans et la terre rédigé à l'occasion d'une question au programme du Capes d'histoire, il y a quelques années.

Voir aussi Annie Moulin, Les paysans dans la société française, de la Révolution à nos jours, aux éditions du Seuil, collection "Points-Histoire".


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Message Publié : 31 Août 2005 18:39 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 28 Août 2005 5:51
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Localisation : Montréal
Je vous apporte quelques citations tirées d'analyses de Alexis de Tocqueville trouvées sur internet concernant la situation des paysans à la veille de la Révolution. L'auteur de l'analyse est Vincent Menuet. La référnce est

http://www.chez.com/bibelec/publication ... ution.html

"Dans le livre II, se dégage progressivement une sociologie de l'Ancien Régime. En comparant les situations allemandes et françaises à la fin du XVIII ème siècle, il apparaît que la Révolution, dont l'objet propre était d'abolir le reste d'institutions féodales, a éclaté là où leur joug paraissait le moins insupportable. La disparition du système politique de la féodalité à cette époque en France était réelle. Les paysans, émancipés du servage, étaient souvent propriétaires du sol; ils n'en haïssaient que davantage les droits féodaux résiduels. La féodalité suscitait beaucoup de haine car elle était demeurée la plus grande des institutions civiles tout en cessant d'être une institution politique: elle était inutile du fait de l'absolutisme mais les privilèges demeuraient.

[...]

Néanmoins, le XVIII ème est un siècle d'appauvrissement pour la paysannerie. Les paysans à cette époque sont moins opprimés qu'au XIV ème siècle mais ils sont aussi moins secourus; les paysans du XVIII ème siècle sont libres et propriétaires mais ignorants et souvent plus misérables que les serfs des temps féodaux; en effet, la prospérité est un effet induit de la liberté et de la solidarité des hommes, ce que l'absolutisme n'assure pas alors. De même, le seigneur n'est plus l'interface privilégiée entre le paysan et le pouvoir central. La « séparation des classes » amène à une situation dangereuse: rien n'arrête le gouvernement mais rien ne l'aide. L'écroulement est alors facile.

[...]

Ainsi Tocqueville oppose-t-il à l'absolutisme du XVIII ème siècle les institutions du Moyen-Age; celles-ci avaient organisé la solidarité des hommes par une « chaîne verticale de dépendances » en l'absence d'une autorité centrale, ce qui laissait libre cours à une liberté « démocratique » selon Tocqueville. Lorsqu'il soutient que la situation des paysans était meilleure au XIV ème siecle qu'au XVIII ème, Tocqueville idéalise quelque peu cette époque médiévale dure au paysan, toute à l'arbitraire privé du seigneur et ignorante du principe de l'autorité publique.

_________________
On plaint ce pauvre genre humain qui s'égorge dans notre continent à propos de quelques arpents de glace en Canada.

Voltaire


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Message Publié : 31 Août 2005 22:27 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
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Y a-t-il à cette époque des innovations agronomiques mises en oeuvre sur le terrain, capables d'améliorer les rendements de façon assez nette pour que le niveau de vie du paysan en soit modifié, au moins dans certaines régions ?
J'ai lu à plusieurs endroits que c'était à la fin du XVIIIe et au début du XIXe, pas avant, que se mettait en place le bocage, ce paysage rural que nous avons tendance à considérer comme "traditionnel", comme symbole des temps d'avant la mécanisation. Ce qui traduit une mutation, apparemment une fragmentation toujours plus grande des propriétés et une volonté nouvelle d'enclore ses terres (plus importante encore pour l'émergence de ce paysage que les avantages agronomiques réels des haies).


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 Sujet du message : Paysans
Message Publié : 01 Sep 2005 4:39 
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Eginhard
Eginhard

Inscription : 08 Mars 2005 22:10
Message(s) : 971
Localisation : guilers - brest métropole océane
"1789, les Français ont la parole"
Cahiers de doléances des Etats-Généraux
Gallimard-Julliard - 1975


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Message Publié : 03 Sep 2005 12:55 
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Eginhard
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Inscription : 25 Mai 2004 21:35
Message(s) : 806
Localisation : Paris
Cuchlainn a écrit :
Y a-t-il à cette époque des innovations agronomiques mises en oeuvre sur le terrain, capables d'améliorer les rendements de façon assez nette pour que le niveau de vie du paysan en soit modifié, au moins dans certaines régions ?

Il n'y a pas eu, en France, de révolution agronomique au XVIIIè siècle, comme en a connu l'Angleterre à la même époque. Révolution qui s'est basée sur les praries artificielles, qui permettent un bétail plus important, donc des terres plus fumées, donc de meilleurs rendements (ce qui laisse plus de place pour les prairies, donc plus de bétail, etc etc)
La France reste dans le "cercle vicieux de la jachère". Cependant, le XVIIIè siècle est dans l'ensemble un siècle de progrès. Après le terrible XVIIè siècle et ses famines, la production et les rendements connaissent quelques très légers progrès qui suffisent à l'accroissement de la population paysanne (et à une véritable surpopulation, surtout dans les montagnes, au début du XIXè siècle).
Les innovations sont surtout le fait d'agromanes ou physiocrates, c'est-à-dire des grands propriétaires terriens anglophiles qui imitent le voisin d'outre-Manche. Ces innovations restent donc assez ponctuelles, et ne permettent pas de grands progrès de l'agriculture française en général.

Pour ce qui est du bocage, je ne sais pas à quelle époque exactement il s'est mis en place. L'habitat dispersé dans l'Ouest a ses origines au Moyen-Age, mais il est certain que le mouvement d'enclosure s'accélère à la fin du XVIIIè siècle, entre autres grâce à la Révolution. Jusque là, la clôture des champs étaient limitée parce qu'il fallait assurer aux plus pauvres le droit de glanage sur les terres. Or qui dit Liberté dit liberté de se dégager des contraintes collectives. Je crois que c'est la Convention qui a déclaré "la faculté absolue de clôre". Au XIXè siècle, le mouvement des enclosures s'amplifiera tandis que les contraintes collectives cèderont petit à petit.


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Message Publié : 05 Sep 2005 14:45 
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Jean-Pierre Vernant
Jean-Pierre Vernant

Inscription : 17 Oct 2003 18:37
Message(s) : 5364
Citer :
(et à une véritable surpopulation, surtout dans les montagnes, au début du XIXè siècle).

... qui se traduit par un surpâturage dont on voit les conséquences notamment dans les Alpes du Sud, avec ces fameuses formes d'érosion aux allures d'énormes tas de sable gris...


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