Pour Marie-Antoinette, je ne suis pas sûre que cela ait été une période de frustration, justement. C'est la thèse chère à Zweig, celle que suit Fraser, et qu'illustre naturellement le film de Coppola, qui vous jusqu'à nous proposer une Antoinette toute adulte.
Mais il ne fait aucun doute qu'elle, elle est loin d'avoir eu une puberté précoce ! Quatorze ans pour les premières règles, et encore, avec le cycle pas tout à fait fixé, c'est plutôt tardif, et indique chez cette jeune fille un développement lent. Pourquoi le psychologique n'aurait-il pas suivi le physique ? Marie-Antoinette à ses débuts à Versailles, était à mon avis bien plus passionnée par les jeux des enfants de ses servantes et de ses chiens que par le lit !
C'est pourquoi j'admire la thèse de Simone Bertière, qui a si bien analysé, d'un oeil nouveau, les désirs et les craintes de cette petite dauphine. Elle savait ce qu'elle avait à faire, dans ce domaine-là, le plus important, elle ne l'ignorait pas, mais elle était si jeune ! Elle avait envie de s'amuser, pas du tout d'entrer dans "le cycle infernal des maternités"... d'autant plus au prix d'une "épreuve" qui lui était désagréable !
Aussi la réserve de Louis était-elle une aubaine, pour elle. Et elle se gardait bien de contredire toutes les rumeurs à son sujet... tout en éprouvant un sourd sentiment de culpabilité. Elle savait pertinement qu'elle ne "faisait pas son devoir", mais se disait certainement qu'elle avait bien le temps !
D'ailleurs, elle n'avait pas tort ! Vingt-et-un ans pour la consommation, ce n'est pas si tard, compte tenu de sa croissance qui était loin d'être arrêtée. Vingt-deux ans pour la première maternité, cela semble bien normal... et bien plus sage que si cela s'était produit plus tôt. Physiquement encore enfant comme elle l'était, Antoinette risquait tout bonnement de mourir en couches !
Alors, dans ce contexte, je me demande où se trouve la frustration sexuelle ?