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Je voulais parler, premièrement, de la tension entre libéralisme et autoritarisme (ou dans le "césarisme démocratique") : le régime naît sur un coup d'Etat, muselle toute opposition, suspend (ou prolonge la suspension) de libertés, repose sur un fort pouvoir personnel, etc., mais en même temps Louis-Bonaparte se réclame d'une certain nombre d'idées de la Révolution, rétablit le suffrage universel, et l'évolution du régime dans le temps va vers une plus grande ouverture et plus de libéralisme et de respect du vote.
Il y a une autre tension dans le fait de chercher le soutien des paysans, des ouvriers, des élites, etc.: reposant tout de même sur le suffrage universel et le plébiscite, la base de l'Empire doit être la plus large possible. Si la première décennie montre que Napoléon III y arrive à peu près (mais en l'absence d'une opposition visible et audible), les années 60 montrent que finalement, les ouvriers urbains se détachent du régime, et les grandes villes votent en majorité pour les républicains: les paysans et les élites le soutiennent toujours, mais l'Empire ne peut concilier tous les intérêts; plus l'Empire se libéralise, plus l'opposition se fait forte.
Enfin, il y a le problème de la personnification du pouvoir dans Napoléon III. Tout le problème du régime est de réussir à installer durablement une dynastie, faisant en sorte que le régime survive à son créateur. L'Empire s'est tellement incarné dans la personne de Napoléon III, que lui disparu, le régime risque de disparaître.
Je ne veux pas dire que tout cela condamnait le régime dès sa création. D'ailleurs, le plébiscite de 1870 semble montrer que toutes ces contradictions, ces problèmes ont été résolus puisqu'il obtient une large majorité de "oui".
Mais la fin de l'Empire pose problème. En effet, dès que l'Empereur est défait, l'opposition républicaine en profite pour porter le dernier coup au régime le 4 septembre, qui tombe sans difficultés et sans opposition: les soutiens traditionnels du régime ne protestent pas vraiment, personne ne fait rien (ou presque) pour sauver le trône. L'attachement au bonapartisme d'une grande partie des campagnes reste fort, mais rien ne se passe. Aussi, force est de constater que dès la première grave crise du régime (qui touche la personne et le mythe de l'empereur), tout l'édifice s'effondre comme un château de carte... C'est certes la guerre qui précipite la chute du régime, mais on peut dès lors se poser la question de son ancrage véritable et de sa viabilité.
En gros, il me semble que Napoléon III n'a pas réussi à surmonter le problème central (et présent à l'origine, sauf qu'en 1851 c'était le principal avantage) du pouvoir personnel, du mythe autour de sa personne (légende napoléonienne, attente du Sauveur dans les situations de crise, etc.): sans Napoléon III, l'Empire ne tient pas, malgré tous les gages de soutien d'une majorité de la population (paysanne et rurale). A mon avis, ça a été une des principales forces mais aussi faiblesses du régime... (au-delà du problème des libertés, de la démocratie et de la justice sociale qui furent des motifs de mécontentement, mais qui, du moins d'après ce que montrent le vote de 70 mais aussi les élections postérieures, ne furent pas encore majoritaires chez une majorité de Français)
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