HEKTOR a écrit :
C'est un travers bien français que d'ignorer l'adversaire dès lors qu'il s'agit d'expliquer la cause d'une de ses défaites.
On retrouve exactement le même phénomène pour la défaite de mai-juin 1940.
Peut-être y a-t-il là un sujet à creuser ?
Pour 1940, pas mal de monde avait besoin de rejeter la faute sur d'autres que les militaires allemands. Dire que les militaires allemands étaient trop bons en 1940, alors qu'en 1935, ils n'avaient pas encore une armée digne de ce nom, c'est reconnaitre que nous aussi, nous aurions pu faire pareil.
Alors, c'est la faute aux 40h, aux congés payés, aux pacifistes, aux ... Même si Blum a brillamment démontré lors du procès de Riom, que ce n'est pas vrai et que le Front populaire a su devancer les demandes de l'État-Major.
Pour 1914-1916, les militaires firent front. Là aussi, il fallait remettre la France au travail. On a fait comme souvent dans de telles conditions, on a oublié certaines histoires et on a crée toute une série de légendes.
Mais, je m'inscrit en faux par rapport à ces mots :
HEKTOR a écrit :
C'est un travers bien français
En 1919, les Allemands ont procédé de même. La légende du coup de poignard dans le dos est bien née du rejet sur d'autres des réalités. C'est quoi cette légende ? C'est une re-écriture de l'histoire. En octobre 1918, la situation devient insurrectionnelle dans de nombreux casernements. Les marins allemands se révoltent et créent des soviets. Sur le front, les désertions deviennent massives. Dans certaines unités, il y a presque des batailles rangées entre les militaires de carrière et les appelés. Presque parce que les seconds ne s'attardent pas à faire le coup de feu contre leurs officiers; ils sont pressés de regagner leurs pénates. La résistance sur le front de l'armée allemande est comme un verni qui ne reposerait sur rien.
Mais, les militaires allemands refusent la capitulation, elle serait trop déshonorante à leurs yeux. Ils sollicitent quelques parlementaires, et on en trouve quelqu'uns qui acceptent d'aller proposer un armistice (ils le paieront de leurs vies ...). Les alliés, ce sont rendu-comptes de la situation, certains proposent que l'ont enfonce le front allemand et que l'on course les restes de l'armée allemande jusqu'au fond du pays. Mais, cela va faire 50 000 ou 100 000 morts de plus (coté allié). Alors, on accepte l'armistice. Dès les premiers mois de 1919, des jeunes officiers de l'armée allemande commencent à prétendre que si on a cesser de se battre, c'est à cause du "coup de poignard dans le dos". Coup de poignard donné par des profiteurs qui ont affamé et fait peur à l'arrière, par les "rouges", qui ont créé une situation insurrectionnelle à l'arrière et par des politicards qui se sont dépêchés pour demander un armistice alors que la grande armée allemande avait encore (soit-disant) les capacités de gagner.
Il faut croire qu'il y avait beaucoup de monde à l'État-Major allemand qui avait ce travers si français.