LES AMOURS DE NAPOLEON III
Ou Le Lupanar élyséen dévoilé par Schoelcher, représentant du peuple, Londres et Genève 1852.
Le livre valut tout d’abord un procès retentissant de Schoelcher à l’auteur véritable, Pierre Vésinier, lequel se réfugia à Londres après l’écrasement de la Commune de Paris. Interdit, il n’en continua pas moins de circuler sous le manteau, bien que les faits aient un peu perdu de leur actualité politique.
Les orgies de Badinguet et de ses complices avec leurs maîtresses et courtisanes constituent la trame d’un récit où la polémique n’étouffe pas tout sentiment, quand même ce sentiment serait d’indignation et d’horreur. Car ce Badinguet-là pousse le libertinage au-delà de ses limites conventionnelles, et l’hypocrisie de la barbiche, l’attentat feutré aux mœurs, le sourire pornographique y sont monnaie courante. L’auteur n’épargne pas plus la femme de César que César lui-même. Auprès de Victor Hugo qui publie la même année son pamphlet, Napoléon le petit, et au même titre que Rochefort, journaliste de La Lanterne, Pierre Vésinier se taille une place d’inquisiteur redoutable de la famille impériale. D’autres suivront son exemple en donnant au public des Nuits de Saint-Cloud, des Nuits de César, une liste des Femmes galantes de Napoléon, prêtresse de Vénus selon les uns, du diable selon les autres, et enfin un recueil des Amours d’Eugénie. Les Amours de Napoléon III, au milieu de toute cette littérature, restent l’attaque la plus virulente qui ait été portée contre la vie privée de l’empereur et la plus riche en détails à faire rougir un brigadier. D.G.
Qui était César Badinguet ?
Pour le savoir, il me faut évoquer un ouvrage érotique intitulé Le Chassepot. 1865
Saisi en Belgique à l’instigation de l’ambassade de France, le livre ne peut paraître ni être distribué. Il est vrai que des choses tout à fait scandaleuses y sont contées sur la haute société, hommes et femmes, qui composait la cour de César Badinguet, alias Napoléon III . L’origine de ce sobriquet, évoquée dans L’Intermédiaire journal paraissant en 1874, est à trouver dans la mésaventure survenue à l’empereur au château de Ham, du temps où il n’était que prince. Réduit à s’enfuir dudit château à la sauvette, il emprunta le costume d’un maçon nommé Badinguet. Le concierge lui ayant demandé qui passait, il répondit ( tenant une planche devant son visage )
: « C’est Badinguet. » Le nom lui resta, et Rochefort en fit des « Badinguettes » dans les années 50 dont la mode fut grande chez les libellistes qui inondèrent Paris du mariage de Napoléon III avec Mlle de Montijo jusqu’à la Commune, de ces chansons de plus en plus incisives. Le Chassepot prend à partie au cours d’un tir qui ressemble vite à un jeu de massacre, les personnalités proches du pouvoir ou suspectes de compromission, ne serait-ce qu’en acceptant d’en être une gloire. C’est ainsi que George Sand est peinte sous les traits d’une Messaline assoiffée, à la fois tribade et nymphomane. L’actrice Léonide Leblanc y vend une enfant de dix ans au duc de Persigny. Le même et la duchesse de Goyen sont condamnés pour bestialité avec un âne, et la célèbre Rachel elle-même règne aussi bien dans les jardins que dans les salles du Palais-Royal, comme une vulgaire grisette de luxe.
Ces informations proviennent du Dictionnaire des œuvres érotiques préfacé par Pascal Pia. Ed : Robert Laffont.
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