Je me permets d'ajouter, après quelques recherches, quelques mots au propos de Jean-Marc Lambat, afin de répondre à votre dernière question.
Wanderlei a écrit :
Est-ce le fait de l'aristocratie traditionnelle qui se reconvertit ou alors d'une bourgeoisie naissante issue d'un niveau plus bas de l'échelle sociale ?
Le héros de l'industrialisation allemande de l'époque est le baron Justus von Liebg (1803-1873). Cependant, né à Darmstadt et enseignant à l'Université de Giessen, le baron von Liebig n'est pas un Prussien au sens propre du terme ; il
appartient au Grand-duché-de-Hesse-près-du-Rhin. En outre, sur la période du Seconde Empire français, cet homme enseigna à l'Université de Munich, en Bavière, autre territoire, je me permets de le souligner, indépendant de la Prusse.
Le baron Justus von Liebig est issu de la petite bourgeoisie - il fut l'apprenti d'un apothicaire hessois et n'obtint son titre de baron qu'en 1845. Si l'un de ses deux élèves les plus célèbres, August W. von Hofmann (1818-1892), est issu de la noblesse hessoise, l'autre, Adolph Strecker (1822-1871), est issu, comme son maître, de la petite bourgeoisie - il est le fils d'un archiviste. La question mériterait d'être étendue à plus de personnages, mais ces trois apôtres de l'industrialisation de la chimie en Allemagne reflètent une idée : la bourgeoisie petite et moyenne participe au phénomène d'industrialisation et entraîne, avec elle, une aristocratie qui rêve de changement.
Il s'agit de l'exemple même du parcours estudiantin d'August W. von Hofmann : sa passion pour la chimie est, en réalité, une reconversion. Il vit la transformation de son siècle et fait le choix de la modernité.