L'ouvrage du lieutenant Alwrod, que je ne connaissais pas et dont je viens de terminer la lecture, est très intéressant. Publié en 1912, un peu après celui du commandant ( lieutenant-colonel dans les éditions ultérieures) Rousset (1896 pour la première édition), comme tout ouvrage traitant d'un point particulier, il a pu se permettre des développements et une profondeur d'analyse hors de portée d'un ouvrage plus global tel que L'histoire générale de la guerre franco-prussienne. Il ne le contredit pas, mais le complète très utilement pour ceux qui s'intéressent à la deuxième armée de la Loire.
Outre une description plus précise et plus détaillée des divers engagements qui se produisent en divers points du vaste champ de bataille, j'y trouve la confirmation de ce que Rousset dénonçait lui aussi comme une erreur de Chanzy : la fatale dispersion de ses forces dans les colonnes mobiles, qui affaibliront dramatiquement la capacité de son armée au moment de la bataille.

Un point a particulièrement retenu mon attention : selon l'auteur, l'affaire de la Tuilerie, objet ensuite de controverse entre la République et la Bretagne, n'a eu qu'un impact très limité sur le sort d'une bataille qui aurait, de toutes façons, été perdue le 12 janvier. Si le Xe corps d'armée allemand avait exécuté les ordres du prince Frédéric-Charles et n'était pas allé s'emparer de la Tuilerie dans la soirée du 11, il aurait obtenu un résultat identique en venant le lendemain au Tertre de Changé soutenir l'action du IIIe corps. La rupture de la ligne française dans ce secteur, déjà bien entamée le 11 par le général Alvensleben, était inéluctable le 12 avec les bataillons frais et l'artillerie supplémentaire que le Xe corps pouvait jeter dans la bataille.
Selon l'auteur, c'est donc à tort que Chanzy a ensuite imputé la perte de la bataille à la défection des mobilisés breton du général Lalande.

L'autre ouvrage vaut essentiellement par le témoignage du général Le Bouëdec, chargé dans un premier temps de reprendre la Tuilerie, puis de l'arrière-garde du 16e corps lors de la retraite vers Laval. Eclairage très intéressant sur ces épisodes finalement assez peu documentés.

Très bonne idée, Jean Marc Labat, d'avoir indiqué ces deux liens. Merci.

Je ne reviendrai pas sur le jugement de l'action de Chanzy qui a été rectifiée par plusieurs intervenants.
Non seulement, une rue porte bien son nom au Mans, mais il existe également une statue qui a été érigée, dans un premier temps sur la place centrale de la ville.

Elle est maintenant déplacée sur une autre place qui jouxte l'emplacement de l'ancienne caserne Paixhans.

https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/monument-du-general-chanzy-le-mans/

Ce qui est remarquable, c'est qu'elle est une des seules statues en bronze de la ville qui ait résisté à l'occupation allemande durant la 2ème GM. Les occupants l'auraient préservée car correspondant pour eux à une victoire prussienne.

Donc, même s'il a commis des erreurs en 1871, il s'est bien rattrapé en résistant à l'ennemi 2 conflits plus tard.

Et l'avenue par laquelle on entre dans Laval en venant du Mans par la grand route, porte le nom de Chanzy. C'est à l'entrée de l'avenue, au lieu-dit Saint-Melaine, que s'est déroulée la dernière "bataille rangée" officiellement livrée par la deuxième armée de la Loire, le 18 janvier 1871. Le lendemain de l'apparition de la Vierge la veille à Pontmain...