Je viens de tomber sur un excellent article de Stéphane Audoin-Rouzeau, "Vers une anthropologie historique de la violence de combat au XIXème siècle: relire Ardant du Picq",
Revue d'Histoire du XIXème siècle, 2005.
http://rh19.revues.org/document1015.htmlSelon Audoin-Rouzeau, Ardant du Picq a analysé des aspects de la violence de combat que nul autre n'est parvenu à étudier avec autant d'acuité. Les questions qu'il s'est posé pour ses
Etudes sur le combat méritent d'être élargies à l'ensemble du XIX et du XXème. Il s'intéresse aux réactions des soldats face à la violence: pourquoi foncent-ils? Pourquoi reculent-ils?
Ardant du Picq a cette réflexion tout à fait intéressante: "avec le perfectionnement des armes, des engins de jet, la puissance de destruction croît, le courage d'affronter devient plus difficile et l'homme ne change pas, ne peut pas changer". Comment expliquer la panique, la débandade?
Comment les hommes tiennent-ils dans ce déferlement de violences? Ardant du Picq ne croit pas dans une terreur disciplinaire qui permettrait de contrebalancer la terreur inspirée par l'ennemi. Selon lui, c'est la notion de "rang" qui permet de tenir dans ces moments. Cette notion de rang englobe l'amour personnel, le regard des autres, le lien entre les chefs et les soldats, c'est ce qui permet d'endurer ensemble la peur du combat.
Certes, Audoin-Rouzeau retrouve ici un argument pour le débat contrainte/consentement; mais la lecture de l'article est vraiment stimulante.